Les six premières sections du CNU (droit privé, droit public, histoire du droit, science politique, sciences économiques et sciences de gestion) connaissent depuis très longtemps (de 1855 pour le droit à 1974 pour la gestion) un statut dérogatoire du recrutement de professeurs des universités. Ce dernier, l’agrégation du supérieur, déroge au modèle de recrutement existant dans les autres disciplines, qui veut qu’un MCF, après des années d’expérience et de publications, soutienne une HDR, se fasse qualifier par le CNU puis soit recruté comme PU dans une université. Dans les sections 1 à 6, un MCF tout juste docteur peut, théoriquement, postuler au concours d’agrégation et devenir PU. En réalité, la norme semble être de réussir l’agrégation au deuxième essai entre 4 et 8 ans après sa soutenance de thèse. La moyenne d’âge des néo-professeurs de droit, économie et gestion est donc beaucoup plus faible que celle des autres disciplines.
Avec la LRU et l’autonomie des universités, la contestation de cette forme de recrutement des PU a pris de l’ampleur, avec des pétitions et un soutien de certains syndicats majoritaires dans l’enseignement supérieur (mais pas parmi les PU et MCF des sections 1 à 6).
Plusieurs reproches récurrents sont faits à l’encontre de l’agrégation du supérieur :
- C’est un système de recrutement réputé opaque, favorisant selon ses détracteurs le copinage et le clientélisme, dans des disciplines où le nombre de MCF qui passe l’agrégation est faible (environ 75 candidats à la dernière agrégation externe de gestion et 60 candidats à l’actuelle agrégation interne de gestion) et où tout le monde se connait ;
- C’est un système qui empêcherait le pluralisme, l’exemple donné étant la plupart du temps celui de l’économie où seule la pensée libérale serait désormais représentée parmi les PU ;
- L’insuffisante appréciation des qualités en recherche des candidats, au détriment des qualités de rhétorique, est également reprochée aux concours d’agrégation, du fait de la jeunesse des candidats qui, de facto, ne peuvent qu’avoir un dossier de publications léger, et à cause de la forme des épreuves, des leçons « en loge », qui ne mesurent en rien les qualités de chercheur ;
- On reproche enfin à l’agrégation du supérieur d’être une anomalie, à la fois au niveau international (aucun autre pays ne la reproduit) et au niveau national (elle génère une inéquité de fait entre les enseignants-chercheurs des sections 1 à 6 et les EC des autres disciplines, au mépris de la loi selon certains), dans un contexte où l’autonomie des universités devrait pouvoir leur permettre de recruter leurs PU, ce qui n’est pas le cas puisque les lauréats des concours d’agrégation interne et externe choisissent leur lieu d’affectation en fonction de leur classement.
De mon point de vue, seul le dernier argument anti-agrégation tient véritablement la route. Contre le premier argument, on ne peut que sourire quand on connait les conditions dans lesquelles on devient professeur par la voie classique, que ce soit en sciences dures ou en SHS. Comme si l’agrégation était le règne du copinage et du mandarinat et que les recrutements de PU dans les autres disciplines ne donnaient pas lieu à clientélisme, népotisme et petits arrangements ! Par ailleurs, il faut être cohérent : si on affirme que l’agrégation du supérieur n’est pas un « vrai » concours, il faut élargir cette affirmation au pseudo concours de recrutement des MCF où, là aussi, les dés sont souvent pipés.
Le second argument, s’il semble avéré en science économique, est toutefois douteux dans la mesure où le président du jury d’agrégation (qui choisit les membres de son jury) est nommé par le pouvoir politique : les pouvoirs politiques changeant régulièrement de bord, ils sont normalement à même d’amener à choisir des membres de jurys favorisant alternativement différents modes de pensée.
Le troisième argument me semble tout simplement erroné. Les PU recrutés par voie d’agrégation, au moins sur les derniers concours de gestion, ont presque tous une vraie légitimité scientifique. Par ailleurs, la valeur n’attendant pas le nombre des années, certains MCF peuvent mériter de devenir PU très jeunes, là où d’autres auront besoin de beaucoup plus d’années pour faire leurs preuves, si tant est qu’ils en soient capables. A l’argument qui insiste sur la désincitation au travail des jeunes PU (ils sont déjà au sommet) et des MCF (passé un certain âge on n’a plus aucune chance d’avoir le concours externe, celui qui donne le plus de postes, sans compter les MCF non mobiles qui refusent de passer le concours de peur d’être envoyés à l’autre bout de la France du fait d’un mauvais classement) qui serait la conséquence des concours d’agrégation, on peut opposer l’incitation à rester au sein du service public pour des jeunes MCF brillants qui, sans cette possibilité de passer professeur jeunes, seraient encore davantage tentés par des carrières dans le privé (entreprise ou école de management) ou à l’étranger.
Reste le dernier argument, imparable. On ne peut pas vouloir l’autonomie des universités et empêcher celles-ci d’avoir le dernier mot sur leur recrutement. Autonomie et agrégation sont, de fait, antinomiques. Néanmoins, à l’heure actuelle, qui peut dire que les universités sont réellement autonomes du pouvoir politique ?
Cela dit, la position du syndicat SupAutonome, qui défend mordicus le concours d’agrégation, est risible (mais on rit jaune) quand on sait à quel point ce syndicat a construit son pouvoir sur sa capacité à influencer le MESR dans le choix des membres des jurys et à pousser les petits copains ayant des dossiers recherche souvent faméliques à devenir professeurs des universités.
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60 commentaires
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19 janvier 2014 à 10:55
Docjus
L’agrégation du supérieure est à l’origine l’agrégation de droit, et ce sont les juristes qui la défendent avec le plus de véhémence. Cela s’explique évidemment pour les raisons que vous avez mentionnées mais également du fait que les juristes peuvent très facilement partir dans le privé, l’agrégation permettrait ainsi de conserver des gens brillants avec un traitement convenable de PU et non le traitement de MCF. Il faut ajouter à cela un argument sociologique, l’universitaire juriste est en relation avec les grands corps de l’Etat et les juridictions, or ces institutions sont composées d’individus qui tirent leur légitimité de concours très difficiles (ENA, ENM etc.). On sait à quel point le concours est une élément cardinal en France, d’une certaine manière la suppression du concours d’agrégation et la légitimité qui va avec est vue par de nombreux universitaires juristes comme une perte de légitimité et de prestige de leur profession.
19 janvier 2014 à 12:21
Rachel
@Docjus, j’avais entendu dire les enseignants-chercheurs en droit avaient souvent une activité parallèle rémunérée (donc le plus de leurs enseignements et recherches), et qu’il y avait donc cumul de deux sources de revenu. Ai-je bien compris et si oui, quelle est la nature et l’ampleur (en temps et en revenu) de cette activité parallèle ?
Par ailleurs, je ne comprends pas pourquoi l’agrégation du supérieur est considérée comme élément incontournable pour garder des gens brillants avec un salaire de PU. Cette possibilité serait parfaitement permise par un recrutement classique des PU, comme dans les autres disciplines. De plus, avec la LRU, il est possible de donner des primes pour venir compléter le salaire de base (et les facultés de droit ne sont pas connues pour être les plus pauvres.
Enfin, une question : quel est l’âge moyen des lauréats à cette agrégation du supérieur pour devenir PU ?
19 janvier 2014 à 13:10
marianne
En maths, il n y a pas d agreg du superieur et poyrtant passer son hdr six ou sept apres sa these est relativement courant (surtout quand on a ete CR avant)..passer prof avant 35 ans n est pas non plus irrealiste
Comme quoi pas besoin d agreg du superieur
19 janvier 2014 à 13:12
marianne
Et en maths, on arrive a garder la majorite des gens bons en france…
Eventuellement certains vont al inria ou font des contrats s ils veulent des sous…
19 janvier 2014 à 13:57
Gueux
@Marianne: Les pré-requis pour passer l’HDR en math ne sont pas les mêmes que dans d’autres disciplines. En math, HDR signifie « avoir démontré que l’on est capable de faire des maths tout seul » et non pas « avoir démontré que l’on est capable de faire faire des maths aux autres ». Passez à la deuxième définition et vous verrez augmenter le temps moyen nécessaire à l’obtention de l’HDR.
19 janvier 2014 à 16:42
Anne Lavigne
Un autre argument : c’est un concours très coûteux à organiser, en temps et en argent. D’une certaine manière, il relève plus du rite initiatique que d’un recrutement de compétences (pédagogiques, scientifiques, d’animation et de prise de responsabilité). Le recrutement de droit commun n’est peut être pas plus vertueux, mais en tous cas, il est moins coûteux. Et puis, présenter comme argument dans la pétition que le concours permet de recruter des professeurs plus jeunes que dans les autres disciplines me semble être le comble dans l’exploitation d’une rente ! Si vraiment les talents en droit, économie, gestion « méritent » de passer profs plus vite, alors les comités de sélection dans les disciplines concernées devraient continuer de recruter des jeunes profs, non ?
19 janvier 2014 à 18:54
Sébastien
@Anne Lavigne: il est vrai que l’organisation des concours d’agrégation est coûteuse. Cela dit, comme l’institution, notamment en droit, mais aussi en éco et en gestion, est majoritairement d’accord pour assumer ce coût (on trouve des membres de jury prêts à faire le job et des candidats prêts à passer le concours), qui peut l’en empêcher ?
Par ailleurs, j’attire l’attention sur un autre argument pro-agrégation (ce qui ne signifie pas que je le suis moi-même) : comme pour l’agrégation du secondaire (que l’on prépare à plein temps pendant un an lorsque l’on est normalien), la préparation de l’agrégation du supérieur est un moment, rare, de la carrière où l’on peut faire le point, lire des choses nouvelles, en-dehors de son micro champ de compétence habituel, faire des synthèses, bref acquérir des connaissances nouvelles et, finalement, maîtriser ce qui constitue sa discipline, dans son entièreté. A ce titre, c’est un moment rare et précieux.
20 janvier 2014 à 00:35
Me
@Marianne
« Et en maths, on arrive a garder la majorite des gens bons en france… »
Il me semble quand meme que Wendelin Werner (Medaille Fields 2006) est parti a l’ETH Zurich, et que Ngô Bảo Châu (Fields 2010) est parti a Chicago. C’est un échantillon certes petit, mais hautement symbolique.
20 janvier 2014 à 01:16
FBLR
@Me
Et de ce que je peux voir, c’est pas parti pour s’arrêter…
20 janvier 2014 à 09:20
Marianne
@Me…Bah il nous reste Cédric Villani avec son nœud pap….
20 janvier 2014 à 12:19
Petit Cerveau
C’est bizarre que les mathematiciens puissent partir comme ca aussi facilement. J’ai appris recemment qu’ils etaient comptabilises dans « l’interet economique de la Nation » et qu’a ce titre leurs laboratoires pouvait devenir « Zone a regime restrictif »…
Cliquer pour accéder à cir_36329.pdf
20 janvier 2014 à 12:29
Astronaute en transit
Je pense que l’agrégation et le rôle qu’on fait jouer au concours est une bonne illustration du phénomène décrit sur d’autres fils: le fait qu’une portion suffisante de l’institution trouve un intérêt à la maintenir en dépit des inconvénients montre bien la force des différents conservatismes, de diverses origines, qui font que les institutions universitaires et scientifiques françaises sont par nature et de caractère particulièrement réticentes au changement.
@ Sebastien, je suppose que vous parlez d’expérience; pourtant je m’étonne un peu que la préparation de l’agrégation doive être considérée comme ce moment de ressourcement intellectuel et scientifique dont vous parlez. « Faire le point, lire des choses nouvelles, maitriser la discipline dans son entièreté », ce sont là des choses qui devraient être une préoccupation constante de l’universitaire, même doté d’un micro-champ de compétence. Qu’il faille bachoter pour un concours de la fonction publique pour accomplir cette tâche là seulement à un « moment » me semble un peu du gâchis.
Cela dit, j’ai entendu soutenir ce même argument au sujet des autres agrégations aussi. Dans l’un comme dans l’autre cas, cela convainc peut-être les tenants du statu-quo, qui l’emportent; mais ça ne me parle pas personnellement.
20 janvier 2014 à 12:30
Astronaute en transit
@ Petit Cerveau:
Voila une information étonnante! Peut-être devrait-on enfermer tous ces brillants génies dans un donjon quelque part!
20 janvier 2014 à 14:01
Sébastien
@Astronaute, je suis EC en sciences de gestion. Comme d’autres, cette discipline comprend de nombreuses sous-disciplines forts différentes (marketing, finance, stratégie, contrôle de gestion, logistique, etc.). Tout EC en sciences de gestion a fait une thèse dans un micro-champ de l’une de ces sous-disciplines, il cherche et il enseigne dans cette sous-discipline, généralement à l’exclusion des autres. La préparation de l’agrégation est donc, réellement, un moment où l’on peut se préoccuper des autres sous-disciplines. Ce qui serait un gâchis, ce serait qu’on demande à un MCF de marketing de chercher en finance et d’enseigner la comptabilité…
20 janvier 2014 à 14:54
MRR
Bin moi en biologie j’ai passé mon HDR à 32 ans, et j’ai été dans des jury HDR de genes également jeunes. Et dans le Conseil d’administration de l’ENS Lyon j’ai approuvé le recrutement de Profs plus jeunes que ça en maths. Donc je ne vois pas qu’une agreg soit particulièrement indispensable en ce sens.
20 janvier 2014 à 16:43
SB
« L’insuffisante appréciation des qualités en d’enseigrecherche des candidats, au détriment des qualités de rhétorique »
D’un autre côté, les qualités de rhétorique sont peut-être liées aux capacités pédagogiques, qu’il est utile d’évaluer dans un recrutement d’enseignants-chercheurs (et non de chercheurs-enseignants).
« dans un contexte où l’autonomie des universités devrait pouvoir leur permettre de recruter leurs PU »
Quid du système de la fonction publique territoriale: un concours national fournissant une liste d’aptitude dans laquelle recrutent les établissements ?
20 janvier 2014 à 16:57
Astronaute en transit
@ Sebastien: vous connaissez mieux le champ que moi, car je ne fais en ce moment qu’une introduction au marketing. Cela ne m’empêche pourtant pas de penser, à titre purement personnel, et en habitué du pluridisciplinaire, qu’il ne serait pas si extraordinaire que cela qu’un « MCF de marketing cherche en finance et enseigne la comptabilité », la maitrise quotidienne de ces champs me paraissant la façon optimale d’opérer dans l’un ou l’autre. Cela dit, si c’est bien comme cela que les établissements font fonctionner leurs départements, il n’y a rien à faire ni à ajouter, la question est close!
20 janvier 2014 à 17:15
Petit lézard
@ MRR S’il est vrai qu’en bio (et sans doute ailleurs) il est possible de passer son HDR relativement tôt (la moyenne doit tout de même dépasser 35-37 ans) Je pense aussi que l’agreg n’a pas d’intérêt dans une discipline plus que dans l’autre.
qlqsoit la branche il y a des micro-domaines sur lesquels chacun fait sa recherche et des champs larges de la discipline qu’il enseigne !!
Un EC doit avoir une culture générale de sa discipline suffisante pour aborder n’importe quel cours de L1/L2 de sa matière et à tout le moins après un peu de préparation donner ce cours.
Si le doctorat ne donne pas la validation d’une maîtrise d’une discipline, je comprend mieux l’intérêt de la qualif !?!
20 janvier 2014 à 18:46
Petit Cerveau
Astronaute, c’est pas moi c’est le gouvernement francais… quelle drole d’idee que ces « zones a regime restrictif » ou on est suppose faire de la recherche… Je me demande quelle « agregation » va etre demandee pour en faire partie…
20 janvier 2014 à 18:52
Rachel
Connait-on les statistiques de l’âge moyen des recrutés PU par le biais de ce concours de l’agrégation du supérieur ? Par ailleurs, quelle est l’origine des candidats sur ce concours ? Sont-ils MCF ? Peut-on dire qu’il y a, pour les sections concernées, finalement deux possibilités, l’une étant plus « noble » ou rapide que l’autre ? Je pensais naïvement que pour être PU il fallait avoir un dossier recherche bien costaud, qu’en est-il pour les gens qui font l’agrégation du supérieur et comment est évalué le dossier recherche ?
En physique et en chimie, il n’est pas rare de passer son HDR entre 5 et 8 ans après sa thèse et de passer PU dans la foulée. Ça montre bien que l’argument comme quoi cette agrégation permet de recruter des PU plus jeunes ne tient pas. En effet on sait aussi le faire sans cette agrégation. Pourquoi les sections 1-6 ne savent pas le faire ?
@Petit lezard, les spécialistes du CNU examinent la disposition des candidats à la maitrise d’une discipline ?
20 janvier 2014 à 19:03
Astronaute en transit
@ Petit Cerveau: ce brave gouvernement n’est donc jamais à court d’idées originales, surtout lorsqu’il s’agit d’interdire! La façon dont vous le décrivez me rappelle un peu des règlements concernant les personnels détenteurs de secrets d’Etat et autres données sensibles. Je vous suis bien en pensant qu’on ne peut exclure qu’il s’agira bien de créer une nouvelle sorte de qualification étatique donnant accès à ces métiers. Toute la question sera ensuite de savoir si cet accès constitue vraiment un privilège pour les intéressés, ou une prison!
20 janvier 2014 à 22:47
petit lézard
@ Rachel, Ils devraient !! je trouve pathétique le niveau de culture générale de nombre de docteurs en sciences tant dans des disciplines proches ou bien nécessaires (trop « d’analphabètes » des stats en bio par exemple) mais même dans leur propre thématique !
L’hyperspécialisation donne rarement des recherches originales et pour l’enseignement le manque de recule et d’un minimum de connaissance générales n’est pas franchement un atout pour un cours intéressant et constructif.
21 janvier 2014 à 09:02
jako
Il est évident que le doctorat ne donne pas la validation de la « maîtrise d’une discipline » ; il valide la capacité à explorer d’une manière systématique et exhaustive une problématique donnée (et c’est déjà pas mal !). Il peut difficilement en être autrement, vu l’étendue des champs disciplinaires. En philo par exemple, on ne voit pas trop ce que cela pourrait bien signifier que de maîtriser « la philosophie » : ce qu’on maîtrise, ce sont des méthodes, des approches, éventuellement des « courants » ou des « penseurs » spécifiques. Qu’on se représente bien ce que cela signifie que d’être par exemple un spécialiste de Hegel. Le doctorat (ou même l’agrégation), c’est comme le permis de conduire : ce n’est pas parce qu’on l’a qu’on est un bon conducteur… Mais encore faut-il l’avoir….
21 janvier 2014 à 13:18
Astronaute en transit
« Encore faut-il l’avoir »… si on est français. C’est la question de cette obligation là qui est posée.
Oui, le doctorat est bien un travail qui se focalise sur un problème particulier au sein d’une vaste discipline. On peut aussi remarquer que les épreuves d’agrégation traitent elles aussi de petits problèmes, des questions posées par des jurés sur leurs propres travaux et étudiés à partir de leurs propres oeuvres, quand ce ne sont pas eux qui ont fait les cours de préparation pour comment répondre à leurs questions et à leurs préoccupations. On est loin d’un panorama de la discipline. Ce qui fait aussi bien les mauvais docteurs que les mauvais agrégés, ce sont bien les personnes qui se concentrent sur ces seules réponses, parce qu’on en a fait des sésames indispensables pour avoir le droit de travailler. Ce sont les personnes qui oublient que leur travail ne consiste pas à satisfaire des jurés, mais à faire usage de toutes leurs études préalables qui elles, on l’espère, leur auront donné une maitrise disciplinaire. Maitrise que les concours, transformés en intérêts particuliers des quelques sommités servant à leur organisation, ne savent pas démontrer, et qui sont pourtant défendus comme indispensables par ceux qui en ont bien profité.
Cela reste loin d’un argument convaincant pour leur maintien. Maintenant, on pourrait proposer des concours dans leurs contenus, structures et organisateurs, et peut-être aboutirait-on à quelque chose de plus original?
21 janvier 2014 à 15:22
Sirius
Sur le fond, je suis d’accord avec Rachel. L’argument massue contre l’agrégation du supérieur est qu’elle est fondamentalement contraire à l’autonomie des universités. Sa disparition est donc écrite dans le ciel.
J’ajoute qu’avoir été membre d’un jury d’agrégation m’a renforcé dans la conviction qu’elle ne mérite pas de survivre.
Enfin la disparition discrète de l’agrégation de médecine ne s’est pas traduite par un effondrement de la qualité des professeurs de médecine.
Sur la forme, je trouve, pour une fois, la méthode du ministère plutôt habile. Comme l’a bien identifié SupAutonome, c’est une stratégie d’étouffement à petit feu. Alors que la dernière tentative de suppression a échoué justement parce qu’elle était directe et brutale.
En 1984, lors de la création du nouveau doctorat et de l’HDR, la disparition de l’agrégation était programmée. Une rébellion des profs de droit a été soutenue à l’Elysée par R. Badinter, ministre et agrégé et par Colliard, Secrétaire Général et agrégé, qui ont organisé un déjeuner entre le Président et les « doyens » de facultés de droit. Au dessert Mitterrand, l’avocat, a annoncé aux juristes qu’ils pouvaient garder leur agrégation. En plus de l’HDR, ce qui était absurde et le reste.
21 janvier 2014 à 15:44
Sébastien
@Rachel, il y avait eu un post sur le blog de P. Dubois avec les âges moyens des recrutés PU. Dans mon souvenir, les PU en droit/eco/gestion étaient les plus jeunes, avec quelques années d’avance sur les sciences dures et de nombreuses années d’avance sur les SHS. Les EC en SHS sont donc persuadés que c’est l’existence de l’agrégation qui les défavorise, alors que c’est plus vraisemblablement la durée invraisemblable de leurs thèse qui les pénalise (s’il vaut mieux raisonner en année de thèse+X pour définir la durée « normale » pour devenir PU, alors ce chiffre ne doit pas être si éloigné dans les différentes disciplines).
L’origine des candidats ? Essentiellement des MCF. Parfois quelques profs d’écoles de commerce pour l’agreg de gestion.
Il n’y a pas deux possibilités mais trois : l’agrégation externe, le voie « noble », qui propose le plus grand nombre de postes ; l’agrégation interne, moins noble et qui propose environ deux fois moins de postes ; la « voie longue », qui permet à des MCF de passer PU pour services rendus. La « noblesse » des différentes voies a en partie trait à la qualité des dossiers recherche nécessaires pour avoir le concours.
21 janvier 2014 à 19:18
suppressionagregation
Pour ceux qui souhaitent prolonger le débat, voici encore d’autres arguments (OK, c’est la minute d’autopromo) :
http://suppressionagregation.wordpress.com
21 janvier 2014 à 19:48
étudiant inquiet
Pourquoi vouloir supprimer l’agrégation du supérieur et pas celle du secondaire ? Dans les faits, il s’agit de la même chose.
21 janvier 2014 à 23:35
Damien
@étudiant inquiet
L’agrégation du secondaire est un concours de recrutement d’enseignants dans le secondaire. Elle n’a vraiment rien à voir, ni dans la forme ni dans le fond, avec l’agrégation du supérieur.
Par contre, certaines disciplines « détournent » l’agrégation du secondaire, souvent sous des prétextes fallacieux (en gros, « on le fait parce qu’on l’a toujours fait »), pour en faire un instrument de sélection des doctorants et/ou des MC. C’est un détournement d’un concours pour une finalité qu’il ne devrait pas avoir, et qui pose beaucoup de problèmes (pour l’EN qui gère les flux d’enseignants, pour ceux qui passent l’agrégation pour devenir enseignants, et aussi pour ceux qui la passent sans vouloir devenir enseignants). On pourrait vouloir supprimer l’agrégation du secondaire pour éviter cette perversion du système, mais, à moins de supprimer l’idée de concours pour recruter les enseignants du secondaire, il faudra bien la remplacer par quelque chose (de préférence sans que les universitaires viennent y remettre leur m….).
22 janvier 2014 à 00:52
Astronaute en transit
Quatrième possibilité, qui n’est ni plus ni moins noble mais volontiers « ignoble »: l’Etat n’est plus habilité à « proposer des postes », seule compétence des différentes institutions au regard de leurs situations et besoins. On supprime donc les concours du supérieur et du secondaire, auxquelles des procédures d’établissement se substituent. Si l’Etat doit y mettre son grain de sel, que ses fonctionnaires proposent des standards et des pré-requis que ces procédures doivent vérifier. Que ces procédures, par exemples, se fondent fortement sur la pratique de terrain, au regard des programmes et missions impartis aux disciplines. ça implique des engagements à l’essai avant toute obtention de statut. Tout le monde vacataire, pendant deux ans par exemple. Pas d’exception. Plus d’expérience (positive ou négative).
Ladite proposition est d’ailleurs tout à fait utopique :)
22 janvier 2014 à 11:20
DM
@Docjus: Et donc, selon vous, il faut un système pour passer prof jeune en droit, mais pas par exemple dans les disciplines scientifiques, en raison de la concurrence du privé? Mais cette concurrence du privé existe dans de nombreux domaines liés à la technologie!
22 janvier 2014 à 20:47
Jacky Chan
Je suis juriste et je connais parfaitement l’agrégation de droit. Je peux vous garantir qu’elle est complètement pipée et que les résultats sont connus généralement 6 mois à l’avance.
Si vous connaissez quelqu’un dans le jury, vous avez une chance non négligeable de l’avoir (environ 50% selon les calculs d’un mathématicien à partir des résultats du concours et des facs représentées au jury). Sinon, vous n’avez quasiment aucune chance ou presque de l’avoir (environ 5%).
Et bien sûr, tout ceci sans qu’il y ait le moindre rapport avec la qualité réelle de vos travaux : c’est de la pure lutte d’influence.
Il y a quelques exceptions qui confirment la règle, mais elles sont là pour servir d’alibi.
Il y a parfois des situations comiques : une Faculté obtient beaucoup de reçus, quand le Président du jury en est issue. Ou encore, un candidat est éliminé sur les travaux la première fois, et la seconde fois il finit en haut du classement. Normal : des collègues de sa fac étaient dans le jury!
Expliquez-moi comment on peut enseigner le droit, l’impartialité, la Convention des droits de l’homme, et à côté de ça, avoir un pseudo-concours qui ressemble davantage à une procédure soviétique qu’à un recrutement conformes aux exigences internationales….
Rien que pour ça, l’agrégation du supérieur est tout simplement scandaleuse. C’est un système qui permet à une minorité de s’arroger des promotions et d’interdire aux autres d’en avoir par le mérite.
Et je ne vous parle même de l’effet psychologique désastreux que cela peut avoir sur les personnes « éliminées », et sur les « reçus », qui se retrouvent à 30 ans au sommet de la hiérarchie sans expérience et qui commencent à s’imaginer qu’ils sont géniaux, magnifiques et solaires, alors qu’ils ont simplement passé un simulacre de concours…
22 janvier 2014 à 21:10
Jacky Chan
@étudiant inquiet
L’agrégation du secondaire, dite aussi agrégation de l’Université, est un vrai concours. Anonyme, méritocratique, sérieux. De ce point de vue, il mérite d’être défendu.
L’agrégation du supérieur est une mascarade qui n’a d’agrégation que le nom. Elle est scandaleuse, et n’a aucune justificiation, si ce n’est la rente de situation et le sentiment – souvent très puissant – de supériorité de qu’elle a oint de sa grâce.
Vous pouvez référer pour celà à la biologie et à la médecine. L’agrégation de biologie, du secondaire, existe toujours. En revanche, l’agrégation de médecine a été supprimée. Dommage pour les juristes, ils sont seuls maintenant à défendre l’indéfendable, avec quelques Etats africains.
22 janvier 2014 à 22:36
Rachel
@Jacky Chan, l’agrégation de l’université, ça n’existe pas. Ça s’appelle l’agrégation du second degré. Par contre les lauréats de l’agrégation peuvent s’appeler les agrégés de l’université impériale.
Compte tenu des multiples réformes du second degré et du niveau du bac d’aujourd’hui, je doute fort qu’il soit utile d’être agrégé pour enseigner dans le second degré. Je pense donc qu’il faut aussi la supprimer.
En résumé, je pense qu’il faut supprimer l’agrégation du second degré et supprimer l’agrégation du supérieur. Et quand ça sera fait, on pourra refabriquer une agrégation du supérieur.
22 janvier 2014 à 23:03
Astronaute en transit
@ Rachel: il se pourrait que la terminologie ait juste changé dans le temps? J’ai connu une « agrégée de l’Université », aujourd’hui décédée, la mère d’une amie d’enfance qui était professeur de français-latin-grec, formée dans les années 1960. Cela se disait donc peut-être encore même dans les années 80, l’époque où j’ai entendu évoquer ce titre. Cela aurait-il d’ailleurs la moindre importance d’être « agrégé de l’université impériale » ou « agrégé du second degré »? On évoque pourtant la même chose: un concours d’Etat français qui a plus d’importance que les qualifications universitaires pour déterminer du droit de travailler dans les écoles, universités et organismes de recherche. Concours qui est effectivement devenu une rente de situation et contribue aux dérives culturelles du système éducatif.
C’est là où je soulignerais que pour ma part, je n’estime pas qu’on doive « refabriquer » une agrégation après suppression de l’ancien format, car c’est le propre concept de sélection par épreuve étatique qui a engendré tous les vices de ce système. C’est pourquoi je préfère une procédure strictement du ressort des établissements universitaires et scolaires, qui ne ressemble en rien à ce qui s’est pratiqué jusqu’ici.
22 janvier 2014 à 23:14
Rachel
@Astronaute, le terme « agrégé de l’université » est très ancien, ça date de l’époque impériale, où l’université rassemblait le collègue, le lycée et les études supérieures (en gros, l’université c’était l’éducation nationale). Aujourd’hui bien des choses ont changé, mais les conservatismes sont tels que l’appellation perdure … être agrégé de l’université n’a rien à voir avec l’institution universitaire … très curieusement, la société des agrégés s’appelle toujours « la société des agrégés de l’université ».
22 janvier 2014 à 23:51
Astronaute en transit
C’est vrai que si on est normalien, cela n’a effectivement pas grand sens…
23 janvier 2014 à 11:47
DM
@Astronaute: Pensez-vous réellement qu’un collège ou un lycée soit à même d’organiser des épreuves de recrutement d’enseignants? À l’échelle d’une académie (pour les disciplines à forts effectifs), pourquoi pas…
Il y a tout de même un fort risque de copinage local et d’entre-soi (l’entre-soi, ce n’est pas forcément le copinage éhonté, c’est aussi le fait de faire les choses entre gens qui se connaissent et qui ont toujours fait ainsi, au détriment des bonnes pratiques). Vous me direz que la meilleure façon de le combattre est de responsabiliser les gens en indexant les ressources sur les performances (ou en forçant la démission des dirigeants aux mauvaises performances), mais cela suppose de savoir évaluer les dites performances. Je ne sais pas trop comment on compare les performances d’un collège de ZEP avec celle d’un établissement de centre-ville, et encore moins comment éviter que tout ceci ne soit une course au bachotage.
23 janvier 2014 à 21:16
Sébastien
Je vais être volontairement provocateur, parce que je vois que tous les commentateurs de ce blog sont anti-agrégation.
Il ne suffit pas de critiquer un mode de recrutement des PU, l’agrégation. Encore faut-il montrer le supériorité de la voie classique, ou alors proposer autre chose. Concernant la voie « classique », que je connais mal, est-ce que je me trompe si je dis :
1. que l’intervention du CNU, instance pourrie par la politique et le copinage syndical, ne permet guère de rassurer un MCF des sections 1 à 6 dans la qualité de la procédure de recrutement « classique » des PU ;
2. que cette voie « classique » oblige les MCF soucieux de devenir PU à bêler et à cirer les pompes des mandarins et des instances dirigeantes locales ;
3. que s’il y a peu de places de PU dans une discipline par an, et que les meilleurs (disons les plus « nobélisables ») MCF de cette discipline sont très inégalement répartis sur le territoire, alors des imposteurs pourront passer PU dans leur petite fac de province (grâce aux arrangements locaux) alors que certains des « nobélisables » ne passeront jamais PU ;
4. que la perspective de récupérer le seul poste de PU proposé par leur Université conduit nécessairement à une guerre larvée entre MCF d’une même Université (ce qui n’est pas le cas de l’agrégation puisque, théoriquement au moins, tous les MCF d’une même Université peuvent être lauréats du même concours) ?
Franchement, vous êtes si satisfaits que cela de la procédure de recrutement des PU dans vos disciplines ?
23 janvier 2014 à 22:22
Rachel
@Sébastien, on sait tous qu’aucun mode de recrutement n’est idéal. Il y a un équilibre à trouver entre efficacité, justesse et qualité du recrutement. Il faut aussi prendre en considération le « qui » recrute et pour quoi faire ».
1. L’intervention du CNU est inutile. Ce n’est pas le CNU qui recrute de toute façon. A la limite, le CNU pourra faire un filtre passe bas (étant donné que les universités semblent disposées à recruter les plus mauvais …). Bref si ce n’est que ça, on peut supprimer le CNU.
2. Une autre façon de passer PU c’est d’avoir un bon dossier de recherche et d’avoir la réputation d’être un bon enseignant.
3. Pas faux mais l’un autre côté, le « nobélisable » n’ira pas postuler dans une petite fac de province (adieu le Nobel !). Si ? il le fera s’il obtient l’agrégation du supérieur ?
4. Avec le système « classique », tous les candidats MCF d’une même université d’origine peuvent être lauréats sur les concours PU (à condition que le nombre de poste PU soit au moins égal aux nombre desdits candidats, bien entendu).
23 janvier 2014 à 23:08
Astronaute en transit
@ DM: au niveau de l’académie, pourquoi pas, mon principal point ici c’est de retirer ce rôle de recrutement à l’Etat, et partant, de retirer aux enseignants le statut de fonctionnaire. Je sais parfaitement que c’est inacceptable pour les intéressés, voire impensable à l’échelle du pays tout entier qui a toujours raisonné en termes de enseignant = fonctionnaire = rôle de l’Etat. C’est, paraît-il, de la « culture républicaine ». Je ne suis pas royaliste pour un sou, mais j’estime qu’on n’est plus en 1881 et qu’on peut essayer d’imaginer d’autres méthodes de recrutement menant à un système éducatif qui lui aussi évoluerait.
L’argument copinage, je l’ai bien sûr entendu de nombreuses fois, en fait à chaque fois que je propose d’éliminer le système des concours d’Etat. Quand on n’a jamais connu d’autre système, il est compréhensible qu’il représente un horizon indépassable et qu’on n’arrive aucunement à concevoir qu’un autre ne donnerait pas lieu à de graves dysfonctionnements. Là encore, je ne cherche plus à convaincre personne. Pour moi, le copinage et le trucage existent bien aussi dans le système des concours, ça n’est pas plus acceptable mais… d’une certaine façon, je comprends, c’est plus acceptable comme ça que si ce même phénomène se produisait dans l’autre univers.
Un autre système n’est bien sûr pas dépourvu de défis de taille, de problèmes inconnus, et peut-être incertain de réussir. Pourtant, si c’est là la raison essentielle de préserver le statu quo, ça ne me convainc pas, mais de toutes façons que vaut mon opinion individuelle, rien, je le sais bien.
ça me permet aussi de répondre à la question @ Sebastien, sur la nécessité de proposer autre chose. C’est bien la raison pour laquelle j’ai parlé de mon idée utopique. Je ne suis pas plus pour le recrutement par « la voie classique » que pour celui via l’agrégation puisque tous deux procèdent d’un système que je critique dans son ensemble. ça me parait cohérent même si ce n’est pas convaincant.
24 janvier 2014 à 08:46
Marianne
En maths il n y a pas de recrutement local…et pas de Nobel, ce qui nous permet d éviter les points 3 et 4 évoques par Sébastien…et à part Cédric toutes les médailles fields vont à Orsay…c est réglé!
24 janvier 2014 à 08:48
Marianne
Et bien sur seul le dossier recherche compte… L enseignement, on s en fout
24 janvier 2014 à 09:00
Sébastien
@Rachel, sur le point 3, avec l’agrégation, vous êtes lauréat d’un concours, totalement indépendamment du lieu d’affectation. Dit autrement, oui, un « nobélisable » postulera à l’agrégation, parce qu’il veut devenir PU, et s’il termine en queue de classement, il prendra ce qu’il reste, c’est-à-dire une petite fac de province. Quite à rester 2 ou 3 ans et à se faire rapatrier chez lui ensuite.
24 janvier 2014 à 14:08
Jacob
Cette pétition est un bel exemple de corporatisme. Qu’est-ce qu’ils veulent : défendre la scolastique médiévale ?
25 janvier 2014 à 09:06
DM
@Sébastien: Vous soulevez un problème propre aux sections CNU de droit, à savoir qu’elles sélectionnent fortement les candidats MdC (empiétant ainsi sur les prérogatives des comités de recrutement locaux).
En 27 (informatique), si vous avez une thèse, un dossier recherche et un dossier enseignement qui tiennent la route, vous êtes qualifié MdC (resp. HDR etc. pour prof).
25 janvier 2014 à 09:11
DM
@Astronaute: Au CAPES et à l’agrégation, vu qu’il y a beaucoup de candidats dont l’immense majorité (et l’immense majorité des reçus, au moins dans les disciplines nombreuses) sont inconnus du jury, je ne crois pas trop à des magouilles importantes.
Alors que dans des procédures de recrutement très locales au niveau d’un lycée, il paraît très plausible qu’on ait des membres de familles ou d’entourage de prof.
25 janvier 2014 à 09:39
Oui-Oui
Agrégation du supérieur: la fin ?
Tout est dit de la morgue, de la suffisance et de la crétinerie des enseignants du supérieur dans ce titre. L’agrégation n’est pas un concours du supérieur mais de l’Éducation Nationale qui ouvre la possibilité d’enseigner en lycée mais aussi en collège. Vous seriez surpris de connaître le nombre d’agrégés qui choisissent de « se caser » en collège pour enseigner leur discipline à des 6e, 5e etc… Vivement la fin de l’agrégation des enseignants du supérieur qui n’ont jamais validé ce concours en allant enseigner devant élèves, ont joué la carte du monitorat, de l’ATER, et des post-docs parce qu’ils étaient tout simplement incapables et indignes d’enseigner…
« dans des procédures de recrutement très locales au niveau d’un lycée, il paraît très plausible qu’on ait des membres de familles ou d’entourage de prof. » Mais oui, bien sûr… Les recrutements s’effectuent de manière anonyme et même pour les contractuels ou vacataires, c’est le rectorat qui décide via système informatisé…
25 janvier 2014 à 09:46
Oui-Oui
« En résumé, je pense qu’il faut supprimer l’agrégation du second degré et supprimer l’agrégation du supérieur. Et quand ça sera fait, on pourra refabriquer une agrégation du supérieur. »
Non, gardons l’agrégation du secondaire, comme vous dites, afin d’avoir des professeurs qualifiés (qui ont été recrutés pour leurs compétences et pas par copinage ou « baisage ») et qui ont à cœur un service public de qualité et le désir de transmettre des connaissances aux élèves qui leur sont confiés même si ceux-ci appartiennent à ce que beaucoup de pairs d’universités considèrent comme la plèbe… Gardez votre agrégation du supérieur ou supprimez-là, de toute façon, tout le monde s’en moque… Le système féodal et la cour royale ont été abolies depuis un certain temps en France… L’homme et la femme de la rue accepteront que certains -dans leur petit monde coupé des réalités sociales et professionnelles- aient la nostalgie de privilèges révolus…
25 janvier 2014 à 11:14
Astronaute en transit
Comme vous voulez, DM. Des milliers de personnes sont recrutées pour travail, quel qu’il soit, par candidature et entretien. Si les enseignants estiment appartenir à une catégorie supérieure d’individu qui ne pourrait obtenir de travail ainsi sans intervention de proches, il n’y a plus rien à dire.
26 janvier 2014 à 13:48
Anne Lavigne
Sur la photographie des PU en section 5 (économie), on peut se référer à http://www.cairn.info/resume.php?ID_ARTICLE=REDP_232_0161 (article payant) ou http://hal.archives-ouvertes.fr/docs/00/72/81/57/PDF/Corps_des_PR_2011.pdf (gratuit). Page 5, les statistiques sur les moyennes d’âge, où il apparaît que l’âge moyen des PU dans les sections du groupe 1 (droit, économie, gestion) est inférieur à celui des autres sections (copier/coller pas beau…):
Droit, Economie, Gestion
MC 32 ans 5 mois
PU 35 ans 9 mois
Lettres et sciences humaines
36 ans 5 mois
47 ans 8 mois
Sciences et Techniques
30 ans 8 mois
42 ans 4 mois
Pharmacie
31 ans 9 mois
42 ans 5 mois
Toutes disciplines confondues
32 ans 9 mois
43 ans 10 mois
26 janvier 2014 à 16:59
DM
@Astronaute: Puisque vous tenez à comparer: dans les grandes entreprises (et l’Éducation nationale se rapproche plus de la grande entreprise que de la PME), il y a des services de ressources humaines qui mènent des procédures de recrutement, souvent au moins partiellement centralisées. Autrement dit, ce n’est pas un service individuel qui recrute tout seul qui bon lui semble sans rendre de comptes.
Au sujet des entretiens, certaines grandes entreprises (p.ex. Google) leur adjoignent des tests de niveau technique dont le fonctionnement s’apparente à un concours.
Sinon, comme je l’ai déjà mentionné, un recrutement décentralisé par simple entretien local ne peut à mon avis fonctionner que s’il y a une forte responsabilisation. Par exemple, je recrute mes post-doctorants de cette façon, mais ce sont des CDD et c’est moi qui serai tenu responsable de l’échec des projets de recherche concernés (« responsable » au sens de « personne qui passera pour un glandu si cela foire »), échec qui se mesure en bonne partie par bibliométrie. Il faudrait donc, pour que cela fonctionne, que les personnes menant les entretiens soient tenues responsables des mauvaises performances des personnels recrutés, donc il faut une métrique d’évaluation. Laquelle prendre? Sachant que comparer les perfs d’un lycée de centre ville avec très peu d’élèves à problème et celles d’un lycée en ZEP est peu pertinent…
26 janvier 2014 à 17:02
DM
@Oui-oui: Êtes-vous conscient que l’ensemble de vos remarques concerne l’agrégation du second degré et non l’agrégation du supérieur, qui ne concerne que quelques disciplines (droit etc.)? Vous confondez allègrement cela avec la validation de l’agrégation du secondaire via le monitorat.
26 janvier 2014 à 17:04
DM
@Oui-oui: Vous n’avez pas dû suivre la discussion; l’Astronaute propose de mettre en place des procédures de recrutement *locales* au niveau des lycée, par *entretien* (nécessairement non anonyme) comme dans les entreprises.
Vos remarques sur les recrutements de vacataires par machin anonyme au niveau du Rectorat ne s’appliquent donc pas.
26 janvier 2014 à 17:20
Rachel
@DM, « un recrutement décentralisé par simple entretien local ne peut à mon avis fonctionner que s’il y a une forte responsabilisation » ? En somme c’est comme dans les universités, établissements très responsables où c’est le président qui recrute via des comités de sélection. Ces comités sont souvent construits sur une échelle petite (UFR, mais souvent le pilote c’est une équipe de recherche).
Il semble effectivement que Oui-Oui se doit un peu emmêlé les pinceaux …
@Anne, merci pour ces statistiques. Il y a effectivement une sacrée différence d’âge pour devenir PU entre le droit-economie-gestion et le reste.
26 janvier 2014 à 17:58
DM
@Rachel: Oui, et la responsabilisation se fait de la façon suivante: si vous recrutez des blaireaux (surtout locaux), vous êtes mal noté par l’AERES, vous n’arrivez pas à obtenir des projets ANR… donc pas de sous.
D’ailleurs, certains labos français naguère célèbres pour leur recrutement local ont cessé avec ANR+AERES, quand ils ont eu la menace crédible qu’on leur coupe les vivre.
@Anne: 35 ans, pour la moyenne du passage PU, la vache! C’est considéré comme « rapide » en informatique (bon ok il y a des gens DR à 34 ans mais ce sont des stars; et en math apps il y a des profs à 28 ans style Villani, mais ils vivent dans un monde à part).
26 janvier 2014 à 18:28
Astronaute en transit
@ DM: Tant mieux si vous savez vous comporter comme un recruteur responsable, mais vous semblez estimer par là-même qu’une grande partie des responsables d’établissement sont moralement et matériellement incapables de remplir cette fonction de recruteur avec le même degré de responsabilité que cela implique.
Vous mettez aussi dans ma bouche des propos que je n’ai pas tenus: que les procédures devraient uniquement se tenir au seul niveau des établissements. Quand vous avez suggéré une procédure au niveau de l’académie, j’ai pourtant répondu « pourquoi pas »… et ça pourrait aussi se faire au niveau d’une ville, ou d’une région. Mon principal problème a toujours été vis a vis de la procédure nationale.
Après, comme je l’ai maintes fois souligné, je ne me fais aucune illusion. Ce que je propose est culturellement inacceptable pour les agents du système éducatif public, et cela a toujours clos la question. Inutile, donc, d’en débattre jusqu’à la saint-glin-glin, sauf, bien sûr, quand il me vient l’envie de juste donner un coup de pied dans la fourmilière, car c’est tout ce à quoi ça équivaut.
26 janvier 2014 à 19:05
DM
@Astronaute: Comme je vous le dis, moi je le veux bien, mais plus l’échelle sera locale, plus le recrutement sera individualisé, plus il faudra responsabiliser (d’où évaluation etc., non définie).
3 février 2014 à 19:54
SB
Y a-t-il eu, dans le temps, des épreuves écrites anonymes à l’agrégation du supérieur ? On trouve un document de Joseph Barthélémy dans le SUDOC, dont j’ai entendu dire que c’était sa copie d’agrégation, mais il pourrait aussi bien s’agir de la transcription d’une leçon orale.
20 février 2014 à 14:03
suppressionagregation
Bien entendu, un temps, l’agrégation a connu des épreuves écrites, j’ignore si elles étaient anonymes. Un texte du 20 décembre 1855 prévoyait par exemple, pour l’agrégation des facultés de droit, une composition écrite en latin sur une question de droit romain en sept heures. En 1867, une composition de droit français a été ajoutée (deux épreuves écrites, donc). C’est en 1891 que la composition en latin a disparu.
Source: http://www.inrp.fr/she/agregdroit/