CNULe suivi de carrière des enseignants-chercheurs, c’est une histoire qui n’en finit plus. On se souvient qu’en 2009, il avait été instaurée une évaluation quadriennale des EC : « Chaque enseignant-chercheur établit, au moins tous les quatre ans, et à chaque fois qu’il est candidat à une promotion, un rapport mentionnant l’ensemble de ses activités et leurs évolutions éventuelles » (extrait du décret de 2009, article 6, lire ici). Ce décret a été modifié à la marge en 2014, pour porter la fréquence de ce rapport d’activité à 5 ans et reformaté en « suivi de carrière. Le rapport en question passe d’abord par l’établissement (composantes, conseil académique) puis est transmis au CNU (conseil national des universités). Le décret dit que « ce rapport sert de base à l’évaluation de l’enseignant-chercheur par la section dont il relève ».

A quoi sert réellement cette évaluation ? On trouve quelques explications dans le Bulletin officiel n° 20 du 14 mai 2015 : « Le suivi de carrière est confié au Conseil national des universités (CNU) et consiste en un examen individualisé et périodique de la situation professionnelle de l’enseignant-chercheur permettant son accompagnement durant l’ensemble de sa carrière par la formulation de recommandations. L’objectif est de faciliter la réalisation des projets professionnels des enseignants-chercheurs dans le cadre des politiques de recherche et de formation mises en oeuvre par les établissements d’enseignement supérieur ». Après examen du dossier individuel, le CNU fait alors des « recommandations » sur « les évolutions professionnelles envisageables ou attendues ; les stratégies pouvant ou devant être développées en matière de recherche ou de formation ; l’amélioration de la qualité de la candidature de l’enseignant-chercheur à diverses promotions » (source ici).

Cette évaluation des EC ou suivi de carrière a déjà fait couler beaucoup d’encre depuis 2009. Les critiques les plus récurrentes sont une atteinte aux libertés académiques, un outil donné aux établissements pour la mise en place de la modulation de service, un potentiel de dérives managériales, que ça ne sert à rien étant donné que les EC sont régulièrement évalués au travers leurs travaux de recherche, de mise en concurrence des individus, etc …

Le CNU (pourtant agence d’évaluation et de notation des EC ; lire ici) est lui-même assez hostile à ce suivi de carrière : « Le 9 décembre 2015, la CP-CNU a voté un moratoire sur la mise en place du suivi de carrière des enseignants-chercheurs prévu par le décret du 2 septembre 2014. À la suite de cette décision, les membres de 38 des 52 sections du CNU ont exprimé un avis défavorable à la généralisation de ce suivi de carrière pour cette année ». Donc on apprend qu’une grande partie des sections ne feront pas ce suivi de carrière cette année. Je ne sais pas si ma section CNU est dans la liste des frondeuses, mais j’espère que oui, ça me fera un dossier de moins à faire !

Pour ma part il ne me semble pas anormal qu’il y ait un suivi de carrière de l’employeur. Le CNRS fait cela avec ses agents et il me semble que c’est bien accepté. Si ce suivi est certainement superflu pour un grand nombre d’EC, il permettrait peut-être de pister des problèmes et de trouver des solutions à certaines situations délicates (qui ne connait pas d’EC « à la dérive » ?). Par contre je trouve que les finalités de ce suivi de carrière ne sont pas très claires. Peut-être que la raison est qu’on est là sur un suivi individuel et que les finalités ou solutions aux éventuels problèmes doivent être trouvées à ce niveau individuel, dans l’établissement dans lequel évolue l’EC en question.