Ça se passe dans un amphi pour une assemblée en amont d’assises territoriales. Ça discute du thème « agir pour la réussite des étudiants ». Un intervenant biologiste fait remarquer que des étudiants ne maitrisent pas bien l’écriture du français, l’analyse et la synthèse de textes. Un autre (physicien) dit que des étudiants ne savent pas lire et interpréter un graphique, ne savent pas ce qu’est un vecteur. Un troisième dit « ils ne savent pas prendre des notes ! ». Alors quelqu’un déclare quelque chose du genre « mais pourquoi ces étudiants sont à l’université ? Pourquoi n’a-t-on pas vérifié qu’ils avaient les pré-requis pour suivre nos enseignements ? Ce n’est pas à nous de leur apprendre à lire, écrire et compter ! ». En réaction, un autre intervient « alors quoi, tu veux les sélectionner et en mettre sur le côté de la route ? Mais que vont-ils faire ? Notre mission c’est aussi d’aider les jeunes en difficultés ! Donner une chance à tous ! il faut mettre en place des modules pour les aider à combler leurs lacunes, quitte à diminuer nos enseignements disciplinaires » (applaudissements dans la salle).
La question posée est très simple : jusqu’où doit aller l’université pour la réussite des étudiants ?
9 commentaires
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16 octobre 2012 à 08:20
petitbonhomme
postdoc depuis quelques années, travaillant corps et ame pour devenir chercheur, passionné par la recherche et l’enseignement, cela me laisse songeur quant à l’agonie de la recherche française : 5 postes CNRS dont 3 flêchés dans « ma » section, et les postes d’enseignant-chercheurs se transformant sur leur volonté semble-t’il en éducateurs pour jeunes en difficulté. Triste crépuscule.
16 octobre 2012 à 08:21
Olivier Bouba-Olga
Il y a un vrai problème dans le public accueilli. Personnellement, je n’aurais pas applaudi…
voir ici : http://blogs.univ-poitiers.fr/o-bouba-olga/2012/09/27/la-triste-histoire-des-bacs-professionnels-supplement-au-monde/
16 octobre 2012 à 08:26
Francois Garçon
La popularité en milieu universitaire s’acquiert plus facilement en faisant du caritatif (apprendre à lire et à compter), terrain de jeu où les collègues stériles peuvent exercer sans fin leurs talents. « Sans fin », encore faut-il voir: combien de ces brillants Père Courage tiennent-ils des « Contact Hours », de ces heures de permanence qui, hors de France, là où ça marche,où les étudiants peuvent librement venir exposer leurs problèmes académiques?
16 octobre 2012 à 10:40
Dan- visseur terre à terre
Je ne peux que reprendre mon commentaire sur le sujet de la sélection : c’est une utopie pédagogique absolue ( et ruineuse) que de croire que l’on peut rattraper les douze années précédentes en faisant des cours de soutien en orthographe, grammaire, lecture…fausse route absolue sauf pour quelques cas rarissimes. Donc, derechef, sélection à l’entrée et valorisation des disciplines non abstraites par des cursus manuels et pratiques intelligents – comme par exemple le tour d’Europe des Compagnons du devoir, les centres Ferrandi et Gambetta, certaines formations des Orphelins et Apprentis d’Auteuil, l’encouragement et l’aide pratique ( pas seulement financière) aux artisans qui prennent des apprentis…
16 octobre 2012 à 15:15
étudiant inquiet
« alors quoi, tu veux les sélectionner et en mettre sur le côté de la route ? Mais que vont-ils faire ? Notre mission c’est aussi d’aider les jeunes en difficultés ! Donner une chance à tous ! il faut mettre en place des modules pour les aider à combler leurs lacunes, quitte à diminuer nos enseignements disciplinaires » (applaudissements dans la salle)
Est-ce-que l’auteur de cette intervention assure des TD de L1 où la moitié des étudiants n’a pas le niveau pour entrer en seconde? Demander à des universitaires d’assurer des cours d’orthographe est un gâchis comparable à celui d’embaucher un chef étoilé pour faire la cantine ou un ingénieur en aéronautique pour apprendre à utiliser un tournevis.
Bien sûr, l’auteur de cette remarque est applaudi et pas les autres. Hallucinant, mais ça s’insère parfaitement dans le maternage des étudiants. A Paris 7, ils ont même mis en place une journée d’étude obligatoire pour tous les étudiants de L1 intitulée : Formation à l’égalité femmes-hommes (http://www.univ-paris-diderot.fr/pageActu.php?num=3577).
16 octobre 2012 à 15:32
Petit Cerveau
Si les étudiants ont le droit de réussir, ils ont aussi celui d’échouer… C »est un peu ridicule de se focaliser à tout prix sur un taux de réussite qu’on aimerait très élevé, alors qu’il y a déjà énormément d’incitation à ce qu’il le soit. Si les differents gouvernements veulent un taux de réussite très élevé, alors c’est très simple, il suffit qu’il baisse le niveau d’exigence.
16 octobre 2012 à 15:57
étudiant inquiet
@Petit Cerveau, mais c’est ce que réclame l’intervenant cité ! ça ne vient même pas du gouvernement.
16 octobre 2012 à 16:34
Petit Cerveau
Etudiant, je pensais par exemple au plan licence, qui a coute tres cher sans apparament aucun effet: il y a pour moi quelque chose de commun a ce que dit cet intervenant et ce qu’ont fait de tres nombreux gouvernements. Si vous lisez ce que demande ces bonnes ames (gouvernements compris), c’est plus de reussite a niveau de difficulte inchange, ce qui est un non sens. S’ils veulent plus de reussite, ils devraient plutot s’inspirer de ce qu’ont fait les conservateurs au Royaume-Uni en accordant le titre d’universites aux Polytechnics vers le debut des annees 1990. Eux au moins ont assume leur position. A mon avis, la question est tres mal posee: il s’agit plutot de savoir quelle place dans la societe pour ceux qui ne peuvent ou ne veulent pas faire d’etudes universitaires et satisfaire aux criteres de selection correspondant. Au lieu de ca il y a une fuite en avant pour faire rentrer tous les individus dans le meme cadre, ce qui a un cote un peu deplaisant.
18 octobre 2012 à 23:39
Dan- visseur équitable
supposons qu’au nom de l’égalité, on revienne à la vieille idée de donner le même salaire à tout le monde.je pense que cela ne durerait pas très longtemps., Et que certains arriveraient à trouver des raisons de différencier.
Eh bien pourtant, c’est le même raisonnement qui est appliqué à l’entrée à l’université, par une dérive incroyable sur le plan historique puisque le baccalauréat était un véritable examen sélectif . Quos vult perdere, Jupiter dementat.