dualOn se souvient des polémiques passées autour des masters d’ingénierie. Il y a quelques années, l’idée avec été émise que les universités pourraient de développer des formations de master dans le domaine de l’ingénierie (lire ici et ici). La CTI (gardienne du temple, se sentant manifestement propriétaire du mot « ingénieur »), suivie par la CGE (Conférence des grandes écoles) et la CDEFI (Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs) avaient vigoureusement protesté contre cette initiative (lire ici): la formation d’ingénieurs doit rester leur exclusivité.

La guerre larvée entre grandes écoles et universités se poursuit aujourd’hui sur une autre polémique : celle des masters (en général). A ce jour, n’importe quel établissement n’est pas autorisé à délivrer un master. En effet un texte de loi restreint le droit à délivrer un master aux EPSCP (établissements publics à caractère scientifique, culturel et professionnel) et tout récemment aux EPA (établissements publics à caractère administratif). Ainsi donc, la grande majorité des GE ne peuvent pas le faire, à leur grand désespoir étant donné que ce diplôme est bien visible à l’international. Lire ici (EducPros) pour un résumé de la polémique.

Ne comptant pas en rester là, la CGE a saisi récemment le Conseil d’État « pour mettre fin aux discriminations concernant la délivrance du diplôme national de master » (lire ici). D’après elle, il y aurait « inégalité de traitement », « La capacité ou non d’un établissement à proposer à ses étudiants un diplôme national de master devrait être guidée par le seul critère de qualité de l’établissement et de la formation » (lire ici). Mise en regard de la polémique sur les masters d’ingénierie, on rigole bien …

La CPU (conférence des présidents d’université) a bien entendu réagi par un communiqué (lire ici). Extrait : « La CPU oppose un démenti formel aux allégations selon lesquelles les arrêtés visés introduiraient une inégalité de traitement entre des établissements se trouvant dans des situations similaires. Elle rappelle que les enseignements dans les universités sont adossés à la recherche et assurés pour l’essentiel par des enseignants-chercheurs recrutés par des procédures dont nul n’ignore les exigences. Elle fait observer que la formation dispensée en université, de la licence au doctorat, est soumise à l’évaluation d’une autorité indépendante de même que la recherche située au cœur des missions universitaires et les modalités d’organisation et de gouvernance, dans le respect de standards internationaux. Pour ces raisons, seules les universités remplissent effectivement les conditions posées par la loi dans le cadre du monopole de collation des diplômes reconnu à l’Etat.

La CPU dénonce derrière ce recours et les arguties juridiques qui l’accompagnent le parti pris d’introduire une logique mercantile là où les universités obéissent aux principes qui fondent le service public de l’enseignement supérieur et de la recherche accessible au plus grand nombre, et s’oppose à toute mesure qui conduirait à la dévaluation de la qualité et la réputation du diplôme de master, en rendant sa délivrance ouverte, potentiellement, à tout établissement ». Prend ça dans les dents !

Décidemment il est vraiment temps de mettre fin à cette stupide dualité de notre enseignement supérieur … !