Le deadline pour les dépôts des pré-propositions de l’appel à projets générique de l’ANR approche. Cette année, le dossier est encore allégé étant donné qu’il n’y a que 3 pages à écrire. Typiquement, il est recommandé de faire 1,5 page de descriptif scientifique du projet (contexte, positionnement et objectif), une demi-page « d’organisation du projet » et enfin une page de « impact et retombée du projet ». Je trouve que pour cette dernière partie, c’est un peu long étant donné que le projet n’est pas fait et qu’il est donc difficile de spéculer sur son impact et retombées, mais comme j’adore la science-fiction, ce n’est pas un vrai problème.
Au fur et à mesure des années, la longueur du texte à fournir diminue et je pense que dans quelques années on se contentera d’un titre et quelques mots clés, ça fera gagner du temps à tout le monde. Je prends donc cette nouvelle réduction de longueur de pré-projet comme une bonne nouvelle. Cela me permettra de passer moins de temps sur chaque proposition. Cette année mon objectif est d’être partenaire d’environ une dizaine de projets. Mon calcul est le suivant : étant donné que le taux de succès final tourne autour de 10%, statistiquement il faut soumettre 10 projets pour en avoir un de financé.
Une mauvaise nouvelle toutefois : je constate que l’ANR verse dans la mode du « co-financement » (ou encourage le co-financement ?). Je trouve que le co-financement est vraiment une plaie qui faudrait éradiquer de notre paysage, cela complexifie grandement les dossiers (mais disons que ça permet aux divers partenaires un affichage de financement de projets à la hauteur du total, alors que leur niveau d’intervention réel est très souvent bien inférieur). J’espère vivement que dans quelques années la condition pour déposer un projet ne sera pas d’avoir au préalable un engagement de co-financement déjà acquis !
17 commentaires
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24 octobre 2016 à 14:17
Helios
Personnellement je n’ai pas à faire ce genre de truc, mais peut-être que cela peut aider :
http://excellagence.fr/appels-a-projets/
24 octobre 2016 à 15:31
FUBAR
@Rachel: Je veux pas jouer les rabat-joie mais la pratique du financement multiple obligatoire m’a déjà l’air sacrément répandue. Chez nous, impossible d’obtenir un financement recherche de la COMUE sans pouvoir montrer qu’on a obtenu un autre financement par ailleurs; idem pour les « financements blancs » (ex-BQR), et en fait je pense que maintenant ça va être le cas pour tout: « on veut bien te financer ton billet de train Paris -Toulouse si tu peux prouver que tu as une autre source de financement pour l’assiette de cassoulet que tu compte avaler au buffet de la gare ». D’abord parce que si vous avez trouvé du pognon ailleurs on se dira que vous n’avez pas besoin de tout ce que vous demandez, ensuite parce que si quelqu’un vous a dit oui, ça dispense de passer un peu de temps sur votre dossier. Bon évidemment, le premier qui va dire oui n’a pas intérêt à mettre les mêmes conditions dans la balance sinon tout le monde va vite se regarder en chien de faïence pour savoir qui va parier en premier sur le fait que d’autres vont lâcher du pognon. Ça pourrait durer longtemps: « dis toi d’abord, non toi, mais non toi… » Fatigue intense.
24 octobre 2016 à 15:32
FUBAR
Et je ne parle pas de l’effet cumulatif et de la distorsion qu’il en résultera (on ne prête qu’aux riches).
24 octobre 2016 à 18:42
Henri-IV
Avec les résultas mirifiques de réussite de projets ANR et les AAP de plus en plus usines à gaz à monter, on va droit dans le mur, (au moins nous en SHS), mais bon, certains disent qu’il est urgent de se débarrasser de nous. J’ai encore 3 ans d’AAP à mener. Je réfléchis vraiment dès à présent si le jeu en vaut encore la chandelle pour la suite. Il faudrait de véritables fédérations de laboratoires pour s’allier et contrer cette logique. Mais ce serait usine à gaz contre une autre. Suave mari magno… Pour l’instant…
24 octobre 2016 à 19:15
Rachel
@Fubar, oui c’est vrai que c’est déjà très répandu. Comme il n’y pas beaucoup d’argent dans les diverses (et trop multiples) structures de financement, tout le monde s’imagine qu’en fragmentant tout ça, ça permet de financer plus de monde, mais en oubliant qu’au final ça complexifie énormément le système. L’avantage pour les structures de financement, c’est qu’elles peuvent valoriser un listing plus imposant (et en oubliant bien entendu que l’apport est seulement partiel …). Ce qui m’attriste le plus, c’est le co-financement des allocations de thèse. Globalement, quand il y a un co-financement, souvent l’université met le complément. L’université se laisse imposer sa politique scientifique par l’extérieur, et je trouve bien triste que les universitaires ne se rebellent pas contre cette fragmentation et complexification des moyens de la recherche. J’espère que l’ANR ne va pas s’y mettre également.
25 octobre 2016 à 05:04
Marianne
» J’espère vivement que dans quelques années la condition pour déposer un projet ne sera pas d’avoir au préalable un engagement de co-financement déjà acquis ! »
Chez nous dans les appels de bourse de thèse région c’est ce qui se profile…On va avoir deux mois pour trouver une entreprise qui nous cofinance. Autant dire qu’a part en avoir une déjà sous le coude c’est hopeless
25 octobre 2016 à 05:05
Marianne
D’un coté on coutera moins cher à la région. C’est dommage car beaucoup de petits labos avaient fait leur fond de commerce de ces bourses régions qui leur permettaient à la fois d’interagir avec des gros labos connus et à la fois de récupérer des sous
25 octobre 2016 à 08:51
jako
@Rachel : « L’université se laisse imposer sa politique scientifique par l’extérieur » : ça fait déjà un moment et personne n’y trouve rien à redire. Et au fond quand on vous dit que vous devez « adapter » vos formations au marché du travail, aux « besoins de la société », etc. on ne fait pas autre chose que de se plier à des injonctions extérieures à l’Université (lesquelles ne peuvent être qu’extrêmement changeantes et fluctuer au gré des lubies / lobbies divers (cf. le délire sur le tout numérique, la « société apprenante », etc.).
P.S. Au fait vous avez lu la dernière contribution de Mr. Beaud ?
http://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/0211380723568-selection-en-master-la-reforme-tronquee-2036703.php
Finalement Rachel vous me confirmez dans l’idée que notre problème, c’est l’absence ou le défaut de Nonisme !
25 octobre 2016 à 20:41
PR27
Les co-financements, c’est une plaie, alors peut-être envisager des mécanismes de co-labellisations préalables à des co-financements ? Ca pourrait jouer le rôle de tremplin entre les phases. Pour la co-labellisation, on pourrait imaginer juste 25 pages et un déplacement de 400km à vos frais pour une audition de 10 minutes. Un comité des gens-pressés-de-prendre-leur-train proposerait alors, dans une perspective d’excellence à périmètre resserré, un chorte-liste de projet pré-labellisés. Ceux pourraient alors être labellisés par un executive labelling board composé principalement de membres extérieurs à la planète terre.
25 octobre 2016 à 23:35
Rachel
@Jako, je n’entends guère les nonistes dirent non aux complexités des co-financements. En termes de pilotage, ils ont largement montré qu’ils étaient en faveur d’un pilotage de la recherche par les organismes de recherche. Tiens mais j’y pense, il a donné quoi le grand plan de simplification de l’ESR de Thierry Mandon ?
@PR27, je pense que tout ça (les co-financements) c’est des bonnes idées pour occuper un tas de monde dans les collectivités territoriales, pôles de compet ou autre « dispositif » pour l’innovation. Moi j’ai compris le truc, dans le résumé (car personne ne lit ou ne comprend votre texte scientifique), il faut placer les mots clés suivants : incubateur, démonstrateurs, démarche innovante, state of art et pull effect, sans oublier aussi que le projet est pluridisciplinaire et va faire bosser ensemble des gens qui ne se seraient jamais rencontrés mais pouf pouf il va générer de l’excellence, rayonnement et emplois. Bon, j’ai encore environ 5 ANR à finir si je veux atteindre le chiffre magique de 10 soumissions.
27 octobre 2016 à 10:42
jako
@Rachel : mais ceux auxquels vous faites référence ne sont pas des nonistes ! Ce sont des nopportunistes, c’est pas pareil ! On n’est déjà pas foutus de contrer des décisions aussi élémentaires et terre à terre que celles relatives aux compensations diverses et variées pour la validation de la licence (avec quand même des conséquences désastreuses sur la valeur du diplôme que vous délivrez), alors les co-financements, vous rigolez ? :)
Et puisqu’on rigole, vous avez vu, l’UNEF est sans doute en train d’infiltrer l’Université de Dakar ! Les étudiants réclament le « master pour tous » !
http://www.lemonde.fr/afrique/article/2016/10/26/a-l-universite-de-dakar-bientot-des-masters-en-greves-et-des-doctorats-en-emeutes_5020730_3212.html
Avec une logique absolument imparable : « C’est « le master pour tous » parce que, disent-ils, au Sénégal, on ne fait rien avec une licence ». La bonne blague…. Et une fois qu’ils auront le doctorat pour tous, ils feront quoi avec ?
27 octobre 2016 à 12:13
Gueux
@Jako: « Et une fois qu’ils auront le doctorat pour tous, ils feront quoi avec ? »
Ben, ils réclameront l’HDR pour tous, non ? OK, je sors.
4 novembre 2016 à 11:57
Henri-IV
Bon rien à voir avec la choucroute, mais j’avais envie de partager ça avec vous. je suis pr à Limoges (doucement les ricannements), et donc dans la comue léonard de Vinci (limoges, poitiers, la rochelle, tours, orléans, (ouf)). la rochelle est partie dès les premiers mois de la comue (en juin), tours et orléans officialisent leur départ cette semaine. Nous restons à deux (mdr) et nous allons fêter ça au Bordeaux. Voilà, voilà.
4 novembre 2016 à 19:25
FUBAR
@Henri-IV: j’ai l’impression que c’est un peu la saison d’explosion des Comue… L’usine à gaz va faire pshitt! Une comue Limoges + Poitiers vu de Shanghai ça doit faire grave rêver. Vous allez faire de l’œil à Bordeaux ou vous allez vraiment noyer votre chagrin dans l’alcool?
4 novembre 2016 à 20:53
Henri-IV
Les Deux!! Non, blague à part, on savait que ça irait pas bien loin, on a juste été peut-être un peu surpris de la rapidité. C’est un beau gâchis, y compris financier. Mais depuis septembre nos contacts avec Bordeaux sont effectifs et s’intensifient autour de montages de projets. pour les associations plus administratives et institutionnelles, nos équipes de directions sont sur le pont j’imagine. Faut leur faire confiance quand même! Et nous Shanghaï, ben heu… on s’en fout. C’est en Chine, non?
4 novembre 2016 à 20:55
Henri-IV
Finalement je pense qu’on va se marrer cette année. Bon par rapport à l’année dernière ce sera pas difficile.
5 novembre 2016 à 11:26
FUBAR
@Henri-IV, non mais évidemment que vous vous en foutez d’être dans le classement de Shanghaï, mais comme c’est in fine la raison officiellement avancée pour justifier ces rapprochements absurdes (être visible depuis Proxima du Centaure, même si au ras des pâquerettes c’est illisible) on peut légitimement se poser la question.
Bon Bordeaux alors!