
Il ne fait nul doute aujourd’hui que la seconde vague sera bien plus grande qu’on l’avait imaginé. Ces jours prochains, on s’attend à de nouvelles restrictions. Certains réclament la fermeture des écoles secondaires et des universités car il semble que les jeunes soient en début de chaine de contamination, laissant entendre assez clairement que tout ça c’est de la faute des jeunes et qu’il vaudrait mieux qu’ils restent chez eux.
S’il est avéré que les jeunes sont fortement contaminés et transmetteurs du virus, il est moins clair qu’ils aient été contaminés à l’université. Beaucoup de témoignages d’établissements vont dans le sens d’une contamination lors de soirées festives mais pas sur les bancs de la fac. Bien entendu c’est contesté car il est évident « qu’on nous cache des choses… ». Dans le doute, on peut faire le raisonnement suivant : les soirées festives entre étudiants n’auraient pas lieu si les universités étaient fermées, donc c’est quand même bien la preuve que l’université est responsable. Et si on pousse un peu le raisonnement, on peut certainement déduire que s’il n’y avait pas de jeunes, alors on serait plus tranquille et à l’Université on pourrait enfin bosser tranquillement et en toute sécurité sanitaire !
Sur France 2, ce midi, une personne âgée était interviewée à propos des éventuelles nouvelles restrictions. L’une des idées est en effet de confiner les personnes à risques (donc les retraités) et de laisser tranquille les autres. Cette personne n’était pas d’accord « c’est surtout les jeunes qui ont apporté le virus ! ». On n’est pas loin d’un conflit de générations, qui viendra alors s’ajouter au chaos ambiant.
On a donc confirmation, une fois de plus, que les jeunes sont un fléau de la société. On le suspectait déjà mais cette crise sanitaire nous le met nettement en évidence. Ils ne sont pas productifs, ils coûtent cher (il faut les nourrir, les habiller, les éduquer, …) et si en plus on apprend qu’ils sont des vrais nids à virus …
Allez les jeunes, rentrez chez vous et ne sortez plus ! Mais quand ce sera terminé, on vous laissera vous démerder avec notre modèle d’hyperconsommation à bout de souffle, la crise économique qui s’annonce, la crise écologique et climatique, la montée en puissance du populisme, et bien entendu ça sera à vous de payer la dette abyssale provoquée par la crise sanitaire !
A lire sur un sujet voisin: « Avons-nous perdu notre sens du collectif ? » par Dominique Moïsi, publié dans Les Echos et qui peut être lu en free sur le site de l’Institut Montaigne ici.
9 commentaires
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27 octobre 2020 à 18:59
Albert Deboivin
Rachel, je trouve que la réforme de retraites a déjà bien préparé le terrain pour un sacré conflit inter-générationnel. Le terrau a été fertilisé par les contestations sociales récentes et j’ai peur que ça va prendre.
27 octobre 2020 à 19:57
Dan- visseur masqué
peut-être ne faut-il rien exagérer : nous, les vieux, nous avons des petits enfants étudiants, et nous ne souhaitons pas leur léguer le chaos. Ceci dit, un de mes petits fils participe à des soirées étudiantes, et il a un mal fou à faire respecter les mesures barrière. On peut supposer qu’avant d’aller en soirée, les gens se lavent les dents et mettent une chemise propre. Ajouter un masque, et ne pas se frotter, c’est déplaisant, mais jouable, si on est étudiant, donc éduqué à 60 % au moins.
Ce qui me dérange, c’est la quasi impossibilité de demander à autrui de porter son masque correctement, de respecter les distances, de se laver les mains.Les réactions sont outrées ou de dérision. (Il en est de même des distances de sécurité sur route) Et pendant ce temps, grâce à ces gens, la Covid progresse. Elle doit bien rigoler, la camarde !
Les appels à la responsabilité tombent à plat. que faire ?
27 octobre 2020 à 23:53
Jean-Michel
Conflit de générations ou pas, la seconde vague de l’automne était quand même largement prévisible et annoncée d’ailleurs dès le printemps par beaucoup de spécialistes, même si personne sans doute ne pouvait prévoir son ampleur (la variable d’intensité dont vous parliez le 21 mai). Je continue à penser donc que la règle fixée dès juin ou juillet pour cette année universitaire aurait dû être : distanciel par défaut pour tout le monde, sauf priorités à déterminer au cas par cas (par ex. L1, TD, etc.). Ainsi tout le monde aurait su dès l’été à quoi se préparer pour la rentrée, y compris savoir s’il fallait louer une chambre ou pas, par exemple, pour les étudiants. Au final on va y arriver (si on n’est pas carrément confinés), mais dans l’urgence et l’improvisation, après une série d’ordres et contre-ordres (par exemple, à Rennes, nous avons dû déjà, dans l’urgence, en 2 ou 3 jours début octobre, diviser la jauge par deux, non seulement en CM, mais aussi en TD, ce qui n’est déjà plus suffisant semble-t-il; puis il y a eu le couvre-feu, qui impacte certaines activités de l’université qui finissent tard, mais à peine appliqué, il ne semble plus suffisant non plus). Ce qui n’est bénéfique pour personne.
J’ai tendance à penser qu’il vaut mieux dans une situation pareille se préparer d’emblée au pire quitte à relâcher un peu la pression si on s’aperçoit qu’on en a trop fait plutôt que de jouer l’optimisme et de devoir ensuite appliquer des mesures de plus en plus dures.
Et j’ai été plutôt étonné par l’attitude des syndicats, d’habitude très scrupuleux sur tout ce qui concerne la santé et à la sécurité au travail (par exemple dans les CHSCT). Quand le rapport du 20 août du HCSP a préconisé pour les universités masque obligatoire ET distanciation d’au moins un mètre ET ventilation ET enseignement à distance quand possible (l’un ET l’autre, pas l’un OU l’autre), j’ai eu le sentiment que la tendance était plutôt à minimiser («Ok, on va mettre des masques, distribuer du gel, mais ça devrait suffire»). Pas partout il est vrai.
Sauf que ça ne concerne pas que les universités. Nous, nous pouvons faire du distanciel, même si ce n’est pas idéal (mais à la guerre comme à la guerre). D’autres secteurs ne le peuvent pas. Pour eux, un nouveau confinement, c’est la mort économique. Bref l’université a aussi une responsabilité extra-universitaire: si nous pouvons éviter d’être un vecteur de transmission de l’épidémie nous *devons* éviter de l’être. Mais nous avons peut-être déjà trop tardé.
28 octobre 2020 à 09:31
FUBAR
Est-ce que le virus ne se propage pas parce que finalement il y a des moment où on ne porte pas le masque (à la maison), et qu’il y a des gens qui le porte mal ou pas du tout (plutôt des vieux d’ailleurs, d’après ce que j’observe). Reconfiner les retraités ça n’aurait pas été une mauvaise idée, mais j’ai entendu hier un constitutionnaliste dire que c’était anticonstitutionnel. Pourtant, si on veut éviter que les étudiants perdent encore un semestre (voire plus si affinités) et que d’autres entreprises fassent faillite, faut peut-être commencer par demander aux vieux et aux malades de rester chez eux.
28 octobre 2020 à 15:04
Rachel
@Albert, nul doute que nous naviguons en eau trouble, et ça risque de s’empirer …
@Dan, que faire ? et ben on va avoir la réponse ce soir : confinement !
@Jean-Michel, si la deuxième vague était redoutée par beaucoup (pas tous !) il semble qu’on ne la voyait pas aussi haute. Mais à ce stade d’information, je ne trouve pas très évident de rejeter la cause des problèmes sur l’université, comme ça semble se dessiner ces derniers jours, à la fois dans les médias, par les politiques (voir lien ci-dessous, par exemple) mais aussi par certains universitaires. Les jeunes qui se contaminent le sont-ils à l’université ? Voilà une vraie question et si quelqu’un a des données sur le sujet, je veux bien qu’il me les donne.
@Fubar, peut-être qu’on ne peut pas constitutionnellement faire de discrimination pour le confinement, donc on confine tout le monde plutôt que de confiner seulement les personnes à risques ? C’est comme l’histoire du confinement national, faut-il que ce soit partout, même dans les départements très ruraux qui n’ont jamais vu de cas covid ? Pour certains étudiants c’est catastrophique en termes de conditions de vie (1 mois sans sortir de chez soi à tourner en rond dans 10m2 !) et pour d’autres c’est le décrochage assuré.
28 octobre 2020 à 15:54
FUBAR
Je m’étonne qu’on se contamine à l’université mais pas dans le métro. Chez nous, tout a été mis en œuvre (avec des ajustements au fur et à mesure) pour que ça se passe le moins mal possible, avec une priorité au cours sur place, mais bcp de CM à distance et de TD sur place (en fonction des effectifs), masque obligatoire (très majoritairement respecté, sauf par quelques étudiants ET COLLÈGUES plus malins que les autres) et ventilation des locaux. Impossible en réalité d’avoir des chiffres fiables sur le nombre de contamination chez nos étudiants et nos personnels puisque c’est déclaratif (aucune campagne de test). Il n’y a pas plus de raison de fermer les universités que les bureaux à la Défense, mais oui si on doit fermer et perdre encore un semestre à mettre des rustines partout, ce sont les étudiants (et surtout les étudiants fragiles) qui en pâtiront.
28 octobre 2020 à 20:55
Rachel
@Fubar, faut trouver des responsables. Dire que c’est dans le métro, c’est trop impersonnel et ça fait peur à tout le monde. L’Université-bashing a fonctionné à bloc ces derniers temps, y compris par certains universitaires. C’est de la faute des étudiants. Donc voilà, c’est probable qu’on ferme car classés dans les activités « non essentielles ».
28 octobre 2020 à 22:28
Jean-Michel
Personnellement, je n’accusais pas l’université. Nous avions adopté un mode de fonctionnement hybride dès septembre qui paraissait fonctionner à peu près, avec souvent CM à distance et TD en présentiel. J’étais bien content d’aller faire mes TD « en vrai » et j’aurais préféré que ça continue. Avec les annonces de ce soir, j’ai compris que ce que j’avais commencé à faire doit s’arrêter. Il va falloir trouver une alternative en urgence. C’est là qu’est le problème à mon sens: dans cette série de faux départs. Pour le S2, il faudra vraiment éviter ça. Du coup, oui, j’aurai tendance à ne pas prendre de risques et plaider pour le distanciel d’emblée pour cette année. Au moins les choses lancées début janvier pourront continuer en rythme de croisière, quoi qu’il arrive.
Petite nuance quand même : on ne ferme pas…
31 octobre 2020 à 18:02
Rachel
Jean-Michel, vous envisagez de plaider pour un distanciel pour le S2, c’est à dire décider maintenant qu’on fera toute l’année universitaire en distanciel ? A mon sens, il faut attendre un peu. On est tous étonné de l’intensité de la reprise épidémique, alors peut-être aussi qu’elle va disparaitre pouf pouf aussi vite ? On peut certainement attendre décembre pour faire des projections sur le S2 …
Oui, on ne ferme pas, c’est juste qu’on n’accueille presque plus les étudiants … c’est une toute petite nuance !