these180secLe concept semble bien fonctionner si on en croit la multiplication de l’opération ici et là, dans le cadre de doctoriales ou de concours régionaux. Le principe est simple : le doctorant doit raconter sa thèse en 180 sec avec comme support une seule slide, devant un auditoire souvent scientifique mais très divers (de la biologie, des SHS, des maths …). Ce n’est évidemment pas un exercice facile car une thèse est consacrée à un sujet hyper-spécialisé souvent inaccessible au commun des mortels.

Bien entendu le concept fait grincer des dents et on entend ici et là les donneurs de leçons nous expliquer qu’une thèse ne peut pas être expliquée en 180 secondes et qu’on verse là dans la « science spectacle », l’artifice, pour ne pas dire la pitrerie. C’est par exemple le cas de Guy Birenbaum dans une chronique sur Le Huffington Post (lire ici).

Monsieur Birenbaum est docteur et nous explique doctement que sa soutenance a duré 4 heures (avec une pause pipi). Je pense qu’il n’a certainement pas compris que l’opération « thèse en 180 secondes » ne correspond en rien à une soutenance de thèse, mais un exercice de style, un « défi » qui ne se fait pas juge de la qualité des travaux mais cherche à travailler un « emballage ». Pour lui, cette opération est « totalement cosmétique et artificiel, une ineptie cumulant les trois faillites de notre époque: la vitesse, le vernis et la communication ». […] « Dans cet univers étourdissant d’accélérations, de clashs et de crashs permanents, il reste quelques espaces préservés, dont la recherche, où la vitesse, le pitch, le vernis, la communication, le « paraître ne sont pas les valeurs qui dominent. Peut-on continuer à leur donner le temps? ». Nul doute qu’il trouvera son public. Le plus drôle c’est qu’il est (ou a été) chroniqueur radiophonique, dont une qui s’appelait « Deux minutes net » sur Europe 1. Deux minutes, c’est 120 secondes, pas 180, certes …

Pour ma part, j’encourage mes doctorants à savoir raconter leur sujet et travail de thèse sous différents formats, dans différentes configurations (1) raconte ta thèse à ta grand-mère (2) raconte ta thèse à tes amis autour d’une bonne bière (3) raconte ta thèse à un directeur de labo qui peut avoir un poste à pourvoir prochainement (4) raconte ta thèse au meilleur spécialiste du domaine dans le couloir d’une conférence internationale (5) etc …