Il est devenu très tendance de dénigrer les indicateurs bibliométriques. Les détracteurs citent souvent le physicien Albert Einstein, qui selon eux n’aurait pas beaucoup publié et aurait un h-index assez faible. Pourtant tout le monde reconnaît que c’est un grand scientifique, ce qui démontre bien que ces critères d’évaluation biblio ne valent que des clous. Voici ce que dit le ISI web of knowledge : Environ 160 articles, h-index = 49, nombre de citations proche des 20.000. A noter que parmi les 160 papiers, un seul en second auteur. Bref une carrière à faire pâlir de jalousie. Encore un mythe qui s’écroule.
Les chroniques du h-index: voir également celles de Jacques Benveniste, de Jorge Hirsch, du Professeur Tournesol, de Piotr Chomczynski, de mon collègue de bureau, de Solomon Snyder.
8 commentaires
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1 juillet 2009 à 13:59
Vieira
Certes…
1ère réaction, à chaud : pour que la comparaison ait un intérêt encore plus fort, il aurait été amusant de relever ces valeurs quelques années après la parution de ses premiers articles en 1905 (vous savez, les trois premiers articles, quand il était employé de 3ème classe dans un office de dépôt de brevets) et non aujourd’hui.
2ème réaction, après passage rapide sur sa fiche wikipedia : on y annonce qu’il était « reconnu par ses pairs » en 1909, et que cette même année, les offres d’emploi se multiplient pour lui. Du coup, même si le volume de publications n’avait rien de commun début XXème avec ce qu’il est aujourd’hui, on peut effectivement penser qu’il fut amplement et rapidement cité, selon les critères de son époque.
1 juillet 2009 à 18:25
Rachel
« pour que la comparaison ait un intérêt encore plus fort, il aurait été amusant de relever ces valeurs quelques années après la parution de ses premiers articles en 1905 ». Je suis tout à fait d’accord avec vous, A vrai dire c’est ce que j’avais en tête au départ mais je ne sais pas comment faire avec le ISI Web. Le deuxième aspect est aussi qu’effectivement il n’est pas forcement pertinent de faire des comparaisons entre les pratiques de publications d’aujourd’hui (et donc de citations) et celles d’il y a un siècle. A mon avis c’est un peu stupide (mais amusant) de comparer le h-index d’un chercheur du début du XXe avec celui d’un chercheur du XXIe, pour un tas de raisons évidentes.
2 juillet 2009 à 15:25
Frédéric
Un cas intéressant est celui de Grogori Perelman, le mathématicien qui a démontré la conjecture de Poincaré. Personnage atypique qui a passé sept ans sans rien publier du tout, puis hop ! Un envoi sur arxiv d’un article décoiffant. Il n’est pas certain que le cribble des indicateurs bibliométriques l’aurait laissé travailler.
Voir mon billet sur http://pixel-shaker.fr/?p=268
5 juillet 2009 à 18:42
Jojo
Coucou Rachel ! Je ne compte pas prendre mes habitudes ici (trop désespérant pour ce que j’ai lu), mais le sujet m’amusait.
Avec toutes les réserves que la comparaison entre les différentes époques nécessite (pas forcément toujours dans le sens qu’on croit d’ailleurs, par exemple, pas de referee anonyme en ce temps-là) :
* 13 ans après son premier papier publié en mars 1901 : 55 articles, c’est bien, mais seulement 205 citations, facteur h = 8. Einstein aurait-il trouvé un poste ? Aurait-il obtenu un financement ?
* à sa mort (en fait, je prends 1954 comme limite, mais il n’y a que 71 citations en 1955, d’où une erreur forcément limitée. Autre source d’erreur : je compte à la main !!!): 1709 citations, facteur h = 20. Pas très brillant pour un physicien théoricien !
Etre formidablement reconnu post mortem, c’est bien. Mais ce n’est pas un critère de l’AERES.
5 juillet 2009 à 21:06
Rachel
Salut Jojo ! Contente de t’accueillir chez moi, tu veux boire quelque chose ? Je pense qu’effectivement il faut faire attention quand on compare les époques. Si le h-index était de 8 en 1914 (ce que je ne sais pas calculer), soit 13 ans après son début de carrière de publiant, peut-être que c’était tout simplement EXCEPTIONNEL pour l’époque en question ? Idem en 1954, avec ses 1709 minables citations, facteur h = 20 ? Très franchement je ne crois pas qu’on puisse faire des comparaisons avec aujourd’hui. L’unique but de ce billet était qu’on arrête de dire n’importe quoi sur A. Einstein.
8 juillet 2009 à 10:15
Le h-index de Jacques Benveniste / (Gaïa Universitas) « Blog UMR Spirit
[…] exemple qui cite aussi A. Einstein qui “n’est pas un chercheur publiant !”, ce qui n’est pas vrai). L’objectif des détracteurs est de montrer que le facteur h n’est pas fiable car il suffit […]
14 octobre 2009 à 23:43
Marc44
A.Einstein n’a pas besoin d’être « publiant », mais « produisant », c’est le nouveau slogan de l’AERES.
C’est quand même un peu triste, toute cette attention vers l’évaluation, les processus, les bâtons, les carottes, les classements, et finalement les nombrilismes en réseau du marché de l’enseignement supérieur.
15 juin 2012 à 17:14
Pierre
C’est quand même fou de se baser sur des indicateurs si peu précis et qui ne reflète absolument ce qu’on veut bien en comprendre.