En marge de la LPR, il y a eu des mesures de revalorisation des carrières scientifiques. L’effort semble avoir été temporellement priorisé sur le début de carrière. La mesure principale concerne les rémunérations. En 2021, les chargés de recherche et maîtres de conférences nouvellement recrutés ne pourront pas être rémunérés en dessous de 2 SMIC (contre 1,4 SMIC aujourd’hui). Le levier d’action de la revalorisation est le régime indemnitaire (primes). Actuellement, ce régime indemnitaire dans l’ESR est parmi les plus bas de toute la fonction publique (lire ici). Il s’agit donc ici d’un début de rééquilibrage avec les autres corps de la fonction publique.

Au-delà de l’aspect des rémunérations, le début de carrière des enseignants chercheurs pourrait être mieux accompagné par des mesures visant à améliorer la prise de fonction.

Deux mesures principales pourraient être mises en place, pour une durée de 3 ans

  • Accompagner financièrement le démarrage des travaux de recherche au sein du nouvel environnement de l’établissement d’accueil,
  • Instaurer une montée en charge progressive de l’enseignement.

Pour le premier point, il serait intelligent de fournir aux nouveaux entrants un « package de bienvenue » pour le démarrage des travaux de recherche. En effet, il n’est pas idéal de recruter du personnel sans lui donner les moyens de travailler. Il n’est pas non plus correct de lui demander dès la première année de candidater sur des appels à projets.  Le montant de cet accompagnement serait adapté à la nature des travaux de recherche visé par le recrutement. Il pourrait être affiché au démarrage de la procédure de recrutement afin que les candidats puissent se projeter sur quelques années.

Le second point concerne l’enseignement. C’est une charge très lourde que de commencer dès la première année un taux plein d’enseignement. Leur préparation demande un temps considérable. Souvent cela se fait au détriment de l’activité de recherche, ce qui est très préjudiciable pour la carrière ultérieure. Parfois, on demande même aux nouveaux recrutés de faire des heures complémentaires, ce qui doit absolument être proscris. Il y a quelques temps, certaines Universités s’étaient engagées dans cette démarche de progressivité pour les nouveaux entrants mais il semble que cette pratique se soit raréfiée ou même carrément a été abandonnée. La raison est certainement en relation avec l’augmentation du nombre d’étudiants, la baisse du nombre de personnels et le sous-financement dramatique de l’Université.

Pour permettre cette prise en main progressive, nous proposons un échelonnement de la charge d’enseignement sur 3 ans :

  • 48 heures la première année
  • 96 heures la seconde année
  • 144 heures la troisième année

Ces valeurs peuvent évidemment être ajustée selon les configurations locales mais elles doivent rester dans l’esprit ¼ d’enseignement et ¾ de recherche durant les trois premières années. Ces deux mesures ne doivent pas nécessiter une nouvelle loi. Les établissements sont autonomes et il semble que le cadre législatif actuel peut permettre leur mise en place. On pourra objecter que cet échelonnement ne permet pas de contribuer pleinement aux besoins criants en enseignement dans les Universités. Il faut cependant le voir comme un investissement de long terme. En effet, il doit permettre un meilleur démarrage de l’activité de recherche et la construction progressive d’un enseignement autrement que dans l’urgence, donc globalement une amélioration des conditions de travail des EC en début de carrière.