Dans les diverses contributions aux assises de l’ESR, il y a quelques points qui font large consensus. C’est par exemple le cas du thème de « l’empilement de structures » ou du « mille-feuille institutionnel ». Cette complexité du système français concerne aussi bien la recherche que la formation, chacun étant une sorte de monstre à deux têtes. Pour faire dialoguer cet ensemble, on a créé une multitude d’interfaces avec des tutelles différentes, chacune demandant des moyens financiers pour fonctionner, son propre fonctionnement administratif ou juridique. Bref au final, ça donne un paysage illisible, couteux et incohérent.
Beaucoup de contributions s’accordent pour dire qu’il faudrait simplifier le paysage. Mais là où ça se complique, c’est que peu de contributions proposent des solutions concrètes au problème. Supprimer des choses, oui mais quoi ?
Les rares propositions concrètes sont issues de la mouvance noniste, par un appel à la suppression d’un grand nombre d’entités jugées nocives : AERES, ANR, bidulex, LRU, RCE. C’est un peu comme un appel à revenir comme c’était avant. Avant c’était cool, il n’y avait pas de massification (et les étudiants étaient triés par le bac), y’avait pas de chômage ainsi on pouvait s’engager dans ces études le cœur léger pour « faire ses humanités » (se forger le cœur et l’esprit, comme disait mon collègue Micromégas), et les universités se laissaient gentiment piloter par les EPST pour le volet recherche. La belle vie, quoi …
Assurément les assises vont mettre fin à ce chaos institutionnel, car rappelons qu’ « il s’agira donc d’aller vers la simplification et la coopération, l’idée étant de dépasser les deux coupures historiques entre les universités et, d’une part, les écoles, d’autre part, les organismes de recherche » (source ici, résumé du premier bilan d’étape des assises).
Le grand jour approche !
6 commentaires
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20 octobre 2012 à 12:35
Le « Mille-feuille institutionnel » : un constat partagé mais peu de solutions concrètes au problème | Enseignement Supérieur et Recherche en France | Scoop.it
[…] Dans les diverses contributions aux assises de l’ESR, il y a quelques points qui font large consensus. C’est par exemple le cas du thème de « l’empilement de structures » ou du « mille-feuille institutionnel ». Cette complexité du système français concerne aussi bien la recherche que la formation, chacun étant une sorte de monstre à deux têtes. Pour faire dialoguer cet ensemble, on a créé une multitude d’interfaces avec des tutelles différentes, chacune demandant des moyens financiers pour fonctionner, son propre fonctionnement administratif ou juridique. Bref au final, ça donne un paysage illisible, couteux et incohérent. (…) – Gaïa Universitas, 20/10/2012 […]
20 octobre 2012 à 14:34
Astronaute en transit
En fait, les propositions de suppression ne visent pas tant à « simplifier le paysage » qu’à éliminer toute instance de contrôle qui exigeraient que les fonctionnaires de l’ESR prennent leurs responsabilités et rendent des comptes de leur travail en tant qu’agents publics. Il n’est pas étonnant que les seuls nonistes semblent avoir un avis là dessus. Pendant de nombreuses années ils ont intimidé avec succès toutes les personnes du métier qui penseraient autrement qu’eux. C’est la même histoire un peu partout quand il s’agit de réformer le « service public » ou l’État lui-même (voir le serpent de mer autour des départements et des 36000 communes) n’oublions pas que ce mille-feuille a d’abord été créé pour être plutôt… un fromage, fournissant des emplois (nombreux mais pas toujours justifiés) à la clientèle des politiques. Simplifier le paysage cela impliquerait de reconnaître des sureffectifs évidents ici et là, et comme l’emploi de ces personnes est censé être à vie…
Dans d’autres fils nous avons observé différents angles où l’on pourrait élaguer: le niveau géographique, mais aussi à l’intérieur des structures mêmes, notamment leur administration.
20 octobre 2012 à 16:05
François
Ceci s’inscrit dans un problème général de la société française, qui sait (même si c’est souvent avec beaucoup de difficultés) créer de nouvelles structures pour répondre à de nouveaux besoins, mais se montre incapable de supprimer les anciennes devenues inutiles (sauf si une contrainte économique insupportable le lui impose).
L’exemple vient de haut : l’État transfère l’ENA de Paris à Strasbourg, mais cette dernière continue à utiliser les deux sites pendant une dizaine d’années, jusqu’à ce que le site parisien soit repris par … Sciences Po.
On construit un nouvel immeuble pour la Bibliothèque nationale, mais celle-ci continue à utiliser les deux sites de Richelieu et Tolbiac.
De même dans le secteur économique : partout dans le monde la tendance est à déménager les hauts-fourneaux au bord de la mer : on le fait à Dunkerque et à Fos … mais on conserve Florange jusqu’à ce qu’un Indien siffle la fin de la partie.
21 octobre 2012 à 00:20
DM
@Astronaute: Des sureffectifs évidents où?
21 octobre 2012 à 13:37
Zerafshan
Une des causes est la rigidité des structures juridiques qui implique la création continue de nouvelles structures pour permettre l’existence d’institutions qui sont presque identiques. Par example, la discussion sur un nouveau statut capable de répondre aux besoin des PRES (une évolution des EPCS) aboutira probablement à simplement ajouter encore un type de structure – pour donner une idée de la complexité la FCS Saclay devra créer un PRES afin de devenir une EPCS! (et tout ceci dans un premier temps)…
Il suffirait de créer un statut « université » qui puisse intégrer les GE, les Universités, les FCS et EPCS, les Grands Établissements, etc. et qui permette à chacun de conserver la flexibilité nécessaire pour remplir des fonctions différenciées. … Ce serait intéressant de voir si les nonistes seront toujours aussi intéressés par la « simplification » dans ce cas…
21 octobre 2012 à 16:58
jako
Puisqu’on parle d’empilement et de gaspillage d’argent public, voilà un bel exemple en vue:
« Sur les allées Jules-Guesde, aux n°39 et 41, les premiers chantiers du futur Quai des Savoirs commencent cet automne. C’est au 41 que s’installera, en 2014, la direction du Pres Université de Toulouse, aujourd’hui logée au 15 rue des Lois. Le bâtiment de 9 000 m2 totalement rénové deviendra alors le centre névralgique de la future Université de Toulouse (UT). Sur trois niveaux, il abritera la direction et les services administratifs du l’UT, autrement dit l’instance qui, à terme, regroupera et dirigera les 17 établissements membres du Pres et qui en 2014 seront fondus en quatre « collèges ». Ce déménagement symbolique, dans un bâtiment centenaire qui fut le siège de la faculté des sciences, s’accompagnera d’une véritable métamorphose. Sous l’impulsion de sa nouvelle présidente Marie-France Barthet, le Pres élargira ses missions. « Le 41 » deviendra ainsi un lieu d’accueil pour tous les jeunes qui désirent s’informer sur les cursus universitaires, les carrières scientifiques et la recherche, mais aussi sur leur vie étudiante (logements, transports). Il construira des ponts avec le monde de l’entreprise, les chercheurs, les étudiants étrangers… Bref, un futur lieu incontournable ! » (p.4)
http://www.toulouse-metropole.fr/documents/10180/283842/TMI28.pdf/a44c6216-2bcd-46db-bc10-8628e3b3225a
P.S. @DM : il ne faut pas vous formaliser outre mesure : « noniste », « fonctionnaire » sont des chiffons rouges agités régulièrement à la manière dont Marine excite ses ouailles avec les étrangers : chacun sa tête de turc… Ca permet à des mecs comme celui-ci de s’exciter à peu de frais:
http://www.huffingtonpost.fr/2012/10/18/un-cadre-orange-employee-sncf-altercation-querelle-gare-viroflay_n_1976765.html