
Une campagne présidentielle est une bonne occasion de réfléchir à l’avenir et de rêver à un monde meilleur. Si pour l’instant le débat d’idées semble assez pauvre, nul doute qu’il va s’élever en qualité dans deux mois qui viennent. Nul doute également que l’enseignement supérieur et la recherche (ESR) seront au centre des débats car ce sont les bases les plus solides pour construire l’avenir. Ainsi, Gaïa Universitas vous offre quelques propositions pour transformer notre ESR, aujourd’hui focalisées sur les étudiants et la formation (licence et master). La ligne directrice globale est de remettre l’Université au centre du système de l’enseignement supérieur et de la recherche.
1) Inscription en licence générale
Pour s’inscrire dans une formation de licence générale, il faudra être titulaire d’un baccalauréat général. Des dérogations pourront être envisagées sur demande argumentée, par exemple pour des candidatures de titulaires de bac technologiques et professionnels qui auraient brillé (examen du dossier et de la motivation). Par ailleurs, le parcours choisi en licence devra être en adéquation avec les enseignements de spécialité qui auront été suivis (afin de s’assurer des prérequis nécessaires). Si l’écart n’est pas trop important, des dérogations peuvent être envisagées pour les candidats motivés et ayant un bon niveau.
2) Remédiation
Pour toutes les personnes qui souhaiteraient s’inscrire en licence générale sans en avoir les prérequis, des formations seront proposées dans des lycées. Elles prendront la forme d’une année « préparatoire à l’enseignement supérieur » ou d’une nouvelle année de terminale avec les enseignements de spécialité adaptés à la licence générale visée.
3) 40 % de contrôle continu ou intermédiaire
Une part de contrôle continu sera intégrée au cursus. La forme que prendra ce contrôle continu sera à discrétion des formations. Par exemple, cela pourra être un partiel intermédiaire étendu rassemblant une évaluation sur l’ensemble des enseignements suivi durant le semestre. Ce contrôle continu comptera pour 40 % de la note finale.
4) Suppression de la seconde session
Compte tenu de son caractère onéreux, chronophage, peu efficace et qui ampute une période significative de l’année universitaire, la seconde session sera supprimée. Cela permettra d’allonger significativement la durée des semestres qui se dérouleront typiquement de début septembre à fin mai. Le contrôle continu doit permettre de mieux prévenir les accidents.
5) Déscolariser les étudiants
L’université, ce n’est pas comme au collège ou au lycée. Il faut travailler davantage par soi-même. Les enseignements seront configurés pour permettre à l’étudiant d’être plus autonome. Dès l’année L1, les enseignements comprendront les volets suivants, pour un total minimum de 30 % de l’enseignement :
- Une partie se fera sous la forme de pédagogie inversée
- Une partie se fera sous une forme de pédagogie par projet
6) Des enseignements inter-établissements par visio
Afin de favoriser la dimension de coopération, de réseau et de sentiment d’appartenance à une communauté, certains modules seront proposés en visio et/ou MOOC. Chaque formation devra proposer au moins 10 % de l’enseignement dans ce format déporté. Dans chaque formation, une demi-journée/semaine sera libérée afin que les étudiants puissent suivre le(s) module(s) choisi(s) (ici le module est choisi par l’équipe pédagogique et est intégré à la maquette, il ne s’agit pas d’une démarche « à la carte »).
7) Une allocation de 1000 €/mois
Chaque étudiant pourra bénéficier d’une allocation de 1000 €/mois selon les conditions suivantes :
- Ne pas être issu d’un foyer fiscal relevant d’un revenu > 50 000 €/an,
- Pour cette catégorie, les frais d’inscription seront gratuits. Pour les étudiants issus d’un foyer fiscal entre 60 000 et 80 000 €, le montant des frais d’inscription sera de 3 000 €. Pour ceux issus d’un foyer fiscal > 80 000 €, le montant des frais d’inscription sera de 10 000 €. Les frais d’inscription seront collectés par une fondation nationale qui veillera à une juste redistribution dans les Universités,
- Pas plus de 2 années en L1, pas plus de 4 années en licence et pas plus de 2 années en master,
- Présence obligatoire aux examens et moyenne au moins supérieure à 6/20 à chaque semestre,
- L’allocation est versée de septembre à mai (pas d’allocations sur les 3 mois juin, juillet et août),
- Pour les étudiants en résidence chez leurs parents, l’allocation sera de 300 €/mois.
8) Construction de nouveaux logements étudiants
Nous lancerons un vaste programme de rénovation et de construction de logements à destination des étudiants. Ces logements seront à loyer abordable, facile d’accès au lieu d’études, proche des lieux de vie culturelle et associative. En aucun cas ils seront construits sur des campus excentrés éloignés de tout.
9) CPGE
Les CPGE seront intégrés dans les Universités. Les profs des CPGE seront mutés dans les Universités et auront un statut d’agrégés du supérieur (attention, ce n’est pas la même chose que ceux des disciplines droit, sciences politiques et gestion). Une partie de l’enseignement (au moins 20 %) est un tronc commun avec une licence afin de favoriser de la mixité.
10) Impôt de solidarité intergénérationnelle.
Les jeunes auront été exemplaires durant la pandémie, surtout pendant la première phase durant laquelle on leur a demandé beaucoup de sacrifices (cours en présentiel, sorties, …) pour protéger les plus fragiles. Une dette colossale a été contractée pour les mêmes raisons et que la nouvelle génération devra s’acquitter, sans compter le travail tout aussi gigantesque qu’il faudra fournir pour gérer l’héritage des anciens (crise sociale, crise climatique, crise de la biodiversité, …). Ainsi, pour une durée minimum de 5 ans, un impôt de solidarité intergénérationnelle sera créé pour contribuer au financement massif d’éducation et de formation des nouvelles générations. OK boomer ?
9 commentaires
Comments feed for this article
31 janvier 2022 à 21:14
Albert Deboivin
Rachel présidente! Rachel présidente!
31 janvier 2022 à 22:39
Rachel
@Albert, oh non moi je vise juste le poste de ministre de l’ESR …
1 février 2022 à 08:08
Albert Deboivin
@Rachel, c’est ce que je vous souhaite. En plus, il faudrait faire profiter toutes les autres disciplines du HAL aussi ;-)
1 février 2022 à 09:52
Cédric
Je prends !!!!
1 février 2022 à 22:55
nicolas
la limite des 50000€ est trop basse. Si ça arrivait comme ça, je divorce le jour des 18 ans de mon premier enfant.
2 février 2022 à 10:13
Rachel
@Nicolas, oui vous avez probablement raison, mais on peut encore négocier. Il faudrait aussi prendre en compte le nombre d’enfants composant le foyer fiscal. Je m’en voudrais d’être responsable d’une vague de divorce. En plus on risque une explosion de rupture familiale enfants-parents dans les milieux les plus aisés …
2 février 2022 à 12:00
nicolas
@rachel, oui je propose que ce soit dégressif.
Pour 1,2 ok
3 on le fait déjà dans ma licence (j’ai même un module à 50/50)
4 oui,oui,oui perte de temps totale; il ya encore quelques années je refaisais un sujet, c’est fini (des fois je redonne le même sujet pour …. les mêmes notes!
5 je sais pas faire
6 oui ça éviterais que des maquettes soient faites en fonction de ce qu’on sait faire en local… mais à voir avec la mise en œuvre. Quels nombre de participants? Au-dessus d’un certain nombre, on peut juste mettre une vidéocassette….
7,8,10 oui
9 sous conditions de créations de locaux, parceque nous ici, il faut pousser les murs
17 février 2022 à 15:03
emilieb.
Entre le point 2 et le point 4, il me semble important de penser la carte de formations en terme de compétences avant tout (la fameuse démarche par les compétences – APC) ainsi en découle le contrôle continue et l’obtention par l’étudiant de son bulletin de notes classique (pas trop de changement d’un coup) mais aussi d’un référentiel des compétences qu’il a acquises. On peut du coup rentrer ces compétences dans son CV , aller voir les acteurs socio-économiques. Cela recréé du sens entre l’université et l’employabilité.
Sur le point 6 – Sans doute préciser que cela peut concerner des diplômes co-habilités ou co-mutualisés entre groupements d’universités par exemples. En plus, c’est un point de bonus en lien avec la RSE car moins de déplacements des enseignants en vue par exemple.
Sur le point 5, l’expérience nous montre qu’il faut que l’emploi du temps des étudiants incluent du coup le travail en autonomie dans une classe inversée par exemple ou un amphi inversé sinon les étudiants se retrouvent surchargés de travail dans les différents cours qui fonctionnent ainsi. Est-ce qu’on pourra lire un programme proposé pour les personnels des universités (l’université, ce sont des étudiants, des enseignants mais aussi des personnels des services) ? Il me semble aussi que que quelque part dans les propositions, il faut un volet sur l’adaptation des cartes de formation des universités pour accueillir des publics spécifiques. Aujourd’hui, un étudiant qui travaille, qui a une vie de famille, qui est en situation de handicap, qui est auto-entrepreneur, il a sans doute besoin d’une offre de formation modulaire. De même le salarié qui veut se former. Les entreprises privées de formation se sont adaptées vite et bien et captent ces publics. Et bien, ça fait cogiter les propositions de Gaïa :-)
17 février 2022 à 17:07
Rachel
@emilieb, penser les enseignements en termes de compétences, c’est ce que font les écoles d’ingénieurs. La démarche est partiellement basée sur une auto-évaluation qui est intéressante car ça pousse l’étudiant à se questionner sur ce qu’il fait et ça l’aide à se positionner (s’il a bien compris la nature des compétences acquises) et bien entendu ça doit aider à parler de soi et de sa formation quand on écrit une lettre de motivation ou quand est en entretien d’embauche.
Pour le point 6, l’idée n’est pas d’aller jusqu’au diplôme car c’est compliqué à organiser. L’idée est de se limiter au niveau de l’UE qui sont ensuite intégrées dans le diplôme d’un établissement (l’UE en question peut être bien entendu valorisée pour sa dimension multi-établissement).
Pour le point 5 (« pédagogie autrement ») et sa pédagogie inversée, ça ne pose pas de problème d’organisation. Les travaux sont annoncés un peu avant, la séance est programmée dans l’emploi du temps et les étudiants savent qu’ils doivent travailler dessus peu de temps avant (temps pris quand ils veulent). Leur emploi du temps n’est pas blindé 40 heures par semaine, de sorte qu’ils ont largement le temps de développer un travail personnel. Comme c’est dit dans le programme, étudier dans le supérieur demande un minimum d’effort et d’investissement personnel, tout ne doit pas être du prémâché comme au lycée.
Je n’ai pas beaucoup d’expérience avec la pédagogie inversée. En revanche, j’en ai pour la pédagogie par projets. Au début on cafouille un peu, on se retrouve devant pas mal d’imprévus mais au bout de deux trois ans c’est beaucoup plus facile, on sait éviter les pièges et on apprend à accompagner les étudiants dans leur projet sans faire le travail à leur place.