Le gouvernement britannique vient de prendre une décision intéressante concernant les publications scientifiques. D’ici 2014, tous les articles devraient être accessibles sur un portail internet en accès libre (The Gardian, lire ici, ou Nature, lire ici). Cela concerne les publications des chercheurs qui sont financés par l’argent des contribuables. Jusqu’à présent, ces publications sont payantes à la consultation chez les éditeurs, pour le grand public comme pour les chercheurs, ce qui n’est pas vraiment logique pour la recherche publique. Cette décision d’ouverture fait suite à la fronde des chercheurs contre Elsevier dont nous avons parlé ici. Il est reproché à cet éditeur de faire beaucoup de profits sur le dos des universités en imposant des prix très élevés pour avoir accès à la consultation des revues.

L’article du Gardian précise que les universités britanniques dépensent environ 240 millions d’euros chaque année pour les abonnements aux revues chez les éditeurs. Les articles sont consultables par les chercheurs uniquement (pas par le contribuable, bref ce n’est pas un accès « open »), et dans la limite du bouquet de l’abonnement. Le choix du gouvernement britannique semble s’orienter vers le « gold open access ». Ce mode de fonctionnement n’est pas vraiment gratuit car les auteurs doivent payer au départ pour que l’article soit en accès libre (en somme, il faut acheter la gratuité de la diffusion post-publication). D’après ce que je comprends, ce prix serait alors directement prélevé sur les budgets de la recherche des équipes en fonction de leur nombre de publications, alors qu’auparavant c’était globalisé au niveau de l’université, sur le budget des bibliothèques. Le prix serait fixé à 2.400 euros pour chaque article. Si on considère que les britanniques publient chaque année entre 100.000 et 140.000 documents (voir respectivement l’article dans Nature, ici, et le SCImago Jounal & conutry rank, ici) et si on considère que je ne fais pas d’erreur avec ma calculette, ça nous ferait un total entre 240 et 336 millions d’euros (rappel: 240 millions avec le système actuel). Pas évident que l’opération soit vraiment rentable pour les chercheurs universitaires …

D’ailleurs beaucoup d’universitaires verraient bien d’un bon œil un « green open access », c’est-à-dire le dépôt gratuit des articles sur une plateforme en accès libre, en esquivant tout simplement les éditeurs scientifiques (accusés de faire trop de gras actuellement). Il se pose alors le problème de la survie de ces éditeurs et des sociétés savantes (ces dernières survivent aussi grâce aux abonnements à leurs revues), et avec eux tout le processus d’évaluation des travaux par le processus de peer review (revue par les pairs), actuellement géré par ces éditeurs ou par les sociétés savantes (et garants d’une certaine qualité de la science). Bref un monde entier à repenser …