C’est la panique dans les Universités. Avant-hier, on a appris qu’il fallait diminuer la jauge de présentiel par 2 (par rapport aux effectifs normaux). Concrètement, ça veut dire que l’enseignement en présentiel va devoir être limité à des demi-effectifs. Les réactions sont très variables selon les personnes, les cultures des disciplines et les environnements, à l’image de la diversité de notre enseignement supérieur.

Certains avaient déjà anticipé car des formations ont démarré dès début septembre en mode hybride. Dans cette configuration, la moitié de l’effectif est présent (masqué et respectant la distanciation physique) et l’autre moitié suit le cours à distance. Pour mettre ça en place il faut des moyens humains et matériels. En effet, ça nécessite d’équiper les salles avec des caméras et micros, le développement d’une plateforme et avoir des serveurs qui tiennent le choc. Si certaines structures peuvent se le permettre, comme par exemple des écoles d’ingénieurs, ce n’est certainement pas aussi facile pour les facultés des Universités du fait de moyens qui sont souvent très inférieurs.

D’autres n’avaient pas anticipé, ou du moins avaient fait une rentrée en complet présentiel, puisque cela était permis. Parmi les raisons de ce choix, on peut invoquer un manque de moyens (donc choix par défaut) mais aussi parfois un refus de travailler en distanciel ou en mode hybride (« un cours c’est une incarnation ! »). Ceux-là se retrouvent alors en difficulté, obligés depuis quelques jours à revoir leur copie. Certaines formations ou facultés ont décidé de tout basculer en distanciel, étant dans l’incapacité d’improviser une solution hybride. Celles qui maintiennent du présentiel adoptent parfois des solutions très novatrices : par exemple, dans certaines universités il a été décidé de faire une alternance hebdomadaire selon le jour de naissance ou le numéro de la carte d’étudiant (pair ou impair).  

Sur les réseaux sociaux ça s’énerve un peu (mais pas pire que pour le reste). On peut lire beaucoup d’invectives dirigées contre le gouvernement qui est incapable de prévoir l’évolution de cette pandémie et incapable de donner des directives claires. C’est vrai que la ministre n’est pas passée dans chaque formation pour dire toi tu fais ci et toi tu fais ça, c’est dire son insuffisance ! Là où je peux les rejoindre, c’est pour le manque de moyens car, comme évoqué précédemment, sortir de l’ordinaire nécessite la mise en place d’une nouvelle configuration, ça demande d’y passer du temps et ici ça demande des investissements.

Mais revenons à cette demi-jauge, qui j’espère pourra être suffisante pour contenir la propagation de la contamination. Le but est d’améliorer la distanciation physique et diminuer la bulle sociale. Pour cela, plutôt que de faire un tirage par numéros pairs ou impairs, il aurait été préférable de regrouper par paquets d’affinité sociale et recommander fortement d’éviter de mélanger les deux populations hors de l’Université (en résidence universitaires, groupes d’amis). Je trouve que ça aurait été plus intelligent et mieux adapté mais d’un autre côté, je conçois bien que ce n’est pas facile à mettre en place. Certains disent, et je veux bien les croire, que cette mesure de demi-jauge risque de ne pas suffire, sauf si les étudiants arrêtent toute interaction sociale en dehors des enseignements qu’ils suivent (lire ici, par exemple). Les étudiants, qui très majoritairement respectent les consignes sanitaires, restent des êtres humains et peuvent comme tout le monde faire des erreurs ou avoir un petit moment de relâchement ou d’inattention. Peut-être plus que les autres ils ont besoin de contact social. Cette solution de demi-jauge, c’est leur offrir cette possibilité ainsi que le maintien d’un lien fort avec leur formation. Pour ma part je n’aimerais pas revenir à une fermeture complète des formations qui durera alors probablement tout le semestre (au moins !).