Ces derniers temps, le niveau de rémunération (salaires et primes) est un sujet qui occupe l’actualité, tout particulièrement à cause de la réforme des retraites et des luttes contre cette réforme. En ce qui concerne les personnels de l’ESR, le groupe de travail « Attractivité des emplois et des carrières scientifiques » fait aussi état d’un niveau trop bas de rémunération. Il pointe aussi un faible niveau de primes, comparé aux autres fonctionnaires (Etat ou territoires) de catégorie A et A+ :
« le taux moyen de primes des chercheurs et enseignants-chercheurs – incluant les heures complémentaires et supplémentaires – s’élève à 12,9% du traitement indiciaire, alors qu’il correspond à 27,1% du traitement indiciaire pour l’ensemble des corps de catégorie A, et à 60% pour les corps de juridiction, de contrôle et d’expertise. ». Source: rapport du groupe de travail « Attractivité des emplois et des carrières scientifiques », lire ici.
Je trouve un peu curieux d’inclure ici les heures complémentaires dans les primes car ces heures ne sont pas du tout des primes. Si on ne prend que les primes, alors ce pourcentage descend vers 5%, ce qui est très très loin derrière les autres corps de la fonction publique. A noter que les enseignants du primaire et du secondaires ont aussi un très faible niveau de prime.
Il y a donc une injustice sociale patente et de grande ampleur entre les fonctionnaires qui ont en charge de l’administration (Etat et territoires) et les fonctionnaires qui sont sur des fonctions opérationnelles (dont les enseignants, enseignants-chercheurs et chercheurs composent le gros des effectifs). On retrouve cette injustice au sein même des établissements de l’ESR car le taux moyen des primes des personnes qui occupent des fonctions d’administration centrale est souvent bien supérieur à celui des personnels qui travaillent dans les labos (je parle là des BIATSS – avec toutes les conséquences sur leur motivations).
Un problème majeur est que les gouvernements, ceux d’avant et le présent, ne semblent pas s’intéresser à ce problème d’injustice sociale. Avec sa réforme des retraites, le gouvernement actuel propose d’intégrer les primes dans le calcul des points retraite des fonctionnaires, ce qui va bien évidemment favoriser les fonctionnaires ayant au haut niveau de primes, et mécaniquement cela va défavoriser ceux qui n’en touchent pas beaucoup (les E, EC et C, ainsi que tous les personnels d’accompagnement opérationnel).
Ce n’est bien entendu pas la LPPR qui va résoudre tous ces problèmes qui vont largement au-delà de l’ESR. Par contre, la LPPR a la main sur deux thèmes très majeurs et qui sont connexes : augmenter le financement et réduire la complexité de notre système ESR, les deux étant très reliés aux inégalités actuelles au sein de notre organisation ESR.
4 commentaires
Comments feed for this article
25 janvier 2020 à 18:41
Tata FUBAR
Simplification? Alors là, le jour où on simplifiera quoi que ce soit au bouzin je rentre au carmel.
25 janvier 2020 à 18:58
Rachel
La simplification, c’était le gros thème du gouvernement sous la période de François Hollande. La réponse a été la suivante : comme l’ESR est compliqué, avec des acteurs qui ont du mal à bien se coordonner, on a décidé de créer les COMUE afin de coordonner les choses sur les territoires. Que d’énergie et d’argent jeté par les fenêtres …
25 janvier 2020 à 20:54
Dan le visseur
Une fois de plus on mesure les effets pervers de la grille de la fonction publique qui met sur la même ligne des gens ayant des métiers, des responsabilités, une utilité sociale très différente. Les primes tentent de contourner cette absurdité conceptuelle mais elles n’ont plus rien à voir avec des primes stricto sensu. Quel gouvernement osera casser la grille de la fonction publique ?
25 janvier 2020 à 23:25
Rachel
@Dan, mon visseur préféré !!! Mon propos n’était pas de commenter les grilles et ses indices, mais de questionner sur la répartition des primes, c’est un peu différent.
Mais s’il est question de dire que les primes sont en relation avec l’utilité sociale, on constate que les enseignants, enseignants-chercheurs et chercheurs sont au plus bas de cette utilité.