La capacité d’innovation d’un pays, en particulier dans les domaines de l’industrie et des services à fort contenu technologique, dépend largement (même si ce n’est pas exclusivement) de l’effectif et de la qualification du personnel qui se consacre à la recherche et au développement dans ses entreprises, ses universités et ses centres de recherche.
Parmi les causes possibles d’une insuffisante innovation française, certains évoquent régulièrement la formation d’un nombre de docteurs (bac+ 8) qui serait moins élevé que chez nos principaux concurrents, le système français d’enseignement supérieur (universités et grandes écoles) donnant la priorité aux formations de niveau master (bac+5) en particulier pour les ingénieurs.
Comparaisons internationales.
Dans ce domaine, les comparaisons internationales (dont celles publiées en France par l’OST) sont généralement basées sur des chiffres relatifs à l’ensemble des doctorats, alors que ce sont principalement les doctorats en sciences et en ingénierie qui peuvent avoir une influence directe sur l’innovation industrielle.
Or une étude de l’OCDE(lire ici) parue en 2011 et rarement citée permet de connaître les nombres de doctorats en sciences et en ingénierie décernés en 2009 par pratiquement chacun de ses 34 pays membres. De plus, cette étude indique pour chaque pays (ainsi que pour la Chine et l’Inde) le pourcentage de doctorats en sciences et en ingénierie par rapport au total des doctorats (total qui inclut donc également ceux en lettres, droit, économie et sciences humaines) : ce pourcentage peut aller d’un peu plus de 20% (Grèce) à près de 60% (France, Chine).
Partant des chiffres donnés par l’OCDE sous forme de tableaux Excel, il est donc possible de faire des comparaisons entre le nombre de doctorats scientifiques aussi bien que non-scientifiques décernés annuellement par chacun des pays (nombre total et nombre de doctorats par million d’habitants). Par ailleurs, la consultation de plusieurs autres sources permet d’estimer le nombre annuel de nouveaux docteurs en sciences et en ingénierie à 30 000 pour la Chine et 10 000 pour l’Inde.
Le cas des grands pays.
Si nous nous limitons dans un premier temps aux pays ayant décerné plus de 2 000 doctorats en sciences et ingénierie en 2009, l’exploitation des chiffres donnés par l’OCDE dans son étude permet d’établir le tableau suivant (d’où sont absents la Russie et le Brésil, faute d’informations fiables) :
Le pourcentage de diplômes en science et en ingénierie est donné dans le tableau suivant (on peut cliquer dessus pour le voir avec une bonne résolution – les chiffres sur l’axe des abscisses en haut indiquent le % de femmes):
- Les 3 principaux pays européens (Allemagne, France et Royaume-Uni, soit 210 millions d’habitants) forment un peu plus de docteurs en sciences et ingénierie que les États-Unis (314 millions d’habitants) et presque quatre fois plus que le Japon (127 millions)
- Si l’on y ajoute les autres pays du continent, l’Europe (même sans l’appoint de la Russie) est de très loin le principal formateur mondial au niveau du doctorat en sciences et ingénierie puisqu’elle décerne annuellement deux fois plus de diplômes de ce niveau que les États-Unis et 75% de plus que la Chine
- Le retard de la France vis-à-vis du Royaume-Uni et surtout de l’Allemagne provient essentiellement des matières non-scientifiques : pour l’ensemble lettres-droit-économie-sciences humaines, l’Allemagne décerne trois fois plus de doctorats que la France (et le Royaume-Uni deux fois plus) alors que dans les matières scientifiques le retard français sur l’Allemagne (qui a une population supérieure) n’est que 25% (10% dans le cas du Royaume-Uni de population légèrement inférieure).
Si dans chaque pays on ramène les nombres annuels de nouveaux docteurs au million d’habitants :
- Parmi les 12 grands pays étudiés (au niveau mondial, ne manquent plus que la Russie et le Brésil), c’est la « triade » européenne (Allemagne, France, Royaume-Uni) qui, par rapport à sa population, forme actuellement le plus de docteurs en sciences et ingénierie.
- Contrairement à une opinion courante, si on tient compte de la différence entre populations, le retard français dans ce domaine par rapport à l’Allemagne – pourtant considéré comme le pays où le « Herr Doktor» scientifique serait omniprésent, en particulier dans les entreprises – est faible ( – 7%) ; il est plus important ( – 14%) par rapport à l’inattendu Royaume-Uni.
- Les États-Unis qui ont pendant longtemps été les champions de ce domaine ont maintenant décroché par rapport à l’Europe : la désaffection de leurs jeunes pour les études scientifiques fait qu’ils ne disposent tous les ans pour leurs futurs doctorants que d’un vivier très insuffisant d’environ 80 000 nouveaux masters de sciences et d’ingénierie (dont 30 000 décernés à des étrangers). A titre de comparaison, la France 5 fois moins peuplée décerne tous les ans plus de 50 000 diplômes bac+5 scientifiques (masters universitaires et diplômes d’ingénieurs) dont moins de 10 000 à des étrangers.
- Si elle est devenue le premier fournisseur mondial de docteurs en sciences et ingénierie (environ 30 000 par an, en forte croissance) la Chine ne diplôme encore à ce niveau qu’une faible partie de sa population par rapport aux pays occidentaux, et même par rapport au Japon qui semble pourtant avoir choisi d’utiliser au maximum des cursus universitaires courts suivis d’un complément de formation efficace dispensé dans les entreprises, et affiche de ce fait un taux relativement faible de production de docteurs scientifiques.
Le cas des petits pays de l’OCDE.
En fait les champions du monde en matière de formation de docteurs en sciences et ingénierie sont les petits pays européens, dont 9 font au moins aussi bien que la triade Allemagne-France-Royaume-Uni (dont l’inattendu Portugal).
La Suisse et la Suède forment une proportion très élevée de nouveaux docteurs scientifiques dans leurs nouvelles générations (par an, presque 200 par million d’habitants, contre 115 chez les 3 grands pays européens, 75 aux États-Unis et 50 au Japon)
Inversement, des petits pays souvent cités en exemple (dans tableau ci-dessous) ont en fait une production de docteurs scientifiques par rapport à leur population inférieure à celle de la France (ce qui, nous l’avons vu, est également le cas du Canada, de la Corée, des États-Unis et du Japon).
Conclusions
- L’Europe est solidement installée dans la position de plus important fournisseur mondial de docteurs en sciences et en ingénierie : à moyen terme, seule la Chine paraît en mesure de remettre en cause cette supériorité. Le nombre annuel de nouveaux docteurs en sciences et en ingénierie par million d’habitants va d’une vingtaine en Chine à une centaine en Europe (moyenne qui correspond à la situation française), les États-Unis (75 / million) et le Japon (50) étant dans des positions intermédiaires
- Il existe un fort décalage entre l’importance de la recherche menée aux États-Unis (en particulier dans leurs grandes universités, comme en atteste leur position dans le classement de Shanghaï entièrement basé sur la recherche) et leur production très insuffisante de diplômés scientifiques de niveau master et doctorat ; si son économie reste stagnante, l’Europe va constituer pour lesÉtats-Unis un formidable réservoir de main d’oeuvre scientifique déjà formée (les Asiatiques quijouaient ce rôle – mais souvent grâce à un cursus effectué au moins partiellement aux États-Unis – trouvant maintenant des emplois locaux dans leurs économies en développement rapide)
- La France est dans une position médiane en Europe. Son retard bien connu en nombre de docteurs par rapport à l’Allemagne concerne essentiellement les lettres, le droit, l’économie et les sciences humaines. En sciences et en ingénierie, seuls certains petits pays européens ont une réelle avance
- En dehors du secteur des universités et de la recherche publique (où le doctorat est quasi indispensable) les entreprises de la plupart des pays confient des travaux très voisins aux titulaires d’un master ou d’un doctorat diplômés dans la même spécialité. Il serait donc tout à fait intéressant de réunir les mêmes informations sur l’effectif des nouveaux masters en sciences et ingénierie (qui montrerait l’hypertrophie spécifique à la France de ce niveau de diplôme : environ 30 000 ingénieurs et 25 000 masters universitaires scientifiques par an, c’est à dire – même en tenant compte des doubles diplômes – 800 nouveaux diplômés par million d’habitants – vraisemblable record du monde ! – à comparer à environ 250 pour les États-Unis). Malheureusement les études statistiques internationales ne s’intéressent généralement pas au niveau master.
Ce billet nous est proposé par François. Texte également disponible en version PDF ici.
33 commentaires
Comments feed for this article
28 septembre 2012 à 09:40
Rachel
Ce billet est un peu bizarre. On nous dit assez souvent qu’il n’y a pas assez de doctorants/docteurs en France .n’y a-t-il pas une contradiction avec ces chiffres et les discours médiatisés ? … ou alors ils sont mal employés ? (y’en a mais on ne sait pas quoi en faire ?)
28 septembre 2012 à 11:17
Dan- visseur applaudissant
A force de tresser des couronnes à françois, j’ai des craintes pour ces chevilles.Mais il les mérite : voici des faits et des données objectives, qui incitent d’ailleurs à ne pas faire de corrélations simplistes entre le nombre de docteurs , scientifiques ou non, et l’innovation, le nombre de brevets,la croissance, le BNB, le PIB ou n’importe quoi. Que fait-on de tous ces docteurs scientifiques ? Où vont-ils ? Quelles activités ? Cela ouvre des abîmes de réflexion.
Dommage que les écoles d’ingénieurs ne soient pas identifiées pour le nombre de docteurs. Le seul Grenoble INP a 500 doctorants scientifiques pour l’ED 210. Il serait intéressant de trouver les chiffres pour les autres INP, les INSA, les ecoles de paris Campus…Ils ne sont surement pas négligeables.
Ceci dit, comment transformer cette masse remarquable de docteurs scientifiques en vecteurs de progrès, innovation, dynamisme, exportation (!)toutes choses dont Rachel nous dit que manquent les ingénieurs français formés dans les vilaines GE.
28 septembre 2012 à 12:44
Rachel
@Dan, je n’ai jamais dit que les écoles étaient vilaines, je suis bien mal placée pour tenir ce genre de propos. J’ai dit que les formations d’ingénieurs (les écoles) devraient s’ouvrir davantage au monde de la recherche et pour cela une meilleure insertion des écoles dans les universités serait un avantage conséquent (pour tous).
Les chiffres que François met en valeur sont intéressants à plus d’un titre (1) ça fait réfléchir ceux qui disent qu’on forme trop de docteurs dans les filières non scientifiques, la France est très clairement en retrait sur ce volet. (2) on peut certainement se féliciter de ce bon % de docteurs scientifiques (au sens large) mais si on regarde en détail, on se rend compte que l’ingénierie est en retrait (barre rouge sur l’histogramme). Cette étude montre donc aussi qu’on ne forme pas beaucoup de docteurs en ingénierie, comparativement aux autres pays. Ca aussi ça fait réfléchir et pour ma part, cela me conforte dans mon idée que les écoles ne sont pas (en moyenne) assez connectées au monde de la recherche.
28 septembre 2012 à 13:11
Petit Cerveau
Si je trouve extremment bien construit et tres interessant le travail de Francois, je voudrais cependant suggerer deux pistes d’extension:
1) Il faudrait completer l’aspect quantitatif par quelque chose de plus qualitatif: comme on peut le lire entre les lignes du messages de Dan, ca ne sert a rien de former des docteurs si ils n’ont pas des perspectives de carrieres correspondantes.
Pour illustrer ce point et sans vraiment pretendre a une demonstration, on peut regarder la formation des chefs banquier centraux. Bernanke (US) a un PhD du MIT, Draghi (Eu) aussi, King (GB) a une tres solide experience de la recherche academique, tandis que Trichet (Fr,BG) et Noyer (Fr) sont des purs produits du systeme ENA (+ GE pour Trichet).
Plus que sur le nombre de docteurs produit par pays, c’est peut etre la dessus que ce joue le retard a l’innovation francais, si il existe vraiment.
2) Le deficit de doctorants dans les humanites est a creuser, surtout pour un pays ou les industries touristiques et culturelles sont importantes. Un exemple: dans mon universite britannique, le plus grand nombre de contrats doctoraux CIFRE (ou plutot l’equivalent britannique) est atteint par le departement d’art dramatique. Et pour cause, c’est la crise, et si les gens font moins de business, ils ne cessent pas necessairement de se divertir, du moins pour ceux qui ont encore les moyens.
28 septembre 2012 à 13:53
François
@Petit Cerveau
Concernant l’accès aux responsabilités du plus haut niveau en entreprise, j’ai obtenu fin 2008 la réponse suivante de l’École des Mines qui a constitué une base de données des formations des dirigeants des 500 plus grandes sociétés mondiales (la liste de ces sociétés dite « Global 500″ est établie tous les ans par la revue américaine Fortune) :
» Sur les 161 entreprises américaines dans les 500 premières mondiales, je n’en ai trouvé que cinq qui sont dirigées par des CEO ayant une thèse:
Citigroup, USA, Prince, Charles O. III , juris doctor (doctor of jurisprudence)
MetLife, USA, Henrikson, C. Robert , juris doctor (doctor of jurisprudence)
Caterpillar,USA, Owens, James W. Ph.D. in economics
Northrop Grumman ,USA, Sugar, Ronald D. doctorat en ingénierie
Publix Super Markets, USA, Jenkins, Charles H. Jr. PHD en immobilier »
Je ne suis pas sûr qu’on puisse assimiler le « juris doctor » à un doctorat classique »
(une recherche rapide montre qu’un « juris doctorate » est un diplôme professionnel plus proche d’un master que d’un doctorat).
A ce niveau, le docteur en sciences ou ingénierie est donc pratiquement inexistant (on trouve surtout des MBA, dont certains passés par des bachelors scientifiques). Il doit y avoir des PhD à la direction des services de R&D de ces sociétés, ou à la direction générale d’entreprises plus petites.
28 septembre 2012 à 14:34
Petit Cerveau
Francois, je ne sais pas quel est l’outillage statistique pour une étude plus qualitative, mais partant d’une centaine de Phd pour 1 millions d’habitants et par an, qui plus est maintenant ou le Phd est beaucoup plus repandu, arriver à 1-3% de Phd par CEO ça ne paraît pas complètement négligeable. Ça mériterait de creuser, mais la méthode à appliquer n’est pas évidente.
28 septembre 2012 à 16:24
étudiant inquiet
Je suis également surpris par la faible proportion de docteurs en SHS pour la France comparée aux autres pays. Leur situation difficile n’en est que plus incongrue…
28 septembre 2012 à 19:10
Sirius
Les données de François sont incontestables.
Le problème en France n’est pas la pénurie de docteurs, mais que la sociologie française fait que les plus doués d’une génération considèrent qu’il n’est pas intéressant pour eux d’aller jusqu’au niveau du doctorat, un diplôme de grande école suffisant pour accéder aux responsabilités du plus haut niveau.
C’est le statut du doctorat qu’il convient de changer. Ce qui veut dire inciter les meilleurs ingénieurs à poursuivre en thèse. Mais aussi exiger des thésards universitaires une compétence professionnelle au-delà de la compétence purement scientifique.
28 septembre 2012 à 20:59
Petit Cerveau
Sirius, ca doit etre effectivement un truc comme ca. J’ai essaye de faire l’exercice simplifie de Francois, c’est a dire rechercher les PDG francais qui sont, etaient docteurs ou avec une formation a la recherche, mais c’est un peu decevant, car je fais juste appel a ma memoire. Il y en a quelqu’uns, comme Marcel Boiteux (qui fut l’etudiant d’Allais mais ne semble pas avoir termine sa these) et Michel Edouard Leclerc, mais c’est a peu pret tout, sans doute a cause d’un manque de methode de ma part. C’est aussi pourquoi passer a une probabilite tres tres faible d’etre docteur dans une tranche d’age 50-60, au 3% des CEO americains, pourrait bien au final dire quelque chose.
28 septembre 2012 à 21:31
Rachel
Bien entendu un chef d’entreprise c’est important mais y’a pas que ça qui compte. On ne peut pas répondre à la question juste en examinant si le chef a une thèse ou pas. Le plus simple est d’aller voir dans les services de R&D, c’est là qu’on doit trouver les gens qui font l’entreprise de demain. En toute logique c’est dans la R&D qu’on devrait retrouver les docteurs.
Et bien on est un peu déçu et surpris du résultat : les entreprises françaises n’ont guère de chercheurs dans leurs effectifs de R&D. Elles recrutent surtout des ingénieurs qui ne sont pas formés par et à la recherche. Plus de la moitié des chercheurs en entreprise sont issus d’une école d’ingénieur. Les docteurs ne représentent que 13,5 % de l’ensemble des chercheurs. La répartition détaillée est donnée par l’histogramme ci-dessous (données issues de l’observatoire de l’emploi scientifique. Rapport 2009. L’état des lieux de l’emploi scientifique en France.
Lire ceci pour les détails et lien vers les données quantitatifs : https://rachelgliese.wordpress.com/2010/06/22/pourquoi-la-rd-francaise-est-elle-si-mauvaise/
Petit cerveau, vous sauriez trouver l’équivalent de ces données pour le RU ?
28 septembre 2012 à 21:45
François
@ Petit Cerveau
Il y a eu Pierre Faurre (aujourd’hui décédé) qui a longtemps dirigé la Sagem (aujourd’hui intégrée dans Safran). Il était PhD de Stanford « Représentation of stochastic processes » et Docteur d’Etat français « Réalisation markovienne de processus stationnaires ». Il était également membre de l’Académie des Sciences.
Je pense qu’en France le nombre de dirigeants docteurs va augmenter, en particulier parce que de plus en plus d’ingénieurs et de normaliens font des thèses (ce qui devrait exercer un effet d’entraînement sur les docteurs issus de parcours 100% universitaires). A moins que d’ici là tous les postes de haute direction soient passés aux diplômés d’écoles de commerce, aux MBA et aux énarques …
28 septembre 2012 à 21:54
François
@Rachel
On forme en France tous les ans environs 7 000 docteurs scientifiques et 30 000 ingénieurs. Les enquêtes montrent que la plupart des docteurs sont plus attirés par la recherche académique (universités et organismes publics) que par le vie en entreprise, à laquelle aspire la majorité des ingénieurs. Qu’il y ait 4 fois plus d’ingénieurs que de docteurs dans les services de R&D des entreprises n’est donc pas surprenant.
28 septembre 2012 à 23:11
Rachel
François, c’est amusant de remarquer que le rapport docteurs/ingénieurs qui sont formés est égal à au même rapport docteurs/ingénieurs que l’on trouve dans les services R&D. Et moi je trouve ça un peu surprenant étant donné que les 30.000 ingénieurs formés ne sont pas tous à coloration R&D (il y a des ingénieurs de production, en management, bureau d’étude, etc …). D’un autre côté, tous les docteurs ne vont pas dans les services R&D. Mais quand même, avoir seulement 15% de chercheurs (docteurs) dans un service de R&D, je trouve ça un peu léger.
Moi je travaille dans une UMR à l’université et je trouve qu’il n’y a pas assez d’ingénieurs dans les labos. Donc ma conclusion est que ces deux mondes de l’ESR (recherche et ingénierie) gagneraient tous deux à s’interpénétrer.
Personne ne commente le faible % de docteurs en ingénierie ? La France est assez en retrait par rapport aux autres pays développés sur ce volet (voir histogramme du billet). Je vais finir par écrire un billet titré « doctorat en ingénierie, y a-t-il un retard français ?
Et que pensez-vous de la position du think tank Institut Montaigne quand il dit qu’il faudrait “Créer de véritables doctorats orientés vers l’ingénierie, sans pour autant reproduire le titre d’ingénieur-docteur, permettant aux ingénieurs d’acquérir la compétence « recherche » en l’appliquant à des domaines déterminants pour leur carrière industrielle future. Ces doctorats doivent être souples et permettre d’alterner périodes de recherche, d’enseignement ou d’expérience en entreprise tout en autorisant une création éventuelle de start-up. Cette étape pourra incarner le sas manquant favorisant l’innovation et l’entrepreneuriat.”
29 septembre 2012 à 07:42
Gueux
Doctorat en poche, j’ai passé un entretien d’embauche chez EDF. On m’a gentiment expliqué que chez eux un doctorat était considéré (comprendre payé) comme un ingénieur de deuxième zone. C’était il y a quelques années, mais je doute que cela ai beaucoup changé. Je doute aussi que ce soit propre à EDF. Il n’est donc pas surprenant que les docteurs ne soit pas très chauds pour intégrer l’entreprise. Pour avoir travaillé dans le privé à l’étranger, je peux témoigner que l’accueil et la place réservés aux docteurs n’a rien à voir avec ceux fait en France. Je suis d’accord avec Rachel que les chiffres donnés par François relèves plus de « l’illusion » statistique que de la normalité de l’intégration des docteurs dans l’industrie.
29 septembre 2012 à 09:29
François
@Gueux
Les chiffres que j’ai donnés avaient pour but de montrer que contrairement à ce qu’on lit ou entend partout (je peux vous citer des exemples, y compris jusqu’à des déclarations de ministres) la priorité en France n’est pas d’augmenter le nombre de doctorats scientifiques, mais de mieux utiliser les docteurs que nous diplômons tous les ans (d’ailleurs, ça coûterait sans doute moins cher que de vouloir en former plus …).
29 septembre 2012 à 09:43
Rachel
Etant donné les difficultés rencontrées par les docteurs dans leur recherche d’emploi, on peut effectivement se poser la question d’en former plus. Si mes souvenirs sont bons, le programme de F. Hollande proposait une augmentation des bourses CIFFRE, c’est-à-dire des thèses qui se font à cheval dans un labo académique et une entreprise.
Une contribution intéressante sur ce sujet des doctorants et de la valorisation du doctorat, dans les assises de l’ESR, celle de la confédération des jeunes chercheurs : http://cjc.jeunes-chercheurs.org/positions/assises2012/contribution_assises_cjc.pdf
29 septembre 2012 à 09:59
François
Quelques extraits d’un point de vue (peut-être partial, mais important car provenant de Bercy) de novembre 2011
Cliquer pour accéder à RdoctoratSHS.pdf
» Y a-t-il un problème d’insertion des titulaires de doctorat dans les centres de R&D des entreprises ? »
» Cette faible présence des docteurs dans les laboratoires privés n’est pas une spécificité française et concerne beaucoup de pays, y compris ceux considérés comme les plus à la pointe en matière d’innovation.
• Au Japon, en 2005, les docteurs ne représentaient que 5 % des chercheurs en entreprises contre 13,5 % en France en 2007.
• En Allemagne, en 2005, les docteurs représentaient 5,7 % du personnel de R&D (chercheurs, techniciens, ouvriers et administratifs) des entreprises industrielles. En France, cette proportion était de 7,7 %4 en 2007.
• Aux États-Unis, en 2006, 12,1 %5 des salariés du privé travaillant dans la R&D et diplômés du supérieur dans une matière scientifique étaient docteurs. Ce chiffre peut être comparé à la proportion de docteurs parmi les chercheurs et techniciens des laboratoires de R&D privés (tous diplômes et toutes matières confondus) en France, celle-ci s’établit à 8,7 %6 en 2007.
Ainsi, les comparaisons internationales semblent indiquer que les docteurs français ne sont pas plus mal lotis que leurs homologues étrangers pour ce qui est de leur place dans la recherche privée. En outre, cette faible présence des docteurs parmi les équipes de recherche des entreprises ne semble pas de nature à expliquer le déficit d’innovation de l’économie française par rapport à d’autres pays.
Ce constat conduit à des interrogations sur la plus-value du doctorat par rapport à d’autres diplômes, lorsqu’on s’intéresse à la capacité d’innovation des entreprises.
S’agissant de l’impact de la formation initiale, il n’apparaît pas de différence significative de productivité dans les fonctions de chercheur entre docteurs hors santé, ingénieurs et titulaires d’une maîtrise ou moins. Par ailleurs, cumuler un doctorat et une école d’ingénieurs n’apporterait pas de gain significatif pour la production d’inventions brevetables par rapport à chacune de ces formations prises séparément.
Les diplômés de masters ou les agrégés seraient en revanche significativement moins productifs que ces catégories, une augmentation de 1 % de la part des docteurs au détriment des masters et agrégations conduisant à une augmentation du nombre de brevets déposés de 1,8 %. La meilleure performance des titulaires d’une maîtrise ou moins face aux masters et agrégations, a priori surprenante,
pourrait s’expliquer par un effet de sélection, les premiers étant probablement le plus souvent d’anciens techniciens ayant bénéficié de promotions internes. Elle est à mettre en relation avec la forte représentation de ces catégories de diplômés parmi les chercheurs (particulièrement les Bac+2 et moins, cf. graphique 2). Enfin, les docteurs en santé n’apparaissent pas significativement plus productifs
que les autres catégories de diplômés.
La comparaison des productivités doit être complétée par celle des salaires pour juger si les docteurs sont victimes d’un biais de sélection, ainsi que le suggèrent certaines études. Or, d’après la dernière enquête « Génération » du Céreq14, les docteurs scientifiques (hors santé) occupant un poste d’ingénieur ou de cadre technique en entreprise sont mieux rémunérés que les diplômés d’écoles d’ingénieurs occupant les mêmes fonctions, à ancienneté égale. À ces postes, le salaire net médian en 2007 pour un docteur diplômé en 2004 est de 2 380 €, alors qu’il est de 2 200 € pour un ingénieur diplômé la même année.
Les résultats de l’analyse économétrique ne justifient en rien de mettre davantage l’accent sur le nombre de docteurs que sur le nombre de diplômés d’écoles d’ingénieurs. Ils n’appellent pas non plus à inciter ces derniers à compléter leur formation par un doctorat.
Par ailleurs, les filières courtes ne doivent pas être négligées
: d’une part, la recherche nécessite non seulement des chercheurs mais aussi des techniciens et, d’autre part, certains de ceux-ci peuvent devenir de très bons chercheurs, comme le montre l’analyse économétrique.
29 septembre 2012 à 10:34
Astronaute en transit
Bien entendu une étude sur les docteurs en sciences sociales me serait plus intéressante personnellement… afin de savoir si les problèmes de carrière qu’ils rencontrent correspondent à ceux de leurs collègues de sciences « dures » (au fait n’est on pas devenu scientifique « dur » justement « parce que c’était trop ‘dur’ « , notamment les maths? :) )
Ici, j’ai souvent lu qu’il était « naturel » (en France) qu’un doctorat ne soit pas un facteur dans l’évolution de carrière, au contraire de l’agrégation et de la possession du statut de fonctionnaire, car, c’était entendu, un doctorat est inévitablement le produit d’une recherche bidon, d’un jury de complaisance soudoyé par le directeur de thèse, bref que plusieurs années d’efforts de recherche, au contraire du stupide bachotage des concours (où l’on a relevé plusieurs cas de corruption tout de même), ce n’était qu’en fin de compte qu’une entreprise de copinage en vertu duquel on ne saurait offrir de perspectives professionnelles.
En vertu de ce soupçon, on se voit non seulement dénier un travail stable et régulièrement rémunéré, mais toute évolution hors de la précarité est interdite. Après quelques années d’exploitation, on comprend enfin à quel point on a été floué et, démotivé, on se retire du métier où on déménage à l’étranger. La seconde option est la préférable, car cela permet de laisser une place bien chaude à un bon fonctionnaire français.
29 septembre 2012 à 15:32
amigues
L’analyse de François prouve clairement que on n’est pas devant un problème de quantité. Il a raison de le répéter sans cesse car le discours ambiant penche au contraire pour un stimulus public afin d’avoir encore plus de docteurs scientifiques dans l’espoir (vain) de booster l’innovation.
Alors c’est peut être un problème de qualité : les sujets de thèse sont trop éloignés des besoins de entreprises ou les entreprises ne savent pas mobiliser efficacemment les compétences des docteurs en R&D. Il doit y avoir des deux à mon humble avis.
L’idée d’une coupure culturelle, ingénieur = formatage/bachotage, docteur = créatif/ innovant fait sourire. Combien de « docteurs » guère créatifs en recherche et combien d’ingénieurs inventifs et imaginatifs ?
A mon avis la faiblesse de la R&D française (encore que l’on peut trouver plein de contre-exemples) est un problème de stratégie et d’organisation. De stratégie, car combien d’entreprises du CAC 40 ont la R&D au coeur de leur business plan ? D’organisation, car combien d’entre elles ont le patron de la R&D au plus haut niveau de la hiérarchie et combien d’entre elles ne taillent pas dans la R&D quant les affaires vont mal ? On est face à un problème d’organisation industrielle et je ne pense pas que l’ESR puisse y faire grand chose.
Soyons plutôt modestes et essayons de faire des choses de bon sens : meilleure prise en compte du doctorat dans les grilles salariales, plus de partenariat entreprises-Univ-GE (des ecoles doctorales dédiées associant écoles et univ autour de cet objectif précis) et ouverture à l’international, en se rapprochant d’entreprises non françaises plus innovantes.
Cette dernière proposition, je sais c’est l’anti-France. Mais c’est complètement hypocrite de prétendre que l’on va former des docteurs en France pour les placer tous dans des entreprises françaises. La vérité c’est que de fait (et c’est très bien pour eux), beaucoup d’entre eux iront à l’étranger ou dans des filiales françaises de boîtes étrangères. Il faut donc penser le marché du placement des doctorants à l’échelle mondiale ou, au moins, européenne. Ce provincialisme franco-français acharné dans la conception du marché du travail des gens super-qualifiés (c’est le cas des docteurs et des ingénieurs) est très agaçant. Il ne correspond plus à la réalité depuis 15 ans et il nous enferme dans l’illusion imbécile qu’on pourrait « piloter » par je ne sais quelle politique « nationale », à la fois les débouchés professionnels de l’ESR au niveau Bac+8 et l’innovation en France.
29 septembre 2012 à 17:47
Astronaute en transit
Ce que vous dites me réconforte amigues. Certes mon doctorat n’est pas en ingéniérie alors de toutes façons je ne pourrais aucunement servir à une quelconque R & D industrielle, mais il est clair que les quelques talents que j’ai pu retirer de mon propre doctorat d’histoire seront plus applicables et plus appréciables à l’étranger, si ce n’est dans un milieu universitaire, au moins dans un autre métier.
29 septembre 2012 à 18:35
Gueux
S’il est souhaitable que les entreprises considèrent mieux les docteurs, il faudrait aussi que les universitaires considèrent mieux les expériences en entreprise lorsque, en particulier, il s’agit de recruter un EC. Un docteur intéressé par la recherche hésitera à tenter une expérience dans le privé, car il sait que cela est, quasi certainement, synonyme d’aller-simple. On ne peut pas espérer une meilleure insertion des docteurs en entreprise, sans une meilleure connaissance et appréciation de l’entreprise par le monde universitaire.
30 septembre 2012 à 20:53
François
Le cas de la chimie est particulièrement intéressant.
Le rapport du Centre d’analyse stratégique (ex Commissariat général au plan) » Les difficultés d’insertion professionnelle des docteurs : les raisons d’une « exception française » http://www.oecd.org/fr/sti/48413317.pdf indique page 6 qu’en 2004 environ 12% des doctorats décernés l’étaient en chimie.
Si la proportion n’a pas beaucoup varié depuis cette date, ceci veut dire que plus de 1 000 doctorats en chimie sont décernés tous les ans (désolé de ce calcul approximatif, je n’ai pas trouvé le chiffre exact pour 2009).
Le chiffre américain correspondant est d’environ 2 500. Compte tenu du rapport des populations, ceci veut dire que la France est un véritable Titan de la formation doctorale en chimie.
Est-ce à dire que l’industrie chimique française est exceptionnellement innovante et dynamique ? Euh, je n’en suis pas très sûr …
Alors nos docteurs en chimie seraient-ils mauvais ? non, j’entends dire qu’ayant du mal à trouver un emploi en France, beaucoup partent à l’étranger où ils sont généralement appréciés.
De plus, l’argument habituel des méchants ingénieurs qui empêcheraient les entreprises de recruter les gentils docteurs paraît déplacé en chimie, puisque traditionnellement beaucoup de docteurs en chimie … ont un diplôme d’ingénieur.
Donc ce qui est certain est que si nous n’arrivons pas à comprendre ce paradoxe français :
– production en quantité importante d’ingénieurs et de scientifiques qui paraissent de niveau concurrentiel quand ils partent travailler à l’étranger,
– innovation insuffisante de notre économie, et en particulier de notre industrie,
il est illusoire de penser que nous allons régler nos problèmes en augmentant le nombre de ces diplômés et/ou en améliorant à la marge des formations qui ne sont déjà pas si mauvaises.
30 septembre 2012 à 22:35
Rachel
@François, la chimie ne se porte pas si mal (surtout si on compte la pharmacie). Elle est exportatrice et se classe assez bien dans les comparatifs internationaux. Il me semble que c’est surtout dans les secteurs de haute technologie que la France a un peu plus de difficultés, car il n’y a pas eu d’investissement R&D à la hauteur (contrairement à la chimie).
Mon avis, déjà dit mille fois ici, est que ça irait mieux si l’ingénierie était plus proche de la recherche académique. Le fait que l’on pêche surtout sur les secteurs de forte intensité technologique semble aller dans le même sens, non ?
30 septembre 2012 à 23:17
François
@Rachel Qu’appelez-vous la haute technologie ? Il me semble qu’aujourd’hui il y a de la haute technologie dans pratiquement toutes les branches d’activités.
D’autre part quel est pour vous le critère qui permet de dire qu’un secteur est un succès pour nos ingénieurs et scientifiques ? Pouvez-vous donner des exemples de réussites et d’échecs ?
PS. Pour la chimie, je pensais plutôt à la chimie hors pharmacie, celle dont par exemple Rhône-Poulenc s’est débarrassée (avant de devenir aujourd’hui une composante de Sanofi)
1 octobre 2012 à 22:19
Rachel
@François, je suis d’accord pour admettre que « secteurs de forte intensité technologique » ne veut certainement pas dire grand-chose. J’avais en tête « segments de secteurs » qui nécessite de la R&D, la mise au point d’une valeur ajoutée (ce qu’on appelle innovation ?). Si je comprends un peu les choses (certainement très partiellement), notre économie s’est davantage orientée sur les entreprises de service ou de finance plutôt que sur des secteurs industriels (pris en charge par les émergents). L’industrie est passée au second plan (y compris en termes de facteur d’attractivité pour les jeunes qui en veulent …). Il semble que la France n’est pas la seule dans ce cas. De plus, comparée aux autres pays, l’industrie française ne semble pas beaucoup investir en R&D. Mais depuis quelques temps on a l’impression qu’on se dit que c’était une mauvaise idée d’avoir un peu négligé l’industrie.
Exemple de réussite : la chimie, la santé
Exemple d’échecs : l’électronique (composants, équipement informatiques, équipement téléphonie).
2 octobre 2012 à 08:04
PR27
Tiens, un papier pour Rachel : http://arxiv.org/abs/1210.0082
3 octobre 2012 à 11:05
François
Sur la compétitivité des différentes branches de l’industrie française, un diagramme très intéressant établi par Harvard :
http://atlas.media.mit.edu/explore/tree_map/export/fra/all/show/2010/
Il est clair que LA grande réussite actuelle est l’aéronautique (en dehors du luxe et de l’agroalimentaire qui bénéficient d’une image ancestrale bien entretenue et exploitée).
Pour les TIC que je connais bien il faut nuancer :
– échec en informatique (sauf en services); en équipement un seul véritable succès mondial : la carte à puce (initiative individuelle d’un autodidacte !)
– pour les télécoms, succès en équipements d’infrastructure fixe et mobile
* grâce aux travaux du CNET, le minuscule Alcatel passe à la commutation numérique avant tous ses concurrents, ce qui le fait changer de taille, à tel point qu’il peut se permettre ensuite de racheter ses énormes concurrents américains – ITT puis la partie industrielle d’ATT -dont les Bell Labs – devenue Lucent
* en téléphonie mobile développement franco-allemand du GSM, qui permet à l’industrie française d’être fournisseur respectable d’équipements d’infrastructure mobile (puis de racheter l’activité nord-américaine correspondante : Lucent et Nortel); mais échec pour la partie terminaux téléphoniques mobiles, d’abord face aux Nordiques, puis aux Japonais et actuellement aux Coréens (sans doute demain face aux Chinois)
3 octobre 2012 à 11:14
François
Correctif.
Wikipedia qui m’a conduit à http://atlas.media.mit.edu/explore/tree_map/export/fra/all/show/2010/ indique comme origine Harvard mais les trois lettres MIT contenues dans l’adresse rendent cette affirmation un peu douteuse …
4 octobre 2012 à 23:14
Rachel
@François, merci pour ce lien, c’est très instructif. Il y a des trucs que je ne comprends pas bien :
1) Qu’est-ce que les exportations nettes et importations nettes (comparées aux exportations ‘simples’) ? (surement idiot comme question …).
2) Pour l’aéronautique (très soutenue par l’Etat français), c’est bien entendu un beau succès, on peut dire bravo à nos ingénieurs et chercheurs. Mais sur ce point je ne comprends pas bien l’énorme différence entre la France et l’Allemagne (respectivement 8.3 et 1.9% sur les exportations).
3) Une voiture allemande fabriquée en France compte pour quoi ?
5 octobre 2012 à 01:04
François
1 ) Exportations nette d’une branche : c’est exportations moins importations (quand c’est négatif c’est « importations nettes »).
2 ) Aéronautique : les gros Airbus (2 couloirs) sont tous assemblés en France; les petits (1 couloir) en France et en Allemagne; d’autre part il doit y avoir plus d’exportations françaises de matériel aéronautique militaire (pas encore de Rafale, mais sans doute beaucoup de pièces de Mirage).
Enfin tous les Boeing 737 sont équipés du même réacteur franco-américain (joint venture 50/50).
Enfin, un chiffre d’affaires équivalent dans une branche donne un pourcentage 2 fois plus élevé en France puisque le total des exportations est françaises 2 fois plus faible que les allemandes.
3 ) Si la voiture est vendue à un client français : 0. Mais il y aura sans doute eu pour la fabriquer des importations de sous-ensembles allemands (ou venant d’autres pays). Si elle est vendue à un client étranger, c’est une exportation française.
Ceci montre d’ailleurs combien les présentations récentes (surtout à la télévision) de l’affaire d’Aulnay ont donné lieu à de la quasi désinformation.
A écouter les journalistes, on avait l’impression de constructeurs français en déroute dont la production s’était effondrée depuis 10 ans. Or production PSA + Renault en 2000 : 5,4 M véhicules – en 2011 : 6.4 M (sur un total mondial de 80 M). Ce qui a baissé est la production de ces constructeurs dans leurs usine françaises (les Allemands ont réussi à beaucoup moins délocaliser – séries plus longues ? modèle moins sensibles à la concurrence permettant de maintenir des prix élevés ? etc.).
9 décembre 2012 à 17:18
ambre
on a vraiment 6 ans de retard ?
13 novembre 2013 à 00:06
Le doctorat intergalactique - Doctrix
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