Les chercheurs du CNRS, INSERM, INRA ou INRIA sont manifestement remontés contre la politique de prime individuelle proposée par le ministère (PES – prime d’excellence scientifique). Cette mise en place se fait, semble-t-il, dans l’urgence. Pour le CNRS, la contestation se cristallise autour de l’attribution de primes assez élevées pour les médaillés. Plusieurs sections du comité national du CNRS ont voté des motions pour protester contre cette politique de rétribution.

Parmi éléments de protestation, on trouve l’argumentaire sur le faible niveau de rémunération. Plutôt que de distribuer des primes, il faudrait d’abord relever le salaire de base des chercheurs. Car il faut bien avouer que celui-ci n’est pas très élevé, tout comme d’ailleurs celui des enseignants-chercheurs. Ensuite, les protestataires font remarquer que les travaux d’un lauréat d’une médaille sont réalisés dans le cadre d’un collectif, une équipe de recherche. Un médaillé bénéficie donc du travail de l’équipe, ce qui est parfaitement vrai, même s’il faut préciser aussi que dans une équipe, tout le monde ne travaille pas forcement avec la même implication ni avec le même talent. Ces sections du CNRS proposent donc que la prime se transforme en un prix collectif qui soit distribué à l’ensemble des membres des équipes.

Il y a du vrai dans ces argumentaires. Toutefois cela m’amène à formuler deux remarques :

1) Il est assez cocasse d’entendre parler d’égalité de traitement dans les équipes par les chercheurs CNRS. Il faut savoir que dans les équipes, il y a souvent un mélange de chercheurs et d’enseignants chercheurs. Et des chercheurs on n’en trouve pas beaucoup qui veulent bien faire des enseignements, des réunions pédagogiques, des suivis de stage, des forums étudiants, des commissions truc bidule, des jurys, des corrections de copies, des examens de dossiers et entretiens de recrutements, des lectures et auditions de rapport de stage ou de projet, de la confection des emplois du temps, du balayage de salle de cours, etc … moi je n’ai rien l’égalité de traitement dans les équipes. Mais alors qu’on aille jusqu’au bout de la logique.

2) Les primes, si elles n’existaient pas pour les chercheurs, existent pour les enseignants-chercheurs depuis fort longtemps. Mais je ne comprends pas bien pourquoi les EC ne protestent pas contre cette politique de prime individualisée. Eux aussi travaillent dans des équipes, équipes pédagogiques et équipes de recherche. C’est curieux, non ?