Le colloque de la CPU vient de se terminer. Il était consacré au cycle Licence. D’après EducPros, dans un premier article sur le bilan du colloque, la CPU met en avant deux novations (lire ici).
Pour la première novation, « la CPU défend un continuum de la seconde au bac+3 ». En lisant cette phrase, j’ai la désagréable sensation que l’on met un premier pied dans cette fameuse secondarisation du premier cycle de l’enseignement supérieur que nous discutons souvent sur Gaïa. Mais la mesure phare correspondrait à la construction d’un parcours d’orientation au fur et à mesure des trois années de lycée. C’est donc plutôt un travail pour les lycées, pas sur la licence. Certes des universitaires pourraient intervenir davantage pour glorifier la licence auprès des étudiants …
Une phrase étonnante, de la part de Daniel Filâtre, président de Toulouse le Mirail et responsable de la commission pédagogie au sein de la CPU : « tout jeune qui arrive en seconde est destiné à obtenir un diplôme de l’enseignement supérieur ». Là j’avoue ne plus comprendre. On avait pour objectif d’amener 80 % d’une classe d’âge au bac, puis celle de 50 % d’une classe d’âge diplômés du supérieur. Est-ce que la CPU rehausse cet objectif ? Est-ce une boulette de la part de Monsieur Filâtre ? Est-ce une erreur de retranscription de la part d’EducPros ? Mais d’un autre coté, cela va très bien avec le discours de l’UNEF qui milite pour « Le diplôme de licence : un défi pour la réussite de tous » (lire ici).
La deuxième novation concerne cette fois directement la licence. Là encore EducPros cite Daniel Filâtre : « Comme nous avons su mettre en place des équipes de recherche, il nous faut des équipes pédagogiques avec un mode d’organisation spécifique, pour la licence ». Cette deuxième mesure phare concerne donc la proposition de mettre en place des équipes pédagogiques en licence. La CPU demande aussi des PEP (prime d’excellence pédagogique) pour motiver les troupes. Là encore, je suis quand même un peu étonnée. Sans vouloir laisser penser que tout fonctionne à merveille actuellement et qu’il n’y a rien à améliorer (bien au contraire), je pensais que ces équipes existaient déjà … peut-être suis-je dans un établissement d’exception, immergée dans une sorte d’expérimentation pilote de l’extrême sans que je le sache ?
Pour résumer, ce premier retour du colloque de la CPU me parait assez terne … Mais soyons patients, nul doute que l’ambition de la CPU pour la licence sera présentée très prochainement.
114 commentaires
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14 Mai 2011 à 10:52
François
« Tout jeune qui arrive en seconde est destiné à obtenir un diplôme de l’enseignement supérieur ».
Peut-être est-ce dit sous l’influence de Terra Nova dont le site indique (sous la signature de son président ! !) que dans les pays avancés 80 % des jeunes sont diplômés du supérieur …
http://www.tnova.fr/note/pourquoi-les-jeunes-ont-raison-de-manifester
14 Mai 2011 à 11:08
PR27
Le colloque est-il diffusé en vidéo à la demande gratuite ? Apparemment non, c’était seulement en direct en video sur IP (ce qui signifie que techniquement, 90% du boulot était fait pour pouvoir ensuite mettre tout ça sur dailymotion !).
Si la CPU estime être un organe légitime pour animer le débat sur l’ESR (et pourquoi pas), qu’elle mette ses videos en ligne. Par conséquent, il faudrait se contenter d’un résumé educpro, où on ne sait pas ce qui est éventuellement simplificateur. J’espère que les intervenants ont bien fait la leçon sur l’enseignement moodle, qui permet aux étudiants de revoir les cours.
Sur les « petites phrases » à décoder : je dis souvent aux doctorants qui doivent rédiger un papier très court : soit tu ne dis rien, soit tu dis tout, mais si tu ne dis qu’une phrase, le plus souvent tu n’arriveras pas à faire comprendre ni à convaincre, et l’effet sera mauvais, parce que chacun se posera des questions de travers.
@Francois : Terra Nova a donc prévu de diplômer massivement, pour se constituer un stock électoral plus grand que celui des classes populaires…
C’est un socialiste désabusé qui vous le dit…
14 Mai 2011 à 11:50
Rachel
Le PS semble surfer aussi beaucoup sur ce thème de « la licence pour tous » ou « réussite pour tous ». C’est d’ailleurs le sujet central d’une des deux tables rondes organisées lors du prochain forum des idées du 18 mai. Avec comme participant … Daniel Filâtre, notre héros du jour.
14 Mai 2011 à 12:17
François
C’est un homme qui a visiblement le sens du concret et des idées originales qu’il expose avec brio :
« la mise en œuvre d’un projet unitaire de développement suppose le respect de notre tradition intellectuelle, sociale et humaniste. Et en même temps de revenir sur l’ensemble de nos missions de service public d’enseignement supérieur et de recherche »,
« mon engagement est ferme : poursuivre et conforter le développement en mobilisant l’ensemble de la communauté universitaire et de ses partenaires »
14 Mai 2011 à 12:24
PR27
Rachel, contrairement à Pierre Dubois « non financé », Daniel Filâtre n’avait pas besoin de faire un ordre de mission avec frais, puisque à la fois la CPU et le PS se réunissent à Toulouse. Dommage, Pierre Dubois serait arrivé à Toulouse, lui, avec ses statistiques d’effectifs et de flux, ses analyses sur le placement des étudiants,… il y aurait pu avoir des éléments précis.
@François, c’est ironique ?
B.M. est en train de finir la rédac de son projet. Il guette peut-être sa boite mail : « due to numerous requests, we decided to extend the deadline… »
14 Mai 2011 à 14:09
Dan - visseur ahuri
@monsieur Filatre : « quos vult perdere, Jupiter dementat »
14 Mai 2011 à 14:27
François
Oui, mon commentaire sur le programme de DF était légèrement ironique.
Plus sérieusement, remarquant que font déjà partie de la CPU l’Ecole Centrale, les Arts et Métiers, Sciences Po, les ENS, etc. , je serais partisan de fusionner la CPU et la Conférence des Grandes Ecoles (+ une représentation des CPGE). Maintenir face à face dans deux bunkers la CPU et la CGE avec leurs organismes de communication génère un climat artificiel d’hostilité, alors qu’on constate au niveau de leurs composantes un fort désir de coopération.
14 Mai 2011 à 14:37
Rachel
Moi aussi je suis pour la réussite de tous en licence. Je suis également pour la paix dans le monde.
Pour les stats, oui Pierre Dubois aurait été utile. Mais son projet à lui c’est de faire sortir les licences de l’université. Je doute que ça soit bien perçu à la CPU …
PR27, vous pensez que Monthubert à besoin d’aide pour la rédaction ? Franchement j’avais prévu autre chose ce week end … mais bon, si c’est pour rendre service, je veux bien …
François, très bonne idée, soyons fous !
14 Mai 2011 à 14:40
Rachel
tant qu’à faire, fusionnons aussi l’AERES et la CTI !
14 Mai 2011 à 15:35
PR27
Rachel, je crois qu’on ferait mieux de corriger les processus de l’AERES… conformément à ce qu’indique l’agence européenne d’évaluation des agences d’évaluation. D’ailleurs, il y a un nouveau chef de l’AERES, il n’a pas l’air commode du tout. Pour ma part, ce que je reçois de l’AERES ressemble toujours à une review vite faite mal faite dans le TGV, entre la lecture de libé et le café – et ensuite c’est pris pour parole divine.
14 Mai 2011 à 16:22
Astronaute en transit
Sur le fil précédent, nous avons discuté du projet de la CDHSS soumis à ce même colloque de Toulouse, pour en dire… beaucoup de mal. Eh bien précisons qu’en fin de document, les membres rédacteurs de ce comité précisaient que pour leurs travaux ils avaient auditionné… Daniel Filâtre.
Apparemment ce monsieur président de Toulouse-2 (n’est-ce pas aussi une université ou l’on manifeste et bloque assez régulièrement?) est devenu une sorte de gourou universel, ou est-ce simplement le fait d’avoir la CPU sur ses terres qui l’a rendu aussi influent?
Ces fameuses « novations », c’est de l’attrape-nigauds, il n’y a pas d’autres qualificatif pour les conclusions d’un colloque, qui bien sûr sera facturé au contribuable, et qui semble avoir consisté à passer deux jours à mettre au point un pavé de bonnes intentions et de wishful thinking
Ces messieurs dames ont étendu à toute la licence la vacuité de leur imagination de leur projet pour les sciences humaines et sociales.
On le voit bien. Parler d’un continuum de la seconde à bac plus trois, cela reprend cette suggestion que si l’on ordonne aux lycées d’enseigner les pré-requis tout ira bien, le lycéen se fera étudiant de licence sans même se rendre compte de la différence. Quand à dire que tout lycéen de seconde « est destiné » à un diplôme de l’enseignement supérieur, effectivement on n’est plus du tout dans l’ordre des 50%. Les imprimantes fonctionnent déjà: on va distribuer les diplômes pour satisfaire cette vision.
Serais-je le seul à ressentir que ces conclusions constituent un renoncement et une trahison? La CPU a choisi les conclusions les plus démagogiques qui soient, qui n’impliquent aucun effort de refonte des structures, des pratiques. Elle va quémander, sans contre-partie, des moyens financiers à un État sollicité par toutes les catégories imaginables et dont les revenus fiscaux sont engloutis par le service de la dette, et quand ils n’auront pas satisfaction, eh bien ils laisseront à nouveau bloquer leurs universités par des petits manifestants au cerveau bien lavé…. pour faire de l’université française à nouveau la risée de ses pairs internationaux. Eh après pour se justifier on nous dira « Ah oui, mais nous avons plein de médailles Fields, nos chercheurs sont magnifiques et tellement bons qu’on n’a pas besoin d’en importer, nous! »
Ces conclusions augurent très mal. La CPU vient de prouver qu’elle n’a pas d’ambition pour la licence. C’était pourtant un choix stratégique à faire. Cette lâcheté collective indique que l’immobilisme va se poursuivre encore un temps.
14 Mai 2011 à 16:52
Rachel
Astronaute, pour l’instant je préfère être prudente. Ce n’est pas la CPU qui s’exprime ici directement. Elle va certainement faire un communiqué de presse pour résumer ses conclusions pour une réforme ambitieuse pour la licence. Mais si effectivement les deux novations citées par EducPros se confirment, alors ça sera très clairement l’expression d’une ambition nulle donc celle d’un renoncement.
14 Mai 2011 à 17:00
PR27
Astronaute, vous jetez la pierre à D. Filâtre parce que son université subit des blocages.
1) Il s’est prononcé clairement contre ces blocages et exprime clairement dans les média qu’ils sont une nuisance pour son université
2) Il faut bien qu’il y ait un président pour cette université…
L’université française est la risée de ses pairs ? Ah. Mon sentiment, en discutant avec des collègues de par le monde, est que les pairs ne sont pas tellement intéressés de se faire opinion sur l’université française. Ils acceptent aussi volontiers qu’il y a des EPST. Bref, ils s’en foutent, ils veulent discuter contenu, pas hit-parade.
Mais pour le reste, je partage votre perplexitude sur ces conclusions. Espérons que nous n’aurons pas qu’un résumé, mais la version complète dont on pourra se faire un résumé nous mêmes….
14 Mai 2011 à 17:16
Astronaute en transit
PR27, je n’attends pas d’un président qu’il subisse>/i> des blocages, mais qu’il défende la continuité de ce qui se prétend un service public et qu’en usant de son autorité il les défasse. Pleurnicher dans les médias avec une attitude victimaire, c’en est loin. Et il y en a beaucoup d’autres comme lui.
Alors certes ces « novations » ne constituent qu’une primeur, ce n’est pas la totalité des conclusions du colloque, mais si ces dernières ne viennent pas dans un tout autre langage que ces premières bribes, alors je crois bien que l’on pourra dire que la notion de « réforme ambitieuse de la licence » n’aura pas du tout été au coeur des préoccupations de ces augustes présidents.
Quand aux universités étrangères qui veulent parler « contenu » avec leurs pairs françaises… c’est sûr qu’on y arrive quand l’établissement est fermé la moitié de l’année, que des laboratoires sont saccagés et des bibliothèques pillées. Et de cela il y en aura encore si les présidents ont aussi peu d’énergie que d’imagination réformatrice.
14 Mai 2011 à 18:20
Etoile filante
La phrase de Daniel Filâtre : « tout jeune qui arrive en seconde est destiné à obtenir un diplôme de l’enseignement supérieur » est assez irreponsable. Or ce n’est pas seulement celle d’un Président d’université isolé, c’est celle du Président de la Commission Formation et Insertion de la CPU. Sachant que les universités jouent le rôle de voiture-balai en admettant tous les candidats qui n’ont pas été pris ailleurs, on voit qu’une telle politique promet aux universités un afflux massif de candidats médiocres.
Finalement ceux qui doivent se réjouir le plus des conclusions du colloque de la CPU sur la licence, ce sont les directeurs de grandes écoles. Plus que jamais les bons élèves choisiront « tout sauf l’université ».
14 Mai 2011 à 18:36
Astronaute en transit
Quelque part, je me dis que cette tournure avait quelque chose de prévisible: ces présidents ne sont-ils pas présidents parce qu’ils ont parfaitement navigué le système universitaire tel qu’il était? Il ne faudrait pas être surpris que leur principale vision consiste à continuer comme avant, puisque c’est ce système qui les a fait présidents.
14 Mai 2011 à 19:37
François
J’avais lu attentivement le petit livre de Louis Vogel « L’université : une chance pour la France » avant son élection à la présidence de la CPU. Je n’y avais pas trouvé beaucoup d’idées intéressantes. De plus, ce livre témoignait de sa parfaite ignorance de tout ce qui ne concernait pas directement le droit. Enfin il vantait tous les avantages de l’université vis-à-vis des classes préparatoires, sans se rendre compte que le système qu’il préconisait ensuite pour les premières années de licence (en particulier suppression des amphis, étude de plusieurs matières, suivi des étudiants) était précisément celui qui existe dans les classes préparatoires depuis 200 ans.
Il est clair que s’il n’a pas d’adjoints un peu plus imaginatifs que lui, il ne faut pas attendre de miracle de la CPU.
14 Mai 2011 à 19:43
Astronaute en transit
Le petit livre semblait en effet se cantonner à de grands principes, mais l’on voit dans ce langage précautionneux une difficulté à les dépasser, à se remettre en question, à traiter des questions délicates. C’est une attitude qui parait souvent caractériser l’université française dans sa collectivité. Faire de la synthèse une politique en soi n’est jamais très imaginatif ou audacieux. Excellente politique de rassemblement certes. Pas une bonne politique d’accomplissement.
14 Mai 2011 à 20:34
Rachel
Pour ma part j’ai bien aimé le petit livre de Louis Vogel. Il est très clair, n’adopte pas les postures nonistes que l’on a trop souvent entendu ces derniers temps sur l’université. Il y a des éléments qui tranchent avec l’université actuelle, comme par exemple une autonomie assumée, une différenciation des établissements, des parcours différenciés et adaptés au public (le billet prédédent est un peu inspiré de cette idée). Je vois deux critiques majeures à ce livre. Il ne met pas suffisamment en perspective les formations courtes et professionnalisantes. Peut-être pense-t-il que ce n’est pas à l’université de les prendre en charge ? Il ne semble pas bien savoir ce qu’est un IUT voire même savoir qu’il y a des IUT dans les universités. Ses propositions pour rénover la licence restent assez générales, d’ailleurs avec des licences fortement généralistes. On soupçonne que la préoccupation est surtout d’alimenter les masters. Pour le deuxième reproche, je rejoins François : le livre n’est pas bien adapté à l’université en général, il l’est peut-être pour le droit (je ne juge pas). Je cite les deux premières phrase du livre, première partie : « L’université française va mal. On le constate clairement en poussant la porte d’un amphithéâtre bondé … ». Louis Vogel et moi on ne vit pas dans le même monde …
15 Mai 2011 à 11:48
Rachel
A lire dans La Tribune: Les présidents d’université réclament une refonte de la licence.
15 Mai 2011 à 12:31
François
Jako recommande dans un autre débat la lecture de :
http://fselyon.luttes-etudiantes.com/spip/index.php?option=com_content&view=article&id=194:contre-la-devalorisation-de-la-licence-sud-etudiant-et-la-fse-appellent-des-aujourdhui-a-la-mobilisation&catid=36:communiques-nationaux&Itemid=63
C’est intéressant de voir quels sommets peut atteindre l’art de la critique systématique. Les rédacteurs d’un tel document ont un avenir assuré au sein de tout parti d’opposition, quel que soit celui au pouvoir.
15 Mai 2011 à 13:41
jako
François, dans les deux cas on a certes affaire à des politiques en herbe, mais la FSE a l’air plus lucide que l’UNEF: tout ce qui importe désormais est d’avoir des étudiants pourvus d’un bagage disciplinaire minimal (le RMI du supérieur), ce bagage minimal nécessaire à la polyvalence permanente dans un marché de l’emploi fluctuant et instable. On avait le « panier des essentiels » de la grande distribution version Wauquiez, voilà pour les accidentés du primaire et du secondaire la licence-light version CPU: et on veut nous faire croire que cette nouvelle licence sera un passeport pour l’emploi? Mais quels emplois?
15 Mai 2011 à 15:03
Rachel
Le discours de la ministre, en cloture du colloque: « Licence: plus de sécurité pour les étudiants, plus de liberté pour les équipes pédagogiques« . Selon elle, la réforme d’une licence s’articule autour de trois objectifs: transmettre plus, accompagner mieux et professionnaliser mieux.
15 Mai 2011 à 15:14
François
Ce n’est pas à l’Université de fournir aux entreprises des travailleurs formés selon leurs besoins spécifiques et corvéables à merci, mais bien aux entreprises elles mêmes de financer la formation de leurs employés.
15 Mai 2011 à 15:55
étudiant frustré
Quel bô discours de notre ministre. Pour avoir la vérité, il suffit de comprendre l’inverse de ce qu’elle dit.
J’aime bien ce passage : « Alors, bien sûr, pour que cette orientation active porte tous ses fruits, encore faut-il que les bacheliers professionnels puissent trouver leur place en BTS. Nous avons agi en ce sens, en garantissant l’inscription en S.T.S. à ceux d’entre eux qui obtiennent leur baccalauréat avec mention « bien »ou « très bien ». Certains proposent que ce droit soit élargi aux mentions « assez bien », nombreuses en séries professionnelles. Cette question, Monsieur le Président, me paraît mériter d’être débattue. » Et ils vont où les bacs pros qui n’ont pas de mention?
Je trouve assez incroyable que sur 83 présidents d’université, pas un n’a proposé de faire de la sélection à l’entrée. Tous semblent très heureux que la secondarisation arrive au galop à coups de « stages » et de « primes pédagogiques », pour permettre « la réussite de tous ».
En clair, l’avenir s’assombrit…
15 Mai 2011 à 16:13
PR27
J’ai presque lu tout le discours de V.Pécresse. Je suis allé chercher du café à la moitié, pour tout vous dire. Cette manière de s’exprimer me fatigue. Merci étudiant frustré d’avoir fait tourner l’algorithme de compression et extrait un peu de concret.
@Francois : je suis d’accord, mais tout dépend de ce qu’on entend par « la formation » – la professionnalisation est un axe continu, il n’y a pas « le savoir académique » et « le savoir pro ». D’ailleurs, dans les filières pro sérieuses, on n’enseigne pas les technos que l’on sait périmées l’année prochaine, même si elles sont à la mode cette année.
Je crois que cela n’est d’ailleurs pas à opposer à de souhaitables contacts réguliers entre les équipes pédagogiques et les employeurs constatés et souhaités des diplômés concernés. Un décalage entre contenus proposés par les équipes pédago et contenus souhaités par les employeurs (connaît-on d’ailleurs ces fameux « contenus souhaités par les employeurs » ?) n’est pas par principe un problème, mais il faut l’assumer, il faut que ça puisse être défendu comme étant une « stratégie » comme étant l’intérêt des étudiants sur le long terme.
15 Mai 2011 à 17:11
jako
PR27, j’ignore si ça répond à votre question mais voici un texte qui peut-être va dans ce sens:
« Telles sont en effet les compétences requises pour tous les emplois, y-compris ceux occupés par des travailleurs réputés sans qualification. Ces derniers doivent pouvoir lire et écrire, effectuer une multiplication et une addition, baragouiner quelques mots d’anglais et de néerlandais, utiliser un traitement de texte, effectuer une recherche sur Google, transférer un fichier sur une clé USB, s’exprimer poliment, faire la conversation aux clients, posséder un permis de conduire et trouver leur route au moyen d’un GPS. On attend aussi d’eux qu’il aient le sens du travail d’équipe, qu’ils soient disponibles le week-end et en soirée, qu’ils sachent se sacrifier à leur entreprise, qu’ils puissent prendre des initiatives quand c’est nécessaire, qu’ils n’en prennent surtout pas quand il ne faut pas, qu’ils soient disciplinés au travail, qu’ils fassent copain-copain avec leur supérieur lors du barbecue de fin d’année et qu’ils y apprennent avec le sourire qu’ils seront virés à la rentrée »
http://blogs.mediapart.fr/blog/nico-hirtt/240210/pourquoi-l-ecole-est-reduite-aux-competences-de-base
15 Mai 2011 à 18:13
Rachel
François, je suis d’accord avec vous. A mon avis c’est aussi valable pour les BTS, grandes écoles ou tout autre établissement du service public. En plus je me demande vraiment si c’est ce que voudraient les entreprises, il ne me semble pas. Ceci dit, il me semble important tout de même à ce que les enseignements « pro » (licence pro, écoles d’ingénieurs) ne soient pas déconnectés des besoins des entreprises (en général, et pas d’une entreprise en particulier) car ces entreprises sont l’expression des besoins de la société. En résumé, une formation spécialisée doit rester relativement généraliste.
15 Mai 2011 à 18:18
Rachel
Etudiant, je pense que le thème de la sélection ne sera pas abordé, en particulier en cette période pré-électorale (également vrai pour les président d’université, renouvellement en 2012), pour deux raisons majeures (1) ça serait mettre les étudiants dans la rue, c’est la hantise des gouvernements (2) ça ferait augmenterait les statistiques du chômage, et faire exploser celle du chômage des jeunes, double hantise … et c’est certainement pour ça que ni la droite ni la gauche n’y sont favorables.
15 Mai 2011 à 18:21
Rachel
PR27, si le discours de la ministre vous a fatigué, c’est certainement que le discours est lui aussi fatigué, ainsi que l’oratrice. Ca fait quatre ans qu’elle le répète, sans réel effet et sans constater une réelle dynamique de rénovation. Je pense que maintenant elle s’en tape un peu, et ce n’est certainement pas les conclusions ternes des travaux des présidents qui vont lui redonner de l’énergie (ni d’ailleurs pour nous les EC).
15 Mai 2011 à 18:23
astronaute en transit
Bon, alors cette fois, est-ce que vous êtes convaincus que ce colloque était inutile?
15 Mai 2011 à 18:31
Rachel
Moi j’attends la version de la CPU avant de me faire une opinion définitive. Mais si ces deux novations se confirment, cela n’aura pas été inutile car on saura alors que ce colloque n’était rien d’autre que le bal des autruches et qu’il n’y a rien à attendre de la CPU (ce qui reste un enseignement).
15 Mai 2011 à 18:31
François
Diminuer le nombre d’étudiants ne fait pas augmenter les statistiques du chômage, mais au contraire les fait varier de façon favorable.
Je m’explique : le taux de chômage des jeunes annoncé périodiquement n’est pas le pourcentage de la classe d’âge sans emploi (qui est actuellement en France de l’ordre de 9 ou 10% quel que soit l’âge) mais le pourcentage des non-étudiants qui sont sans emploi (donc 18 ou 20% si la moitié de la classe d’âge étudie.
Imaginons un pays merveilleux où sur une classe d’âge de 100 000 jeunes 99 999 sont étudiants. Le 100 000ème est tellement débile que personne ne veut le recruter. Le taux de chômage des jeunes de ce pays (calculé selon nos méthodes actuelles – qui ne sont pas propres à la France) est de 100%.
15 Mai 2011 à 18:43
astronaute en transit
les discours ministériels sont de peu de conséquence sur cette question. L’impulsion du changement autour de la licence devait venir des universités elles-mêmes. Il est douteux que cela se produise dans le court terme, a voir la tendance qu’indiquent les travaux soumis au colloque.
15 Mai 2011 à 18:50
Rachel
François, je comprends le calcul sur le chômage des jeunes, mais pas votre conclusion sur la variation favorable. Si on sélectionne à l’université, cela augmentera mécaniquement le nombre de jeunes en situation d’être comptabilisés dans les stats du chômage. Pour que ça évolue favorablement, il faudrait donc que ces jeunes trouvent du travail, non ? et plus que le taux moyen actuel. Ce qui n’est guère évident étant donné qu’ils n’auraient pas de qualifications ? Si je fais une erreur, j’aimerais comprendre …
15 Mai 2011 à 19:12
étudiant frustré
Rachel, les statistiques du chômage sont plutôt faciles à bidouiller. Les média ne relaient principalement que les résultats de la catégorie A, càd les chômeurs n’ayant pas travaillé le mois précédent, disponibles immédiatement et recherchant un CDI à temps plein (et tenus de prouver qu’ils le font!). Cette définition très réductrice permet d’éliminer facilement les jeunes des statistiques officielles.
Voir ici la différence entre les deux courbes : http://www.latribune.fr/actualites/economie/france/20110427trib000618093/pour-les-chomeurs-francais-l-embellie-n-est-que-partielle.html
15 Mai 2011 à 19:47
François
Mon calcul n’est pas basé sur une évolution à très court terme, où on supposerait que le nombre d’emplois disponibles est constant.
Il compare deux situations en régime stabilisé.
Dans l’une le nombre d’étudiants est relativement faible. Il existe un certain taux d’emploi pour les non-étudiants.
Dans l’autre le nombre d’étudiants est nettement plus élevé. Le taux d’emploi des non-étudiants sera plus faible pour deux raisons :
– l’accès aux études étant plus facile, le niveau (intellectuel, volonté de réussir, etc.) de ceux qui ne font pas d’études sera plus faible,
– ils seront en concurrence avec plus de diplômés de tous âges.
Les plus anciens se souviendront d’une époque où peu de Britanniques avaient accès aux études supérieures. Leur taux de chômage des jeunes était nettement plus faible que les taux français ou allemand. Mais si on comparait à la tranche d’âge, ce n’était pas vrai.
15 Mai 2011 à 22:44
François
Un article du New York Times sur la baisse de niveau des licences américaines
Ils pensent qu’une des raisons est que les budgets vont plus à l’aménagement des campus qu’à l’enseignement proprement dit.
15 Mai 2011 à 22:54
Rachel
François, je comprends les grandes lignes de votre raisonnement mais c’est dense et en ce dimanche soir j’ai le cerveau un peu ramolli. J’ai surtout l’impression que ça va changer les taux selon les tranches d’âges, en gros un décalage vers les âges plus jeunes si l’université devenait sélective.
J’ai souvent défendu ici la non-sélection à l’université, en me disant que compte tenu du faible taux d’emploi des jeunes, c’était préférable qu’ils fassent des études. Mais je me demande si mon raisonnement ne n’était pas un peu simpliste.
Jako nous rappelait il y a peu de temps les métiers les plus recherchés par pôle emploi, bref ceux pour lesquels il y a plus d’offres que de candidatures : ouvrier BTP, coiffeur, réceptionniste, magasinier, peintre, carrossier, télévendeur, boucher, barman, agent de sécurité, commis de cuisine, hôte(sse) d’accueil, maçon, plâtrier, carreleur, grutier, jardinier, chef de rang, … bref des métiers qui ne requièrent pas a priori beaucoup de qualifications et ces dernières ne sont pas dispensées à l’université.
Je me disais que si l’université devenait sélective, cela aurait un double avantage (1) des jeunes se tourneraient alors vers ces métiers (2) la licence serait alors d’un meilleur niveau, le diplôme serait revalorisé, ce qui pourrait favoriser une meilleure insertion à ce niveau d’étude.
Est-ce que mon raisonnement est correct ?
15 Mai 2011 à 23:45
François
Il y a en France un problème culturel qu’on ne rencontre pas de façon aussi marquée dans d’autres pays. Chez nous, le standing social dépend moins qu’ailleurs du seul revenu; l’activité doit également avoir une image suffisamment noble, souvent liée au niveau d’études nécessaire pour y accéder. Autrefois ceux qui n’avaient pas le bac, aujourd’hui ceux qui ne sont pas passés par une université ou une école se sentent un peu méprisés par les diplômés (les « bac+n »).
Si nous ne corrigeons pas cette situation, nous allons avoir de plus en plus coexistence d’un chômage de diplômés français important ou d’un emploi systématique d’employés surqualifiés – car aller à 50% de la classe d’âge dans les formations du niveau des licences actuelles ne paraît pas très adapté aux besoins – et d’une forte immigration pour exercer les métiers peu considérés par les Français.
C’est là que je trouve le système des « community colleges » américain assez astucieux. Il permet à l’équivalent américain de BTS français de dire négligemment à ses voisins ou relations : « Quand j’étais à la fac (college) … »
Donc je serais assez partisan d’un nom unique pour tous les établissements d’enseignement supérieur, y compris ceux qui dispensent des formations courtes à but professionnel. Seuls les noms des diplômes seraient différents (aux USA on a des « associates » et des « bachelors »).
Ça pourrait redorer le blason des métiers cités par Jako qui ont un immense avantage : ils sont difficilement délocalisables. Je crois avoir déjà parlé ici d’une étude américaine qui disait : mieux vaut former des opérateurs en radiologie que des radiologues (qui au lieu d’interpréter les clichés dans un bureau voisin peuvent le faire à 10 000 km de là).
16 Mai 2011 à 00:36
jako
Oui Rachel : en même temps certains de ces métiers requièrent bien des qualifications, des compétences et une expertise, mais de celles qui ne s’acquièrent pas à l’université dont ce n’est pas le rôle (mais désormais tout est possible….). C’est donc un gâchis à tous les niveaux : au niveau de l’Université, qu’on enjoint de se recycler en adaptant « l’offre de formation » à un marché de l’emploi imprévisible ; au niveau de ces élèves auxquels on fait croire que pour faire quelque chose de leur vie il faut impérativement passer par l’enseignement supérieur – avec le présupposé ahurissant qu’en passant par l’enseignement supérieur on « s’élève » dans les cieux ineffables de la « science » alors que les artisans resteraient eux dans la fange et l’ignorance ; au niveau des étudiants ensuite : d’un côté ceux qu’on a laissé aller au casse-pipe, et de l’autre ceux qui sont motivés, qui savent où ils veulent aller et qui ont le niveau pour entreprendre de véritables études exigeantes, et qu’on abandonne dans une sorte de « médiocrité pour tous », faute d’avoir opéré un tri dès le départ. Il en résulte une insatisfaction et une frustration généralisées qui débouchent soit sur la relégation, soit sur le contournement de l’université, soit sur l’expatriation : « Pierre Arnoux l’avoue : « Pour faire de la recherche scientifique, il vaut mieux aujourd’hui aller en Chine, en Inde ou au Brésil. Les politiques menées là-bas ressemblent à celles qui prévalaient chez nous il y a vingt ans » ; et d’évoquer le cas d’une jeune chercheuse partie en Chine étudier… le latin, et qui a vu en outre son université d’accueil fournir obligeamment un poste à son mari… helléniste !
http://www.valeursactuelles.com/actualit%C3%A9s/soci%C3%A9t%C3%A9/%C3%A9tudes-scientifiques-cote-d039alerte20110421.html
16 Mai 2011 à 07:14
PR27
Ah, « valeurs actuelles ». Jako, j’ai trouvé cet article intéressant mais je vous assure, ça m’a fait mal de cliquer sur le lien de ce magazine qui me laisse généralement une impression d’entre-soi fascisant. Je lance ensuite mon antivirus.
Vous m’avez convaincu. Je réunis dès ce midi mes enfants, j’arrête de leur faire la leçon sur la société de la connaissance, et je trouve vite parmi eux un volontaire pour aller tuer le cochon tous les matins (à 5h, l’heure où on entend chanter les oiseaux, c’est agréable) dans les abattoirs de Lamballe. Quand ils se plaindront de tendinite, je leur dirai : pas du tout, c’est l’intelligence de la main qui se développe ! En plus, ils apprendront à parler roumain.. les locaux ayant fortement découragé leurs enfants d’entrer dans ce métier, non par préjugé de classe intello, mais parce qu’ils l’ont fait eux-même pendant des décennies.
16 Mai 2011 à 08:26
jako
PR27, un bon artisan vaut tout l’or du monde; pour le reste, tout dépend de ce que veulent vos enfants: s’ils n’en ont rien à secouer de la fac, s’ils n’ont pas le niveau et qu’ils y vont pour vous faire plaisir ou pour ne pas être séparés de leurs meilleurs copains, ça risque de ne pas être top. Et vous en aurez qui viendront ensuite pleurnicher sur le taux d’échec en première année. Et puis il n’y a pas que les égorgeurs de cochon: certaines formations (Dan évoquait les formations dans la restauration des oeuvres d’art) sont des formations qui exigent de hautes qualifications, mais pas de celles que propose la fac. Je l’ai déjà dit: le crédo « hors l’ES, point de salut » est une hérésie…
16 Mai 2011 à 09:09
jako
P.S. PR27, j’aurais signalé avec plaisir (et sympathie!) quelque article de l’Huma, mais vous auriez eu les mêmes réactions dans l’autre sens…
16 Mai 2011 à 11:32
amigues
D’accord avec vous Rachel, attendons et voyons. Il est visible que les présidents n’ont pas voulu déterrer la hache de guerre avec l eministère de la mastérisation des enseignants du secondaire ou du financement très problématique du plan « licence » et que la ministre les a laissé parler gentiment en échange.
A mon avis la CPU n’a plus la main. Tandis que ça bavarde dans les grandes généralités, certains continuent à avancer leurs pions. Mon université vient ainsi de récupérer son patrimoine immobilier et beaucoup d’universités avancent tranquillement dans l’autonomie sans trop se préoccuper de ce que raconte la CPU. Nos chers présidents sont (eux aussi) en année électorale et ce n’est pas le moment de se fâcher avec qui que ce soit. Le fait que Filâtre se soit exprimé en son nom montre surtout la grande prudence de ses chers collègues dans le débat.
La ministre non plus n’a plus la main. Visiblement elle va laisser courir les choses paisiblement juqu’en 2012. Sûr qu’elle a du recevoir des instructions en « haut » (?!?) lieu pour que rien ne bouge d’ici l’année prochaine.
16 Mai 2011 à 13:38
Rachel
Je trouve que c’est une vision assez utilitariste que de dire que l’on pourrait restreindre l’accès à l’université car ça rendrait de la main d’œuvre aux métiers cités plus haut. Mais je peux comprendre la logique. Comme le PR27, je reste encore assez sensible au thème de la société de la connaissance. C’est une noble idée et on doit aller dans ce sens si on veut aller vers le progrès.
16 Mai 2011 à 13:41
Rachel
Pour revenir aux deux « novations » des présidents CPU, je trouve qu’elles sont finalement assez auto-cohérentes. La première semble aller vers une forme de secondarisation de l’enseignement supérieur, et la seconde propose une façon d’y arriver (les équipes pédagogiques, encadrement renforcé). Somme toute, on cherche à ce que le premier cycle ressemble au fonctionnement d’un lycée (plus d’heures enseignées, plus d’encadrement, du contrôle continu, etc … à l’université, on va dorénavant les bichonner, nos petits chéris immatures. C’est peut-être d’ailleurs ce qui fait le succès des BTS, prépas et IUT. Comme le disait l’Astronaute sur un autre fil récemment, peut-être cherche-t-on à construire pour les étudiants une sorte de « cocon éternel » ? (pour reprendre un mot de l’Astronaute ..)
Bref je me pose quand même cette question : les étudiants sont-ils des ados irresponsables ou bien sont-ils de jeunes adultes ? Je cite l’astronaute, il y a quelques jours, si sur un autre fil : « On m’objectera que plus nous prenons de l’âge, plus nous nous trouvons en porte-a-faux par rapport aux « jeunes », si délicats, si peu préparés, si divers socialement, culturellement, ethniquement et encore… Ne cherche-t-on pas un peu à se compliquer la vie en tenant ces raisonnements? Pourquoi serait-il si difficile, en tant qu’adultes, de traiter avec d’autres adultes, même jeunes? Peut-être y-a-t-il toute une industrie de la « postadolescence » qui a vraiment intérêt à maintenir cet état d’esprit et cette ambiance (et on la trouverait très bien infiltrée chez des syndicats comme l’UNEF), déplaçant les préoccupations vers des terrains de prédilection mais ne contribuant pas avec sérieux à une réflexion sur les problèmes et n’étant pas une force de proposition de réponses efficaces? »
16 Mai 2011 à 14:55
PR27
Rachel, je ne sais pas si j’étais moi-même convaincu de « la société de la connaissance ». C’était juste un discours qui existe…
Mais accepter moins de gens à la fac en ne compensant pas en volume équivalent d’augmentation des effectifs BTS, comme on ne va pas sur le marché de l’emploi avec un bac généraliste, il faut orienter plus tôt vers un bac techno ou pro, et donc virer des maquettes de ces lycées des matières générales (hist-géo etc…) au profit de manières pro et donc dès la 3eme faire un aiguillage préliminaire, non ?
Que Pécresse ne bouge plus jusqu’à 2012, c’est perceptible… mais quel projet en cas de victoire de l’UMP en 2012 ? On ne peut pas ne pas penser à cela… quels beaux projets de loi passés dans la nuit du 32 au 33 juillet 2012 (voire du 4 août) ?
16 Mai 2011 à 15:01
PR27
Jako, mon exemple sur les égorgeurs de cochon me venait de l’émission ci-dessous, que j’ai bien écoutée puisque je viens de ce coin là. L’intelligence de la main vaut en effet pour le plombier indépendant, qui gagne bien sa vie et trouve que ça serait bien de passer sa à son enfant. Mais il y a beaucoup, beaucoup de métiers durs que les parents ont subi, et qu’ils ne veulent surtout pas transmettre à leurs enfants. Bon, mais il faut bien faire ces boulots aussi….
Je propose qu’on les donne aux titulaires du bouclier fiscal, ça leur fera des pieds.
http://www.franceculture.com/emission-le-magazine-de-la-redaction-travail-d’origine-incontrole-les-interimaires-roumains-des-abat
16 Mai 2011 à 15:48
amigues
Rachel, n’essayez pas de bâtir de corrélations simples entre ES et emploi.
Si les emplois que vous citez sont difficilement pourvus c’est parce qu’ils n’intéressent pas les gens (pourquoi ce seraient seulement les « jeunes » d’ailleurs qui devraient les faire ? Il n’y a pas assez de chômeurs adultes ?) , qu’ils sont pénibles et mal payés, qu’il y a un turn over élevé qui oblige les employeurs à renouveler leurs offres en permanence et qu’ils sont souvent saisonniers avec beaucoup de CDD et de précarité, ce qui augmente mécaniquement leur part dans les offres d’emploi.
N’oubliez pas non plus que nos chers étudiants sont bacheliers, le plus souvent de l’enseignement général. Que dire des 200 000 adolescents qui sortent de l’école sans rien ? Pourquoi ne se précipitent-ils pas sur ces emplois qui ne requièrent pas en effet de licence d’université ?
Votre idée générale « d’économie de la connaissance » tient la route en ceci que les nouvelles technologies augmentent plus la productivité (et donc les salaires) des employés qualifiés que des non qualifiés. Cela n’a pas toujours été le cas. Dans les années 60/70 ce sont plutôt les ouvriers qui ont bénéficié des gains de productivité, maintenant ce sont surtout les travailleurs du tertiaire.
Ceci n’est pas sans poser un gros problème « de société » avec tous les emplois tertiaires non qualifiés qui ne nécessitent pas de technologies nouvelles : services à la personne, nettoyage entretien, etc… avec à la clé les travailleurs pauvres, contraints à cumuler plusieurs petits boulots pour survivre, et que l’on voit dans tous les pays industrialisés.
Donc pour s’en sortir, les jeunes ont tout intérêt à être qualifiés et c’est en cela qu’il faut des premiers cycles universitaires « ouverts » mais avec de vraies exigences de formation et de qualification et donc fatalement une certaine sélection en cours de formation vu qu’il n’y a pas de sélection à l’entrée. Le problème est plutôt que dans de nombreuses filières actuelles, cette sélection s’opère de la pire des manières, par abandon et épuisement des ressources financières des familles. C’est ce qu’il faut changer en priorité.
Sinon d’accord avec vous que le secondaire ne fera rien pour relever le niveau. D’une part il essaie de ne présenter que les lycéens qui ont des chances d’avoir le bac pour tenir l’objectif, donc il sélectionne beaucop en amont. Plus encore, je ne crois qu’il puisse décemment. Et de toute manière il ya suffisamment de filières d’élite pour les bons lycéens pour ne pas se préoccuper en plus des universités.
16 Mai 2011 à 16:47
astronaute en transit
Interessante remarque de Pierre Arnoux dans l’article de Valeurs Actuelles cite plus haut: « Je tache de former des etudiants dont j’espère sincèrement qu’ils ne deviendront jamais profs…. »
ce qui nous rappelle a l’ordre concernant l’absurdité de la situation, c’est lorsque l’une des personnalités universitaires, baissant la garde, admet être conscient de la dimension de l’échec du système-que-le-monde-nous-envie. ensuite, on repart sur la rengaine des moyens… parfois, ils découvrent la précarité dans laquelle exercent « les agrèges, docteurs » mais se gardent d’évoquer les nombreux non-titulaires pour qui la précarité sera encore d’une autre dimension.
Cet article montre aussi que la situation des sciences a ses problèmes propres, distincts de ceux des humanités, ce qui nous amène a nous demander si une reforme de la licence ne doit pas eventuellement se faire, au concret, par discipline?
la CPU, les politiques veulent de l’immobilisme: cela nous laisse le temps de reflechir a ce que serait la prochaine reforme…
16 Mai 2011 à 18:40
PR27
astronaute, on peut interpréter cela de mille façon.
Je pense la phrase d’Arnoux se réfère au problème actuel du CAPES. Il y a seulement 5 ans, le taux de réussite pour le capes de maths était <à 25%.
Le problème n'est pas la baisse du niveau des épreuves, mais une baisse d' "attractivité" de la filière. Les maths, c'est pénible, il y a trop de calculs, certes.
Mieux vaut les matières où on peut pipeauter plus facilement. En plus, en cas de réussit, on est nommé le 25 août pour le 1 septembre à un endroit inconnu de la France, le conjoint est nommé le 27 août à l'autre bout de la France. Week-end sur la route. Les postes de TZR (titulaire sur zone de remplacement) se sont multipliés, le ministère ayant beaucoup aime "l'instit" à la télé, il se dit que tout le monde a envie de jouer au lonesome cowboy tous les soirs à travers les départementales de l'académie, pour rentrer embrasser son platane chéri.
histoire-géo : quel taux de réussite au capes ? pourquoi ?
16 Mai 2011 à 18:42
PR27
Oh là là, on se cotise pour acheter un module d’édition « je corrige mes fautes sur le blog de Rachel » ? Sinon je me cotise tout seul…. Sur neoprofs, on peut éditer ses textes et corriger ses fautes… mais c’est bien la seule chose qui soit mieux sur neoprofs…
16 Mai 2011 à 20:07
jako
PR27, on est d’accord ; Question dureté, les collègues qui dans certains bahuts se font insulter, voire tabasser et qui tiennent le coup grâce au lexomil pourraient aussi en raconter de belles sur la dureté du travail ; certes ce n’est pas la mine (et chez moi, la mine on connaît…), mais c’est une dureté d’une nature différente. Pour bosser dans de telles conditions, moi aussi je conseillerai plutôt à mon petit-fils d’envisager autre chose…
Et puis pour changer de Valeurs Actuelles, un extrait de Gramsci :
« Les langues latine et grecque étaient apprises selon la grammaire, mécaniquement, mais il y a beaucoup d’injustice et d’impropriété dans l’accusation de mécanisme et d’aridité. On a affaire à de jeunes enfants auxquels il importe de faire acquérir certaines habitudes de diligence, d’exactitude, de bonne tenue même physique, de concentration psychique sur des sujets déterminés, habitudes qu’on ne peut acquérir sans répétition mécanique d’actes disciplinés et méthodiques. Un savant de quarante ans serait-il capable de rester seize heures de suite assis à son bureau s’il n’avait dès l’enfance été contraint, par coercition mécanique, d’adopter les habitudes psycho-physiques appropriées ? Si l’on veut sélectionner de grands hommes de science, c’est encore par là qu’il faut commencer, et c’est sur tout le domaine scolaire qu’il faut faire pression pour réussir à faire émerger ces milliers ou ces centaines, ou ne serait-ce que ces douzaines de savants de grand talent, dont toute civilisation a besoin (même si l’on peut faire de grands progrès dans ce domaine, à l’aide des crédits scientifiques adéquats, sans revenir aux méthodes scolaires des jésuites) ».
http://www.marxists.org/francais/gramsci/intell/intell2.htm
16 Mai 2011 à 20:28
PR27
ah ah jako…. dans les congrès, je vois plein de sessions où les savants de 40 ans lisent leur mail à longueur de journée, ou surfent sur le net pour trouver où on peut faire une petite rando sympa ou boire une bière au lieu d’une demi-journée sur les derniers travaux…. weather permitting, bien sûr.
Cette opposition me fait penser à un sondage que le PS vient de faire passer à ses adhérents, sur l’école. L’école doit-elle :
– donner le sens de l’effort et de la discipline ?
ou
– donner l’esprit critique et ouvert à la nouveauté et à la tolérance ?
J’ai renvoyé un petit mot spécial avec deux paragraphes d’Alain, Propos sur le bonheur et Propos sur la pédagogie, suggérant qu’il n’était pas opportun d’opposer ses deux vision.
16 Mai 2011 à 20:33
Dan- visseur positif
@astronaute Cet article montre aussi que la situation des sciences a ses problèmes propres, distincts de ceux des humanités, ce qui nous amène à nous demander si une réforme de la licence ne doit pas éventuellement se faire, au concret, par discipline? merci astronaute : voici une des pierres de touche de la réflexion sur ce qui se passe après le bac pour les jeunes : faut-il raisonner globalement (comme si l’université était un ensemble unique et obligatoire, le Léviathan des amphis) ou bien faut-il raisonner par domaine, par type de motivation, par envie de travailler, par famille d’aptitudes ou de potentiel… Évidemment, je préfère la 2e approche, car nous sommes tous différents, et il n’y a pas un moule unique-sauf à faire de nous tous des moules identiques. L’exemple de Louis Vogel qui généralise à partir du droit est consternant sur sa capacité de raisonnement scientifique.
@François Ce n’est pas à l’Université de fournir aux entreprises des travailleurs formés selon leurs besoins spécifiques et corvéables à merci, mais bien aux entreprises elles-mêmes de financer la formation de leurs employés. J’ai un peu de mal à comprendre cette phrase. D’une part, je ne connais pas d’entreprise qui demandent à l’université de fournir des travailleurs « corvéables à merci ». Cela doit être un automatisme langagier hérité d’un passé de militant trotskiste ? Par ailleurs, si les PME doivent financer la formation de leurs employés, il y a peu de chances qu’elles survivent. Elles payent des impôts comme les autres pour bénéficier des services publics financés par ces impôts. Les patients doivent-ils financer la formation des médecins ? Et on peut imaginer, pourquoi pas, que les étudiants et leurs parents aient envie (et même exigent )que la formation qu’ils reçoivent, également payé par les impôts des parents, soit utile pour permettre aux enfants de trouver un job. Ce n’est pas vraiment de l’économie de la connaissance, c’est de l’utilitarisme bébête.
À nouveau, la même question lancinante, quels sont les objectifs de l’université ? Réponse : ça dépend des domaines, des niveaux, des facs, du sens de l’intérêt général des enseignants de ladite fac.
En Allemagne et en belgique, il ya une année de réflexion possible après le bac, où ceux qui le peuvent vont à l’étranger , comme au pair ou autre chose. Le service civique est aussi une bonne piste. Le bonheur en dehors de l’université, c’est possible ? ( à l’intérieur aussi ? hopefully)
16 Mai 2011 à 21:09
Rachel
Dan, je pense que les universitaires ne sont pas très heureux en ce moment.
Quant à votre question lancinante, je l’avais déjà noté sur mon carnet à idée : « a quoi sert l’université ?». En attendant ce billet (un jour peut-être ?), mon cher visseur caléidoscope, et pour vous faire patienter, je vous rappelle quelques éléments avancés par Pierre Jourde :
« Nous formons les futurs professeurs, et on nous demandera de les recruter, non plus sur ce qu’ils savent en littérature ou en sciences, mais sur des critères techniques étroits. Dans tous les domaines, il s’agit de ne former que des visseurs de boulons soumis, étroitement rivés à leur tâche. Et cela concerne l’éducation dans son ensemble, de la maternelle à l’université. Les universitaires manifestent contre cette vision de la société ».
16 Mai 2011 à 21:19
Rachel
Merci Amigues pour votre commentaire très précieux. C’est très dense et fort bien résumé. Je trouve que le passage sur l’échec « par abandon et épuisement des ressources financières des familles » pourrait être un thème très intéressant à débattre sur Gaïa. Je le note sur mon « carnet à idées ». J’avais déjà essayé d’en discuter un peu dans un billet « Démocratisation de l’accès aux masters des universités »
J’ai utilisé le terme « société de la connaissance », et non « économie de la connaissance » car il semble que ce dernier ne soit pas politiquement correct. C’est certainement un peu naïf, mais mon idée c’est de dire qu’une société, si elle veut s’élever, doit augmenter graduellement son niveau d’éducation et de savoir. C’est pourquoi je pense que l’université pourrait jouer un rôle plus moteur en vue de cet objectif.
16 Mai 2011 à 21:46
Astronaute en transit
J’avais compris qu’Arnoux parlait des maths et de leurs concours. Je rappelais précisément qu’il faut prendre en compte des situations fort contrastées entre les disciplines. Je ne connais pas le concours de maths (étant mauvais en maths), donc je ne saurais dire si ce concours est vraiment censé recruter des profs de maths compétents ou s’il existe pour éliminer une pléthore de concurrents et donner l’impression que les gagnants sont vraiment les plus compétents. Pour l’agrégation d’anglais, je sais d’expérience que c’est la seconde proposition qui est juste. Et la qualité de l’enseignement de l’anglais dans les écoles françaises est très discutée depuis fort longtemps (c’est sûr que passer des épreuves de concours en français n’aide pas).
La complexité et l’ampleur de la tâche consistant à réformer la licence (mais aussi les autres filières de l’enseignement supérieur, ou l’enseignement français en général) n’a jamais été bien assumée dans le débat public. Certains principes généraux ont leur importance (je veux dire en termes de priorité), par exemple quel type de sélection adopter (s’il est convenu qu’il faudrait sélectionner?) ou quel type de financement rechercher (s’il est convenu que l’actuel financement par l’État serait insuffisant à couvrir les besoins?) ou quelle type d’exigences avoir face à quel public… Au delà, les questions propres à chaque discipline, chaque cursus, voir chaque établissement ne sont pas moins secondaires.
Il faudrait bien plus d’énergie, et bien plus d’acceptation du risque de la part des acteurs de l’enseignement supérieur pour résoudre ces équations fort complexes (métaphore pour faire plaisir à M. Arnoux et à tous les autres matheux de Gaia).
16 Mai 2011 à 22:43
Rachel
Astronaute, est-ce vraiment si complexe ? On est certainement d’accord que la réponse peut difficilement être la même pour toutes les disciplines, mais je suis persuadée que dans chacune d’entre elle, on sait à peu près ce qu’il faudrait réformer. A mon avis, et vous serez d’accord, c’est surtout un manque de volonté, à la fois de la part du ministère et de la part des universitaires (représentés ici par la CPU). Finalement, cette immobilité arrange tout le monde. Et comme le dit Amigues, « de toute manière il y a suffisamment de filières d’élite pour les bons lycéens pour ne pas se préoccuper en plus des universités »
16 Mai 2011 à 23:39
Astronaute en transit
Qu’il y a un manque de volonté j’en suis aussi convaincu que vous. Parfois je le dis même en des termes qui fâchent les uns et les autres! La complexité, cependant, est sûrement un prétexte commode pour se justifier de ce manque de volonté, tout à fait conforme à la culture de l’excuse qui règne avec si peu de contradicteurs.
Quand à dire que cela arrange tout le monde, précisons que cela arrange ceux qui auraient à prendre des décisions. Quand aux étudiants ou enseignants et chercheurs qui du fait de leur position n’ont pas de prise ni de voix dans ce débat, cela ne les arrange pas forcément, ils subissent simplement.
J’ai vu qu’Educpros annonçait dans son dernier bulletin « qu’une nouvelle licence se dessine ». Ce choix de termes me parait bien révélateur, et sans doute approprié. Par ailleurs, le fameux « coup de tonnerre » de ce weekend aura tôt fait de reléguer ce mémorable colloque de la CPU, ainsi que tout l’enseignement supérieur, aux oubliettes de l’actualité.
17 Mai 2011 à 11:42
François
Une petite explication sur la phrase :
« Ce n’est pas à l’Université de fournir aux entreprises des travailleurs formés selon leurs besoins spécifiques et corvéables à merci, mais bien aux entreprises elles mêmes de financer la formation de leurs employés. »
Elle est extraite d’un document Sud Étudiant / FSE.
J’avais signalé ce document le 15 mai 2011 à 12:31 dans le message suivant :
« Jako recommande dans un autre débat la lecture de :
http://fselyon.luttes-etudiantes.com/spip/index.php?option=com_content&view=article&id=194:contre-la-devalorisation-de-la-licence-sud-etudiant-et-la-fse-appellent-des-aujourdhui-a-la-mobilisation&catid=36:communiques-nationaux&Itemid=63
C’est intéressant de voir quels sommets peut atteindre l’art de la critique systématique. Les rédacteurs d’un tel document ont un avenir assuré au sein de tout parti d’opposition, quel que soit celui au pouvoir »
Le caractère excessif de ces propos faisait de la position actuelle de l’UNEF un modèle de bonne volonté vis-à-vis des entreprises impensable il y a quelques années.
Devant la modération des réactions sur ce blog, j’ai extrait de ce rapport la phrase : « Ce n’est pas à l’Université de fournir aux entreprises des travailleurs formés selon leurs besoins spécifiques et corvéables à merci, mais bien aux entreprises elles mêmes de financer la formation de leurs employés » sans indiquer d’où elle venait.
Ce qui a déclenché une réponse de Dan me traitant d’ancien trotskiste !
17 Mai 2011 à 12:25
amigues
François, l’outrance gauchiste du propos (bien que l’exploitation des travailleurs cela existe aussi bien sûr) se détruisait d’elle-même.
Cela dit, il attire l’attention sur l’angle mort de tout notre système d’enseignement supérieur qui est la question du rôle que pourrait (ou devrait) jouer l’université en matière de formation professionnelle des adultes, en emploi ou au chômage. C’est le fameux thème de la formation tout au long de la vie, thème de campagne de Lionel Jospin en 2002 qui n’avait quère enthousisamé les foules et quir essort de temps en temps à la manière d’un serpent de mer.
Aujourd’hui ce rôle est exercé par des officines de formateurs aux compétences disons « variables ». Les masses financières en jeu sont tout à fait considérables à l’échelle du financement récurrent des universités. Je suis persuadé que nous devrions nous pencher sur cette question au delà des « universités du troisième âge ».
On est toujours dans le thème de la « société de la connaissance » mais ici avec la prise en compte de l’évolution des métiers, de la protection du capital « d’employabilité » des adutes (je déteste ce barbarisme mais on se comprend) ainsi que de la formation des adultes à des métiers nouveaux qui n’existaient pas lorsqu’ils étaient eux-mêmes en formation.
Il recoupe aussi une vision différente de la fameuse « validation des acquis de l’expérience » au regard des connaissances (savoirs « pratiques » et savoirs « savants »). C’est pour moi typiquement le genre de thème fondamental pour l’avenir de notre société dont personne ne parle et à propos duquel les enseignants du supérieur, en universités ou en écoles, ont sûrement des idées et des choses à dire.
17 Mai 2011 à 22:15
étudiant frustré
De pire en pire, le PS s’y met : « Augmenter de 50% le nombre de diplômés du supérieur en dix ans » : http://lemonde-educ.blog.lemonde.fr/2011/05/17/pour-le-superieur-le-ps-veut-des-evolutions-pas-de-revolution/
17 Mai 2011 à 22:39
PR27
Tout dépend dans quelles filières… c’est vrai que dans des mauvaises filières, ça pourrait faire des étudiants frustrés (je ne pensais pas à vous, bien sûr).
17 Mai 2011 à 22:44
Rachel
Est-ce que le PS a un plan pour contrer la désertification des filières scientifiques à l’université ?
17 Mai 2011 à 22:47
PR27
Attendons demain soir, parce qu’on commente un commentaire. Tel que résumé dans le papier du monde, c’est un peu fade et vague, mais l’original fait 30 pages (taille 15 avec des images et des grandes marges, ou taille 10pt avec des marges miniatures, ça sera à voir…) L’auteur sait que la communauté ESR va le lire, et sait que les reviewers sont sans pitié et regardent surtout les petits caractères. Le problème est qu’il a probablement des co-auteurs cachés, des mandarins pas très merveilleux….
17 Mai 2011 à 22:55
Rachel
Oui attendons demain. Je pense qu’effectivement ça va être commenté et critiqué, mais c’est de bonne guerre. Pour ma part je me demande bien par quoi je commencerai …
17 Mai 2011 à 23:10
PR27
Rachel, je n’en sais rien, mais c’est une vraie bonne question, bien sûr.
Si la réponse demain soir n’est pas claire, je la poserai, mais mon pouvoir dans ce parti est nul (d’alleurs je n’en veux aucun, parce que sinon ça va ressembler au boulot normal, or pour moi c’est un hobby).
17 Mai 2011 à 23:19
François
» Augmenter de 50% le nombre de diplômés du supérieur en dix ans « .
Actuellement en France d’après les chiffres de l’OCDE le taux de diplômés des 25-64 ans est 27% (41% pour les 25-34, 31% pour les 35-44, 20%pour les 45-54 et 17% pour les 55-64).
Multiplier 27% par 1,5 est un objectif très raisonnable … mais pas en 10 ans.
Ça se terminera en disant : à notre arrivée, 27% de la population était diplômée du supérieur; maintenant nos jeunes sont diplômés à 41%. Vu le niveau du journaliste ou du sociologue moyen en statistiques, ça passera …
17 Mai 2011 à 23:21
Rachel
Je regarderai certainement plus particulièrement le paragraphe sur la licence, histoire de donner une continuité à nos discussions récentes. Si des points ne sont pas clairs, on les discutera ici. Ou alors j’irai poster quelque chose chez B. Monthubert.
17 Mai 2011 à 23:31
François
D’après Le Monde de ce soir (p. 13) B. Monthubert n’est plus en cour au PS (il n’a pas été invité à un récent déjeuner M. Aubry-présidents socialistes d’universités). Dans le projet Fabius de 1ère année du quinquennat socialiste, le dossier du supérieur est entre les mains de Christian Forestier assisté de … Daniel Filâtre.
18 Mai 2011 à 07:26
PR27
François, moi aussi il m’est arrivé de péter les plombs et de boycotter les déjeuners :) . Sérieusement, combien de fois j’ai vu des déjeuners dans des grands restaurants ou diners de gala top lux, où le sujet de conversation entre les participants est le manque d’argent pour la recherche….
Le problème de B.Monthubert, c’est que quand il rédige des documents, je suis sûr il y a des chiffres partout – des vrais chiffres. Un vieux politicard a dû passer derrière et lui expliquer qu’il fallait rester dans le flou, belles paroles et ils se sont fâchés. Je soupçonne des roublards du gens genre Cambadelis, qui n’y connaissent rien, arrivent comme des boulets….. En tout cas, les militants de base craignent cela depuis qu’il a pris les rênes de ce sujet au PS…
18 Mai 2011 à 13:59
PR27
Les bonnes solutions arrivent toujours de la loi du marché :
http://lemonde-educ.blog.lemonde.fr/2011/05/18/en-angleterre-luniversite-facon-lastminutecom/
Ca fait un moment que je trouve que les ministres liés à l’éducation dans ce gouvernement sont de vrais pros du n’importe quoi… ils sont là depuis un an et ils démontrent un réelle vision pour la jeunesse.
18 Mai 2011 à 16:27
astronaute en transit
L’article en question est imprecis, et dans sa facture, assez partial. Il faudrait expliquer le système de « late placement », qui fait partie du processus de sélection depuis bien longtemps et n’avait auparavant jamais été lie aux droits d’inscription (qui ont toujours existe, quitte a être intégralement subventionnes). mais l’objectif accusatoire de l’article avait precedence.
18 Mai 2011 à 18:29
Rachel
Sur le sujet du jour, sur la plateforme d’Educpros, un billet de Michel Lussault: Le « système licence » : 1. Et si l’on osait vraiment ?
Et bien entendu, à suivre également les chroniques sur la licence de Pierre Dubois sur son blog Histoires d’universités
18 Mai 2011 à 18:59
Rachel
Compte rendu des débats au forum des idées du PS, journée de présentation du programme ESR du PS (si j’ai bien compris).
Je ne trouve pas le texte du programme du PS. Si quelqu’un connait le lien, merci de le mettre ci-dessous.
18 Mai 2011 à 19:16
PR27
ô surprise, je réponds. Le texte est disponible sous un format propriétaire barbare, du flash difficile à convertir en pdf pour l’instant. C’est en bas de la page suivante:
http://www.parti-socialiste.fr/articles/mercredi-18-mai-venez-au-forum-des-idees-recherche-et-enseignement-superieur-a-toulouse
Il faut cliquer sur l’image flash pour faire apparaître un livre en flash (31 pages), pour l’instant uniquement consultable à l’écran.
18 Mai 2011 à 20:56
Rachel
Ouch ! c’est dense ! et intéressant …
Je ne sais par quoi commencer, à vrai dire, on a le temps, non ?
J’en profite pour corriger une petite erreur dans l’article du Monde, commenté plus haut. Ce n’est pas une augmentation de 50 % qui est programmé pour le nombre de diplômés du supérieur, mais c’est amener 50% d’une classe d’âge à ce niveau d’étude.
18 Mai 2011 à 22:22
Astronaute en transit
Au fait, « amener à un niveau », cela veut-il avoir le diplôme ou quelque chose d’équivalent?
18 Mai 2011 à 22:26
Astronaute en transit
Quand je clique sur le lien je n’ai en gros que le programme de la conférence et des résumés de discours et de travaux de table ronde. J’attends plutôt le verdict de nos déconstructeurs-maison!
18 Mai 2011 à 22:36
Rachel
Astronaute, cette fois-ci c’est moi qui suis imprécise. Il s’agit d’amener à 50% d’une classe d’âge à avoir le diplôme de licence (sachant les DUT et BTS sont considérés comme des équivalents, je crois).
Pour le programme du PS, c’est presque tout en bas de la page, bien après les éléments de compte rendu …
18 Mai 2011 à 23:00
Dan- visseur pas vraiment soumis
J’ai lu avec intérêt et perplexité le blog de Michel Lussault… Et je n’ai pas vraiment compris ce qu’il voulait. La question que j’avais déjà posée sur le sujet : peut-on faire coexister dans la même institution administrative des étudiants ayant des temps de travail totalement différents (rapport de un à 2) et des enseignants ayant des obligations totalement différentes (professeurs de CPGE et enseignants chercheurs). La France étant ce qu’elle est, je n’imagine pas que cela soit possible. En tout cas, si c’est ce semble vouloir Michel Lussault, il doit le dire clairement : il y aurait sous la même bannière, avec la même gouvernance, éventuellement sur le même site ( ?) des enseignants et des étudiants de statuts complètement différents. Cela concerne les khagneux et licences de lettres, les taupins et licence de sciences, sans compter les IUT et BTS. Cela fait du monde. Grands Dieux, pourquoi tout vouloir uniformiser au nom magique du »système »? Morin prêche pour la reconnaissance de la complexité, pas du jacobinisme à l’ancienne; Au contraire, traitons domaine par domaine : dans le domaine universitaire des lettres, quelles sont nos finalités ? Est-ce de former des citoyens avertis et ayant plus de « connaissances » ? Qu’est-ce que cela veut dire ? Est-ce cela que les étudiants et leurs familles demandent ? Est-ce de former des enseignants ? Y a-t-il une limite ?…
C’est assez facile d’être audacieux lorsqu’on en reste aux généralités, mais le diable est dans les détails.
18 Mai 2011 à 23:27
Rachel
Alors Dan, vous avez lu aussi toute l’introduction qui est à mon avis très hypocrite sur l’excellence des travaux des présidents CPU. Mais peut-on entendre un autre discours de la part d’un directeur de PRES ? Ceci dit, je trouve la suite vraiment passionnante, tellement riche et si bien écrite. A coté je me sens très minable, bref c’est à vous dégoûter de tenir un blog.
Le PS a clairement choisi la première démarche citée par Michel Lussault (celle de la politique des petits pas, approche prudente, conservatoire et conservatrice, mais qui finalement ne change rien sur le fond). J’ai bien envie de mettre en confrontation sa proposition volontariste en regard de la proposition du PS. Ca serait un sujet de billet assez intéressant !
18 Mai 2011 à 23:31
étudiant frustré
Sur le projet du PS, en attendant le prochain billet de Rachel et après une lecture rapide, je trouve qu’on en reste une nouvelle fois aux mêmes poncifs et idées vagues, voire incohérentes.
p.22 :« La France se signale par un triste record : notre pays avec cinq enseignants pour 100 étudiants, a le plus faible taux d’encadrement à l’université des pays de l’OCDE. Or loin de prendre la mesure de l’urgence, le gouvernement coupe dans le budget de fonctionnement des formations en licence. En l’absence de recrutement d’enseignants supplémentaires pour encadrer les étudiants en 1er cycle, [etc.] »
dernière page : « construire une Europe de la recherche et favoriser la mobilité européenne pour les étudiants et les chercheurs ainsi que les partenariats autour de la construction d’une grande université européenne »…hum
Si le PS veut être crédible, il faudrait qu’il donne une estimation du coût de son projet, son absence montre à elle seule qu’il est totalement irréaliste. Comment peuvent-ils éluder une question aussi fondamentale que la SÉLECTION à l’entrée?
On dirait le mauvais travail d’un étudiant qui aurait pioché des phrases-types sur Wikipédia.
19 Mai 2011 à 05:14
Astronaute en transit
ça fait 30 ans qu’on fait a politique des petits pas. Marre!
Pleurnichez sur le taux d’encadrement et expliquez moi pourquoi on vient de me signifier que comme non titulaire, je n’ai pas le droit d’enseigner plus de deux cours par semestre dans le même établissement public. Il parait que c’est la loi.
19 Mai 2011 à 14:15
amigues
J’ai pu voir la version PDF grâce au lien gentiment fourni par PR27, merci à lui.
On sent le compromis difficile entre les nonistes qui voulaient abolir tout le système mis en place par la droite et ceux qui pensent que tout n’est pas à jeter dans le nouveau monde de l’ESR.
Au final pour la recherche, on dégonfle l’ANR pour refaire du financement récurrent de labos et en renforçant le CNRS au détriment des universités (classique de la politique de gauche). Pour le reste : on garde l’AERS, la LRU en modifiant le système d’élection du CA mais sans toucher aux pouvoirs des présidents; l’ANR (même dégonflée), le crédit d’impôt recherche, le découpage du CNRS en instituts, les PRES, les RTRA, les IDEX et autres bidulex, et même on aide les grandes entreprise à soutenir des chaires. Bref on garde tout l’échafaudage y compris le plus branlant.
Seule innovation : les centres territoriaux et le retour au contrats d’étbalissement, ce qui va permettre de faire du réquilibrage régional. Mais comme on ne fait pas de lien explicite avec les plans état régions (souvenir cuisant de l’université du troisième millénaire sûrement), on ne voit pas du tout ce qu’on va faire concrètement de ces nouveaux machins.
Donc côté recherche, mon verdict est 4-0 contre les nonistes. Les « progressistes » du PS, en gros sur la ligne Pécresse, même s’ils s’en défendent bien sûr, remportent la victoire haut la main. Ils doivent faire la tête à SLU…
Côté enseignement c’est plus sombre. Une analyse intiale indigente en 2 temps : 1) ça ne va pas du tout (c’est bien vrai mais il faudrait nuancer), 2) c’est de la faute à la droite (trop facile). Suit une plate-forme de bonnes intentions très inspirée de l’UNEF, je trouve, mais sans moyens financiers clairs : combien de postes créés ? , quels moyens pour faire de l’accompagnement individualisé ?, combien de bourses pour les étudiants pauvres ? Un seul chiffre : 50% des jeunes au niveau L3. Ca promet question baisse de niveau et dévalorisation des diplômes de licence.
Dans l’ensemble, les vrais enjeux sont absents de la réflexion. Côté recherche, rien sur le problème de l’attractivité de la France et sur sa stratégie dans la compétition scientifique internationale. Côté enseignement, rien sur l’insupportable dichotomie française entre des filières de sélection par la réussite (GE et IUT) et des filières de sélection par l’échec (les universités). La proposition de rattacher les CPGE aux universités (pourquoi faire ?) est assez comique de ce point de vue.
19 Mai 2011 à 16:53
PR27
amigues, nombre des points que vous mentionnez comme étant « à problème » ont été soulevés depuis longtemps dans les débats internes entre militants PS.
Comme vous le savez, notre parti ultra-démocratique permet à la base d’amender les textes. Néanmoins, le texte nous ayant été fourni hier soir et le vote du projet PS ayant lieu ce soir…ça ne va pas être évident, sauf à bourrer les urnes avec des amendements. C’est un peu toujours pareil : la base demande des informations précises , le haut répond : non, le rôle du politique est de définir une vision, de grandes orientations, pas de faire de la technocratie chiffrée. C’est compliqué… Pécresse, elle, donne des chiffres, mais le quotidien des réunions financières de l’université suggère qu’il ne s’agit que de la monnaie de singe. Qu’est-ce qui est mieux…. pffff….
19 Mai 2011 à 16:58
astronaute en transit
j’avais lu quelque part que B. Monthubert envisageait que ce programme » redonne confiance » aux chercheurs et enseignants-chercheurs. De ce fit, il était probable que des préoccupations catégorielles aient du poids dans ce programme. Ca n’est certes pas entièrement le cas pour la recherche comme dit amigues, mais l’effet de vide se fait sentir cote enseignement. Difficile de trouver une « ambition » pour la licence. Puisque la reforme fait peur aux personnels, mieux vaut ne pas la poursuivre, raisonne-t-on. C’est de la politique de « ni, ni » mais ne répond pas a la question de si l’on peut rester immobile sur toute un nouveau quinquennat?
19 Mai 2011 à 17:31
jako
PR27, puisque vous êtes bien introduit dans les cercles qui comptent, vous pourriez leur suggérer de mettre le paquet dans le primaire; car proposer des béquilles aux éclopés qui débarquent à la fac – tel est le grand dessein de la nouvelle licence – c’est très bien et c’est plein de bons sentiments; mais si on pouvait réduire le nombre d’infirmes que produisent le primaire et le secondaire, ce serait encore mieux…
19 Mai 2011 à 18:09
PR27
jako, je ne suis introduit dans aucun cercle, sinon le grand cercle des adhérents de base qui tournent en rond (des obstinés, sûrement). Par ailleurs, l »idée est effectivement de mettre les moyens sur le primaire, quitte à déplumer les lycées de centre ville : dédoublement de classes en ZEP, vacances raccourcies, mécanismes contraignants pour éviter de n’avoir que des jeunes enseignants dans les zones géographiques « qu’on veut éviter » : le projet PS pré-bac ne va pas vraiment brosser les enseignants dans le sens du poil – du moins l’ancien agrégé qui enseigne en 5eme à Arcachon pour 3000 E/mois risque de devoir travailler plus pour gagner pareil, par contre les jeunes devraient être gagnants côté finances. Mais tout cela n’est pas le sujet de ce blog…
19 Mai 2011 à 18:42
jako
Merci PR27; dire que les problèmes de la licence n’ont aucun rapport avec le niveau des étudiants et les lacunes accumulées pendant des années, c’est comme dire que le bon fonctionnement d’une bagnole n’a aucun rapport avec la qualité des pièces qui la compose, ou que la qualité d’un plat dans un resto n’a aucun rapport avec la qualité des produits qu’utilise le chef: or l’université ne choisit pas ses produits (belle autonomie, n’est-ce pas!), et les propositions de la CPU ne risquent pas de changer quoi que ce soit à ce problème; ma métaphore culinaire en revient en ceci: ce sera donc la soupe populaire universitaire pour les éclopés du système, et les (CP)GE pour les autres…
19 Mai 2011 à 18:54
Dan- visseur primaire
merci Jako : les ressources sont limitées, même en surtaxant les « riches « ( dont moi, je l’avoue, selon François Hollande autrefois). Il faut donc faire des choix.La priorité est le primaire, avec retour à la semaine de cinq jours ( ou six, mais ne rêvons pas).
En pratique : arrêter les suppressions de postes, encourager l’autonomie des enseignanant et le travail en équipe, aider ceux qui veulent une formation à la pédagogie ( désolé, jako, mais oui…) et à la relation avec les parents déboussolés, éliminer un certain nombre d’interdictions ( de faire de la cuisine, de se promener, de …),ne pas hésiter à donner du travail, mais l’accompagner,encourager les écoles Montessori, Steiner,Freinet, Decroly…pour favoriser la réflexion…mille recettes bien connues.
L’argent : on le trouvera facilement en supprimant 20 % des étudiants théoriques en L1 L2 de lettres et…SHS ( désolé, Jako : j’y tiens. Pour eux comme pour nous)
A Rabat où je suis, tous les soirs, manifestation très disciplinée des diplômés chômeurs. Pb : ils sont diplômés en lettres et ne veulent que travailler dans l’administration , et si possible dans les grandes villes. Vive le numérus clausus.
19 Mai 2011 à 18:56
PR27
Dan, toujours les manifs de 19h00 en face de la gare ?
19 Mai 2011 à 21:27
Rachel
Sur le site de SLU, la lettre de la CPU sur le colloque en question : http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?article4691
Deux propositions mises en avant :
« I°) Première proposition : le cycle licence doit être conçu comme un continuum depuis l’entrée au lycée jusqu’au niveau de la licence. Et à ce niveau trois principes doivent guider les parcours de formation proposés aux étudiants : lisibilité, fluidité, sécurité. Il s’agit de construire cette licence avec et pour les étudiants.
II°) La seconde proposition touche au cœur même de l’identité des universités : il faut attacher à chacune des formations en licence le même niveau d’ambition et d’exigence que celui que l’on place dans les laboratoires de recherche. Cette novation ne pourra être mise en œuvre que si l’ensemble des enseignants-chercheurs et, plus largement, de tous les personnels des universités, adhère à la nouvelle licence et se mobilise pour l’organiser. Cela implique une politique de recrutement adaptée, une politique de reconnaissance, d’évaluation et de valorisation de l’engagement et de l’activité des enseignants et enfin le développement de fonctions de soutien aux formations, à leur évaluation, et la mise à disposition de moyens humains équivalents à ceux qui sont mobilisés dans le domaine de la recherche. »
19 Mai 2011 à 21:47
Rachel
Amigues, rattacher les CPGE à l’université, pourquoi faire ? Ben pour que les étudiants aillent manger ensemble au RU ?
Jako, oui les problèmes de la licence ont à voir avec le primaire-secondaire, ou plus généralement avec la politique du 80% au bac. On a fait le 80% au bac, ce qui est une évolution majeure (prenons le ici comme un fait). Mais on n’a presque rien fait pour la suite, c’est-à-dire qu’on s’est désintéressé de quoi faire maintenant de la masse de bacheliers ? De leur coté les gouvernements n’ont pas mis en place de plans d’actions spécifiques et de leur coté l’université n’a pas fait évoluer sa licence pour l’adapter au public (ou trop peu). Statu quo … en attendant ce sont les étudiants qui dérouillent car un échec ce n’est pas forcement simple à gérer. La remarque du PR27 quand il dit « le primaire ou le secondaire ce n’est pas le sujet du blog », je pense qu’il reprend ce que je dis souvent : prenons les problèmes tels qu’ils sont vraiment à la sortie du lycée et explorons les avec notre angle de l’enseignement supérieur, bref le secondaire et le primaire ne sont pas des thèmes de ce blog. Mais si vous voulez en discuter ici, je ne vais pas censurer, rassurez vous. Et d’accord avec vous pour dire qu’il faut investir dès le plus jeune âge dans l’éducation des enfants (et si possible il faudrait faire quelque chose pour nombre de parents …).
19 Mai 2011 à 22:04
PR27
Si je comprends bien, la proposition II) dit qu’il faut que les E ou EC s’investissent plus dans l’enseignement de licence et qu’on leur en donnera les moyens. Bon, je veux bien l’idée générale, mais je crains la pratique. Le texte de SLU dit que des mesures concrètes seront données dans quelques temps. J’ai hâte de les voir. J’espère que cela ne consistera pas en une évaluationnite aigüe de tous par tous, au moyen de centaines de tableaux xls transmis par une secrétaire à une autre secrétaire (celle que ton voisin paie son contrat et qui utilise openoffice) à une autre secrétaire (celle que tu paies sur contrat), de consolidations foireuses de tableaux xls qui consomment les journées. Nos agendas et nos journées sont déjà remplies de centaines de petits trucs… et je suis persuadé qu’on va nous empiler des procédures et tableaux xls et indicateurs bidons, beaucoup plus vite que les personnels administratifs.
Au passage, une proposition dont je n’entends jamais parler sur educpro et al. : améliorer ce qui tourne autour de la gestion de l’argent dans les universités, pour les utilisateurs de base. Les reports, les non-reports, les amortissements, les lignes de crédit fermées en novembre et ré-ouvertes en mai, les secrétaires qui n’ont pas accès à ce qu’il faut dans sifac, le marché public des livres en anglais où on est livré en 4 mois alors que le même livre arrive en 3 jours par amazon, les agences de voyages qui ont les marchés publics et qui prennent des commissions délirantes pour un service moins bon que le service sncf.com et qui font de plus en plus faire de plus en plus vers les secrétaires des labos, l’impossibilité de payer les inscriptions en congrès avec des cartes bleues, donc c’est bibi qui avance 600 euros pour ses thésards étrangers fauchés,…. Rien de mieux de ce côté depuis la LRU, au contraire. Désolé si c’est trop concret, mais l’objet n’est pas le confort, il est de pouvoir consacrer le temps aux bons sujets.
19 Mai 2011 à 22:12
Rachel
En gros, pour la CPU, la seconde proposition est de mobiliser les personnels des universités. Tiens on pourrait reparler du thème de l’enseignement punition ? Ou de comment faire pour valoriser l’implication d’un EC dans les actions d’enseignement ? … on en a déjà bcp parlé ici.
19 Mai 2011 à 22:41
PR27
Rachel, plutôt que les actions d’enseignement, je dirais : dans les actions « non rentables pour le CV » (même si la zone de superposition est importante).
Exemple : M. Malin fait un cours en master, groupe de 12, sur le sujet de recherche, où fait à la fois les CM-TD-TP; M. Naïf fait un cours en licence, groupe de 85 (merci de tas de copies), besoin de coordonner 3 groupes de TD-TP et ré-expliquer tout tous les ans aux jeunes qu’on a collé sur les TD-TP. M Malin peut même le valoriser sur son rapport AERES recherche ! Je ferais volontiers la chasse à ceux et celles qui veulent intégralement faire leur charge comme M. Malin, parce que ce sont des gens très importants.
Devra t-on compter les heures de CM master recherche en TD pour payer plus les heures en licence ? Doit-on construire des indicateurs pour « obliger » les responsables de formation à faire que tous les EC enseignent à peu près uniformément à tous les niveaux de leur département de rattachement ?
19 Mai 2011 à 23:37
Dan- visseur pas malin
@PR27.Dans une entreprise bien gérée ( il y en a) M Malin prend un CPF de première. ( CPF= coup de pied aux fesses – voir article de Herzberg sur la motivation). A quoi servent les présidents s’ils laissent sévir les M Malin ? Réponse = ils ne peuvent rien faire (les statuts) et sont en colloque de CPU sur l’art de faire des phrases creuses ( D Filâtre).
Dans quelles disciplines y a-t-il le plus de Monsieur Malin ? Y a-t-il des tableaux Excel sur le sujet ?
la motivation par les CPF.Cet article de Frederick Herzberg a été écrit en 1968. C’est l’article le plus célèbre publié par Harvard Business Review. Il a été réimprimé à 1,2 million d’exemplaires pour répondre à la demande des lecteurs de la revue. Harvard-L’Expansion l’a publié pour la première fois en 1977.
19 Mai 2011 à 23:41
PR27
Désolé d’être bavard, mais vous trouverez sur le site web du PS (http://www.parti-socialiste.fr/video) un certain nombre de videos de discours de personnalités de l’ESR (quelques présidents d’université et élus), suivant le programme du forum qui s’est tenu hier. Peut s’écouter en faisant la vaisselle, si vous trouvez ça long…
19 Mai 2011 à 23:50
Rachel
Dan, le problème c’est que M. Malin est un bon publiant … c’est très précieux pour une université. On ne botte pas les fesses d’un bon publiant, voyons !
PR27, pas simple je trouve, ce problème de M. Naïf et de M. Malin …
20 Mai 2011 à 00:03
astronaute en transit
La mobilisation des universitaires autour de la licence, ça s’entend par mobilisation des statutaires? Parce que les non-titulaires, apparemment, il.ne faut pas qu’ils travaillent trop (même sous-payes)
on peut se demander aussi quel va être l’impact des moyens supplémentaires a donner au primaire et au secondaire sur l’enseignement supérieur, pour lequel on a toujours moins depense que sur les autres secteurs. J’entends, bien sur, que les departements de lettres et de SHS sont dans le collimateur pour récupérer des fonds: c’était prévisible, avec les surnombres et les reputations de médiocrité cultivées depuis des lustres. Pourtant, on ne sait pas toujours pas trop ou l’on va envoyer les les étudiants quine sont actuellement et ne devraient pas y être, et on a encore moins d’idées pour comment recycler nombre d’enseignants-chercheurs de ces départements quinvont desormais devenir inutiles.
D’une certaine façon, un retour a la réalité par rapport a la gestion des universités est le bienvenu, mais cette réalité va aussi être très chèrement payée, et plus particulièrement par les personnels qui n’ont pas de protections statutaires. On veut de la bonne gestion, mais on ne touche pas aux statuts qui rendent un certain nombre de personnes innamovibles. Les hors norme, hors catégorie vont donc naturellement être la variable d’ajustement.
Peut-être faut-il désormais dispenser de sérieux avertissements aux jeunes actuellement en formation pour une carrière d’enseignant chercheur dans les humanités: nous allons vers des années de vaches maigres, et même rabougries. Est-il encore temps de se réorienter?
20 Mai 2011 à 00:39
étudiant frustré
Merci de me remonter le moral Astronaute. Le problème est que toute la formation dispensée dans les filières de SHS ne sert qu’à devenir EC, ou pour les mauvais, simplement prof du Secondaire. Dès la L1, les profs justifiaient l’importance de leur cours par du « quand vous passerez l’agrégation »…
Je veux bien me destiner à autre chose que devenir EC, mais quoi? personne ne veut des SHS « hippies-fainéants ».
20 Mai 2011 à 04:58
Astronaute en transit
Étudiant, si cela peut vous consoler, moi aussi j’ai le moral dans les chaussettes. Réduire les études de sciences sociales et humanités à la seule finalité d’alimenter la fonction publique, d’enseignement ou non, est la pire erreur culturelle qu’ait commis l’enseignement supérieur français, surtout lorsque la massification à permis un afflux incontrôlé d’étudiants aux capacités moindres. Le plus fin de l’histoire, c’est qu’après avoir vu les leçons et les chiffres, on continue joyeusement à la commettre. Ce n’est pas surprenant que ce cursus d’études ait également produit tant de diplômés frustrés et politiquement radicaux, ce qui fait bien l’affaire d’un certain nombre de formations politiques et de leurs agents syndicaux.
On ne finira jamais de faire le procès des SHS, qui ne portent pas d’avenir technique, industriel ou économique (ou du moins le croit on par conformisme culturel).
C’est bien la raison pour laquelle les SHS ont plus que tout autre discipline un intérêt à une refondation radicale des cursus de licence, et, à la fin, de leurs cursus avancés. C’est la raison pour laquelle les SHS ont besoin d’un renouvellement de leurs cadres d’enseignement et de recherche, de ceux qui ont été exposés à autre chose que la culture fonctionnaire française, notamment par les passages dans les systèmes d’enseignement étrangers ou un autre secteur d’activité professionnelle.
Pourtant, la leçon de ces derniers jours est que les tenants du vieux système sont en place, ils le tiennent, et ils ne lâcheront pas prise. Et ils attendent simplement un pouvoir politique complaisant vis a vis de leur conservatisme pour poursuivre joyeusement leur itinéraire.
20 Mai 2011 à 07:38
PR27
…. politiquement radicaux, comme les astronautes ?
20 Mai 2011 à 10:58
François
Vu de l’extérieur, ça donne l’impression que les EC scientifiques sont pris en otages par les EC de sciences humaines (qui tiennent complètement la plupart des médias, je pense en particulier au Monde de l’Education où la densité de contre-vérités venant de certains journalistes ou de tribunes de « sociologues » est impressionnante).
20 Mai 2011 à 16:22
Astronaute en transit
Comme les nonistes, PR27. Ou comme ces fameux contributeurs dont parle François.
20 Mai 2011 à 16:43
Jojo
PR27, vous savez bien, la radicalité et l’idéologie sont toujours du même côté. Les autres, c’est le bon sens, la raison et le pragmatisme.
20 Mai 2011 à 17:14
Astronaute en transit
Ce n’est pas de l’idéologie que de constater que les SHS universitaires sont dans l’impasse, et plus difficilement réformables que les autres cursus. Quel est leur projet? Quelle est leur ambition? Quels sont leurs atouts?
On est bien en peine de le dire.
20 Mai 2011 à 18:47
PR27
Astronaute, y a t-il des instances représentatives de ces secteurs (association nationale des directeurs d’UFR, responsables de départements,….) que vous qualifiez de « problématiques », qui se seraient exprimées sur les points que vous posez.
Rachel, je ne dis pas ça pour vous, mais c’est typiquement le genre de problème que la CTI guette au coin du bois. La CTI se moque bien du bling bling, mais ils regardent le niveau des étudiants et quels boulot ils font en pratique après leur diplôme (vraiment rien à avoir avec la CGE, qui n’est qu’un lobby demandeur d’augmentation des frais d’inscription).
20 Mai 2011 à 22:19
Rachel
PR27, je n’ai rien contre la CTI, mis à part leur intervention sur le rapport de l’AERES au sujet d’un label « master d’ingénierie. Si l’équivalent de la CTI existait pour les licences, peut-être qu’on n’en serait certainement pas à se poser la question de savoir comment sauver la licence.
21 Mai 2011 à 04:19
Astronaute en transit
PR27, je suis complètement hors du coup, moi. Les ratiocinations de ces différentes « instances représentatives » (qui ne représenteraient d’ailleurs pas des personnels non-titulaires à forte mobilité) sur le devenir des SHS, je n’en n’ai vraiment aucune idée. J’ai vu ce qu’avait pondu la CDSHS (voir plus haut) avec l’aide du camarade Filâtre et j’ai dit à quel point ça me semblait déplacé. À mon avis on est encore loin d’une réflexion vraiment profonde sur les questions propres aux SHS, et personne ne nie qu’elles encourent des problèmes.
9 juin 2011 à 10:40
Rachel
Pour voir la version de la CPU
http://www.cpu.fr/Lettre_speciale_colloque_de_To.1243.0.html
Sur cette page on pourra aussi lire les principaux discours du colloque.