« A peine arrivée dans ma nouvelle faculté, j’apprends que je suis enceinte. […] Je vais accoucher en juillet. Ce n’est pas la bonne date. Notre enseignement est annualisé, mais l’été est considéré intégralement comme des vacances, et je n’aurai qu’une très faible décharge d’enseignement après mon congé (et pas de vacances, bien sûr). Après une première année quasi intégralement consacrée à la préparation d’enseignements très nouveaux, je vais enseigner énormément pendant tout mon temps de présence l’année suivante, au détriment de mes activités de recherche.
Je reviens de congé maternité. L’année précédente, la plupart de mes cours étaient au 1er semestre. De retour de congé, je dois faire tous mes enseignements au second semestre. Ils sont donc tous nouveaux, une fois encore. Et la troisième année, je ne récupère pas ceux – du premier semestre – que j’ai laissés pendant mon congé maternité. Encore de nouvelles choses à découvrir et préparer. J’entends « Tu comprends, le collègue qui t’a remplacé a dû s’investir pour faire ce cours » … En résumé, j’ai eu des enseignements totalement nouveaux ou presque à préparer chaque année, trois ans de suite, ce qui prend un temps considérable. J’adore enseigner, mais … La quatrième année, rebelote, je repars en congé maternité. Je cherche les ennuis !! Cours tout nouveaux encore la cinquième année. J’attendrai donc la sixième année pour avoir pour la première fois un service entier identique à l’année précédente.
[…]
Un congé maternité peut être source d’angoisses terribles, quand on confond le fait d’avoir arrêté la recherche pour congé maternité à cette chose terrible et honteuse qu’est le fait d’arrêter la recherche pour un maitre de conférences.
Lorsqu’on arrête quelques mois pour pouponner, ce n’est pas qu’on n’y arrive plus, qu’on n’a plus envie, plus le courage… c’est juste qu’on a fait un bébé et qu’il a besoin qu’on s’occupe de lui.
Les maternités en début de carrière sont certainement un facteur très important de décrochage de la recherche, mais je ne connais pas d’étude là-dessus. Arrêter l’activité de recherche pour reprendre ensuite est très difficile et angoissant. On doit se remettre en route, prendre souvent de nouveaux enseignements, s’adapter à une vie familiale épuisante, et essayer malgré tout de trouver suffisamment de temps, de sérénité, et de disponibilité d’esprit pour faire de la recherche ».
Source du témoignage: ici. Merci à Nathalie pour le signalement.
96 commentaires
Comments feed for this article
23 mars 2014 à 18:12
MCF27 (de Marseille)
Dans la foulée, la paternité pour les enseignants-chercheurs est quelque chose de totalement surréaliste. Quand j’avais naïvement demandé à mon département d’enseignement s’il existait un congé paternité (car légalement il existe bien 10 jours), j’ai cru que j’avais éructé un gros mot à voix haute au milieu d’une soirée mondaine…
23 mars 2014 à 19:58
DM
@MCF27: Au CNRS, cela ne pose pas de problème de réclamer ce congé paternité.
23 mars 2014 à 20:02
Marianne
Bah comme je le disais je suis pas trop convaincue par le témoignage de la nana…En maths l’usage veut qu’on ait six mois de deleg après un congé mat’
Ca permet de revenir si on le souhaite….Après je ne dis pas que tout est rose mais à mon avis quand on décroche c’est une conjonction de choses. Le congé maternité peut être un déclencheur mais lorsqu’on est active on le reste même après quatre mois de pause….
Ce qui peut rendre les choses compliquées pour reprendre le boulot est la difficulté à trouver un mode de garde…Curieusement, peu de gens cherchent à développer les crèches universitaires. Pourtant dans quelques facs ca existe : Lyon 1, Lyon 2, Lille 3, Toulouse 3, Dauphine…et j’en oublie!
Ca a un coût bien sûr mais si on mixe les aides de la CAF et que l’on rapporte ça au budget d’une université c’est assez faible…
Ca coûtait en 2007 à Lille 3 environ 250000E/an soit après aides 80000E/an
La principale difficulté est en général de trouver des locaux qui respectent les normes. Et ça dans certains coins (île de France par exemple c’est dur!)
J’avais essayé de faire monter une crèche universitaire dans ma modeste université de banlieue. Ben curieusement quand je m’étais adressée à la nana militante ultra féministe de mon labo elle m’avait dit que cela n’avait aucun intérêt et que le combat féministe ce n’était pas cela bien sûr…
Le combat féministe à ses yeux c’était aller dans les lycées lutter contre les vilains stéréotypes sexistes véhiculés par les (méchants) mâles mais surtout pas aider les nanas (et indirectement les mecs) à exercer leur taf en toute sérénité…Et la nana n’était d’ailleurs pas avide en conférences détaillées où elle fustigeait le système qui empêche les femmes de progresser….Va progresser et faire des papiers quand c’est la galère pour faire garder ton môme!
Et d’ailleurs cela lui a rapporté la légion d’honneur preuve que son action n’a pas été perdue pour tout le monde….
Je vous rassure j’ai eu le même accueil de la cellule syndicaliste de mon IUT de banlieue…La aussi on m’a gentiment expliqué que je me trompais de crèmerie…..
Un vieux renard de mon IUT de banlieue m’avait dit à l’époque de manière fort cynique que « cette histoire de crèche universitaire avait été évoquée une vingtaine d’années auparavant au CA, mais que comme c’était un truc de bonne femmes, de BIATOSS ça n’était pas passé »
Traduction : les gens qui étaient décisionnaires au CA n’étant pas concernés par les problèmes de garde (étant majoritairement des mecs, profs de cinquante piges au moins donc pas de gosses ou grands) le projet n’était pas passé
Et pourtant, la fac où j’étais était pluridisciplinaire et avait en son sein notamment une fac de médecine….Autant dire que sur le papier il y avait moyen de créer une infrastructure cohérente
Cherchez l’erreur…Mais bien sûr j’imagine que certain(e)s trouvent plus intelligents de vitupérer contre le machisme des gros vilains….plutôt que d’essayer de trouver des solutions concrètes pour aider les nanas à concilier vie familiale et vie privée. En plus ça ferait même plaisir aux mecs (les papas) si ça se trouve. ….rien à voir avec le VRAI combat féministe où on doit prendre les armes contre le mâle ennemi….
Sûr…ca coûte moins cher…. que de faire des choses concrètes…Ben la tchatche ça coûte pas grand chose!
23 mars 2014 à 20:05
Marianne
Et pour ajouter plus de piquant à l’histoire le président de la fac de l’époque était une présidente….
23 mars 2014 à 20:08
Marianne
et je vous rassure : pareil elle a su tirer son épingle du jeu…
23 mars 2014 à 21:26
nathalie
@Marianne
effectivement, heureusement le congé maternité ne se passe en général pas si mal.
Ce qui m’avait touchée dans ce témoignage c’est l’expression d’une certaine souffrance, alors qu’on présente souvent ici les non publiants comme de « méchants » profiteurs du système.
Pour la crèche sur le lieu de travail, je ne suis pas convaincue : en région parisienne souvent on habite ici, papa travaille là et maman encore ailleurs. Pas facile de faire des kilomètres avec un bébé sous le bras, et il devient impossible de partager régulièrement la tâche avec l’autre parent qui se retrouverait avec près de 2h de trajet pour rejoindre son lieu de travail depuis la crèche. Il serait aussi difficile de prendre une baby sitter pour la sortie de crèche.
23 mars 2014 à 21:44
Marianne
@Nathalie
Faire une crèche sur le lieu du travail offre une possibilité en plus….
C’est mieux que rien ou une nounou à un prix exorbitant…Perso pour mon premier j’ai dépensé 1300E/mois pour une garde partagée à domicile…Faute de mieux. Rajoutez à cela le coût de la vie parisienne avec un salaire dans l’ESR pas forcément compétitif…
J’aurais bien troqué cela contre une crèche même si j’en avais seule supporté la charge…J’avoue par contre que mon mari et moi travaillions à un arrêt de métro l’un de l’autre ce qui simplifiait les choses. Et par contre cela aurait rendu difficile mes déplacements en conf’….ce qui est aussi un aspect important du métier
23 mars 2014 à 21:45
Marianne
Et bien sûr personne n’est obligé de prendre la crèche sur son lieu de travail. C’est juste une opportunité en plus qu’une fac pourrait offrir à ses employés
Et par ailleurs dans certains cas la crèche universitaire est ouverte au personnel mais aussi aux étudiants ce qui peut constituer pour eux une aide non négligeable pour leurs études
23 mars 2014 à 22:03
Marianne
Enfin trois choses:
-la proportion de couples où les deux conjoints travaillaient près ou même dans la fac n’étaient dans mon département d’IUT pas négligeable. Au moins la moitié des collègues de mon département avait sa tendre moitié pas loin comme moi voire dans l’IUT en tant qu’EC ou administratif. Dans les facs de province que j’ai fait ensuite c’était encore le cas. Donc une crèche dans la fac aurait quand même arrangé pas mal de gens
-En province les distances sont plus petites et c’est donc encore plus vrai…
Par ailleurs dans les deux établissements de province que j’ai fait le campus était situé dans une ville ayant beaucoup de crèches. Il aurait donc été possible de faire un accord avec la ville en réservant des places de crèches
-Certaines entreprises adhèrent à des réseaux (crèches d’entreprises) et réservent des berceaux. Un système de ce type là pourrait être aussi envisagé et financé par une université donnée. Si ce type de solution se généralisait cela libérerait des places pour les autres….Mais là on rentre dans un autre débat!
23 mars 2014 à 22:32
MCF27 (de Marseille)
@Marianne: quand je vous lis, je me dis qu’effectivement il y a encore du boulot car même vos formulations( « mais surtout pas aider les nanas (et indirectement les mecs) à exercer leur taf en toute sérénité… » et « En plus ça ferait même plaisir aux mecs (les papas) si ça se trouve ») illustrent encore inconsciemment que l’idée même qu’un papa s’occupe de son ou ses enfants (allez, disons à égalité avec l’autre parent) est encore ultra-avant gardiste…
Je suis frappé aussi plus généralement d’un certain discours à gauche, pro-nature et qui du coup entérine un certain asservissement de la femme nourricière par rapport à l’homme chasseur/cueilleur.
24 mars 2014 à 08:24
Marianne
@MCF27
Dans mon couple le papa s’investit autant que la maman…C’est ce qui me permet aussi de continuer à bosser, aller en conf’ et d’envisager de continuer à progresser…Mais c’est pas usuel : mon mari s’était mis à un moment à temps partiel et à son taf c’était le seul mec au milieu d’une tripotée de nanas
Mais ce que vous dites est on ne peut plus vrai. Lorsque j’avais fait campagne pour ma crèche universitaire le retour que j’avais eu des gens était que c’était un truc de nanas, pas un truc de mecs….Sauf pour les jeunes papas qui eux galéraient pour faire garder leurs mômes et se sentaient donc forcément impliqués
Mais vu d’un CA universitaire garder les mômes c’est forcément un truc de meuf.. L’argument contre la crèche était que les nanas qui faisaient garder leur môme allaient tout le temps interrompre le travail pour aller voir leur loupiot….Et d’ailleurs j’ai souvent eu sur le ton de la rigolade la remarque : « les filles c’est chiant dans le boulot, ça fait des gosses… » . Faut prendre ça à l’humour car rien ne sert de passer pour une pimbêche mais ça reflète bien un truc… J’ai d’ailleurs eu la question en off lorsque j’ai été recrutée : « est- ce que vous allez en avoir un deuxième? »
Par ailleurs, oui il y a un certain discours qui veut que la femme allaite puis prenne un congé parental pour s’occuper du loupiot….Lors de ma deuxième grossesse la gynéco m’avait explicitement marqué sur mon calendrier de grossesse les congés pathologiques considérant que de manière évidente j’allais me rajouter trois semaines de congés avant la grossesse…Il a fallu que j’explique que non à priori je souhaitais travailler. Rien à voir avec ce qui se fait dans d’autres pays ou le congé de maternité/paternité est long et partageable entre les deux parents….
24 mars 2014 à 08:36
Marianne
@Nathalie
Dans le témoignage de la nana il y a à mon avis une phrase importante
« Les maternités en début de carrière sont certainement un facteur très important de décrochage de la recherche »
C’est donc une conjonction de choses qui fait qu’on décroche. En maths on a un principe de non recrutement local (et la nana est matheuse). Ce qui signifie que cette jeune femme est arrivée dans un nouvel environnement point de vue recherche et enseignement et que là dessus son congé maternité s’est rajouté….
Il y a donc (et je radote) une véritable réflexion à avoir sur l’intégration des jeunes dans un labo…Il y a plein de labos où jusqu ‘à récemment on ne prenait en compte dans un recrutement que le dossier et non pas la capacité à s’intégrer au labo….On avait donc des gens très bons qui arrivaient dans un labo avec personne avec qui interagir. C’est particulièrement vrai en maths pour deux raisons : non recrutement local et en maths pures (ce qui est la discipline de la nana) on a la culture de travailler seul…Le vrai matheux (pur) est celui qui publie seul et c’est en général mal vu de publier en thèse avec son directeur de thèse…Et ça c’est un gros facteur de décrochage. Le problème se serait peut être posé différemment dans un labo de physique ou de signal ou la nana dès son retour aurait eu sa pile de taf qui l’attendait sur son bureau car elle aurait été impliqué dans des manips ou des projets…Les mentalités sur ce point sont en train d’évoluer. Dans beaucoup de labos on se pose la question de l’intégration des jeunes…
Et sinon bien malheureusement le profil du non publiant profiteur ça existe…Ce ne sont pas tous de pauvres petites victimes…Certain(e)s sont de sacrés glandeurs(ses)
24 mars 2014 à 08:44
Damien
@MCF27
Dans ma fac, je n’ai eu aucun problème pour demander et prendre le congé légal de paternité, ni auprès de l’administration, ni dans le département (où j’ai l’impression que pratiquement tous les jeunes papas le font).
24 mars 2014 à 08:45
Marianne
J’ai même eu à subir le cas d’une co-auteure profiteuse qui m’a exploité pendant deux ans après son congé maternité. Pendant la grossesse elle était malade, après elle a eu six mois où ses neurones n’ont plus retrouvé leur acuité habituelle (décroissance neuronale parait-il fort commune chez les femmes enceintes d’après elle). Cela l’empêchait même de relire les papiers et les preuves que j’écrivais….Ensuite son mec a monté sa boite et cela s’est conjugué avec les maladies infantile du petit trésor, des prises de responsabilité dans son UFR et des heures sup’….Bref ca a pris deux ans, et trois papiers pour que j’en ai ras le bol et que je mette fin à tout ça….
Bien heureusement la fille est seule de son espèce et maintenant j’en suis débarrassée…
24 mars 2014 à 09:09
Ophélie
« Notre enseignement est annualisé, mais l’été est considéré intégralement comme des vacances, et je n’aurai qu’une très faible décharge d’enseignement après mon congé »
Il y a un problème de calcul de décharge. Les textes indiquent clairement que la décharge = 1/2 du service, soit 96 h eqTD pour l’enseignement et ce quelle que soit la date d’accouchement! Il semble que certaines règles ne soient pas appliquées!
Une MCF de mon labo est partie à la fin du 1er semestre en congé mat cette année. Avant son départ en janvier, la direction de l’UFR lui a mis la pression pour qu’elle fasse le maximum d’heures avant de partir (elle en faisait déjà 130 au 1er semestre). Ils avaient « omis » de s’informer sur la décharge associée au congé mat…
24 mars 2014 à 09:13
Marianne
Oui ça existe…Je connais des cas où en pratique la nana n’a pas eu de congé maternité…Et pourtant les textes sont précis la dessus. Moi j’ai toujours eu du bol de ce point de vue mais il y a plein de facs « voyous » où on oblige la fille a faire tout son service hors congé mat’….
Et là pour le coup je suis d’accord : cumuler service plein + maternité sans congé ça c’est dur…Mais c’est aussi illégal! Il faut réagir….
24 mars 2014 à 09:21
Ophélie
MCF27 (de Marseille): le congé de paternité pour les enseignants-chercheurs est quelque chose de totalement surréaliste car un certain nombre d’EC ne le prenne pas auprès de l’administration.
Dans les faits, les papas de mon labo sont beaucoup moins disponibles pendant les périodes précédant et suivant l’accouchement mais cela n’est pas visible par l’administration ou l’ensemble des collègues (les congés sont souvent abordés en conseil d’UFR). Cela ne fait donc pas avancer les mentalités.
En outre, cela met en exergue les mamans EC qui, elles, prennent le congé…
24 mars 2014 à 09:23
MCF27 (de Marseille)
@Damien: je me suis peut-être mal exprimé, prendre 10 jours n’était pas un problème (d’autant que c’était en Aout). Par contre j’ai voulu aller jusqu’au bout de l’aspect légal des choses et ai donc demandé comment cela était décompté dans le service, toujours très naïvement. Figurez vous que c’était la première fois qu’on posait la question (en 2011 quand même) et clairement ça emmerdait tout le monde parce qu’il fallait aller voir dans les textes etc. Au final je ne sais même plus si on m’a accordé la dizaine d’heures à laquelle je pouvais prétendre…
@Marianne: en me relisant, j’ai été un peu agressif à votre encontre il me semble, pardonnez moi.
24 mars 2014 à 09:56
Damien
@MCF27
A l’époque où je l’ai pris (avant 2011), on m’avait dit que les heures de cours que j’étais censé faire au moment de mon congé étaient simplement comptées dans mon service comme si je les avais faites (et étaient aussi comptées dans le service de mon remplaçant). J’aurais pu, bien sur, déplacer ces cours (et ça n’aurait rien coûté à la fac), ou au contraire « charger la barque » en prenant le congé au pire moment. Je crois n’avoir fait ni l’un ni l’autre, et j’en suis arrivé en gros à 5 heTD.
Du coup, évidemment, si ça avait été en Août, j’aurais eu 0.
24 mars 2014 à 15:27
Sébastien
Au vu des arnaques subies dans beaucoup d’Université par des EC qui font faire leur calcul de décharge horaire pour leur congé de maternité par la DRH, un petit rappel à la loi s’impose.
D’après la circulaire n° 2012-0009 du 30-4-2012, « La décision de la Cour de justice des communautés européennes du 18 mars 2004 (affaire C-342/01) précise « qu’une travailleuse doit pouvoir bénéficier de son congé annuel lors d’une période distincte de celle de son congé de maternité, également en cas de coïncidence entre la période de congé de maternité et celle fixée à titre général, par un accord collectif, pour les congés annuels de l’ensemble du personnel ». Les enseignantes-chercheuses et les enseignantes doivent pouvoir bénéficier de l’intégralité de leur congé de maternité et elles ont droit également durant la même année à un congé annuel de cinq semaines conformément à la réglementation en vigueur pour tous les fonctionnaires. Dans les universités, les congés annuels des personnels sont habituellement fixés durant les périodes de suspension des enseignements. Dans le cas des agentes en congé de maternité dans l’hypothèse où tout ou partie des congés correspond aux mêmes périodes (hiver, printemps, juillet-août principalement), elles doivent être autorisées à bénéficier de leur congé annuel en dehors de cette période. À titre d’exemple, une enseignante-chercheuse dont le congé de maternité a coïncidé avec la période estivale doit pouvoir bénéficier d’un décalage de son congé annuel à l’issue de cette période ».
Comme « un congé de maternité de 16 semaines est prévu par l’article L. 1225-17 du code du travail. Il est reconnu pour un demi-service au minimum, soit 803,5 heures de travail fonction publique ou 96 heures de travaux dirigés ou pratiques pour une enseignante-chercheuse au service non modulé », votre Université doit, mesdames, vous accorder 96h de décharge, même si vous accouchez en juillet, août ou septembre.
Evidemment, c’est loin d’être le cas. A L’Université de M., une de mes collègues s’est vu gracieusement proposer une décharge de… 17h sous prétexte qu’elle accouchait début juillet et qu’on ne pouvait décompter les semaines d’été (illégal). Idem à l’Université de L. où une autre collègue et amie a eu une décharge de 48h. Mon épouse, elle, a eu 64h pour notre premier. Le tout au mépris de la loi.
24 mars 2014 à 15:41
Gueux
Dans le style arnaque, il n’y a pas que les congés maternité, il y a aussi les arrêts maladie.
24 mars 2014 à 17:10
mixlamalice
@Sebastien: « un congé annuel de cinq semaines conformément à la réglementation en vigueur pour tous les fonctionnaires »
Quelque chose que je ne m’explique pas, le temps de travail annuel d’un EC (ou d’un fonctionnaire en général me semble-t-il) est 1607h (comme vous le rappelez, en parlant de 803.5h d’enseignement).
Si je compte 1607/35, ça fait 46 semaines. Or, si je ne m’abuse, il y a 52 semaines dans une année, non?
24 mars 2014 à 17:15
mixlamalice
Sinon, chez nous, notre ATER part en congé mat en juillet, on a donc appris en avril qu’il fallait d’ici là la décharger de 32HED même si les enseignements finissent fin juin, ben je comprends mais je trouve ça un peu zarbi quand même. Après, c’est peut-être parce qu’on est 4 dans l’équipe pédagogique (elle comprise) et que du coup ça fout un peu la merde…
24 mars 2014 à 17:16
mixlamalice
(pardon, on ne l’a pas appris en avril, vu qu’on n’y est pas encore, mais début mars)
24 mars 2014 à 17:32
Damien
@mixlamalice
« Si je compte 1607/35, ça fait 46 semaines. Or, si je ne m’abuse, il y a 52 semaines dans une année, non? »
Il faut compter également les jours fériés (hors samedi et dimanche) qui font diminuer la durée moyenne hebdomadaire du travail (pour un employé aux 35 h). Voir par exemple http://www.pratique.fr/duree-maximale-temps-travail.html .
24 mars 2014 à 17:35
Sébastien
@mix : Le calcul des 1607 heures se fait sur une année civile du 1er janvier au 31 décembre.
Ces 1607 heures légales sont issues de : 365 jours – 52 samedis – 52 dimanches – 8 jours fériés – 25 congés payés = 228 jours x 7 heures = 1596 heures arrondies par le législateur à 1600 heures + 7 heures de la journée de solidarité.
24 mars 2014 à 17:37
mixlamalice
Merci pour l’info. Le nb de jours fériés est donc « assumé constant » d’une année sur l’autre par le législateur? Dans ce cas, ils devraient faire comme aux US, tous les foutre le lundi, ça serait plus simple…
24 mars 2014 à 17:46
Damien
@mixlamalice
« assumé constant » pour ceux qui ont une durée du travail annualisée, ce qui est (tout de même) assez cohérent. Peut-être serait-il préférable de mettre les EC au régime « normal » : nombre de jours de congés fixés, avec déclaration et contrôle (+ pointage ?). A titre perso je préfère le système actuel.
« Dans ce cas, ils devraient faire comme aux US, tous les foutre le lundi, ça serait plus simple… »
Les anglais font ça aussi (enfin peut-être pas pour tous les jours fériés, mais une bonne partie). Et, oui, ce serait plus simple, encore que dans le milieu scolaire où les edt sont hebdomadaires, avoir toujours le même jour qui saute n’est pas l’idéal…
Et puis, que serions-nous sans ce petit suspense qu’on a tous les ans en cherchant le jour des 1er et 8 mai ?
24 mars 2014 à 19:43
DM
@Marianne: Les pires réflexions qui m’aient été rapportées au sujet des jeunes chercheuses avec enfant provenaient de professeures d’âge mûr et sans enfant, dont : « Quand on veut faire carrière dans la recherche, on n’a pas d’enfant. »
24 mars 2014 à 20:58
étudiant inquiet
Donc, pour simplifier, une femme doit avoir ses enfants avant la thèse si elle veut faire carrière ?
L’Excellence de l’université en action.
25 mars 2014 à 06:38
Marianne
@DM J’ai eu aussi de la part de mon directeur de thèse : « vous les femmes vous ne progressez pas car vous ne voulez pas bouger »…Inutile de dire que quelques années plus tard le gusse (entre temps monté dans la hiérarchie de sa fac) s’est empressé de profiler un poste de PR en local son meilleur pote qui s’était fait jeter son dossier de toutes les facs pendant cinq ans…Et bien sûr sa femme à lui était MCF. Inutile de dire que si elle n’avait pas eu le bon goût d’abandonner la recherche très tôt et qu’elle avait voulu passer PR en province monsieur ne l’aurait pas suivi…
@etudiant inquiet…Ben en Allemagne par exemple c’est ça. Je connais pas d’allemandes mariées avec des enfants qui sont passé profs.. Et quand on discute avec elles, elles savent bien déjà en thèse que ça va être la misère. Certaines viennent en France et d’autres font autre chose que la recherche…..Pour une fille en France il y a deux solutions. Soit on est sur Paris et dans ce cas pour satisfaire à l’indispensable mobilité on prend le métro et on change d’arrondissement, voire on va en banlieue mais faut raquer pour se loger et faire garder ses mômes…soit on est en province et il faut dans ce cas ne pas avoir d’enfants et/ou avoir un mari très mobile ou alors accepter les séparations…De toute façon pour faire les indispensables post docs à l’étranger ou autre faut pas avoir d’enfants car on est sur un siège éjectable durant deux ou trois ans
Dans mon labo il y a une nana qui marche très bien point de vue carrière
La rançon de tout ça c’est que pour passer PR elle a été séparé de son mari pendant trois ans avec trois enfants. Et le mari était à 7/8h de route de la nana…D’ailleurs quand je décris cette situation, c’est aussi potentiellement la situation d’un mec qui veut faire carrière. Sauf que culturellement une nana aura plus tendance à suivre son mec et que dans certains cas la nana ne travaille pas…Et par ailleurs, les mecs sont peut être moins attachés à leur moitié que les filles car de ce que je vois entre passer PR et rester en couple ben une partie se barre sans autre forme de procès en laissant femme et enfants se débrouiller….
Pour exemple sur les trois nanas PR que je connais dans mon labo : deux ont le mec qui a suivi, une n’avait pas de mec alors que sur la dizaine de mec PR deux ont une nana qui bosse pas, deux ont divorcé (et laissé les enfants à la garde de la maman) suite à leur promotion….Les mentalités sont différentes et par ailleurs le fait que la nana fasse carrière a un coût financier (ben faut garder les gosses). Et si les deux sont dans la recherche c’est compliqué pour savoir qui va en conf’ aux périodes « cruciales » où il y a tous les workshops et autres….
25 mars 2014 à 06:39
Marianne
Bref c’est essentiellement une question de mentalité….et ça c’est compliqué à faire évoluer….
25 mars 2014 à 10:29
Jausephine
Je ne suis pas surprise de lire ce témoignage. mais plutôt abattue. Doctorante en SHS encore pour quelques mois, j’ai eu ma fille au début de mon contrat doctoral. J’ai accouché en juin. cela a eu pour conséquence
1) de corriger mes copies de second semestre pendant les premières contractions littéralement sous prétexte que « vous avez fait le cours, vous corrigez les copies ». Ce fut un bonheur…
2) de reprendre les cours en septembre et donc de passer mon mois d’août à les préparer avec un nourrisson sous le bras.
Et tout cela en m’entendant appeler « poule pondeuse » par la chef du département et en voyant ma DT catastrophée par ma nouvelle maternité…
Ensuite, il était possible de prolonger le contrat doctoral de la durée du congé mat’. or les contrats d’ATER commençant tous en septembre, soit je renonçais à un ATER, soit je renonçais à mon droit. J’ai renoncé à mon droit…
Nous envisageons un deuxième enfant. Et là encore, je me retrouve face à un choix cornélien: aller dans le secondaire et mettre ma recherche entre parenthèses pour avoir cet enfant dans des conditions vivables ou continuer mon ATER et risquer de me mettre à dos une équipe déjà bien éprouvée par les suppressions de postes.
Si on ajoute à cela que ma fac se trouve à 2h de TGV de mon domicile, et que je dois y dormir une nuit pour assurer mon service…
Faire des enfants en étant dans le supérieur, faire des enfants en voulant faire de la recherche, ça commence à me sembler impossible.
Je me sens mal parce que j’ai sacrifié beaucoup pour réussir à soutenir ma thèse et que pour moi, elle n’est que le commencement de la recherche. Arrêter maintenant serait un échec, un gâchis… et ne pas avoir les enfants que je souhaite une immense tristesse.
Voir que cela ne s’arrange pas quand on obtient un poste de titulaire, c’est décourageant.
25 mars 2014 à 11:47
Ophélie
@mixlamalice: « Après, c’est peut-être parce qu’on est 4 dans l’équipe pédagogique (elle comprise) et que du coup ça fout un peu la merde… »
Qu’est-ce que c’est énervant d’associer congé mat et emmerdement !!! Allez plutôt vous plaindre à l’université qui n’organise rien pour faciliter les choses !
25 mars 2014 à 17:54
mixlamalice
Ca peut vous énerver, I don’t really care. Quand on annonce mi-mars qu’il faut trouver un remplaçant pour 32HED qui auront lieu en avril-mai et que tout le monde est déjà en sur-service de 50HED, désolé mais ouais, c’est un peu la merde, quelle que soit la raison. J’ai pas l’impression d’être spécialement politiquement incorrect en disant ça.
« Allez vous plaindre à l’université »: justement, j’allais y aller. Vous me conseillez plutôt la DRH, ou directement la présidence?
25 mars 2014 à 21:09
DM
@mixlamalice: La présidence, avec Cc: à Mme Vallaud-Belkacem.
25 mars 2014 à 22:04
Ophélie
@mixlamalice: je pense que vous saurez où vous plaindre.
25 mars 2014 à 23:21
Nathalie
@Rachel’s band
Pendant que l’on parle des problèmes vécus, les nonnistes se déchaînent pour rester en statu quo au lieu d’accepter une vraie modernisation.
Ils ont encore mis en ligne un faux Mooc consternant:
qui fait suite au précédent,
Et une horrible parodie que j’ai regardé trois fois, et à laquelle je ne comprends rien:
Qui sont Vince Burger et Mervin Doll?
Vous avez l’inside knowledge pour comprendre les clefs?
Nathalie
26 mars 2014 à 00:02
MCF27 (de Marseille)
A part Kevin Spacey qui a des faux airs de notre cher Yvon Berland marseillais, pas grand chose de marrant là dedans…
26 mars 2014 à 09:29
Marianne
Ben Vince Burger ca doit etre Vincent Berger ex président de Pris Diderot?
26 mars 2014 à 09:33
Marianne
@mixlamalice : pour le coup je comprends pas. En général on annonce qu’on est enceinte à trois mois de grossesse (je me demande même si c’est pas obligé à ce moment là) pour être sûre que le p’tit chou a bien décidé de se mettre en route (soit quatre/cinq mois avant le congé mat’). Donc pourquoi chez vous vous n’avez eu qu’un mois et demi pour vous retourner?
A priori vous auriez du pouvoir planifier ça dès le premier semestre ce qui fout pas la merde…. Et une nana enceinte à partir d’un moment ça se voit….
26 mars 2014 à 09:41
Marianne
@Jausephine : vous avez quel âge sans indiscrétion? Parce que vous pouvez peut être retarder votre maternité d’un an ou deux?
Sinon on a été plutôt pessimistes sur ce fil mais en fait je connais plein de nana qui arrivent à faire les deux : poupouning et recherche
La clé du truc c’est d’avoir un papa qui vous épaule vraiment et de ne pas bosser seule afin d’avoir des projets au chaud qui vous attendent au retour
En fait le sens de mon message c’est qu’une maternité ça se prépare et ça se planifie aussi du point de vue du boulot. Ca se réfléchit quoi…Mias je connais plein de nanas qui ont bien géré…
Perso j’ai été prag et enceinte pendant ma thèse…Et après avoir ramé je l’avoue (essentiellement car j’avais un directeur de thèse qui me savonnait abondamment la planche, rien à voir avec la maternité) j’ai maintenant un bon job dans une bonne fac, des collaborations intéressantes et je m’épanouis vraiment dans ce que je fais
Et il y a des domaines (style gestion) où il y a beaucoup de postes et où les opportunités sont nombreuses…Donc il ne faut pas forcément lâcher l’affaire
En fait la recherche est un job où il faut être avant tout coriace…Mais c’est un chouette boulot qui vaut le coup d’être tenté
26 mars 2014 à 09:47
Marianne
C’est d’ailleurs un truc que j’ai l’impression que les mecs savent mieux faire que nous : s’accrocher jusqu’au bout sans lâcher l’affaire, de temps en temps accepter de perdre sans jamais se décourager (ben les articles refusés et les galères ça arrive…bon moi j’ai eu ça à haute dose c’est pas le cas pour tout le monde) et en gardant confiance en soi.
Et ça j’ai l’impression que c’est la clé dans cet univers là…
26 mars 2014 à 09:53
Marianne
@maxlamalice
Si la nana accouche en aout elle est enceinte depuis début décembre donc effectivement début mars c’est le timing….Après 32H ça fait 10H/personne si vous êtes trois…Hum, hum ça me parait pas la mort même si vous avez déjà 50H sup….Vous seriez pas un peu râleur des fois?
Et par ailleurs vous pouvez pas la décharger l’année universitaire prochaine plutôt que cette année. Ce serait plus logique et plus pratique pour elle puisque c’est après qu’elle aura le loupiot? Pour le coup ce serait pas de l’arnaque : son congé mat doit être à cheval sur les deux années
26 mars 2014 à 10:48
nathalie
@Marianne
certes, il y en a toujours qui s’en sortent, mais quel pourcentage, et à quel prix ? Deux enfants, sans doute rapprochés, sans un poste permanent c’est quand même être très confiante dans ses capacités…, ou alors avoir l’envie et les moyens de tout déléguer au père (à la nounou, aux grands parents…).
Perso je regrette de n’avoir pas eu davantage de mise en garde quand j’étais jeune.
26 mars 2014 à 10:57
Marianne
@Nathalie
C’est pour ça que je lui conseille de voir si elle peut attendre un peu
Si elle vient juste d’avoir sa thèse en deux campagnes de candidatures elle devrait y voir plus clair
Après faut pouvoir, c’est vrai…Mais d’un côté lâcher l’affaire c’est pas mieux. Plus on aura de nanas qui s’accrocheront plus on aura de chances de faire évoluer le schmilblick….Et effectivement ça nécessite de pouvoir pas mal compter sur le papa…
26 mars 2014 à 11:07
mixlamalice
@Marianne: râleur, oui, je le suis.
Je ne souhaite pas m’étendre 40 ans sur un exemple particulier qui n’est pas spécialement intéressant et sur une remarque de 3 lignes qui se voulait au moins partiellement ironico-humoristique (et qui a visiblement raté sa cible, trop phallocrate pour ce fil de discussion).
Alors quelques détails et après j’arrête:
– C’est une ATER: elle ne sera plus là l’an prochain donc pas possible de la décharger l’an prochain.
– Comme je l’ai précisé, les enseignements finissent en juin, elle a déjà fait un certain nombre d’entre eux; les heures à « décharger » restantes ne sont pas si nombreuses, on n’a donc pas vraiment le choix (que ce serait-il passé d’ailleurs si tout son service avait eu lieu entre septembre et mars, comme cela arrive parfois?).
– Les enseignements dont elle peut être déchargée sont majoritairement des travaux pratiques, pendant lesquelles tout ou partie de l’équipe pédagogique intervient déjà également. Ceux qui n’intervenaient pas à la base peuvent aussi avoir une vie et donc ne pas être dispo à ces dates. Il n’y a donc pas nécessairement de remplaçant aisément disponible.
Bref, on va recruter un vacataire, se récupérer des heures en plus (qui font toujours un peu chier, en tout cas en ce qui me concerne), et on va s’en sortir, mais c’est un peu pénible à gérer avec des deadlines short notice dont je me serais bien passé. Je dirais la même chose d’un arrêt maladie ou d’une démission pour débuter un « vrai travail ». Ca ne m’empêche pas d’avoir de l’empathie ou tout autre sentiment adéquat, je parle juste du point de vue de « gestionnaire » (et franchement, les commentaires du genre « ben adressez-vous à vos services internes pour s’occuper de ça » sont peut-être légitimes dans le monde des bisounours à peu près au même titre que « le monde serait meilleur s’il n’y avait pas de guerre ni de famine », mais pas chez moi en tout cas).
26 mars 2014 à 11:07
Marianne
Abandonner quand on sent qu’on a les capacités de faire de la recherche c’est jamais bon. On reste avec des regrets…Et quand c’est un enfant qui vous a fait abandonner un job qu’on aimait bien ça me parait pas bien pour l’enfant non plus…Il est toujours celui pour lequel on a du renoncer
Et la nana de ce que je comprends a la possibilité d’aller dans le secondaire
Elle a donc capes ou agreg. C’est donc galère pour elle mais elle aura toujours cette porte de sortie là : prendre un poste dans le secondaire. Elle ne se retrouvera jamais sans taf’
Donc oui je lui conseillerai d’aller jusqu’au bout, d’attendre un an ou deux pour le gamin et d’essayer d’avoir un poste
Par contre quand vous dites « à quel prix » ben effectivement c’est pas simple…Pas simple pour la vie de couple, puisque beaucoup de choses pèsent sur le papa, pas simple financièrement (ben un ATER c’est pas bien payé et si on doit payer une nounou on raque) et pas simple pour la maman car avant de trouver un poste on en bouffe de la vache enragée…
Mais malgré tout ça me semble préférable à se dire cinq ou dix ans après : « j’aurais pu le faire, j’avais les capacités et je vois que d’autres qui se sont accroché(e)s y sont arrivés »
Avoir des regrets c’est ce qui me semble la pire des choses….
26 mars 2014 à 11:20
nathalie
Mais ça n’évolue pas du tout dans le sens « conciliation avec la vie de famille »: la recherche est de plus en plus concurrentielle, il faut plus de publis, des post docs plus longs, on ne parle que d' »excellence », on réfléchit au plus sûr moyen d’éliminer les non-publiants, etc…
Je trouve que ça n’a pas sens de s’accrocher pour le principe.
26 mars 2014 à 11:29
Marianne
Ben c’est pareil pour les mecs….sauf que culturellement ils vivent mieux (ou moins mal) l’aspect concurrentiel du job…Et j’en connais qui concilient avec la vie de famille. Je connais des papas investis qui assurent point de vue recherche et des mamans aussi. Et ça a un sens de s’accrocher pas pour le principe mais pour soi. Car quand on aime vraiment la recherche c’est pas indifférent de faire un job juste pour avoir un boulot plutôt que de faire un truc qu’on aime vraiment…S’épanouir vraiment dans son boulot c’est important pas accessoire. Sinon les post docs en math ca se fait entre vingt sept/trente ans. Ca laisse le temps d’avoir des enfants après. Mais c’est vrai que ça diffère suivant les disciplines….Le premier poste chez nous c’est vers trente ans
Par contre ça exige d’avoir un papa qui épaule la maman et vice-versa pour les mecs. Si la maman fait tout ben c’est tout simplement pas possible
Et faire des enfants en thèse OK c’est compliqué mais c’est pareil que de faire des enfants pendant ses études. Allez faire des enfants en prépa par exemple….
Après c’est aussi une question d’âge. C’est compliqué si on devient permanent à quarante ans comme en Allemagne….Dans un système de ce type les femmes avec enfants y en a pas…
26 mars 2014 à 11:30
nathalie
@Marianne
Mais on peut aussi regretter de n’avoir pas eu un enfant, ou tout autre choix; il faut arrêter de sacraliser la recherche et d’en faire une priorité absolue.
26 mars 2014 à 11:35
Marianne
C’est ce que je dis c’est une question d’âge. A partir du moment où on a un premier poste vers trente ans on peut parfaitement faire les deux quitte à décaler dans le temps…
Moi j’ai décalé mon deuxième parce que j’ai galéré vachement et effectivement si j’avais pas eu le deuxième j’aurais toujours regretté….
Il ne s’agit pas de sacraliser la recherche mais c’est un chouette job quand même….
26 mars 2014 à 11:36
nathalie
et ça reste un boulot où par exemple ça ne se fait pas de prendre un mi-temps, alors que si on est enseignant du secondaire ça ne pose pas de problème autre que financier.
26 mars 2014 à 11:42
nathalie
je pense que si c’était vraiment un « chouette job » on ne débattrait pas, entre autres, des X% de non-publiants.
26 mars 2014 à 11:44
Jausephine
Je lis l’échange avec intérêt. J’ai 32 ans déjà. j’ai une fille qui a 4 ans. Je ne serai qualifiée que l’année prochaine car ma soutenance est planifiée à l’automne. j’ai fait mas thèse pendant 5 ans. Je suis dans une section sinistrée dont les départements ferment les uns après les autres…
je peux partir dans le secondaire, oui, mais c’est vrai que ce serait par dépit.
Si j’attends d’avoir un poste pour avoir un 2e enfant, je peux encore attendre au moins 3 ou 4 ans… ça me paraît trop long…
26 mars 2014 à 11:49
Marianne
Je connais des nanas qui ont fait des 80%. Chez nous c’est quand elles ne veulent pas se faire refiler des heures sup et pouvoir bosser tranquilou la recherche….Après oui c’est un job prenant mais après c’est un choix. Et pour ce qui est de la recherche je ne connais de gens qui aient été fliqués.. sauf dans de très rares cas où les gusses abusent vraiment. On peut un peu avancer au rythme qu’on veut
Publiant en maths c’est deux articles sur quatre ans. Pas forcément facile dans quelques domaines particuliers (logique, domaines très abstraits) mais très largement faisable dans beaucoup de domaines des maths…Même une note au cras compte….
Donc oui c’est concurrentiel si on veut être au top mais faisable à un rythme pépère aussi si on veut lever un peu le pied pendant un temps
26 mars 2014 à 12:01
Marianne
@Jausephine
C’est toujours compliqué…En fait ça dépend aussi à quel point vous pouvez compter sur le papa et/ou la famille…..Peut-être aussi se poser la question d’évoluer vers un domaine connexe avec plus de débouchés
J’avais fait ça moi et ça a été payant…Ou alors planifier la naissance en juin/juillet ce qui permet de concilier les deux calendriers universitaire et familial et d’enchainer sur une garde en septembre…mais effectivement c’est pas simple!
Faut aussi faire attention à la date des auditions si vous pensez avoir des chances à la première campagne car des auditions enceinte ça va vous plomber. Dans ce cas faut programmer le p’tit bout en février/mars pour enchainer conge mat et garde.. Ou alors faut pas candidater la première année ce qui n’est pas forcément perdant si on doit étoffer son dossier
26 mars 2014 à 12:11
Marianne
@Jausephine
Et sinon c’est quoi le temps moyen des thèses chez vous?
26 mars 2014 à 12:17
Marianne
Si votre domaine est sinistré ils vont prendre plutôt des gens avec trois ou quatre ans de post doc donc ne pas candidater la première année de qualif ne parait pas absurde
Dans ce cas je privilégierai la solution p’tit bout en mai/juin/juillet pour pas se mettre à dos les collègues. J’essaierai d’être bien synchro avec les calendriers crèche/nounous et universitaire
26 mars 2014 à 12:21
Marianne
Mais je suis d’accord c’est jamais simple…
26 mars 2014 à 12:26
Marianne
@Nathalie
Les X% de non publiants ne sont pas toujours de pauvres chérubins. Ca peut être aussi des gens qui s’investissent dans l’administratif et qui aiment ça (chefs de département d’IUT…)
Moi mes collègues d’IUT non-publiants étaient loin d’être malheureux et ne subissaient pas du tout leur non publiance. La plupart avaient des tâches administratives qui pouvaient être chiantes mais c’était pas débectant non plus…Et dans mon labo actuel les non publiants se sont laissés décrocher certes mais ils ont la possibilité de raccrocher le wagon. Il y a une vraie politique de remise en selle des non publiants chez nous et cela ne se fait pas en stigmatisant les gens
Aux final des vrais non publiants malheureux j’en connais un ou deux pas plus et je doute que dans un autre contexte ils aient été plus épanouis
Par contre ils sont parfois emmerdés car ils ne peuvent pas muter comme ils veulent,aller en conf comme ils veulent ou se faire acheter un ordi…Donc oui c’est un chouette boulot car dans un autre boulot ces gens là se feraient virer…
26 mars 2014 à 12:30
Marianne
Les profs font en général chez nous des efforts pour aider les non publiants à se remettre en selle surtout les jeunes …Seuls un ou deux non publiants n’ont pas joué le jeu…Les autres l’ont fait. Ce ne sont pas des cadors mais ils n’ont pas d’emmerdes ni de pression excessive
26 mars 2014 à 12:31
Marianne
Et les profs chez nous déposent aussi en général des projets pour récolter de la thune dans lesquels ils intègrent (à petite dose, faut que le projet passe) des jeunes qui menacent de décrocher….Donc quand on a un minimum de bonne volonté chez nous ça le fait
26 mars 2014 à 13:42
Jausephine
@Marianne
chez nous, les thèses durent 4-5 ans. Je suis donc dans les temps. Il n’y a pas de post-docs ou très très peu dans ma section. Me faire qualifier rapidement vaut quand même le coup. J’ai bien conscience qu’arrivée enceinte aux auditions n’est pas forcément très favorable. Encore que… j’en connais qui ont été recrutées quand même (l’argument étant que le congé mat serait terminé à l’entrée en fonction)
pour ma fille j’ai déjà eu un congé mat’ qui se superposait aux vacances, comme je l’écrivais. et sincèrement, c’est très dur… parce que tout simplement le dernier mois du congé mat est amputé par la préparation de nouveaux cours… Quand on ne dort pas et qu’on a un nourrisson qui ne dort ni la nuit ni en journée, c’est à la limite du vivable. j’aimerais autant que ça n’arrive pas encore. Arranger les collègues je veux bien, mais la première fois, ma santé en a beaucoup souffert. Alors, je revois mes limites à la baisse.
Et puis, on peut essayer de planifier une grossesse, mais bon… décider quelque chose ne suffit pas. On peut espérer avoir un enfant qui naîtra en février-mars et finalement cet enfant n’arrivera qu’en mai. Le contrôle a ses limites…
Et enfin, j’ai un mari hyper présent. C’est grâce à ça que j’ai pu faire les voyages à l’étranger nécessaires à ma thèse, même en ayant un enfant. mais justement, le mari n’en peut plus de devoir prendre plus de 50% des choses à faire en charge pour que je puisse exercer un métier si peu rentable. C’est aussi à prendre en compte: le conjoint qui en a assez de se sacrifier… En fait ça peut marcher quelques années, mais quand on se rend compte que cette vie sera perpétuellement ainsi, ça rend fou.
Donc oui, le secondaire, avec la recherche comme hobby, quasiment… ça me rend triste parce que ce n’est pas ce que je voulais faire dans la vie. Mais justement, au bout de 6 ans de voyages hebdomadaires pour une paie si peu élevée et tant de contraintes… en effet, la recherche a un coût, mais pas forcément celui qu’on croit…
26 mars 2014 à 14:34
Marianne
Ben le bébé en juillet j’ai déjà fait aussi…Moi j’étais prag donc c’était pas très favorable non plus…J’avais 33 ans. Pas simple mais après chaque enfant est différent et le deuxième dormira peut être plus ou mieux….Après ne pouvez vous pas conserver votre service et/ou faire porter le congé mat’ sur l’année d’après la naissance . C’est ce que j’avais fait…Ca m’avait ramené à un service de 172H (congé mat’+décharge) mais j’étais prag…
S’il y a peu de post doc dans votre section par contre ça vaut le coup d’attendre un an car vous serez vite fixée de ce que je comprends et 33 ans ce n’est pas trop tard pour mettre en route un bébé…surtout un deuxième.
C’est vrai que mes deux enfants ont six ans de différence…Ca me faisait un peu peur. Mais je me rend compte que même si la relation est différente (le grand est vraiment un grand frère) ils communiquent quand même pas mal tous les deux…Le grand a pris son rôle très au sérieux et veut tout lui apprendre et le petit aime bien son grand frère…Ils partagent des choses même s’ils ne jouent pas aux mêmes jeux
Pour ce qui est du conjoint qui en a ras la patate de se sacrifier ben je connais aussi…Pas simple pour le conjoint on est bien d’accord…Moi je faisais ma thèse avec un sacré c.. qui faisait tout pour me savonner la planche et je pétais pas mal les plombs ce qui se rajoutait aux contraintes d’organisations…Donc ça a été dur…
Après c’est faux de dire que la vie sera perpétuellement ainsi. Quand on est en poste effectivement c’est pas le monde des bisounours mais à force on finit par avoir moins de temps de préparation et par ailleurs la pression à la publication est nettement moins importante pour les permanents. Et on choisit avec qui on bosse et ce sur quoi on bosse. Vous n’aurez pas ça dans un autre boulot…
26 mars 2014 à 14:41
Marianne
Et par ailleurs la recherche en hobby c’est pas si simple….On y pense quand on rame. Moi aussi j’y ai pensé mais j’ai fais ça en tant que prag et c’est dur…C’est pas juste une question de temps c’est qu’on vous prend pas au sérieux….Et ça ça fait qu’il est dur de collaborer et d’échanger avec des gens car on n’est pas in et les gens savent pas où vous caser….
26 mars 2014 à 16:08
Jausephine
tout cela est vrai…
Cependant, je ne suis pas prag. En tant qu’ATER, mon contrat est renouvelé tous les ans (ou pas). Je ne peux pas demander de décharge sur l’année suivante, puisque je ne sais même pas si année suivante il y aura.
Je comprends qu’il serait peut-être plus raisonnable d’attendre dans le cas où l’on serait sûr d’avoir un poste permanent l’année suivante. C’est ce que je ferais si c’était vraiment mon cas. Mais rien ne dit que je serai recrutée l’année prochaine, ni l’année d’après, ni même l’année suivante. Je peux attendre encore longtemps, même si j’ai un bon dossier. C’est cette incertitude en plus des contraintes matérielles qui rend la situation si inextricable.
J’espère en effet, comme vous le dites, que cela ne dure pas. Mais c’est pourtant que ce témoignage laissait entendre (ce que je trouve effrayant): même avec un poste de titulaire, il peut être très difficile de concilier maternité et travail d’universitaire. Je pensais naïvement que mes difficultés personnelles étaient liées à mon statut précaire. En fait, pas uniquement. c’est ce qui me laisse un goût amer.
26 mars 2014 à 16:12
nathalie
@Jausephine
sauf avis médical contraire, je suis d’accord avec Marianne sur un point : vous pourriez attendre pour avoir un 2e enfant. De plus, toutes considérations carriéristes mises à part, une telle différence d’âge présente pas mal d’avantages : un enfant de 6-7 ans dort en général bien, est moins souvent malade, est relativement autonome. Du coup gérer les deux est moins fatigant. Dans 10 ans, vous n’aurez pas 2 ados grincheux à la maison; dans 20 ans, vous n’aurez pas à entretenir 2 étudiants simultanément (ruineux).
Et comme le dit mix c’est pas facile pour une équipe de gérer le congé mater d’une post doc, quelle que soit sa bonne volonté : le contrat a une deadline, on ne peut donc pas tout décaler de 4 mois, on ne va pas prendre un remplaçant sur cette durée, on n’a pas sous la main quelqu’un de compétent et disponible pour faire le boulot prévu, etc.
Et dans 1 an ou deux vous aurez déjà une idée plus claire des perspectives de recrutement.
@Marianne
vous avez décidément bien de la chance avec votre labo et votre recherche…
26 mars 2014 à 16:41
Jausephine
@nathalie, oui.
à ceci près que dans un an ou deux, si je ne suis pas recrutée, je me dirai qu’il faut peut-être encore attendre, car sait-on jamais… je n’aurai pas une meilleure visibilité que maintenant.
26 mars 2014 à 16:50
nathalie
Faire une première série de candidatures permet de se faire une idée : comment êtes vous classée, est ce que les retours sont encourageants, etc. Vous aurez moins de regrets d’avoir essayé si ce projet vous tient à coeur.
26 mars 2014 à 19:10
marianne
Ben donnez vous deux campagnes de candidatures pour le loupiot
Ca vous fait une mise en route a trente quatre ans….c est carrement pas la mort!
Moi mon deuxieme je l ai eu a trente neuf ans….
Et vous y verrez forcement plus clair. Ca permet d evaluer son dossier. On a toujours des retours en off de son dossier
Faut s accrocher….et oubliez le temoignage de la nana
Son experience me semble tres personelle…..je connais son labo, j y ai postule et j ai ttravaille avec une fille qui y a fait sa these….mon conseil :on oublie. La recherche c est dur si on est sur un siege ejectable ou si on veut progresser ou si on veut de la thune…
26 mars 2014 à 19:35
Marianne
Et si on ne veut rien de tout ça et qu’on est permanent et juste qu’on escroque pas totalement le système c’est un des boulots les plus peinards que je connaisse…
@Nathalie
Ben en thèse je me suis mangée tous les connards…et des champions du monde…J’ai tout eu : les mails d’insulte d’une nana dont j’ai prolongé les travaux, mes premiers exposés où je me faisais incendier alors qu’il est super important de se faire connaitre positivement, les articles tous refusés en même temps (certains plusieurs fois) et donc tous à reprendre avec ma décharge qui s’arrêtait juste à ce moment là (deux cent heures de plus d’un coup) et mon gamin d’un an, ma chef de département d’IUT qui a pété les plombs parce qu’on sortait ensemble le soir avec les jeunes collègues du département et qu’elle était pas invitée…Bon j’ai donné…..Alors là oui maintenant je pense être carrément bien tombée…Mon mari me dit que c’est juste des gens normaux moi je touche du bois et me disant que c’est carrément trop bien….Mais aussi j’ai appris à éviter les bras cassés et les planches pourries d’entré de jeu…L’expérience quoi…
D’un côté être sympa, faire confiance aux gens et les laisser bosser tranquilou sauf pour ceux qui abusent , vous croyez pas que c’est plus intelligent et que ça marche mieux?
29 mars 2014 à 16:15
Astronaute en transit
Le débat est intéressant, mais les femmes universitaires affrontent-elles des conditions par rapport à la maternité et à la garde des enfants vraiment plus adverses que les autres professionnelles de haut niveau? Il y a peut-être des différences de moyens: on soupçonnera les entreprises privées, surtout les grosses, d’avoir la capacité financière pour mieux se doter de crèches, assurer les remplacements… que le « pauvre » service public, mais ce qui paraît plus l’objet de discussion ici c’est plutôt la culture… et il est intéressant (même si je crois déjà en avoir eu l’écho par des amies) de voir à quel point c’est impitoyable… et surtout de femme à femme.
Une autre interrogation qui survient de cet échange porte sur la notion de service. La maternité est un frein à la production en recherche puis en publication, et je crois lire qu’on estime que si cela avait un peu moins d’importance dans l’évaluation du « service » cela irait mieux. Je ne peux m’empêcher de remarquer que ce service est celui de fonctionnaire et certes les mauvaises évaluations sont pénibles cela ne débouche pas pour autant sur un risque de chômage… à la différence de ce que connaissent les vacataires amenés pendant les congés maternité et renvoyés aussi secs…
Le cours que j’ai dispensé pendant cinq ans à l’Inalco m’a été retiré sans crier gare. On m’informait qu’une femme assez qualifiée, et surtout, fonctionnaire, m’y succèderait, et qu’elle revenait d’un congé maternité. Ma boss était une femme, et la directrice de l’établissement aussi. Je ne crois pas devoir leur en vouloir de cette décision sans doute mue par de la solidarité et le souci d’offrir cette opportunité de reprise à cette collègue que je ne connais pas et qui a peut-être très bien fait le travail. Je ne suis pas non plus de ces hommes qui n’acceptent pas que des femmes soient plus capables qu’eux. Donc pas question de jalousie sur ce point, la maternité ne devrait pas léser quelqu’un professionnellement, c’est clair à mes yeux; je note pourtant que la grande différence entre nous était moins le sexe que le statut, puisqu’on pouvait facilement m’écarter sans ressentir la moindre obligation à mon égard pour cinq ans de bons et loyaux services, alors que l’appartenance à la fonction publique garantit toujours un point de chute dans l’enseignement français quoi que l’on ait fait et où que l’on soit.
29 mars 2014 à 20:47
Sylvain
@Astronaute: Si je partage votre condamnation de la précarité dans le monde académique, avec des gens qui peuvent perdre leur poste malgré leurs années de « bons et loyaux services », je tiens à pointer qu’il est est faux que « l’appartenance à la fonction publique garantit toujours un point de chute dans l’enseignement français quoi que l’on ait fait et où que l’on soit » : j’ai un exemple de première main d’un enseignant-chercheur qui a perdu son poste après quelques années de mauvais et déloyaux services.
29 mars 2014 à 20:56
mixlamalice
@Sylvain: Ca alors, ça me la coupe, j’aimerais bien savoir ce qu’il avait fait. J’ai un exemple de première main de chercheurs « seulement » mis à pied quelques mois pour s’être battus dans une salle de chimie, provoquant intervention de pompiers, évacuation de quelques centaines de personnes, et envoi d’une dizaine à l’hôpital pour malaises…
29 mars 2014 à 21:13
Sylvain
@mixlamalice: Sans entrer dans les détails, la réponse ne devrait pourtant étonner personne : du point de vue de l’administration, on vous pardonnera tout, sauf de ne pas faire votre service complet d’enseignements.
29 mars 2014 à 22:58
mixlamalice
Oui, je veux bien imaginer que la est le risque le plus grand… mais j’ai aussi vu au moins 2 ou 3 cas (en grandes écoles il est vrai) de « placardisés totaux », qui ne faisaient ni recherche, ni leur service en enseignement. On les avait mis sous les combles ou au bout du couloir, mais la direction ne cherchait pas (plus) à les virer (la mise au placard étant sans doute une incitation à ce qu’ils démissionnent, comme ça peut se faire dans le privé, ou à défaut demandent une mutation).
30 mars 2014 à 05:10
Marianne
Euh ben d’un côté un gars à qui on ne demande rien ni enseignement ni recherche et qui peut glander pépère chez lui en étant paye vous êtes sur qu’il démissionne??
30 mars 2014 à 05:15
Marianne
@astronaute
Un congé de maternité pour celles qui jouent le jeu c’est quatre mois
Donc ça ne devrait pas être un frein à la publication (du moins si on regarde à l’échelle d’une carrière)
Et sinon oui bien sur le statut joue beaucoup. Lorsque je suis passée de prag à mcf on s’est mis à prendre en considération ce que je faisais alors que moi je n’avais pas réellement changé….question de statut. Je suis dans le circuit, je fais partie des meubles…
C’est ce que j’essayais d’expliquer à Jausephine….
30 mars 2014 à 11:01
Marianne
@mixlamalice
Et dans l’ESR on mute pas….En maths c’est moins compliqué qu’ailleurs car c’est moins contraignant qu’en physique pour s’intégrer dans un labo mais si on est un boulet (pas de publis par exemple) c’est mission impossible
Les seuls cas de mutation que je connaisse sont ceux de gens actifs…Et encore faut pas être trop actif car on se dit que vous allez vous barrer ailleurs pour passer prof….Donc placardiser un collègue ça sert à rien, ça le rend dépressif et c’est encore pire car à ce moment là on récupère ses enseignements…Ce que font les gens en général c’est refiler les tâches administratives aux non publiants. Mais pas trop, sinon le gusse fait des arrêts maladies…Donc, c’est ce que je disais à Jausephine par la force des choses on ne peut pas trop mettre la pression aux gens…
30 mars 2014 à 11:07
Marianne
@Sylvain : moi quand je suis arrivée en poste on m’a dit qu' »à part si je violais un élève (et encore)…, je ne serais jamais virée. »…
Et quand à faire son service OK, mais à l’intérieur des dit CM ou TD on peut faire (quasi)-n’importe quoi…Il suffit de dire que les étudiants sont nuls et d’avoir deux ou trois blagues à ce propos et le tour est joué.. sauf si on est en IUT ou en école d’ingé où là les étudiants sont pris en compte. D’ailleurs on reconnait ceux qui sont passés par un IUT ou une école d’ingé à ce qu’ils prennent en considération l’enseignement……Donc je suis OK (une fois n’est pas coutume) avec ce que dit l’Astronaute
30 mars 2014 à 12:30
Jausephine
merci pour les conseils, Marianne et Nathalie.
Cela donne à réfléchir.
Il me semble qu’attendre un hypothétique recrutement pour avoir ses enfants peut être d’une part une souffrance personnelle et d’autre part assez risqué en raison des conditions de recrutement actuelles. je prendrais le risque d’attendre 5 ou 6 ans et de regretter.
Il n’y a pas de solution vraiment satisfaisante à mes yeux. Sauf peut-être le changement de sexe?
30 mars 2014 à 13:20
mixlamalice
@Marianne: si la placardisation est assez largement employée un peu partout, c’est qu’elle peut être assez efficace. Rien glander ça va bien un moment, mais sur le long terme c’est un peu délicat à assumer psychologiquement vis-à-vis de son propre ego et du regard des autres. Surtout quand des tas de petites vexations sont la pour vous faire sentir que vous êtes une grosse merde et qu’on aimerait bien que vous dégagiez « de votre plein gré ». Les quelques personnes que j’ai rencontrées dans ce cas, dans le public comme dans le privé, ne semblaient pas le symbole de l’épanouissement, en dépit de ce que vous pensez croire. Donc oui, ça arrive qu’ils finissent par dire basta et démissionner (et pour la boîte, dans le cas du privé, c’est plus facile que de devoir trouver une bonne raison pour licencier).
Après, j’imagine qu’on doit pouvoir en trouver qui s’en accommodent, mais ça ne me semble pas si évident a priori.
30 mars 2014 à 14:15
marianne
@Jausephine
Si vous changez de sexe pour avoir des enfants c’est plus dur……..
Bon courage 3t essayez de faire au moins une campagne de candidature. C’est idiot de ne pas essayer une fois…
1 avril 2014 à 22:05
Lisa
Bonjour,
J’ai suivi vos discussions avec intérêts, notamment le fait de planifier une grossesse. Ce n’est pas si simple pour tout le monde. Cela faisait 5 ans que mon mari et moi que nous essayions d’avoir un enfant et je viens tout juste de tomber enceinte après de lourds traitements médicaux etc. Plus nous aurions attendu et moins nous aurions eu de chance d’avoir un enfant.
J’apprends donc cette grossesse en même temps que la campagne de recrutement de MCF.
Pensez-vous que je doive annoncer aux membres de la commission ma grossesse, alors qu’elle sera d’à peine 3 mois et donc pas « viable » à 100% ?
En tant que MCF peut-on effectuer son service complet, sans aménagement, s’il s’agit d’un choix personnel ?
Je vous avouerais que je ne m’inquietais pas plus que cela il y a quelques jours, mais en tombant sur ce blog et sur les réactions de certains, tout est remis en question …
1 avril 2014 à 22:17
Rachel
@Lisa, franchement il faut toujours se méfier des conseils qu’on peut lire dans les blogs (et celui-ci encore plus que d’autres !). Bien entendu il ne faut pas l’annoncer aux comités de sélection.
2 avril 2014 à 00:17
Marianne
@Lisa : bien sûr qu’il faut pas l’annoncer! C’est une évidence et à trois mois ça se voit pas
Si on vous demande quand vous êtes en poste pourquoi vous l’avez pas dit vous direz que c’était pas sûr…Et pourquoi donc ne pas vouloir prendre son congé maternité????Quelle étrange idée. Prenez le au deuxième semestre, ça laissera aux gens le temps de s’organiser
2 avril 2014 à 08:27
Lisa
Je n’envisage pas de ne pas prendre mon congé maternité (nov. à fév.) mais je me demandais s’il était possible de faire en sorte que j’effectue mon service complet (sept/oct et à partir de mi février) afin de ne pas mettre dans l’embarras le département à la rentrée, lorsque les collègues découvriront ma grossesse (car les EDT seront déjà établis).
Je m’inquiète des réactions telles que celles de certains plus haut, du genre : « Elle a nous a bien eu, elle savait qu’elle était enceinte, elle n’a rien dit et maintenant elle nous met dans la m*rde ! »
2 avril 2014 à 08:54
mixlamalice
J’imagine qu’il s’agit d’une paraphrase de l’une de mes réactions, et franchement si c’est le cas ce n’est pas ce que je voulais dire…
Mais baste.
Donc je confirme, non il faut pas le dire à l’audition. Il y aura bien le temps d’aviser en cas de réponse positive pour un poste. Et oui, il faut prendre son congé mat et la décharge qui va avec et faire valoir ses droits si ce n’est pas automatique (au pire, prendre la décharge et faire une partie en heures sup si on veut aider les collègues), on fait suffisamment de trucs à l’oeil pour pas s’en rajouter.
2 avril 2014 à 11:16
DM
Dites, s’agissant d’un recrutement d’enseignant-chercheur sur 30+ ans, n’est-il pas assez peu pertinent de tant se préoccuper d’un éventuel désordre d’emploi du temps pendant sa première année en poste?
2 avril 2014 à 11:47
mixlamalice
Ce serait une bonne remarque s’il n’y avait pas un nombre de candidatures « crédibles » très largement supérieur au nombre de postes réellement ouverts, et si on avait des moyens de vraiment juger l’impact à long terme (j’ignore ce qu’ils pourraient être, mais clairement, avec des auditions de 30mns couplée, la plupart du temps, à une absence de « politique de recherche à long terme » dans les labos, c’est pas optimisé).
Bref, il me semble que dans les cas que je connais (dont je n’ai pas de raisons de soupçonner qu’ils ne sont pas globalement représentatifs), c’est plutôt « tout ce que vous direz pourra être retenu contre vous ». Et il me semble que comme dans une étape de montagne du tour de France, l’écrémage se fait le plus souvent (quand ce n’est pas un poste à moustaches) par l’arrière que par l’avant (eg on élimine jusqu’à ce qu’il n’en reste qu’un ou deux ou trois puis si besoin on choisit, plutôt que « un nom ressort largement du lot et les autres on les classe mais ils sont loin derrière »).
3 avril 2014 à 19:39
Lisa
Merci pour vos réponses.
A votre avis, quand serait le bon moment pour l’annoncer (dans le cas où je serais classée bien évidemment) ? en juin lors de l’acceptation du poste ou en septembre ? car si je ne m’abuse, la signature du contrat ne se fait qu’en septembre ? (j’imagine que le contact entre l’équipe en place et le MCF nouvellement recruté est assez « léger » avant septembre ?)
4 avril 2014 à 01:21
marianne
En general quand on est nomme on prend contact en juillet pour connaitre son service etc….c’est la ou il faut le dire
Et j ai une collegue qui a ete nommee PR cette anne et qui vient juste de partir en conge mat….personne ne lui en veut!
15 avril 2014 à 15:41
Hélène
Je ne sais pas si cela a été mentionné (désolée trop de commentaires et pas le temps de tous les lire), mais une circulaire du 30 avril 2012 définit maintenant clairement la mise en place de congé maternité ou maladie pour les enseignants à l’université et ceci doit s’appliquer dans toutes les universités. Cette circulaire est une révolution car elle fixe un cadre, à nous maintenant de faire valoir nos droits.
Voici le lien de la circulaire:
http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/pid20536/bulletin-officiel.html?cid_bo=60265&cbo=1
27 février 2015 à 11:35
Claire
Bonjour,
Comment présenter son service annuel (sur un CV par exemple) lorsqu’il y a eu un congé maternité ? faut-il le préciser? merci
27 février 2015 à 12:19
Marianne
Sur un cv je mettrais les enseignements sur une période globale genre les trois années de la thèse et je mettrais « Mariée ou pacsée ou rien, x enfants : **né(e) le et ** né(e) le »
Je mettrais pas le congé maternité ds le cv. Le gars devine que s’il ya eu des enfants il y a eu congé mat’…Je le me