Il est certain qu’il y a une forme d’épuisement dans les Universités à cause de cette crise sanitaire. On sent que le second semestre se présente très mal et qu’on va devoir poursuivre nos enseignements en mode « dégradé » par Zoom. A cela s’ajoute une communication assez catastrophique du ministère et des directives inapplicables. Alors que les aides pour soutenir les secteurs d’activité en difficultés pleuvent de partout, les Universités semblent être oubliées des dispositifs alors qu’elles concernent des millions d’étudiants et des centaines de milliers de personnels. Certes ces derniers sont en majorité des fonctionnaires et donc ne craignent pas de voir leur salaire disparaître, il n’empêche que le métier au quotidien est difficile à gérer. Ça concerne surtout l’enseignement mais aussi les activités de recherche qui parfois ne peuvent pas avancer.

On ne compte plus les tribunes ou autres expressions à propos de ces difficultés. Souvent elles dénoncent des manquements du gouvernement. D’autres pointent des manquements graves de leur propre Université et un chaos organisationnel. Ça doit certainement dépendre des environnements car dans le mien (certainement privilégié), je trouve que beaucoup d’efforts ont été déployés pour mettre en œuvre des mesures sanitaires et tenter de maintenir certain niveau d’activité. Précisons que les moyens sont pris sur les fonds propres car je ne crois pas qu’il y ait eu de fonds spéciaux pour accompagner les Universités sur ce volet (mais je peux me tromper).

On peut parfois aussi se demander si les universitaires ont réellement bien géré la situation. Au-delà des couplets « c’est de la faute du ministère », on sait bien que les responsabilités sont souvent partagées. Par exemple, les avis sont souvent très divergents quand on discute de savoir comment on s’organise. Les polémiques et les tensions sont également internes et comme à l’université il n’y a que des pouvoirs et responsabilités très dilués, ça tourne vite à la cacophonie et à la non-prise de décision. J’ai surtout l’impression qu’on se met dans l’optique d’essayer de faire comme on faisait avant alors que le contexte est très différent et beaucoup plus contraignant. Comme en France on a des enseignements fortement basés sur du présentiel (cours/TD/TP), avec peu de travail personnel des étudiants, on est peut-être un peu plus démunis qu’ailleurs dans le monde (mais j’imagine qu’ailleurs ce n’est pas simple non plus).

A mon sens, il y aurait deux axes centraux sur lesquels on pourrait prendre des décisions simples en ce début de semestre :

  1. Alléger le contenu des enseignements à hauteur de 25 %. Par exemple, on ne ferait plus des cours de 2h mais de 1h30 (ou équivalent en proportionnalité). On pourrait compenser par une augmentation de travaux personnels, donc à faire en autonomie par les étudiants. Où alors ne pas compenser du tout, est-ce si important de faire tout le programme ? Je crois qu’on peut réellement, chacun d’entre nous, faire sauter des petits morceaux ou en alléger d’autres.
  2. Il me parait essentiel que les Universités répondent au malaise étudiant qui s’est clairement exprimé ces derniers temps. Il est important que les universités puissent mettre en place un accueil des étudiants qui sont en détresse. Plutôt que de le faire en suivant des cours ou TD en présentiel (casse-tête à organiser sur une jauge à 20 %), il me paraitrait plus constructif de consacrer du temps pour des échanges et du tutorat, bref de travailler sur les difficultés rencontrées dans les enseignements prodigués auparavant. Le temps libéré par ma première proposition doit permettre cette mise en œuvre, à la fois sur l’emploi du temps et en matière de disponibilité des enseignants.
  3. Dans tous les cas, n’attendez pas que le ministère vous dise quoi faire.