
Poursuivons aujourd’hui la présentation de notre programme présidentiel. Le volet précédent était consacré aux étudiants et aux formations (lire ici). Dans ce second volet, nous allons focaliser sur les enseignants-chercheurs qui font tourner l’Université au quotidien. Comment améliorer leurs conditions de travail ? Comment leur redonner de la motivation et du plaisir dans la réalisation de leur métier ?
11) Revoir à la baisse le volume d’enseignement des EC
Le volume d’enseignement d’un EC est actuellement de 192 h/an. Ce volume sera abaissé à 150 h/an, à condition de pouvoir justifier d’une activité de recherche. Le point 1 du volet précédent (ici) devrait aussi permettre une amélioration des conditions de travail (meilleur niveau scolaire, promos plus homogènes et a priori des étudiants plus motivés).
12) Un démarrage de carrière aménagé
Le démarrage de carrière sera aménagé avec une rampe sur 4 ans (30 h la première année, 60 la seconde, etc … pour arriver à 150h la cinquième année). Cela permettra aux jeunes collègues de prendre le temps qu’il faut pour préparer leurs nouveaux cours et de bien lancer leurs activités de recherche. Les motivations et le dispositif sont expliqués en détails ici (sur une base de 192h/an).
13) Les heures complémentaires limitées en volume
Les heures complémentaires seront plafonnées à 20 % de l’activité d’enseignement. Sur une base de 150 h annuelles, cela représente 30 h. Le service d’un EC ne pourra donc pas dépasser 180 h. Les dérogations de dépassement ne seront pas possibles. On rappelle que ces heures complémentaires sont un poison : elles nuisent à une répartition équitable du travail et à l’activité de recherche.
14) Maîtriser la précarité
On fera un recours raisonnable aux heures de vacation. Dans un département de formation, ce volume ne pourra pas dépasser 10 % du volume total enseigné. Pour ce calcul des 10 %, on ne prendra pas en compte les heures des intervenants extérieurs dits « professionnels », c’est-à-dire des personnes qui peuvent justifier d’un revenu et qui interviennent pour partager leurs savoirs et expériences acquises à l’extérieur de l’Université.
15) Activité de recherche
La recherche est l’une des missions confiées à un EC (incluant la publication des travaux). Les activités de recherche feront l’objet d’un court rapport d’activité bisannuel dont la longueur sera limitée à 2 pages. La première page comprendra un résumé des activités de recherche et le contexte de développement des travaux (labo, réseaux, projets, …). La seconde page sera consacrée à la production scientifique avec une liste de publications ou autres produits de la recherche, en identifiant bien ce qui relève de travaux évalués par les pairs et ce qui ne l’est pas.
16) Remédiation
Dans le cas où un EC ne peut pas justifier d’une activité de recherche, il se verra proposer un mi-temps (pour sa mission d’enseignement) ou un plein temps d’enseignement (300 h/an). Il perdra alors son statut d’EC pour devenir E. Ce changement de statut pourra être réversible.
17) Activités libérales privées
Un EC est un fonctionnaire et en théorie il consacre l’intégralité de son activité professionnelle dans le cadre d’un service public. Il ne peut exercer pas exercer une activité privée lucrative de quelque nature que ce soit. Actuellement il y a néanmoins des pratiques, dérogations ou autorisations, dans certains secteurs ou catégories, qui semblent rendre possible le développement d’une activité libérale. L’ensemble des dispositifs seront revus afin de s’assurer que les activités des EC ne soient pas détournées au profit d’intérêts privés.
18) Recrutement des EC
Le recrutement des EC sera réformé. Les comités de sélection (quel nom horrible !) seront remplacés par des commissions de recrutement. Les membres seront majoritairement composés de membres de l’établissement qui recrute et compteront des membres externes nommés par le CNU. En aucun cas les membres externes seront proposés par l’établissement. Les motivations de ce changement sont expliquées en détails ici.
19) Suppression de la qualification du CNU
La qualification du CNU sera supprimée. Les évaluations des dossiers de candidature se fera par des commissions de recrutement (point précédent) dans lesquels le CNU sera représenté. Afin d’éviter un trop grand nombre de candidats sur les concours, le nombre de candidatures par candidat à des postes MCF ou PR sera limité à 4/an. Les motivations de ce changement sont expliquées en détails ici.
20) Salaire des EC (et primes)
En ce qui concerne les grilles indiciaires, elles seront renégociées globalement pour les fonctionnaires. En ce qui concerne les primes, elles seront augmentées pour les personnels de l’Université. Pendant 5 ans, il y aura inversion des niveaux de primes selon les secteurs d’activité de l’État par rapport à ce qui existe actuellement et qui perdure depuis longtemps. Ainsi, les fonctionnaires en charge de l’administration de l’État et de ses collectivités auront un niveau de primes qui sera réduit à 12,9 % du traitement indiciaire. Les personnels de l’Université auront un niveau de primes de 60 % de ce traitement. Lire ici sur le sujet des primes.
21) Plan de recrutement
Afin de compenser les pertes de moyens humains dans les Universités depuis 2012, un grand plan de recrutement sera lancé et lissé sur les 5 ans. Il est en effet indispensable d’enrayer la diminution dramatique du taux d’encadrement des étudiants.
12 commentaires
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3 février 2022 à 22:23
Albert Deboivin
Rachel présidente (ou au moins la ministre de l’ESR)!
Juste une remarque dans (11): je crois que 120h serait encore mieux.
4 février 2022 à 12:29
Cédric
Je signe !!! 128heqTD serait parfait mais déjà 150heqTD serait super.
J’ajouterais aussi de pouvoir payer des heures de cours sur les contrats et/ou avoir de vraies RNT.
4 février 2022 à 16:26
Rachel
@Cédric, pouvoir payer les heures de cours sur les contrats … sur les contrats de recherche ? Et vous voudriez payer à quel prix ? 40 €/h comme les vacations ou bien le prix fort équivalent à 1 heure de cours d’un EC (de l’ordre de 400 €/h) ? et c’est quoi es RNT ?
5 février 2022 à 09:38
Cédric
@Rachel: je voulais dire payer sur les contrats de recherche. Racheter ses heures, comme cela peut se faire avec la PEDR (conversion de la prime en décharge). RNT: Référentiel National des Tâches. Dans mon université, si vous êtes responsables d’études ou VP, ou porteur ANR ou autre responsabilité, vous avez une certaine décharge
5 février 2022 à 14:06
Rachel
@Cédric, et quel prix vous payeriez ? 40 ou 400 €/h ? Pour la PEDR, je ne sais pas qu’on pouvait y renoncer et avoir à la place une décharge de service d’enseignement. Ca va chercher quel volume de décharge et pour quelle durée ? Pour le « RNT », nous on appelle ça les heures de décharge, j’avais oublié qu’il y avait un RNT.
6 février 2022 à 10:20
Cédric
Pour la PEDR, c’est dans la loi et cela dépend des CA des universités. A l’universite de Haute Alsace, c’est jusqu’à 128h eqTD. A l’université de Poitiers, jusqu’à 103heqTD (montant de la PEDR divisé par le taux horaire de l’heure complémentaire). Pour le prix, le prix de l’heure supplémentaire.
6 février 2022 à 15:51
Rachel
@Cédric, à ce tarif ça ne sera pas possible, et ça serait encourager la précarité déjà galopante que nous visons à réduire.
6 février 2022 à 18:56
Martin Andler
Comme d’habitude ici, beaucoup de bonnes choses, merci Rachel. Quelques remarques sur les points 11 et 12 (service des EC.
1° La condition « à condition de pouvoir justifier d’une activité de recherche » est évidemment celle qui est compliquée. Je préférerais une modulation possible entre profil recherche et profil enseignement.
2° La définition des obligations d’enseignement en termes classiques d’heures d’enseignement « frontal » n’est pas la bonne. Le problème dans nos universités n’est pas le nombre d’heures enseignées (supérieur à la moyenne internationale), mais l’encadrement des étudiants en dehors (tutorat, mentorat, projets…)
3° Je ne vois pas pourquoi il y aurait une norme uniforme du nombre d’heures enseignées toutes disciplines confondues. Les contraintes liées à la recherche ne sont pas les mêmes en sciences expérimentales, sciences sociales de terrain et, par exemple, en mathématiques. Aux Etats-Unis, la très grande majorité des collègues en maths ou dans les disciplines littéraires enseignement 2+ 1 ou 2+2 cours (l’unité étant un cours semestriel de 3 heures par semaine pendant à peu près 13 semaines, donc 3×39 ou 4×39 de CM). Mais les biologistes ayant la responsabilité d’une équipe enseignent beaucoup moins.
4° Ce qui pèse chez nous, c’est l’insuffisance de l’appui administratif, qui transfère une partie de ce travail sur les EC; le découpage auto-infligé de l’enseignement en unité de plus en plus petites, et donc la multiplication des UE dans lesquelles on intervient; le poids extravagant des examens, avec l’inutile 2ème session.
6 février 2022 à 22:39
Rachel
@Martin, pour le volume d’enseignement, il faut bien donner un point de référence (ici 150h). Ce volume peut intégrer des enseignements non traditionnels comme de la pédagogie par projet, du tutorat, etc … chaque département fera un calcul de ce que ça représente en termes d’équivalence (c’est déjà le cas aujourd’hui, du moins là où j’enseigne).
Pour le différentiel entre disciplines, je ne vois pas trop ce qui peut justifier ce différentiel si on parle des services individuels. Il est néanmoins évident que chaque discipline a des besoins en recherche ou enseignement qui peuvent être différents. Dans mon modèle, l’université peut recruter des chercheurs et des enseignants (pas seulement des EC). Je pense que j’en parlerai dans les volets suivants de mon programme.
Pour l’administratif, il va falloir que je mette un point là-dessus dans les volets suivants.
Merci pour les remarques, ça fait avancer. Votez pour moi !
14 février 2022 à 15:04
BOUVRAND
Sur le point 11) Revoir à la baisse le volume d’enseignement des EC, et pourquoi donc ne pas laisser le choix aux EC qui le souhaiteraient de se consacrer à l’enseignement ? Ils passeraient une HDE Habilitation à Diriger l’Enseignement. Joie et plaisir retrouvé à enseigner pour la réussite des étudiants :-)
14 février 2022 à 18:20
Gueux
Et pourquoi donc ne pas laisser le choix aux EC qui le souhaiteraient de se consacrer à l’administration ? Ils passeraient une HDA Habilitation à Diriger l’Administration. Joie et plaisir retrouvés à remplir des formulaires, rapports, etc., pour la réussite des autres EC :-)
15 février 2022 à 11:02
Rachel
@Bouvrand, oui il faut laisser cette possibilité de changer de métier (ou du moins de le faire évoluer). Si un EC souhaite arrêter la recherche pour se consacrer à l’enseignement, alors ce sera possible à hauteur de 300 h/an (et il ne sera alors plus EC).
@Gueux, oui et alors il y aurait deux mentions, l’une HDA-F et l’autre HDA-R (administration des formations et administration de la recherche) !