Notre mot « salaire », nous vient du latin, en souvenir, dit-on, de l’importance essentielle du sel pour les anciens Romains: la rétribution qu’ils touchaient, par exemple pour le service militaire, était censée leur permettre l’acquisition de ce précieux produit d’assaisonnement et de conservation. Aujourd’hui, bien sûr, on parle plutôt « pouvoir d’achat », et ce n’est pas vraiment la boite de gros sel marin qui fait référence, mais rien n’empêche de s’intéresser, en ces périodes de comparaison internationale, aux salaires des enseignants universitaires autour du monde. Lors de mon séjour sur T1852, j’avais d’ailleurs eu l’occasion d’aborder le sujet, notamment pour les présidents d’universités américaines (lire ici).
Une nouvelle étude vient d’être publiée concernant vingt-huit pays, dont l’édition de l’International Herald Tribune de lundi rendait compte (lire ici).
Cinq chercheurs affiliés au Center for International Higher Education (Philip Altbach; Liz Reisberg; Maria Yudkevich; Gregory Androushchak; Ivan Pacheco) publient chez Routledge l’ouvrage Paying the Professoriate qui se veut une étude comparative des salaires, conditions d’emploi et régimes sociaux des enseignants universitaires dans un certain nombre de pays aux situations très différentes, aussi bien des pays développés qu’en développement ou dits émergents. Ce n’est pas Shanghai ou QS, ni même PISA, mais c’est intriguant. Je n’en n’ai pas encore vu d’écho dans la presse française.
La comparaison s’est faite avec la conversion des sommes en dollars américains, ajustés au pouvoir d’achat moyen dans le pays, et avant impôts. On évalue aussi la gamme des salaires, entre rémunération à l’entrée et à la fin de la carrière. L’étude a révélé quelques surprises, et les auteurs s’efforcent aussi d’en tirer quelques conclusions sur le niveau de considération sociale dont font l’objet les universitaires dans leurs pays respectifs que ces rémunérations pourraient suggérer.
Le tableau est publié par l’IHT, vous y verrez que la France se situe en seizième position sur vingt huit, ce qui parait médian, mais cela la met en deça de plusieurs de ses partenaires des grands pays développés et des pays de l’Union européenne en particulier.
Première place: le Canada (une lampée de sirop d’érable en tournée générale) qui a pour dauphins l’Italie et l’Afrique du Sud (2ème et 3ème respectivement). Il est intéressant de remarquer que le salaire d’entrée canadien (un peu en dessous de 6000 USD mensuels) correspond pratiquement au salaire de fin français, en fait presque trois fois supérieur au salaire d’entrée français. Le salaire de fin canadien se situerait entre 9000 et 10000 USD, là presque deux fois supérieur à un salaire de fin français. L’Italie présente semble-t-il la gamme la plus étendue de rémunérations, avec un salaire d’entrée un peu en dessous de 4000 USD et allant jusqu’à 9000 USD en fin, donc presque un triplement, et c’est aussi une caractéristique de l’Afrique du Sud.
En 4ème position vient l’Inde, en 5ème les États-Unis et en 6ème l’Arabie Saoudite. Le prochain pays européen le mieux classé après l’Italie est la Grande-Bretagne (7ème) avant les Pays-Bas (9ème) et l’Allemagne (11ème) cette dernière prétendant un écart entre salaires d’entrée et salaires de fin remarquablement faible allant de 5000 à un peu plus de 6000 USD mensuels, c’est une progression plus faible que la française.
Trois pays non européens précèdent immédiatement la France, dans l’ordre, Nigéria, Malaisie, Argentine. La France devance (cocorico!) le Japon, Brésil, Colombie, Turquie, Tchéquie… et surtout on trouve loin derrière les salaires de Russie (27ème) et de Chine (26ème), ce dernier cas étant un peu étonnant d’autant plus qu’elle est précédée par l’Éthiopie!
Détail intéressant, au Mexique apparaissent des rémunérations en nature: prime de mariage (!) et même « en bonus de Noel, deux bouteilles de cidre brut et une dinde congelée ». En décembre prochain, je sais déjà ce que je vais réclamer si j’ai retrouvé un travail!
Les auteurs concluent que les universitaires chinois ont le pouvoir d’achat le plus médiocre. Il faut relever que deux d’entre eux sont Russes et du coup l’intérêt de l’étude se porte beaucoup sur la comparaison entre les pays du BRICS, présentés comme la partie la plus visible du monde émergent. cela explique une autre conclusion importante de l’étude, celle du brain drain et du brain gain. La Russie et aussi la Chine ont ainsi perdu un nombre considérable de leurs universitaires partis à l’étranger, et ce en dépit d’une tradition académique et scientifique pourtant bien visible et reconnue. ces pays connaissent aussi un phénomène qui est celui de l’exercice d’un second métier par les enseignants pour compléter leurs fins de mois. La faible progression des salaires allemands expliquerait aussi un désintérêt pour la profession universitaire par rapport aux carrières de l’industrie.
Le compte-rendu mentionne enfin que le livre traite, mais de façon plus rapide et moins détaillée, est le recours général aux temps partiels et autres formules d’emploi avec rémunération horaire et pas de bénéfices sociaux. L’un des auteurs constate que 70% des enseignants d’Amérique latine exercent dans ce régime, et la moitié des nouvelles recrues aux États-Unis.
Un grain de sel?
53 commentaires
Comments feed for this article
4 avril 2012 à 21:32
Petit cerveau
Vous avez l’air en pleine forme, Astronaute, mais attention, a la « league tableitis », cette maladie tres contagieuse qui semble se repandre en France (du moins selon l’ancien directeur de la LSE qui donne cours a Sciences po).
A part ca, pas vu passer cette interessante comparaison dans la presse britannique non plus. Peut etre dans le THES de demain?
http://www.timeshighereducation.co.uk/story.asp?sectioncode=26&storycode=419482&c=1
« The principal answer is that the French have acquired a bad case of league tableitis – a virulent disease with no known cure that they picked up in Shanghai. French politicians simply cannot bear the fact that none of their institutions figures in the top 30 of the Shanghai Jiao Tong Academic Ranking of World Universities. The top French institution last year was Paris 11, which appeared one notch below the University of Maryland, College Park (40th). It is a national disaster, even worse than losing at home to England in the RBS 6 Nations. »
4 avril 2012 à 21:38
Helios
Ce qui serait intéressant aussi c’est de comparer l’évolution dans le temps.
Autrement dit les professeurs (et les autres enseignants) voient-ils leur situation par rapport au reste de la société s’améliorer ou se déteriorer ?
En ce qui concerne la France la détérioration est considérable. On le voit dans l’étude de Bouzidi-Jaaidane-GaryBobo
Cliquer pour accéder à fonctionnaires06e.pdf
qui malheureusement s’arrète en 2004.
Et là pour les MCF
http://nicolas.tentillier.free.fr/Salaires/index.html
c’est pas la joie.
4 avril 2012 à 21:42
Rachel
Il faut convenir que le salaire n’est pas mirobolant quand on débute une carrière d’EC, en particulier quand on est en région parisienne. Heureusement, tout s’arrange très vite quand on passe PR1 …
4 avril 2012 à 21:47
DM
@Rachel: Et au niveau d’un PR1, combien gagne un prof canadien? :-)
4 avril 2012 à 22:12
Rachel
Je connais plusieurs collègues qui complètent leur salaire par des heures dans les boites privées d’enseignement, le soir … le phénomène de l’exercice d’un second métier par les enseignants pour compléter leurs fins de mois n’est donc pas réservé qu’aux chinois ou russes. D’autres sont très accros aux heures sup, quitte à mettre en péril leur carrière de chercheur …
Au fait, Astronaute, sur un autre sujet, avant que j’oublie encore une fois, je me suis renseignée au sujet des possibilités de vote à l’université pour les soutiers de l’université. Il y a deux conditions (1) il faut faire au moins 64 heures eqTD (2) faire la démarche d’une inscription sur les listes électorales.
4 avril 2012 à 22:15
Astronaute en transit
@ Petit cerveau, vous noterez que je rends compte d’une étude qui n’a pas été entreprise sur une initiative française, et qu’il ne figure pas de Français parmi les cinq co-auteurs. Il est certes un peu en vogue de ne pas prêter attention aux résultats de comparaisons internationales, mais il m’a semblé que celle ci confirmait une situation qui est déjà, de toute façon, perceptible et reconnue: le métier d’universitaire est rémunéré assez chichement en France, et on ne parle même pas encore ici de la situation des personnels précaires. Je pense que tous ceux qui auront eu l’occasion d’exercer à l’étranger auront vérifié d’eux-mêmes les écarts de salaire qui existent. J’ai beaucoup mieux gagné ma vie à T1852; plus récemment, en Allemagne, la rémunération était presque aussi médiocre qu’en France.
4 avril 2012 à 22:24
Petit cerveau
Je vous suis sur tous ces points, Astronaute, mais il y a quand meme quelque chose qui m’etonne dans cette etude: la tres bonne place des italiens, alors que beaucoup ont emigres (ils peuplent une grande partie des departements britanniques dans ma discipline). Ceux que je connais dise que c’est tres magouille en Italie. Donc, ca serait un systeme un peu corrompu mais qui payerait bien ses EC? Vous avez plus d’information?
4 avril 2012 à 22:24
Astronaute en transit
Merci de l’info Rachel: je n’ai manifestement pas le droit de vote! (pas assez d’heures)
4 avril 2012 à 22:30
DM
@Petit Cerveau, Astronaute: Je suis moi aussi étonné par la très bonne place des italiens. Souvent, quand je discute avec des collègues italiens :
– ils se renseignent discrètement sur les jobs en France
– ils se plaignent de leurs salaires très bas (malgré des titres ronflants)
– ils disent que c’est magouilles et compagnie en Italie
4 avril 2012 à 22:56
FBLR
Comme d’habitude les allemands sont très intelligents: il faut des salaires très élevés en début de carrière, quand les gens sont les plus motivés.
Ne pas mettre une grosse différence de salaires permet de faire le tri entre les chasseurs de primes (qui ne vont publier que pour leur avancement et pas pour l’honneur de l’esprit humain) et les « moines-soldats » :-)
Bravo les teutons, encore une fois…
4 avril 2012 à 22:59
Petit cerveau
DM, un economiste de Bocconi racontait ca tres bien,
http://didattica.unibocconi.eu/myigier/index.php?IdUte=49621&idr=7923&lingua=eng&comando=Apri
C’est malheureusement un peu date, avec peu de documents en anglais (mais vous lisez peut etre l’italien).
5 avril 2012 à 06:52
olivierboubaolga
Les chiffres présentés sont certes intéressants, mais il faudrait une double comparaison (ce que font les auteurs, c’est évoqué dans l’article pour certains pays) : i) comparer les pays les uns par rapport aux autres, ii) comparer le niveau de rémunération d’un EC par rapport à la rémunération moyenne au sein de chaque pays.
Pour approcher ce point, les auteurs divisent la rémunération moyenne par le PIB par tête. On apprend alors que la Russie est le seul pays de l’échantillon où ce ratio est inférieur à 1 (il est de 0,6) ; à l’autre extrême, le ratio est de 23 pour l’Ethiopie.
Certains résultats m’étonnent aussi, il faudrait avoir plus d’infos sur les données mobilisées.
5 avril 2012 à 10:36
Astronaute en transit
@ Olivier, dans l’article, un lien est donné au livre renfermant l’étude, mais ce lien ne conduit qu’au site de vente en ligne. J’imagine que l’ouvrage doit offrir plus d’informations sur la conduite de cette étude et ses résultats que le compte rendu.
5 avril 2012 à 10:47
Astronaute en transit
L’Italie est, selon cette étude, l’un des pays qui présente le plus grand écart entre salaire d’entrée et salaire de fin de carrière. A l’entrée, le salaire est beaucoup plus bas qu’au Canada, qui le précède immédiatement; en fin de carrière ils sont presque équivalents.
On peut supposer qu’en fait, peu d’enseignants italiens parviennent à évoluer rapidement de ce grade du début à celui de la fin. Les informations données dans cette article ne comprennent pas la proportion d’enseignants exerçant dans chaque catégorie salaire par pays, ni une indication de combien de temps faut-il pour évoluer d’une catégorie à l’autre. J’ai aussi signalé que cette étude ne prend pas en compte les cas des nombreux personnels supplétifs dont les rémunérations n’entrent même pas dans cette grille.
Il n’y a pas non plus d’information sur le niveau supposé de corruption de l’administration auquel vous faites allusion Petit cerveau et DM.
5 avril 2012 à 11:22
Francois Garçon
L’ouvrage est à paraître et il faut donc se résoudre au résumé qu’en livre le NYT. Qu’y lit-on? En matière de salaires, le Canada domine le pac mondial suivi par … l’Italie. Et là, on se pince. On a compris qu’il s’agissait d’une vaste blague. Dans l’Università truccata, paru il y a deux ans, Roberto Perotti prof à la Bocconi a démontré la vérole qui frappe tout l’enseignement supérieur italien, et pointé les salaires de misère des enseignants-chercheurs qui émigrent en masse. Les réactions interloqués du blog tendraient à prouver que l’information est connue hors la péninsule. Poursuivons: les salaires des profs en Inde serait supérieur à ceux des Britanniques, des Américains, et des Hollandais. Et là, on se repince…Et puis la Suisse, dans la liste? Salaire brut annuel d’un prof ordinaire: 240 000 francs, soit 200 000 euros. Bref, l’ouvrage s’annonce vraiment ébouriffant.
5 avril 2012 à 13:39
Septime
L’Italie ne se retrouve pas à la même position dans les données produites par l’Institut Universitaire Européen de Florence :
5 avril 2012 à 13:41
Septime
http://www.eui.eu/ProgrammesAndFellowships/AcademicCareersObservatory/CareerComparisons/SalaryComparisons.aspx
5 avril 2012 à 14:53
Astronaute en transit
J’ai trouvé moi aussi dommage de ne pas inclure la Suisse dans cette étude; y manque aussi, de façon à pouvoir mieux juger de la situation en Asie orientale, la Corée du Sud.
Il est peut-être utile de rappeler, en se basant sur le compte-rendu, que le propos de l’étude ne semble pas être d’indiquer dans quel pays se trouvent les meilleurs salaires et conditions de travail. Dans ce sens, que l’Italie se trouve à cette place de leur classement ne revient pas à affirmer que c’est un pays où il fait bon travailler. Le titre du compte rendu est bien « Professors glory in status but not in salary » et indique bien que le propos général est d’affirmer les rémunérations médiocres qui prévalent dans ce métier. Se concentrant sur le seul cas des salariés d’universités publiques, les auteurs voulaient apparemment pointer les disparités de traitement entre des universitaires enseignants et des chercheurs; ils voulaient aussi mettre en évidence le fait que les salaires de ces universitaires, partout, sont modestes par rapport à la perception de l’enseignement supérieur comme un secteur stratégique pour le développement… d’où leur concentration sur le cas des pays « émergents », notamment les cas russe et chinois, en voulant expliquer l’importance du « brain drain » dans ces pays alors même qu’ils connaissent une croissance enviable. Ils concluent aussi que les salaires d’entrée offerts dans les « pays développés » (donc y compris ceux qu’on trouve en tête de classement) ne sont, à la longue, pas assez attractifs, d’autant que les coûts de la vie y sont aussi plus élevés.
Je cite l’article: « …the authors warn that ‘Japan, Germany, Israel and the United States’ will find it harder to attract young talent in the future, unless salaries at the lower end of the hierarchy improve’ »
Pour compléter cette étude, outre le fait d’y inclure encore d’autres pays, il semble vraiment nécessaire d’inclure les salaires d’universités privées et d’incorporer les personnels à statut précaires.
5 avril 2012 à 17:08
François
Si vous voulez des chiffres sérieux, allez voir le rapport OCDE Regards sur l’Éducation 2011 page 440 (même si le tableau concerne les enseignants du secondaire; il doit y avoir une certaine corrélation entres salaires dans le secondaire et le supérieur sauf pour quelques vedettes de haut vol dans certaines. universités). En général les statisticiens de l’OCDE sont sérieux (à la différence des personnes qui donnent chez eux des interprétations de leurs chiffres, qui sont souvent contestables car pleines d’a priori souvent idéologiques).
Leur méthode :
» Les salaires bruts sont convertis d’après les valeurs du PIB, des parités de pouvoir d’achat (PPA) et des taux de change tels qu’ils figurent dans la Base de données de l’OCDE sur les comptes nationaux. »
Ça ressemble à la méthode « décrite » dans l’article de l’IHT, mais les résultats sont bien différents.
Pour arriver à de tels résultats aberrants, le Center for International Higher Education ne semble pas avoir un personnel de bien haut niveau. Peut-être sont-ils mal payés …
5 avril 2012 à 17:34
Septime
@François
Avant de pouvoir prendre connaissance du livre cité et de la méthodologie, vous pouvez consulter l’étude de 2008 du CIHE sur le même sujet ; elle porte sur moins depays mais elle contient des explications sur la méthode et les sources des données utilisées dans les différents pays. Les travaux précédents du CIHE sont très rigoureux de mon point de vue.
5 avril 2012 à 17:35
Septime
http://www.bc.edu/content/bc/research/cihe/publications/centerpubs.html
5 avril 2012 à 19:06
François
Différence France Italie.
En Italie, les impôts des salariés sont prélevés à la source et le taux est très élevé (il faut bien compenser la fraude généralisée des non-salariés).
Inversement en France le taux d’impôt direct à ces niveaux est un des plus bas du monde occidental (les autres impôts rapportent énormément).
Le CIHE a vraisemblablement pris en compte des salaires avant impôt direct, ce qui majore les salaires apparents italiens.
Il se peut aussi qu’ils aient pris en compte des revenus annexes, qui paraissent plus élevés en Italie qu’en France.
5 avril 2012 à 22:51
FBLR
Ayant des amis qui travaillent/ont travaillé au Canada et en France, il faut sacrément corriger les chiffres présentés pour le Canada. En effet, la retraite n’est pas incluse dans ce chiffre d’après mes sources. C’est quand même la moitié du salaire (différé, donc) d’un EC français, tant qu’il n’y aura pas alignement des régimes publics/privé en termes de retraites.
Et là, ce n’est plus du tout le même discours…
5 avril 2012 à 22:59
FBLR
La Suisse est clairement le meilleur endroit où devenir prof, modulo les différentes étapes de la carrière (après 5 ans, après 15ans) où la position est remise en question.
Un petit bémol: la Suisse est un pays où le coût de la vie est très élevé (Zürich, par exemple est 2 à 2,5 fois plus chère que Paris !), donc à moins d’avoir l’objectif de vivre chichement puis de revenir en France avec le capital accumulé, je ne suis pas sûr que les écarts de salaires réels soient si importants.
5 avril 2012 à 23:10
PR27
Et puis, si un PR2 payé 3100 net/mois râle, il voudrait en gagner 4500 net/mois, il pourrait (1) faire son dossier de PES (2) faire son dossier de PR1 (3) faire des heures sup (4) se dire qu’il râle contre les inégalités dans son pays mais lui qui est déjà dans la partie haute aimerait gagner plus…. hum…
5 avril 2012 à 23:16
marianne
Moi je connais une nana pr en France détachée en suisse son salaire est net de 12000e par mois
Je vous rassure pour ce prix elle doit se loger et s engager à apprendre l allemand
Sinon qd on est prof ds une fac on à une obligation de résidence et la suisse c est cher
En plus un truc ft il n’est pas tenu compte c que ds certains pays il n y à pas de mcf
Donc si l étude n intègre que les pr les gens st bien payés
Pour moi l Italie c cohérent il n y à que très peu de postes permanents niveau mcf ex bcp veulent aller en France
Par contre si on à un poste permanent on est gd boss rv super bien paye
6 avril 2012 à 00:07
FBLR
@PR27
J’aime bien votre rappel de 4): il est toujours scandaleux de voir des EC, bien souvent « égalitaristes » se plaindre de gagner 2 à 4 fois le salaire médian. S’ils voulaient vraiment être en accord avec leurs idées, ils pourraient rétrocéder la différence entre leur salaire et la moyenne -ou la médiane- au fisc…
7 avril 2012 à 22:43
Tom
Et si on parlait du traitement des CR du CNRS par rapport aux MCF ? Il est vraiment curieux de constater que les CR (dont je fais partie malheureusement) sont sous-payés… D’où cela peut-il venir ? On est moins bon ?… On travaille moins ?
7 avril 2012 à 23:40
Rachel
Tom, si je lis bien les grilles indiciaires, les CR et les MCF commencent au même indice (ce qui est parfaitement anormal, j’en conviens, étant donné que les MCF travaillent deux fois plus que les CR … ).
8 avril 2012 à 08:24
PR27
Souvent, les CR/DR ajoutent que les concours MCF/PR sont plus faciles que CR/DR, ce qui est plutôt vrai dans mon domaine (ailleurs, je ne sais pas). Il m’est arrivé, sous le coup de la fatigue, de leur répondre qu’ils auraient pu passer les concours MCF. Ils répondent souvent à demi-mot que l’enseignement…un peu, ça va, mais bon…. donc je suppose que les MC ont une indemnité pour le dédoublement de personnalité qui leur est imposé. Dans la compétition de la recherche, on n’a pas l’impression d’être à égalité. Peut-être un jour, un quota d’ANR, de PEPS, de projets EU réservé aux EC (sans délégation, détachement etc…). Mais bon, je plaisante, je suis d’accord avec Tom, il faudrait baisser le salaire des MC pour égaliser.
8 avril 2012 à 09:07
PR27
@FBLR : les EC pousseraient l’égalitarisme jusqu’à demander que cette rétrocession ne se fasse pas sur la base du volontariat (pour la transformation de l’impôt en charité, voir avec Bernadette C., c’est pas mon rayon), mais concerne tout le monde. On lit ici ou là qu’à l’INRIA, les seniors ont une PES de 9000€. Au motif d’ « attractivité », on augmente des inégalités de manière décomplexée, mais il est vrai que vient l’heure du va-tout.
8 avril 2012 à 10:52
Astronaute en transit
Le vrai égalitarisme, ça serait de mettre tout ce beau monde au régime vacataire (paie horaire, pas de charges sociales, contrats de 6 mois). Après ça, même les Italiens ne voudraient pas venir bosser ici!
8 avril 2012 à 10:57
PR27
C’est l’avenir, Astronaute. C’est ainsi que ça fonctionne pour les assistants de vie scolaire, par exemple. Avril : 2 semaines de vacances=demi-paie. Ce qui retient le ministère de le généraliser, c’est qu’aller tous les matins sur le marché à 6H00 regarder quels travailleurs ont de belles dents, c’est compliqué et ça prend du temps. Juste un point technique : ce que vous appelez « charges », ce sont bien les cotisations ?
8 avril 2012 à 16:26
Astronaute en transit
Ce que j’appelle les cotisations, c’est ce que les employés ont à verser; les charges, ce qui revient aux employeurs.
9 avril 2012 à 17:54
FBLR
@astronaute @PR27
En étant plus réaliste, on pourrait réclamer que l’état provisionne les engagements sociaux qu’il doit à ses agents, et que les « cotisations » alors prélevées correspondent enfin à quelque chose. A l’heure actuelle, ce ne sont que des retenues sur salaire sans véritables justifications.
N’oublions pas, que si les salaires *nets* perçus sont bas, leur valeur totale, est deux à trois fois plus importante (en début de carrière notamment), pour une personne moyenne de l’enseignement supérieur (i.e. qui ne mourra pas à 55ans d’un cancer du pharynx), compte tenu de l’espérance de vie de la strate, et des règles actuelles de la retraite des agents publics…
Après, tout est affaire de choix.
9 avril 2012 à 17:56
FBLR
@PR27
J’étais ironique pour la rétrocession.
Mais qu’une personne appartenant au top 1% de la population (un couple de PR2 par exemple) tenir des propos révolutionnaires, c’est tellement amusant…
9 avril 2012 à 19:36
Astronaute en transit
@ FBLR: justement, les vacataires ne sont pas des agents, alors il est facile pour l’État de ne rien leur devoir!
10 avril 2012 à 09:19
theobroma
@ Rachel : Les CR2 et les MCFcommencent au même indice, mais les CR2 sont bloqués 4 ans dans leur grade avant de pouvoir prétendre à une promotion en CR1. Cela signifie aussi que les conditions de reclassement dans le corps sont plus mauvaises : avec 7 ans d’ancienneté (thèse et postdoc compris) on est classé à l’indice majoré 673 quand on est MCF, mais 564 en CR2 et on perd le reliquat d’ancienneté. Puis, pendant les 4 ans nécessaires à la promotion, les CR2 restent bloqués au même indice. Le fait que les grilles indiciaires commencent au même indice n’est donc pas suffisant pour évaluer la rémunération des deux corps. En plus, vous seriez contente au CNRS : il n’y a pas d’heures sup ! Bref, au final, je pense qu’on peut dire que la rémunération d’un jeune CR est inférieure à celle d’un jeune MCF. En tant que CR, je ne trouve pas ça complètement anormal vu la charge de travail et la pression qui pèsent sur les épaules des MCF, même si c’est un peu rageant de ne pas avoir de progression de salaire pendant 4 ans. Comme les CR2 sont recrutés de plus en plus vieux, il y en a beaucoup qui se font vraiment avoir avec cette barrière de grade (qui n’existe plus pour les MCF).
10 avril 2012 à 18:49
DM
@Rachel: Jetez par exemple un coup d’œil aux grilles DR et PR, vous verrez que, si les indices sont identiques l’avancement d’échelon est plus rapide en PR que DR ; par ailleurs, il est il me semble moins difficile de passer PR1 que DR1.
@PR27: Dans mon cas, ce n’est pas l’enseignement, mais la gestion kafkaïenne de celui-ci. Je vois mes collègues enseignants-chercheurs se battre pour qu’un secrétariat enregistre une réservation de salle, pour que des ingénieurs systèmes consentent à faire fonctionner une salle de TP, pour qu’un prestataire externe soit payé, que la commande soit effectivement faxée etc. Toutes sortes qui devraient aller de soit et ne pas nécessiter l’intervention d’enseignants-chercheurs à bac+8.
@theobroma: Ce que vous dites sur les indices est effectivement exact, mais d’un autre côté, le dossier recherche d’un CR1 postulant sur un poste de PR2 est en général bien supérieur à celui d’un MCF d’âge équivalent, du simple fait qu’il n’avait que cela à faire.
10 avril 2012 à 23:12
Rachel
J’en reviens pas ! voilà que les agents CNRS jalousent les EC et leur salaire mirobolant ! Vous n’avez qu’à militer pour une fusion des deux corps, ainsi on sera tranquille ! moi je n’ai rien contre …
10 avril 2012 à 23:51
DM
@Rachel: Qui parle de jalousie ou de militer pour quoi que ce soit ? Je me borne à constater des faits !
La fusion des corps, pourquoi pas, mais c’est assez délicat dans les détails (que faire des vieux CR1 ? les passer MCF HC ?). Ça ne règle aucunement le problème de fond, à savoir que les e-c passent trop de temps à gérer l’enseignement, et que cela est notamment dû à une insuffisance de support technique et administratif de qualité.
11 avril 2012 à 11:46
Rachel
@DM et tout les autres CNRS, consolez-vous car gagner moins que ses collègues rend plus heureux: http://www.lexpress.fr/emploi-carriere/emploi/gagner-moins-que-ses-collegues-rend-heureux_1102137.html
11 avril 2012 à 19:18
Astronaute en transit
Moi, ça me fait rire d’avoir lancé la discussion sur une comparaison internationale des salaires universitaires (ok, on a compris que les résultats étaient contestés), et on aboutit à une dispute sur les grilles de salaires entre différents corps de fonctionnaires français!
11 avril 2012 à 20:31
theobroma
@ Rachel : comme je l’ai dit plus haut, je ne suis pas malheureux, pas besoin de me consoler. J’apportai juste un peu de précision à votre remarque sur l’égalité des indices de début de carrière des CR et des MCF, mais je ne voudrais pas vous empêcher de privilégier des arguments plus émotionnels. On dirait que quand il s’agit des HC des MCF (que j’ai aussi défendu ici-même précédemment) ou du CNRS, votre argumentation devient tout d’un coup plus pulsionnelle !
11 avril 2012 à 20:35
Petit cerveau
Well spotted, Astronaut!
11 avril 2012 à 23:23
Rachel
@theobroma, je ne savais pas ces différences d’avancement d’indices, je les découvre … rien d’émotionnel là dedans et le ton adopté était surtout léger, peut-être trop léger pour ces sujets qui restent importants. Quant aux heures complémentaires, je reste résolument contre.
13 avril 2012 à 01:52
FBLR
@Astronaute
En étant vacataire, normalement, vous cotisez pour votre protection sociale. Ce qui n’est justement pas le cas pour l’agent permanent. C’estt donc une rémunération différée.
13 avril 2012 à 01:55
FBLR
@Astronaute
Dans l’enseignement supérieur, les vacataires n’assurent qu’un tiers des heures de cours :-)
Marrant que les Prag assurent aussi 1/3, alors qu’ils sont considérablement moins nombreux que les EC…
13 avril 2012 à 10:13
Astronaute en transit
@ FBLR: vu le montant de la cotisation, prise sur une rémunération horaire limitée par fiat administratif, excusez moi de ne pas ressentir ça comme une rémunération différée, et le fait d’appartenir à une catégorie qui n’assure qu’un tiers des heures de cours n’est pas une consolation non plus.
13 avril 2012 à 10:42
francebib
@dm :
» Ça ne règle aucunement le problème de fond, à savoir que les e-c passent trop de temps à gérer l’enseignement, et que cela est notamment dû à une insuffisance de support technique et administratif de qualité. »
c’est peut autre aussi car les fonctions supports sont payées au lance-pierre et en sous effectif ? cette situation est criante en particulier pour les informaticiens. il y a aussi de réel problèmes d’organisations à l’université. Le CNRS réduit doucement mais surement les fonctions supports, mécaniquement c’est au personnel de recherche qu’incombera des missions administratives…
13 avril 2012 à 10:51
DM
@francebib: Ce n’est pas simplement une question d’effectifs, il y a sans doute aussi la question de la lourdeur des procédures et des duplications d’efforts. Il n’est pas rare que la même activité soit gérée doublement, avec un service local à un UFR et un au niveau global de l’université (voire en inter-universitaire), avec des fichiers non synchronisés…
Prenons un exemple pratique : il y a des secrétariats qui gèrent les autorisations d’absence des e-c. Pourquoi faut-il une telle autorisation en sus d’un ordre de mission ? (Je vois UNE justification : l’om est délivré par un directeur de laboratoire qui peut n’avoir aucune idée des contraintes d’enseignement… mais j’ose supposer que le cas des e-c qui demanderaient des om sans se préoccuper de déplacer/annuler/remplacer leursa enseignement est anecdotique, et de toute façon dénote un problème de fond bien plus grave.)
13 avril 2012 à 11:40
PR27
Merci DM pour ces remarques concrètes. Ca me paraît répondre bien plus aux vrais problèmes que des considérations sur l’autonomie conceptuelle des universités….
14 avril 2012 à 00:02
FBLR
@DM @PR27
Et l’impossibilité de savoir qui décide sur une tâche.
Le souvenir de la tentative d’évolution du site web d’un labo à Paris 1 m’était apparu incroyable. Kafka n’aurait pas trouvé mieux pour réalisé son livre. Sans compter que l’université finit par payer une entreprise de conseil hors de prix pour un travail minable tres inférieur à ce qu’aurait pu faire les EC…