D’après Jean Tirole, notre récent Nobel d’économie, il faut « revenir à des établissements pluridisciplinaires de petites taille. La norme internationale se situe à 10-15.000 étudiants, pas plus. En France, les universités sont bien au-delà de ces chiffres, ce n’est pas sérieux » (source ici). On est obligé de constater que l’évolution en cours ne va pas du tout dans ce sens car on est plutôt dans une tendance de fusionner des établissements pour faire des structures de taille bien plus imposante que celle préconisée par Monsieur Tirole.
Il y a actuellement environ 1.5 millions d’étudiants dans les universités. Pour avoir 10-15.000 étudiants dans chaque université, il faudrait entre 100 et 150 universités. Actuellement, on en compte en 74. Plutôt que de fusionner, il faudrait alorsen fragmenter pour arriver au chiffre de 10-15.000 étudiants.
Mais le problème le plus majeur ne concerne peut-être pas vraiment la taille, mais le caractère pluridisciplinaire. Aujourd’hui, à cause de la grande fragmentation post-68, nos universités ne sont souvent pas vraiment des universités (dans le vrai sens du terme) mais plutôt des instituts (de droit, de science, de SHS). Le caractère pluridisciplinaire est assez relatif. Si on voulait vraiment créer des universités de petite taille et pluridisciplinaires, il faudrait alors recomposer de façon drastique. Cela nécessiterait en effet de fragmenter nos actuelles universités pour en distribuer des petits morceaux à gauche à droite pour faire de nouveaux établissements petits et pluridisciplinaires. Tout cela ne me semble pas réaliste.
Comment faire alors pour trouver la bonne recette avec les ingrédients que sont la taille raisonnable et la pluridisciplinarité (et en prenant en compte l’héritage du passé, c’est-à-dire l’état des lieux actuel) ? Pour ma part, voici « ma » solution. Il faut créer de grandes universités attachées aux grandes métropoles (plusieurs pour Paris). Il faut donc poursuivre le processus en cours de regroupements. En même temps, il faut profondément réformer le principe de fonctionnement interne des universités, en décentralisant un grand nombre d’affaires internes aux composantes (écoles, Instituts, UFR, et autres). Ces composantes auraient une taille « humaine », disons entre 3 et 10.000 étudiants. Le niveau supérieur aurait alors une vision très macroscopique et pourrait se focaliser sur les grands dossiers, les relations extérieures et autre lobbying. Au niveau des composantes, on traiterait les « affaires du quotidien » (recrutements, carrières, formations, recherche, administration, …). Cela nécessiterait bien entendu une sorte de petite révolution copernicienne, et ce n’est pas gagné d’avance tant les universitaires aiment le pouvoir centralisé (et lointain) et l’administration aux multiples étages. Je ne sais pas si la loi actuelle permettrait ce glissement ou bien s’il faudrait tout réécrire …
105 commentaires
Comments feed for this article
30 novembre 2014 à 17:27
Dan- visseur petit
Bon, « petit est beau » , mon leitmotiv depuis que j’ai la chance de sillonner sous les ailes de Rachel l’espace intergalactique. J’attends qu’un grand nom soutienne ma thèse sur l’illusion pluridisciplinaire institutionnelle : je crois ( croyance, pas vérité démontrée – quoique…) que l’interdisciplinarité tous azimuts est un mythe, car l’interdisciplinarité nait de rencontres et de curiosité, et se fabrique par volonté des chercheurs, par ouverture, pas par localisation dans le même monstrueux campus. Qu’il y ait une direction régionale de l’ESR dans les grandes régions, quand le ministère de l’ESR aura été supprimé grâce à la taille critique des régions, très bien. Elle fera ce dont parle Rachel, mais les Universités doivent rester à taille humaine ( 10 à 15000, c’est un bon chiffre). Cela peut poser des problèmes de carrière, mais les universités sont faites pour les étudiants, pas pour les profs, comme les entreprises sont faites pour les clients, pas pour le personnel…aïe, aîe, aîe…
30 novembre 2014 à 19:08
Rachel
@Dan, on en a déjà discuté, mais je ne peux pas m’empêcher de rappeler une anecdote rapportée par Simon Leys, à propos des « personnels de l’université ». Cela se passe à l’occasion d’une visite d’un ministre de l’éducation et qui commence son discours : « Messieurs, vous êtes tous des employés de l’université… ». Alors un universitaire se lève et déclare : « nous ne sommes pas les employés de l’université, nous sommes l’université. ».
D’ailleurs cette notion de définition ne s’est pas perdue, par exemple un des « groupes » (celui du 4 avril) a un blog qui s’appelle « nous sommes l’université et la recherche ». C’est un peu exagéré si on se souvient que l’université et la recherche sont des services publics et non pas une auberge d’autoentrepreneurs, mais ce n’est pas complètement faux non plus.
Une précision : l’université ce n’est pas que pour les étudiants. C’est aussi un lieu de recherche.
30 novembre 2014 à 19:41
FBLR
@Dan
Les étudiants… et la production de savoir :-)
Mais accord sur l’argument de taille, plus je vieillis moins je peux voir en peinture c’est grosses structures qui ne servent que de prétextes à allonger les hiérarchies (pour recaser et faire progresser les nuisibles) et emm**** les opérationnels
30 novembre 2014 à 23:15
Emmanuel Lazard (@EmmanuelLazard)
@Rachel
Si la légende est vraie, il s’agit de la réponse faite par Rabi à Eisenhower lors de la visite de ce dernier à Columbia :
« At a faculty ceremony in honor of the professor’s achievement, Eisenhower made a brief speech. It included a remark about how it was always good to see an employee of the university get recognized. At that point, Professor Rabi interrupted him and said, ‘Excuse me, sir, but the faculty are not employees of the university. The faculty are the university!' »
(Source : http://www.alessandra.com/timelytips/97.asp)
1 décembre 2014 à 02:06
étudiant inquiet
Où est-il écrit que la norme internationale est de 10-15K étudiants ?
– En Allemagne les universités sont bien plus grosses ; Göttingen a 26K étudiants ; Heidelberg : 31K ; Munich : 48K ; Humbolt : 33K.
– Aux USA, il y a des universités dans cet ordre de grandeur, comme Caltech, Princeton ou le MIT, mais elles sont privées. Les universités d’Etat ont beaucoup plus d’étudiants (Berkeley : 36K ; Wisconsin–Madison : 43K ; Florida : 49K…).
– En Angleterre, la norme est plutôt aux alentours de 20K (Oxford : 22K ; Cambridge : 18K ; Manchester : 38K ; Exeter : 19K…).
Il y a bien l’EPFL en Suisse qui n’a que 9K étudiants, mais l’ETZH en a 18K…
Les universités de 10-15K étudiants semblent plutôt être des exceptions – et souvent très riches !
Comme le dit Rachel, l’important est surtout de créer des structures décentralisées, où le président de l’université n’a pas besoin de signer les conventions de stage (en trois exemplaires) de ses étudiants.
Ensuite, si on veut vraiment réduire le nombre d’étudiants par université, c’est tout simple : il suffit de mettre de la sélection à l’entrée, et les effectifs chuteront.
1 décembre 2014 à 05:57
Petit Cerveau
@etudiant, Rachel, ce n’est pas uniquement une question de structure interne aux établissements, mais aussi une question de régulation de l’ensemble des établissements. De façon caricaturale, si vous avez un petit pays avec dix universités, les étudiants et les EC ont plus de choix que lorsque il n’y a qu’une université. Si une des dix universités ne fonctionne pas bien, il est 1) facile de le voir en regardant les autres, et 2) facile d’y remédier en changeant d’université. Ce second point fait que les universités ont toutes intérêt à bien fonctionner car sinon elles se vident. Ce n’est pas le cas lorsqu’il n’y a qu’une université dans le pays, puisqu’il n’y a plus de point de comparaison ni de solution de remplacement.
De façon assez intéressante, les politiques locaux sont souvent demandeurs d’universités (on se souvient de l’IUT de Dôle, par exemple), et il suffirait donc de leur faire plaisir pour arriver à un meilleur maillage du territoire.
1 décembre 2014 à 09:45
Damien
@étudiant inquiet
« Où est-il écrit que la norme internationale est de 10-15K étudiants ? »
Peut-être que si on compte la médiane des universités, on en est là (j’ai l’impression que contrairement à votre affirmation, on peut trouver beaucoup de « petites » universités, avec même moins de 10K étudiants, mais à part les plus riches et prestigieuses, les autres sont peu connues)…
Pour le moyenne, par contre, ça me semble douteux. Pour continuer dans les « petits » pays, l’Irlande ou le Danemark comptent également des universités de plus de 30K.
De toute façon, j’ai l’impression que quiconque prétend donner une « norme » (sur la taille, le statut, la mono/pluri-disciplinarité, whatever…) concernant l’enseignement supérieur à l’échelle mondiale ne peut que dire une ânerie, étant donnée la diversité des situations.
@Petit Cerveau
« De façon caricaturale, […] »
Effectivement, c’est caricatural. Déjà, entre 1 et 10, il y 8 valeurs possibles. Actuellement, il y a 74 universités en France, plus un très grand nombre d’écoles et d’instituts variés. Je ne crois pas que la France souffre d’un manque de concurrence dans l’enseignement supérieur, sauf dans quelques cas d’oligopoles légaux.
Et puis, même avec les universités « centralisées » qu’on a en France, il est difficile de faire des généralités du genre « une des dix universités ne fonctionne pas bien », au moins pour les étudiants (puisque ce sont eux qui « changent d’université »). Les situations se déclinent à l’échelle des facultés, voire en-dessous.
Bref, si on avait 10 campus universitaires en France, votre remarque aurait peut-être du sens, mais on n’en est pas là.
1 décembre 2014 à 09:58
Damien
Tiens, sur http://orientation.blog.lemonde.fr/2014/12/01/le-combat-grandes-ecoles-universites-est-depasse-christian-lerminiaux-president-de-la-cdefi/ :
« O. R : Quelle serait la taille idéale pour une université ? »
« C. L : Le standard international est de 30 000 étudiants. »
Faudrait savoir ! (cela dit, ce chiffre me semble nettement plus réaliste, même si ce serait plutôt une « moyenne » qu’un « standard »)
1 décembre 2014 à 17:43
Petit Cerveau
@ Damien, mon point de comparaison est avec le Royaume-Uni, ou il y a environ 100-140 vraies universites plurisdisciplinaires, « plus un tres grand nombre d’instituts varies », et ou la forme longiligne du territoire fait que dans un rayon de 100km on peut trouver au moins 3/4 universites hors Londres (voir par exemple Liverpool/Manchester).
D’autre part, je ne suis pas d’accord avec le fait qu’il y aurait 74 universites en France: si vous regardez par exemple Toulouse et ses 3 universites, elles ne devraient n’en faire qu’une si le mot « universite » etait pris au sens pluridisciplinaire du terme. De ce point de vue la reunification via les COMUE est logique mais elle va surtout faire apparaitre un maillage tres pauvre du territoire. Et combien d’universites donneront ces COMUE s’il s’agissait bel et bien de creer des universites au vrai sens du terme?
Enfin, les facultes dans la situation actuelle sont une coquille vide parce qu’elles n’ont pas d’existence budgetaire tres claire et de la separation des credits enseignement/recherche, assez curieuse dans un contexte de « fongibilite » – certes asymmetrique – des emplois. Si je suis d’accord sur l’importance de l’independance des facultes pour le futur, ca peut aussi etre tres complique dans un contexte d’isolement geographique, car la seule source de mobilite en cas de probleme est par exemple de passer de math a physique, ce qui n’est pas forcement souhaitable.
1 décembre 2014 à 23:18
FBLR
@Damien
Sincèrement, c’est moins la taille que le statut des Universités qui est intéressant ici. Transformer les universités en EPIC, libres de réaliser leur budget et de disposer de leurs dotation (suivant des règles transparentes et anticipables) de l’état et des collectivités locales,… voilà une révolution copernicienne :-)
M’enfin, je l’avais déjà proposé par ici et ça n’avait pas levé les foules (tout comme les autres propositions): autonome mais pas trop :-)
1 décembre 2014 à 23:30
FBLR
Toujours sur ces histoires de nombres d’élèves. Il y a plus de 7000 institutions du supérieur aux USA. En effet, il n’y a pas que des « research universities », ce n’est ps faute de le rappeler.
Dans ce contexte, les 21 millions d’élèves représentent une moyenne de 3000 élèves par institution. sur ces 21M, un gros tiers (7,3M) iront étudier dans des petites structures (en 2 ans, l’équivalent de nos IUT/BTS plutôt)
(source: nces.ed.gov)
Pourquoi ne comparer qu’à l’aune des 500 voire 200 universités les plus importantes (ou simplement dites « de recherche ») ?
2 décembre 2014 à 09:20
Damien
@FBLR
« Sincèrement, c’est moins la taille que le statut des Universités qui est intéressant ici. »
Je suis d’accord que ce n’est pas le point essentiel de l’entretien, je l’ai juste repris parce que c’était directement en réponse à la remarque de Jean Tirole.
2 décembre 2014 à 11:14
JF
Franchement, donner une valeur moyenne pour une distribution qui est probablement (comme à peu près n’importe quoi dans les systèmes auto régulés, naturels ou sociaux) une loi de puissance, par définition ça n’a pas de sens :-)
2 décembre 2014 à 20:31
FBLR
@JF
Je vois que Gabaix infuse partout on dirait :-)
Aucune contestation sur la stupidité de la moyenne que j’ai calculée au-dessus (en pratique il faudrait sans doute chercher des segments homogènes puis voir les déformations sur chacune des institutions « types », clairement un Liberal Art College n’a pas grand chose à voir avec une state university pluridisciplinaire multisite, ne parlons même pas des institutions délivrant des certificats d’aptitude…)
Quelle est la raison de cette prédominance des lois de puissance ? Existe-t-il des raisons « micro » qui permettent, une fois agrégées/intégrées de les interpréter ?
3 décembre 2014 à 00:28
Somewhere else, part 190 | Freakonometrics
[…] Jean Tirole, « il faut revenir à des établissements pluridisciplinaires de petites taille »" https://rachelgliese.wordpress.com/2014/11/30/jean-tirole-small-is-beautiful/ … par […]
3 décembre 2014 à 17:58
Christophe A
IL est certain que la décentralisation n’est pas qu’une affaire entre l’Etat parisien et ses périphéries de province, mais également entre les « présidences » des universités (qui servent bien souvent, en province, de marchepied pour des courses à la notabilité) et les composantes. Cependant, j’ai bien peur que, dans les faits, cela ne conduise à surcharger encore les enseignants-chercheurs de toutes ces taches plus débiles les unes que les autres, pour lesquels ils ne sont pas formés (gestion des affaires courantes), certains, incapables d’avoir des idées et une carrière de chercheur, deviennent des super-tacherons, et finissent par se retrouver au chateau-fort du bureau du CA. Franchement, le mieux est le statu quo. Au point où on en est…
8 décembre 2014 à 11:38
Poutine7
Si on doit se caler sur la norme international, on ferme l’Ecole Polytechnique ?
D’ailleurs, on commence bien par fermer des prépas (cf EducPro ci-dessous)
Les enseignants des CPGE (classes préparatoires aux grandes écoles) des académies d’Aix-Marseille et de Poitiers sont mécontents. Et ils le font savoir. Professeurs et lycéens, ils étaient près de 200 à manifester mardi 2 décembre 2014 devant le rectorat de Poitiers. Celui-ci envisage, en effet, de fermer trois classes : deux en filière scientifique (PCSI) et une en littéraire (hypokhâgne). À Aix-en-Provence, c’est une classe de PCSI qui devrait disparaître à la rentrée prochaine, et deux établissements pourraient également être touchés à Avignon.
Des classes en sous-effectif
La raison ? Un taux de remplissage insuffisant. « Certaines filières sont si peu attractives que seul un élève sur deux les avait placées en premier vœu sur APB », argumente Jacques Moret, recteur de Poitiers. Ainsi, près de 40 % des places des classes prépas scientifiques (PCSI) du lycée Camille-Guérin de Poitiers seraient restées vacantes à la rentrée 2014.
Quant à la filière lettres de cet établissement, c’est sa finalité même qui est remise en question. « Plus de 75 % des étudiants de cette classe sont réorientés vers l’université à la fin des deux ans et aucun élève n’a été admissible dans une grande école en 2014 », affirme Jacques Moret, qui prévoit d’ouvrir de nouvelles classes prépas, en particulier à destination des bacheliers technologiques et professionnels à la rentrée 2016.
L’UPS (Union des professeurs de classes préparatoires scientifiques) y voit surtout un moyen pour le ministère de faire des économies. « Or, en fermant des CPGE, on appauvrit l’offre de formation dans certaines régions, ce qui introduit un facteur d’inégalité dans l’accès à l’enseignement supérieur », s’indigne Sylvie Bonnet, la présidente de cette association. « Les classes préparatoires fonctionnent pourtant comme un ascenseur social pour de nombreux élèves provenant de milieux modestes. »
Du côté d’Aix-Marseille, où une classe de PCSI devrait fermer à la rentrée 2015, le rectorat communiquera sur les raisons de sa décision début janvier, avant l’ouverture d’Admission-postbac, le 20 janvier 2015.
Les fermetures de classes préparatoires aux grandes écoles pourraient s’accélérer les prochaines années. Aujourd’hui, moins de 38,5 % des étudiants qui intègrent une grande école sont passés par la case prépa.
8 décembre 2014 à 16:54
Sylvain
@Poutine7 : Justement Jean-François Méla parle de Polytechnique dans son dernier billet http://jfmela.free.fr/jfmblog/?p=309 , et mentionne que 152 étudiants sur les 401 que compte la promotion 2014 viennent de deux lycées parisiens : comme inégalités régionales et sociales dans l’accès à l’enseignement supérieur, c’est pas mal.
8 décembre 2014 à 16:58
Astronaute en transit
Je suis plutôt d’accord avec l’Etudiant, en ce que je ne suis pas sûr qu’il y ait vraiment une norme aussi bien qu’une taille idéale pour les établissements. Sans estimer que le méga-structure à plusieurs dizaines de milliers d’étudiants (voire dépassant les centaines) soient souhaitables, il me semble que des tailles diverses peuvent coexister selon les endroits, l’histoire, les moyens… C’est d’abord une question d’efficacité de gestion.
Etant donné la culture de travail dans le service public et monopolistique français, je ne crois pas qu’il sera facile de procéder à refonte totale des systèmes d’administration et de gestion des établissements impliquée par l’évolution que souhaite Tirole, évolution tout à fait défendable par ailleurs. Pour moi, la refonte de la culture de travail de l’université publique à la française est autant un leitmotiv que le « small is beautiful » de l’ami Dan… mais je suis tout à fait sceptique que cela soit mis en oeuvre dans un avenir proche. La réforme territoriale du pays est d’ailleurs elle-même très incertaine et on risque de perdre encore beaucoup de temps simplement en ajustements aux chamboulements (sans parler de la grotesque pléthore de personnels qu’il y a à résoudre au niveau de l’administration locale) avant que l’impact de cette réforme ne touche aussi les établissements d’enseignement supérieur.
9 décembre 2014 à 18:15
FUBAR
@Sylvain: même constat pour le concours A/L de l’ENS. Deux lycée tiennent le haut du pavé depuis longtemps. Outre qu’ils sélectionnent leurs ouailles depuis la 6e, ils attirent comme un aimant les bons élèves des prépas de province convaincu qu’ils prennent des risques en restant chez eux. Le résultat est un gros formatage des cerveaux de lauréats… mais comme dirait l’autre, que faire?
Par ailleurs et ça n’a rien à voir, je ne sais pas si small is beautiful, mais big is definitely dilapidated:
http://universiteenruines.tumblr.com
Tata Fubar est contente, on s’intéresse enfin au quotidien du profaillon.
10 décembre 2014 à 09:30
Damien
@FUBAR
Quand j’étais étudiant, cette domination écrasante de lycées parisiens en lettres était déjà connue, mais en sciences (même à l’ENS) on se « vantait » de ne pas en être là. Le problème c’est justement que la domination qui existait en lettres se retrouve maintenant aussi en sciences.
« mais comme dirait l’autre, que faire? »
Comme le propose JF Mela, diversifier les sources de recrutement ? Toujours quand j’étais étudiant, il y avait eu un gros mouvement de protestation à l’ENS parce qu’il était question d’avoir quelques places accessibles à des universitaires dans les cursus prestigieux (ça faisait un certain temps que le concours F/S permettait à quelques étudiants en biologie ou médecine d’être normaliens, mais ces étudiants ne pouvaient pas être assimilés à des C/S ou des A/L). C’est dur de lutter contre la sacralisation du concours classique (et de quelques CPGE parisiennes), mais si c’est la sélection qui fait le normalien (ou l’X), à quoi servent donc les années qui suivent ?
« mais big is definitely dilapidated: »
Quand on voit une photo d’un labo de l’ENS qui tombe en ruine, c’est « big »?
10 décembre 2014 à 09:48
FUBAR
@Damien: « mais si c’est la sélection qui fait le normalien (ou l’X), à quoi servent donc les années qui suivent ? »… Je crois que la tendance des prochaines années sera à la remise en question du statut de fonctionnaire stagiaire, mais peut-être que je me trompe.
« Quand on voit une photo d’un labo de l’ENS qui tombe en ruine, c’est « big »? »… Alors disons plutôt: « French is dilapidated? » Je cherche encore le « Beautiful » en tout cas….
10 décembre 2014 à 10:00
Damien
@FUBAR
« Je crois que la tendance des prochaines années sera à la remise en question du statut de fonctionnaire stagiaire, mais peut-être que je me trompe. »
Ça c’est une autre question. On peut se demander effectivement ce que signifie ce statut quand 1) l’état ne propose pas d’emploi de fonctionnaire à la sortie 2) l’engagement décennal n’est pas respecté.
Mais bon, cette remise en question est sans cesse annoncée (ou faite, je ne sais pas), mais le statut reste. Là encore, la défense du statu quo marche très bien.
11 décembre 2014 à 07:59
Gueux
@Damien: « … si c’est la sélection qui fait le normalien (ou l’X), à quoi servent donc les années qui suivent ? »
Cette question ne se pose pas que pour l’X et l’ENS.
11 décembre 2014 à 09:09
Astronaute en transit
Etant donné les mobilisations d’aujourd’hui contre le délabrement des facs… et de leurs WC, on pourrait lancer le slogan « Clean is beautiful »!
11 décembre 2014 à 10:11
FUBAR
@Astronaute: Oui mais l’inverse est-il vrai? Toute la question est là…
11 décembre 2014 à 12:43
Astronaute en transit
@ FUBAR: c’est vrai q’il y a des scatos dans le monde de l’art qui voient de la beauté dans le sale… il faut de tout pour faire un monde, je suppose?
11 décembre 2014 à 13:06
FUBAR
@Astronaute: blague à part, est-ce que la phrase « Small is clean » se vérifie?
11 décembre 2014 à 14:33
Damien
@FUBAR
A une certaine échelle, ça doit avoir une certaine réalité. Mais « very small » alors, genre pas plus de 100. Dès qu’on arrive à un niveau où ceux qui décident de l’allocation des ressources n’utilisent pas les mêmes toilettes que les autres, ça ne se vérifie plus (pas mal d’établissements scolaires secondaires pourraient en témoigner).
11 décembre 2014 à 14:44
amigue
Je suis bien d’accord avec Rachel que l’enjeu réel n’est pas la taille totale de l’ensemble mais la décentralisation interne des décisions dans les établissements et leurs composantes.
On peut vouloir une « fusion » pour réduire les coûts de fonctionnement, mais l’exemple de l’intercommunalité devrait faire réfléchir les adeptes béats du nouveau management public que cela n’a rien d’automatique. Une raison meilleure serait de favoriser des réorientations en premier cycle et une approche davantage pluridisciplinaire en premier cycle (un système majeure/mineure par exemple). On peut vouloir la fusion pour faire du lobbying, soit local, auprès des Régions ou grandes villes, soit national, auprès du Ministère. Il est d’ailleurs curieux que la CPU ne semble pas s’inquiéter outre mesure (du moins officiellement…) de la possibilité de se voir remplacée par une Conférence des Présidents de COMUE, conséquence pourtant logique des fusions en cours et répondant bien à l’objectif ministériel de « l’Etat stratège ».
Le problème de tout ce débat sur la « taille optimale » (et ce n’est pas le seul) est qu’il est abordé avec la manie bien française de croire qu’un avis extérieur est le mieux à même de décréter ce qui est « efficace » ou pas pour une structure donnée. Une fois la décision prise sur la « bonne » taille, décision prise de l’extérieur, ou « d’en haut » si l’on préfère, on va l’imposer de force à tout le monde indistinctement puis on laissera se débrouiller les acteurs qui la subissent avec le redoutable problème de parvenir à faire fonctionner efficacement leur propre structure.
Fusionner (ou éclater) des établissements a des avantages et des inconvénients, une balance que seuls les premier concernés sont à même de mesurer. Donc ce genre de décision devrait partir « d’en bas » , sur la base des intérêts communs aux acteurs impliqués localement. Quand on dit cela, on vous rétorque que rien ne partira jamais « d’en bas » à cause de l’individualisme des universitaires, des rentes et positions acquises, des inerties et pusillanimités paresseuses et du manque de « vision » des responsables.
Cela revient à dire que le problème est un défaut de mise en concurrence des établissements et de sélection des meilleurs. Je ne vois absolument pas en quoi la fusion d’établissements entre eux, ou d’écoles et de composantes universitaires entre elles pourrait créer une quelconque mise en concurrence. Bien au contraire, elle noie tout le monde dans de grands ensembles gris, les plus performants comme les plus médiocres, et ne peut produire qu’encore plus d’individualisme (beau nom pour l’égoïsme et la défense du « statut » de fonctionnaire éducatif), de démotivation collective et de comportements collusifs et rentiers certainement pas favorables à la qualité du système d’enseignement supérieur pour les étudiants et au delà pour la collectivité.
11 décembre 2014 à 16:34
PR23
« la CPU ne semble pas s’inquiéter outre mesure (du moins officiellement…) de la possibilité de se voir remplacée par une Conférence des Présidents de COMUE »
Rassurez-vous, cher Amigue, les présidents d’université font beaucoup actuellement pour que les présidents de COMUE n’aient pas plus de pouvoir que le roi de Suède. Sans parler des directeurs des écoles embarquées dans ces aventures que sont les constructions de Comue
12 décembre 2014 à 11:55
Poutine7
Centrale toujours une école de management ?
Classement innovation Industrie&Techniques
1. Grenoble INP ;
2. Ecole polytechnique ;
3. INSA Lyon ;
4. INP Toulouse ;
5. Mines ParisTech ;
6. ESPCI ParisTech ;
7. UTC ;
8. IPB Bordeaux ;
9. Télécom ParisTech ;
10. ISAE Toulouse ;
11. Ecole des Ponts ParisTech ;
12. CPE Lyon ;
13. Arts et Métiers ParisTech ;
14. Mines Nancy ;
15. Centrale Lyon ;
16. Centrale Nantes ;
17. Supélec ;
18. Télécom Bretagne ;
19. Centrale Paris ;
20. INSA Toulouse ;
21. ENSCM-Chimie Montpellier ;
22. Centrale Lille ;
23. ENSIC ;
24. AgroParisTech ;
25. INSA Rennes ;
26. Polytech Nice Sophia ;
27. UTT Troyes ;
28. Polytech Nantes ;
29. Mines Saint-Etienne ;
30. Chimie ParisTech ;
31. Télécom SudParis ;
32. Polytech Marseille ;
33. EEIGM ;
34. Ensta ParisTech ;
35. Télécom Nancy ;
36. ECPM ;
37. Mines Douai ;
38. Ensta Bretagne ;
39. ISAE-ENSMA ;
40. UTBM ;
41. Mines Nantes ;
42. ESIEE Paris ;
43. ENSI Poitiers ;
44. Polytech Orléans ;
45. ENAC ;
46. Polytech Lille ;
47. Oniris Nantes ;
48. ENSI Caen ;
49. Polytech Tours ;
50. Mines Albi-Carmaux.
12 décembre 2014 à 13:40
amigue
@PR23 J’entends bien ce que vous dites. Ma perplexité porte plutôt sur ce qui pourrait bien sortir du champ de ruines que nous habitons au quotidien. La dissonance cognitive entre la réalité et les discours me semble prendre des proportions inédites d’aussi loin que j’arrive à rassembler mes faibles souvenirs.
Côté discours, on assiste à des débats in abstracto sur les sujets les plus divers: la taille optimale d’une université, la sélection des étudiants, le montant des droits d’inscription, le rapprochement entre GE et universités, etc… Chacun y va de son avis définitif et cajole sa théorie (ou son idéologie) préférée sans beaucoup de souci des réalités concrètes de la situation de l’ESR.
On voit même parfois des débats surréalistes. Dans ma discipline (l’économie), un certain nombre d’étudiants plaident pour une refonte radicale des enseignements dans un souci « d’ouverture » et de « pluralisme ». On en voit même proposer de créer des comités étudiants définissant les grandes orientations des cours de L puis de superviser le travail des professeurs chargés de leur enseigner des contenus choisis par eux au préalable. Amusant…
Côté réalité, on assiste à une concentration sans précédent des décisions au niveau ministériel. C’est ce qui explique le renforcement des prérogatives du CNU ou le maintien de la CPU bien utile pour contrer les éventuelles velléités d’autonomie des COMUE, minées de l’intérieur par les PU et les directeurs d’écoles. On a complètement tourné le dos à la timide ouverture vers une vraie autonomie des universités engagée par la LRU, mais à bas bruit, sans que rien ne soit dit explicitement.
Les nonistes devraient se réjouir de cette liquidation en douceur de la loi Pécresse, mais ils semblent également nerveux devant une situation qu’ils sentent bien leur échapper à eux aussi. Quand j’en parle autour de moi, on m’explique que tout cela vient de la situation financière difficile qui incline les acteurs à la plus grande docilité vis-à-vis du ministère. Je veux bien, mais l’épisode des 70 millions perdus puis miraculeusement retrouvés, fruit de la munificence éclairée de notre actuel Monarque, montre jusqu’à la caricature à quel point le corps intermédiaire de l’ESR est affaibli face au gouvernement. Le plus fort de tout est qu’il me semble que le gouvernement veut concentrer tout le pouvoir entre ses seules mains mais sans avoir la moindre idée de quoi en faire, n’ayant aucune stratégie ou visée politique en fait vis-à-vis de l’enseignement supérieur (à part le dépouiller de toute autonomie d’action).
12 décembre 2014 à 13:47
Astronaute en transit
@ Fubar, j’avoue que ce n’est pas facile à trancher: un petit établissement n’a pas forcément les mêmes façons de gérer des coûts de fonctionnement… et n’aura pas, par exemple, une charge écrasante en masse salariale, ce qui pourrait bénéficier par ailleurs à l’entretien de l’infrastructure immobilière, mais cela parait très théorique.
En réalité je tombe plutôt sur un contre-exemple. Lorsque j’ai fait mes études à Sciences Po fin des années 80 les toilettes étaient sans grande distinction avec celles des autres établissements publics dans mon expérience, c’est à dire pas spécialement propres. Situation plutôt différente une douzaine d’années plus tard lorsque je suis revenu pour y enseigner. L’ensemble des locaux, y compris dans des bâtiments pourtant assez vétustes, était bien plus propres que dans mon souvenir mais cela se voyait encore plus aux toilettes. En revanche la taille de l’établissement (en étudiants, personnels et locaux) avait pratiquement triplé!
12 décembre 2014 à 17:19
FUBAR
@Amigue: « La dissonance cognitive entre la réalité et les discours me semble prendre des proportions inédites d’aussi loin que j’arrive à rassembler mes faibles souvenirs. » Je suis assez d’accord, c’est pourquoi je suis toujours assez contente que le petit bout de la lorgnette trouve de temps à autre une forme de verbalisation ou une autre. Pour autant il faut bien réfléchir à ce que pourrait être l’université si on la laissait entre nos mains, mains que nous avons par ailleurs assez largement dans le cambouis. Mais alors que nous réfléchissons de façon plus ou moins idéologique ou pragmatique, il me semble que nous ne retrouvons jamais vraiment les questions évoquées dans le (les) discours publics.
J’essayais aujourd’hui d’expliquer à deux collègues roumaines les subtilités de notre système universitaire (pourquoi les universités parisiennes ont des numéros, ne sont pas forcément des universités « complètes » et de toutes les façons sont désormais regroupées suivant des critères obscurs et pour des raisons relativement floues)… elles sont restées perplexes. Un système inexplicable est-il voué à l’extinction?
@Astronaute: Merdalors, il n’y a donc aucune loi qui indexerait la taille d’une institution à la propreté de ses toilettes, alors quoi? Son ratio public/privé?
12 décembre 2014 à 17:57
Hugo
@Amigue
« le corps intermédiaire de l’ESR est affaibli face au gouvernement »
Je crois que ce corps n’existe pas. Que mettez-vous dedans? Tous les employés de l’ESR, ou seulement les enseignants et les chercheurs? Et même si l’on se restreignait aux seuls E et C, il y a tellement de situations différentes (statuts, ambitions et comportements qui différent selon les disciplines, les générations, les établissements….) qu’il est impossible que l’ensemble des E et C puissent parler d’une même voix.
14 décembre 2014 à 11:25
Rachel
@Amigue, je suis bien contente de vous voir de retour sur Gaïa. Je pense que nous sommes tétanisés par les peurs des baronneries locales. Pour les éviter, nous avons une tendance à vouloir un pouvoir le plus éloigné possible. Je pense surtout que la loi actuelle est mal adaptée à des établissements de grande taille car tout est très centralisé. A mon sens, l’avenir est à des établissements de grande taille mais qui sont décentralisés, c’est-à-dire que les composantes auront des pouvoirs importants (recrutement, GRH, autonomie scientifique et pédagogique, …).
Si actuellement l’université ne compte pour rien, c’est (1) car elle a été atomisée avec très grand succès dans les années post 68 et il est grand temps de réparer ça. (2) elle est la seconde roue à la fois pour la recherche et pour l’enseignement supérieur, du fait de notre double dualité. (3) il n’y a pas de leader charismatique et aucune cohésion en termes de « vision de l’avenir », ce qui l’empêche d’avoir la moindre prétention de lobbying.
14 décembre 2014 à 12:46
Gueux
@Rachel: « Je pense que nous sommes tétanisés par les peurs des baronneries locales. »
Tout à fait, et ces baronies locales sont une réalité. Tant que ce problème ne sera pas admis et pris en compte, rien ne changera. Je ne vais pas revenir sur Dilbert, Putt, Parkinson, etc., mais les manières d’éviter, ou du moins de limiter, ces phénomènes sont connues. Encore faut il en avoir la volonté. C’est par là qu’il faudrait commencer. Sans cela, tout changement est une évolution quasi-certaine vers le pire.
« il n’y a pas de leader charismatique,… »
Ça sonne très bonapartiste. Je n’arrive pas comprendre ce besoin très français d’Hommes providentiels. Serait ce pour mieux pouvoir se rebeller contre le père fouettard et continuer à se comporter en adolescent irresponsable ?
14 décembre 2014 à 14:28
Rachel
@Gueux, d’accord les baronnies locales sont une réalité (mais précisons : elles ne sont pas une généralité). Mais ce qui est aussi une réalité, ce sont des responsables locaux (dans l’ESR ou ailleurs) qui font avec altruisme du boulot dans l’intérêt collectif. Je trouve absolument anti-progressiste le discours du « tout changement est une évolution quasi-certaine vers le pire ».
Pour le « leader charismatique », peut-être la formule est maladroite. Plutôt que « leader », « porte-parole » serait mieux ?
14 décembre 2014 à 16:01
Gueux
@Rachel, Sur quelle expérience vous basez vous pour dire que les baronnies ne sont pas une généralité ? Personnellement, je ne connais que des baronnies, plus ou moins caricaturales. Je veux bien (j’espère) qu’il ait des exceptions, mais de là à dire que c’est une généralité, no way. Peut être que notre différence de perception vient d’une différence de définition ou de position du curseur.
Je suis d’accord avec vous que beaucoup de responsables locaux agissent de bonne foi, croyant penser à l’intérêt général. Mais, dans les faits, la plupart ne se rend même pas compte qu’ils se comportent en potentats. Peut être que c’est notre culture/culte du chef qui veut ça.
14 décembre 2014 à 19:21
Rachel
Holala @Gueux, sur quelle planète vivez-vous ? Faut-il vous envoyer un vaisseau de secours ?
14 décembre 2014 à 19:59
Gueux
Rachel, après avoir travaillez longtemps à l’étranger, revenir en France donne en effet l’impression d’avoir atterrit sur une autre planète. Mon biglotron ayant été altéré par mon périple chez les aliens, j’avoue avoir du mal à le recaler sur les moeurs locales. C’est quoi la fréquence d’appel de la capsule de secours ?
14 décembre 2014 à 20:09
Sébastien
@Rachel, Gueux vit sur la même planète que vous, il a parfaitement raison de souligner que chaque directeur d’UFR (et a fortiori un président d’Université) use de ses pouvoirs, qui sont importants. D’un côté on vous dira : il en a le droit. De l’autre, on rétorquera : il y a de l’abus de pouvoir.
Mais partout on observe les effets du pouvoir confié à des baronnies locales : décisions pseudo démocratiques prises en réalité seul ou en très petit nombre (grâce à l’absence de véritable contre-pouvoir et aux organes internes qui ne sont que des chambres d’enregistrement), comportement autocratique et, trop souvent, paranoïaque (du type un simple contradicteur est forcément un ennemi à abattre), etc.
Quant au couplet sur les « responsables locaux qui font avec altruisme du boulot dans l’intérêt collectif », mieux vaut en rire (jaune) plutôt que de pleurer… Le moins que l’on puisse dire c’est que leur sens du sacrifice peut être remis en doute puisque les places sont suffisamment bonnes pour se faire réélire, s’accrocher, toujours, le plus longtemps possible…
14 décembre 2014 à 23:02
Rachel
@Gueux, est-ce que c’est mieux ailleurs ?
@Sébastien, comme @Geux : tous pourris ?
15 décembre 2014 à 16:33
Astronaute en transit
@ Fubar: à votre question, je dirais « si vis pacem, para bellum », appliqué dans notre situation à « Si tu veux être bien vu et attirer des étudiants, bats toi pour leur assurer de bonnes conditions d’accueil et, entre autres, des sanitaires rutilants! »
Dans l’établissement dont je parlais, il est de notoriété publique qu’on n’a pas fait le meilleur usage des ressources financières, de quelque origine qu’elles soient, mais malgré cela il y a manifestement eu une décision de gestion qui consistait à faire assurer le nettoyage trois fois par jour… et ça a été fait, ce qui veut dire que ça a bien été considéré comme une question prioritaire.
15 décembre 2014 à 16:45
amigue
@Hugo Je pensais à corps intermédiaire comme noyau d’intérêts communs. Et je pesais le rapport de force politique de ce noyau avec le gouvernement actuel. Ce qui me frappe par rapport à la fin des années 80 et les années 90 est qu’à cette époque, les discussions étaient souvent rudes avec le Ministère mais il y avait un sentiment commun qu’il fallait agir pour résoudre les problèmes posés par la massification de l’enseignement supérieur. Le deal en gros était que les universités accueillaient tout le monde (pas de sélection à l’entrée et droits d’inscription bas), repensait et adaptait à son public les cursus de formation (licences pro, etc…) et qu’en échange l’Etat mettait la main à la poche pour maintenir, voire améliorer la qualité de l’enseignement et de la vie universitaire (réfection des locaux, équipement, recrutement de personnel).
A partir de 2000 ça se lézarde et l’Etat se montre de plus en plus pingre. Avec le recul, l’épisode LRU se présente comme un accroc à une tendance lourde de défaussement de l’Etat de sa part du deal sur les universités elles-mêmes. D’où le retour en force des thèmes de la sélection, de la taille des établissements et des droits d’inscription. On en là et ce n’est pas sain je pense.
15 décembre 2014 à 16:48
Astronaute en transit
En réalité; je crois que cette histoire de toilettes reflète plutôt des cultures et des états d’esprit. Il y a des établissements qui ont compris que l’enseignement supérieur est un secteur concurrentiel: ils vont réfléchir aux moyens qu’ils peuvent se donner pour se mettre en valeur, ça peut prendre différentes formes, y compris la propreté et la modernité des lieux. Il faut choisir les moyens et s’efforcer de les atteindre en disposant de ressources qui, de toutes façons et à toutes les échelles, paraîtront toujours trop limitées. D’autres établissements pensent toujours qu’ils sont les bénéficiaires d’un monopole attribué à la fonction publique, qu’ils sont égaux les uns aux autres et que la notion même de concurrence, de satisfaction de l’usager et de qualité du service n’ont aucune espèce d’importance. Qu’importe alors que les locaux soient crades puisqu’on suppose que l’on a aucune opportunité d’aller ailleurs, et que comme c’est gratuit, hein, ça peut bien se permettre d’être merdique.
Ce qui est intéressant c’est que le comportement de potentat dont discutent Rachel et les autres se retrouve dans l’un ou l’autre cas de figure. Parfois l’on sait user et abuser de pouvoirs sans la moindre opposition pour aboutir à des résultats positifs, dans d’autres cas on ne fait qu’accompagner la médiocrité ambiante. Je me demande si un peu de mise en concurrence n’agirait pas comme un stimulus sur les potentats endormis… quand aux performants, ils pourraient avoir à craindre de se faire doubler malgré leurs résultats… encore faudrait-il que cela soit vraiment une partie prenante à la culture française, et j’en doute.
15 décembre 2014 à 16:49
FUBAR
@Astronaute: C’est bien ce que je pense aussi, mais attirer les étudiants n’est pas la seule raison qui doit pousser à prendre au sérieux l’état de délabrement des locaux. Qu’il s’agisse d’une question de mauvaise gestion ne fait aucun doute, avant d’être une question de moyens.
15 décembre 2014 à 16:52
Astronaute en transit
@ Fubar: tout à fait, mais la plupart du temps, il semble qu’on excuse la mauvaise gestion par le manque de moyens, et je m’inscris en faux contre ça.
15 décembre 2014 à 17:13
FUBAR
@Astronaute, moi aussi, mais jusqu’à un certain point seulement. Je suis en train de pondre (tenter de) un texte sur l’importance pour les universités de se doter de locaux salubres et même modernes. Ce que vous dites sur l’explication de la saleté par le monopole attribué à la fonction publique n’est pas inintéressant. Je pense que ça se double d’une sorte de pose misérabiliste et doloriste typique des universitaires français, quand il ne s’agit pas d’une revendication bravache de la fange comme signe visible d’intense activité intellectuelle. More soon.
@Amigue: ce n’est pas sain parce que l’état n’aurait pas dû se désengager? ou ces questions ne sont pas saines en elles-mêmes? Parce que désengagement ou pas, pour moi, ce sont des questions capitales.
15 décembre 2014 à 17:45
Astronaute en transit
@ Fubar: je crois que je lirai votre texte avec délices! Vous soulevez des points mille fois plus intéressants que toutes les revendications dont on est abreuvé depuis 2009… oups, pardon, 1986. Si seulement la modernité et la propreté des locaux avaient constitué un motif de mobilisation pendant toutes ces années! Moi, ce qui m’a lassé de ce petit monde, c’est qu’après tant d’années tant de gens soient encore complètement à côté de la plaque. Je vous encourage volontiers à élever la voix!
15 décembre 2014 à 17:59
FUBAR
Je m’y attelle, en même temps que tout le reste, mais ce qui me motive c’est que je crois qu’après l’emballement médiatique comme toujours très superficiel généré par le tumbler « universités en ruines », on va retomber dans la tiédeur habituelle sans comprendre qu’il s’agit effectivement d’un point crucial. Mais sur la question de la propreté des chiottes universitaires, qu’ai-je à apprendre à un astronaute « en transit »…. (oui je sais c’est faible, mais après une journée de cours dans une salle sous-chauffée, il ne faut pas s’attendre à ce que mon esprit pétille).
15 décembre 2014 à 19:12
Rachel
@Amigue, les thèmes de de la sélection, de la taille des établissements et des droits d’inscription, ce sont ceux qui sont au centre des discussions sur Gaïa. Gaïa serait-il un blog malsain ?
@Fubar, ce texte vous le mettez où ? sur Gaïa ? j’avais en tête un billet que je pourrais titrer « l’université numérique de demain, par Tata Fubar », où je reprendrais votre histoire de rétroprojecteur …
15 décembre 2014 à 19:57
FUBAR
@Rachel… Oui je pensais vous le proposer. Mais vous n’êtes pas obligée, hein. Le truc est en cours de rédaction, mais si vous même vous êtes emparée de la question… Je comptais bien placer mon rétroprojecteur. Pour l’instant ça s’intitule sobrement « De la salubrité des locaux universitaires ». je vous l’envoie dès qu’il est prêt.
15 décembre 2014 à 20:03
Rachel
@Fubar, je le veux ! ça va faire un carton, je le sens !
15 décembre 2014 à 20:27
FUBAR
P**** la pressioooooon! Je pèse chaque mot, ça prendre du temps… Pour l’instant je reste dans un registre sérieux, mais je sens confusément que vous voulez du sensationnalisme à la Fubar, du vécu, du 50 minutes inside…
15 décembre 2014 à 21:07
Rachel
@Fubar, je veux du Fubar !
15 décembre 2014 à 22:45
étudiant inquiet
Oui, on veut de l’absurdie bureaucratique ! du non-sens administratif ! de l’esprit de citadelle de la connaissance que-le-monde-nous-envie assiégée par des hordes néolibérales ! du lynchage de mandarin-e-s ! :-P
15 décembre 2014 à 23:27
Astronaute en transit
Parmi tous ces petits génies de la science, n’y a-t-il pas un fonctionnaire français de l’ESR pour inventer le rétroprojecteur-qui-en-même-temps-nettoie-les-chiottes? ça m’aiderait beaucoup pour mon transit :)
Après ça, Jean Tirole, c’est de la rigolade!
16 décembre 2014 à 08:37
Hugo
@amigue
Justement, quelle est actuellement le dénominateur commun des intérêts des enseignants et des chercheurs dans l’ESR? Je me demande s’il n’est pas réduit à ne demander que plus de moyens, mais sans consensus sur les objectifs de l’ESR et la manière de les atteindre.
D’ailleurs, je me demande si à l’époque de la massification de l’université dans les années 80, ce consensus existait réellement. Je me demande s’il y avait vraiment une majorité des enseignants pour vouloir cette massification. Prenons par exemple le cas de la médecine. Dans cette discipline, ils ont préservé la sélection via le numérus clausus et maintenu la charge annuelle d’enseignement à 92h alors qu’elle était doublé dans les autres disciplines de l’université. Il est peut probable que les professeurs de médecine aient pu être partisans de la massification.
Je suis un jeune maître de conférences, et ayant suivi le cursus des grandes écoles, je connaissais mal l’université française avant d’avoir été embauché. Je vous avoue que les contradictions actuelles dans le fonctionnement de l’ESR me laissent bien perplexe. J’imagine que je ne suis pas le seul. Et je pense qu’il est temps de faire un bilan de la massification à la française de l’enseignement supérieur.
Corrigez-moi si je me trompe, mais avant la massification des années 80, les formations vers les métiers les mieux payés n’étaient pas assurées à l’université, ou tout du moins pas dans des filière non-sélectives (comme maintenant d’ailleurs). Par quels accidents ou fourberies, la massification des formations non-sélectives est-elle devenue synonyme de démocratisation dans l’accès aux métiers de l’élite?
16 décembre 2014 à 10:04
Damien
@Hugo
« Justement, quelle est actuellement le dénominateur commun des intérêts des enseignants et des chercheurs dans l’ESR? Je me demande s’il n’est pas réduit à ne demander que plus de moyens, mais sans consensus sur les objectifs de l’ESR et la manière de les atteindre. »
A la lecture des discussions dans ce blog et ailleurs, je ne me le demande plus, j’en suis convaincu.
« Corrigez-moi si je me trompe, mais avant la massification des années 80, les formations vers les métiers les mieux payés n’étaient pas assurées à l’université, ou tout du moins pas dans des filière non-sélectives (comme maintenant d’ailleurs). Par quels accidents ou fourberies, la massification des formations non-sélectives est-elle devenue synonyme de démocratisation dans l’accès aux métiers de l’élite? »
Peut-être parce que « métiers de l’élite » n’est pas synonyme de « métiers les mieux payés ». Les EC sont probablement classés dans les « métiers de l’élite », si, si, et c’était certainement encore plus vrais avant la massification. De même que les agrégés, et même probablement les certifiés avant les années 80. Bon, tout le monde ne serait peut-être pas d’accord, ça dépend probablement où on place « l’élite »…
16 décembre 2014 à 11:07
Hugo
@ Damien
« métiers de l’élite » dans ma dernière phrase est un raccourci maladroit. Je voulais dire métiers les mieux payés, métiers des classes sociales supérieures.
Ensuite, si on regarde l’élite de la fonction publique, quelles sont les formations qui y conduisent principalement? Pour les agrégés, ce sont les ENS. Pour les E-C, il me semble que les grandes écoles fournissent une bonne partie du bataillon (en sciences dures, du moins). Pour les corps de l’état, l’X, l’ENA… Que ce soient les métiers les plus rémunérateurs ou les plus estimés académiquement, je ne vois pas comment l’université aurait pu être considérée comme la voie principale pour y accéder (en dehors, bien sûre, de médecine et du droit).
16 décembre 2014 à 12:10
étudiant inquiet
D’ailleurs très peu de juristes ou de médecins viennent ici…
16 décembre 2014 à 14:43
Damien
@Hugo
« Je voulais dire métiers les mieux payés, métiers des classes sociales supérieures. »
Ben je maintiens. Evidemment, la « supériorité » est relative. Mais en 1980, les agrégés avaient des revenus plutôt enviables comparés à la très grande majorité de la population.
« quelles sont les formations qui y conduisent principalement? Pour les agrégés, ce sont les ENS. »
Vraiment ? Je ne connais certes pas tous les concours, mais en maths ça me semble loin d’être une exclusivité. Et c’est en partie valable aussi pour les EC de sciences dures (surtout si on y inclut les SVT) et les grandes écoles (même si la proportion passée par une CPGE est élevée).
« Que ce soient les métiers les plus rémunérateurs ou les plus estimés académiquement, je ne vois pas comment l’université aurait pu être considérée comme la voie principale pour y accéder (en dehors, bien sûre, de médecine et du droit). »
Il faut comparer ce qui est comparable. On n’allait pas, de toute façon, massifier les ENS (encore que, pour les effectifs des GE/CPGE, ça a dû pas mal augmenter depuis 1980, en partie par l’ouverture de nouvelles écoles). Mais j’ai l’impression que pour une bonne part de la population des années 1970, l’université n’était pas la « voie principale » pour accéder aux « métiers les plus estimés académiquement », c’était simplement la seule voie tout court. Mon père, qui a fait des études supérieures, a découvert l’existence des CPGE une fois rentré à l’université. Les ingénieurs (diplômés) étaient d’un autre monde, et les gens les plus diplômés qui « existaient » étaient les médecins… et les profs.
16 décembre 2014 à 15:19
mixlamalice
Euh, concernant les agrégés, il me semble qu’aujourd’hui encore ils ont des revenus plutôt enviables comparés à la très grande majorité de la population.
Sachant qu’avec 3000e net on est dans les 10% de français aux revenus les plus élevés…
16 décembre 2014 à 15:31
Hugo
@Damien
Puisque l’on parle « élite », j’avais plutôt en tête les agrégés reçus dans les premiers (il y a 10 ans, je crois que c’était les 50 premiers pour les maths) et qui vont enseigner un jour en classes préparatoires. Parmi eux, je pense que la majorité sont des anciens normaliens ou magistériens des ENS. Et parmi les autres, je pense que la plupart sont passés par une CPGE.
« Mais j’ai l’impression que pour une bonne part de la population des années 1970, l’université n’était pas la « voie principale » pour accéder aux « métiers les plus estimés académiquement », c’était simplement la seule voie tout court »
Je l’ignore, mais la massification n’a pas été conduite par la population. Elle a été faite par des hommes politiques et des académiques qui connaissaient parfaitement les grandes écoles.
16 décembre 2014 à 15:54
Damien
@mix
« aujourd’hui encore ils ont des revenus plutôt enviables comparés à la très grande majorité de la population. »
Oui, mais après il faut savoir si on parle de 80 %, 90 % ou 98 %…
@Hugo
« Je l’ignore, mais la massification n’a pas été conduite par la population. »
A-t-elle seulement été « conduite » tout court ?
« Elle a été faite par des hommes politiques et des académiques qui connaissaient parfaitement les grandes écoles »
Il faudrait quand même noter qu’en proportion, les CPGE ont aussi connu une augmentation de leurs effectifs. Moindre entre 1960 et 1970 (*1,5 pour les CPGE, *3 pour l’université), mais supérieure depuis 1970 (*>2 pour les CPGE, seulement *<2 pour les universités). C'est ce que je disais par "comparer ce qui est comparable" au-dessus : l'université a toujours été dominante, et la massification n'a pas accentué cet état de fait (au contraire en fait, parce que les formations sélectives hors CPGE ont encore plus crû).
16 décembre 2014 à 17:02
FUBAR
Mes amis, dans un véritable esprit de Noël je partage avec vous un nouvelle épisode de ma petite chronique de l’université numérique du 3e millénaire (en attendant mon Grant Texte, que je paufine de l’autre main). Vous allez voir c’est épatant. Je viens de recevoir une invitation à m’inscrire dans divers ateliers « numériques » proposés par ma noble institution… ça donne ça:
« Programme:
– Vendredi 16 janvier : MacOS X, prise en main (matin) et perfectionnement (am)
– vendredi 23 janvier : Keynote (matin) et principes de réalisation d’un diaporama pédagogique (am)
– Vendredi 30 janvier : IOS (Iphone, Ipad) prise en main (matin) et perfectionnement (am)
– Mercredi 4 février : Outils numériques de prise de note (journée)
– vendredi 6 février: Initiation au mind-mapping (matin)
– mercredi 11 février: Réalisation de screencasts (am)
Ce programme sera complété au cours de l’année par d’autres propositions.
Précision: session en BYOD (Bring Your Own Device). Il faut venir avec son propre matériel. »
Une fois que j’ai eu remis ma mâchoire en place, je me suis demandée où étaient ces Iphones et ces Ipads, ces Macs rutilants… et puis j’ai compris que l’université, dans sa grande mansuétude, se proposait de m’apprendre à me servir du matériel que je me serai acheté avec mes sous à moi, ou, alternativement, que j’aurai eu la présence d’esprit de commander au Père Noël: BYOD! C’est tellement branché que c’est en angliche. Si mon Own Device ne m’a pas été chourré par un connard à capuche entre le métro et la fac, je vais pouvoir accéder au nec plus ultra de l’innovation numérique (roulement de tambours) le… screencast (j’entends d’ici vos cris d’enfants émerveillés) et le…. mind-mapping, truc de brain-storming à la noix pour gourou en « force de vente » qui se pratique aisément avec une feuille de papier et un feutre, mais chez nous on est tellement à la pointe qu’on fait du mind-mapping à coup d’Iphone… Je ne comprends pas très bien à quoi sert tout ça en classe, mais je comprends bien que c’est pour ça que mes étudiants échouent en licence.
Personne n’aura le mauvais goût de demander ensuite AVEC QUOI on montre aux étudiants notre « diaporama pédagogique » (qui fleure bon la soirée diapo des Bidochon) ou notre « screencast »… C’est l’esprit de Noël.
J’attends avec impatience les « autres propositions », mais une fois de plus l’université à le sens de la formule qui résume tout: Bring Your Own Device!
16 décembre 2014 à 17:12
Astronaute en transit
Ils pourraient aussi faire Buy Your Own Book For Dummies… On ne m’a pas proposé de formations du types que vous décrivez mais pour apprendre sur ces trucs là il y a aussi des bouquins abordables de la série « Pour les Nuls ».
Il y en a surement aussi pour que vous deveniez ceinture noire de taekwando et que le connard à capuche qui essaierait de vous chourrer votre device regrette de s’être levé le matin!
Bon Noel!
16 décembre 2014 à 17:50
FUBAR
@Astronaute. On ne vous a pas proposé ces formations au top du top parce que, contrairement à moi, vous n’êtes pas dans une université-numérique-du-troisième millénaire. Quant au Taekwando, le même canal m’informe que le dojo a été repeint: on a pensé à tout et anticipé nos moindres désirs!
Merry Christmas!
16 décembre 2014 à 21:56
Marianne
@FUBAR
Cliquer pour accéder à voici-ce-que-la-cpu-manigance-dans-notre-dos.pdf
Si j’en crois ce site web, on va tous être bientôt des petits veinards : page 3
« La formation continue des enseignants-chercheurs. Le nouveau décret statutaire reconnaît « clairement » la possibilité d’une formation continue pour les enseignants-chercheurs. Certaines formations organisées par les organismes de recherche et les laboratoires pourraient être mutualisées. Parmi les thèmes de formation continue, la CPU évoque « la prise en charge d’activités transversales ou administratives », « la pédagogie et la didactique disciplinaire », les « outils numériques, en appui à la pédagogie ». Par ailleurs, des « formations mixtes, à destination des enseignants-chercheurs comme des personnels Biatss » pourraient être proposées. »
Et qui c’est qui veut faire comme tata FUBAR une formation géniale BYOD (un peu comme les réunions Tupperware mais en plus chouette)
16 décembre 2014 à 21:57
Marianne
Ceci dit bonne année bien sûr….Plein de bonnes choses qui nous attendent!
17 décembre 2014 à 08:29
FUBAR
@Marianne. Oui j’ai vu passer ce document prometteur. En plus de la redéfinition alléchante de la répartition CM/TD, j’ai adoré cette phrase absurde: « rendre visible l’activité des enseignants du second degré au sein des établissements (implication formation et recherche) »… Rendons visible la recherche d’un corps qui n’est précisément pas censé en faire, voilà une idée qu’elle est bonne et lumineuse! Bon enfin bref, l’année 2015 sera pédagogico-numérique ou ne sera pas (réunion Tupperware, j’adore, c’est exactement ça)… BYOD, mais si vous voulez passer l’année, je vous conseille plutôt BYOB (Bring Your Own Booze).
17 décembre 2014 à 09:11
Hugo
@Damien
Ce n’est pas une excuse. Il y a eu tromperie par omission. Pour résumer grossièrement, les gens en charge dans l’enseignement supérieure se sont dit: « Les pauvres ne connaissent pas les grandes écoles. Tant pis pour eux. Les meilleurs de leurs enfants iront à l’université. S’ils deviennent enseignants en collège, ce sera déjà une formidable ascension sociale. »
C’est un discours du 19ème siècle, quand devenir instituteur était réellement un bond social pour un enfant de paysan. Ce discours ne prend plus, surtout avec la dégradation du statut social des enseignants. Les enfants des classes populaires et les classes moyennes contournent massivement l’université quand ils le peuvent.
17 décembre 2014 à 09:22
marianne
Ben je trouve ca moins absurde que le reste
Quand on est prag c’est a la fois complique de faire de la recherche et de changer de statut
S’il pouvait y avoir un systeme de decharge sur une duree qui permette de faire ses preuves ce serait bien
17 décembre 2014 à 09:26
marianne
Et un prag c’est pas prevu par le systeme donc un prag qui se casse la tete et prend des responsabilites par ex c’est juste un gars qui se fait avoir jusqu’a l’os……ca aussi ce serait bien que ca change
17 décembre 2014 à 09:40
FUBAR
@Marianne. Dans le temps, la où j’étais avant, un prag inscrit en thèse pouvait obtenir une décharge significative, ce qui me paraît à la fois logique et souhaitable. En revanche, un prag n’est pas tenu de faire de la recherche et d’ailleurs aucun volet « recherche » ne figure sur les profils de recrutement de prag. Afficher la mise en valeur de la recherche des prag comme une mesure de refonte de la répartition des tâches dans l’université me semble donc infiniment plus suspect qu’il n’y paraît, et au mieux putassier. Mais je me rends bien compte qu’avec l’âge je suis en train de virer plus parano que Mel Gibson dans Conspiracy Theory.
17 décembre 2014 à 10:20
Damien
@Hugo
« Pour résumer grossièrement, »
Et pour résumer grossièrement, je pense que votre interprétation est fausse, biaisée et même un chouïa de mauvaise foi.
« Ce discours ne prend plus, surtout avec la dégradation du statut social des enseignants. »
Certes, mais là où je suis totalement en désaccord, c’est que ce discours (dans une version « normale ») était largement justifié. Il y a effectivement eu un phénomène majeur d’ascension sociale grâce à cela. Ce n’est pas parce que cette ascension sociale n’apparaît plus 40 ans après qu’elle n’a pas existé.
17 décembre 2014 à 13:50
Gueux
@Marianne: De quelles responsabilités parlez vous ? Etre responsable c’est avoir une certaine marge de manoeuvre, prendre des décisions et en assumer les conséquences. Dans les faits, ces soit-disant « responsabilités » ne sont pour la plupart que du travail de secrétariat de base. Certes un PRAG n’a pas les assumer, mais un EC non plus. Je ne suis pas sûr que le contribuable soit content de payer quelqu’un niveau bac+8 pour faire du travail bac-2. A quand une grève du zèle ?
@FUBAR: Un PRAG n’est pas plus tenu à faire de la recherche qu’un EC du secrétariat. L’EC à ces taches de « responsabilité » largement valorisées (« si tu fais le shitwork, t’auras une promotion »), alors pourquoi le PRAG ne serait il pas reconnu pour faire ce qu’il pas sensé faire ? Cela me semble cohérent (dans la logique de l’ESR s’entend).
17 décembre 2014 à 14:07
Hugo
@Damien
Permettez-moi de douter que cette ascension sociale existait encore il y a 30 ans.
17 décembre 2014 à 14:10
Hugo
Et puis, que fait on maintenant?
17 décembre 2014 à 14:20
Hugo
Et à supposer qu’ils étaient de bonne foi, cela signifie qu’ils ont fait preuve d’une incroyable myopie. Si je ne me trompe, le principal débouché des études universitaires (hors médecine et droit) était dans l’éducation nationale. Comment comptaient-ils intégrer le flot de diplômés?
17 décembre 2014 à 14:31
FUBAR
@Gueux: entièrement d’accord avec votre définition des responsabilités vs. boulot de secrétaire et je ne dis pas qu’un prag qui trouverait le temps et l’énergie de faire de la recherche ne devrait pas être reconnu (là encore il faudra s’entendre sur que recouvre le mot « reconnu »: on leur donne des sous? on leur donne une image? on affiche leur article sur la porte (dégondée) du labo?). Je dis juste que dans cette phrase sur les prag et prce remise dans son contexte (un texte de propositions sorties du chapeau de la CPU), cette insistance étrange à reconnaître le travail de recherche des prag (qui ne doivent tout de même pas être majoritairement des chercheurs sauf si ce sont des agrégés en cours de thèse) est à mon avis là pour que les gens commencent à se mettre dans le crâne une forme d’harmonisation statutaire implicite (confusionnisme madré) qui va voir l’augmentation inexorable de la part d’enseignement que les EC auront à fournir. Timeo danaos et dona ferentes. Tout est effectivement cohérent dans la logique de l’ESR: on met tout plus ou moins à plat et comme finalement tous ces gens bossent au même endroit et font peu ou prou la même chose on va changer les EC en prag vaguement améliorés et on fera des économies sympas, puisqu’on ne peut plus recruter à cause du GVT.
17 décembre 2014 à 15:38
Damien
@Hugo
« Permettez-moi de douter que cette ascension sociale existait encore il y a 30 ans. »
Doutez si vous voulez. De toute façon, la « massification » de l’université, elle est déjà essentiellement faite en 1984. Au contraire c’est à partir de ce moment que les filières alternatives de l’université se sont développées.
« Et à supposer qu’ils étaient de bonne foi, cela signifie qu’ils ont fait preuve d’une incroyable myopie. Si je ne me trompe, le principal débouché des études universitaires (hors médecine et droit) était dans l’éducation nationale. Comment comptaient-ils intégrer le flot de diplômés? »
On peut tout de même remarquer qu’en 1986, un projet de loi prévoyait une sélection à l’entrée de l’université. Ce projet a lamentablement échoué et depuis les politiques n’osent même plus aborder la question. De l’autre côté, les mêmes politiques ne cessent d’incanter pour avoir plus de professionnalisation à l’université. Dès lors, je ne vois pas comment on pourrait parler de myopie. Lâcheté, oui, mais pas myopie.
22 décembre 2014 à 20:47
FUBAR
Tiens un truc drôle de derrière les fagots sur les regroupements d’universités. Ça ne date pas d’hier, exhumé par Baptiste Coulmont:
http://coulmont.com/blog/2014/12/22/foucault-universite/
22 décembre 2014 à 23:47
FBLR
@Tata
M’enfin, la vision de Foucault serait un paradigme bien différent de ce que l’on peut croiser. Ce serait small, (happy-) few et surtout ultra-élitiste…
23 décembre 2014 à 00:31
Petit Cerveau
FBLR, la version maoiste est aussi possible.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Foucault#Apr.C3.A8s_1968_:_Foucault_le_militant
23 décembre 2014 à 00:41
Petit Cerveau
Blague a part, ce texte de Foucault est tres important: d’apres wikipedia qu’il a bien failli devenir « sous directeur des enseignements superieurs » entre 1965 et 1968. Foucault Fioraso Pecresse meme combat!
23 décembre 2014 à 08:49
(Tata) FUBAR
Je vous avais dit que c’était fendard!
23 décembre 2014 à 13:14
Marianne
D’un coté si on présuppose qu’à la fin il ne restera que les IDEX, comme le texte de Foucault ne s’applique qu’aux lettres/SHS et bien si on regarde la politique appliquée actuellement le texte est pas si surréaliste….C’est un peu ce qu’on vit non?
23 décembre 2014 à 13:17
Marianne
Les durs ca devait être pour une deuxième version non publiée. Il doit s’agir d’une annexe à surveiller et punir. On explique comment la CNU va traquer le non publiant (surveiller) et le parquer dans des PUPs à faire de l’enseignement à n’en plus finir (punir)
23 décembre 2014 à 13:19
Marianne
Il reste à définir qui est la tour centrale du panoptique dans toute cette affaire…
23 décembre 2014 à 13:39
Marianne
http://fr.wikipedia.org/wiki/Surveiller_et_punir
» le seul sentiment d’être observé étant susceptible d’obtenir des captifs une forme d’obéissance. Ainsi, en plus de n’être pas coûteux d’un point de vue économique, la prison moderne est d’abord une entreprise de culpabilisation travaillant les consciences individuelles à travers un regard tout-puissant. »
« La prison moderne est également un monde comptable. Il produit des chiffres et construit des tableaux …. »
23 décembre 2014 à 13:41
Marianne
Bon on n’est pas en prison (loin s’en faut) mais pour ce qui est de produire des chiffres et construire des tableaux l’ESR n’est pas en reste…
23 décembre 2014 à 15:00
FUBAR
@Marianne: on y est pas encore totalement quand même, il va falloir fermer un certain nombre de départements pour y arriver, mais on sent clairement la patte du visionnaire. Il n’empêche que voir un mao parler de rentabilité et de l’adéquation entre les formations et les besoins du monde du travail me confirme dans ma grande théorie que le libéralisme et le communisme sont deux moyens différents d’arriver au même résultat (en schématisant un peu, mais je vous jure que ça se tient). Et comme tous les maoïstes que je connais, il est évidemment plus mandarin que les sorbonnards de la vieille école… J’adore!
@FBLR: small, beautiful et élitiste? Ben oui son benchmark c’était l’ENS pas la fac de Clermont!
23 décembre 2014 à 18:37
Marianne
@FUBAR « il va falloir fermer un certain nombre de départements pour y arriver » : comme dirait l’autre « Yes we can »
23 décembre 2014 à 19:46
Petit Cerveau
@ Fubar, « voir un mao parler de rentabilité et de l’adéquation entre les formations et les besoins du monde du travail me confirme dans ma grande théorie que le libéralisme et le communisme sont deux moyens différents d’arriver au même résultat (en schématisant un peu, mais je vous jure que ça se tient). »
Il y a une autre possibilite, qui est que ces grosses institutions deviendront une sorte d’etat dans l’etat, « too big to fail », ce qui aurait donner un terrain d’exercice de premier plan pour les maos de l’epoque, a condition d’avoir convaincu le pouvoir en place de se lancer dans la reforme, en parlant par exemple un langage qui lui plait (« Paris vaut bien une messe »).
D’un point de vue plus « moderne », on se demande comment l’Etat stratege reussira a imposer ses vues a des COMUE « too big to fail », ce qui n’est pas tres rejouissant dans la mesure ou la concurrence entre COMUE risque d’etre faible.
5 juin 2015 à 14:36
Poutine4ever
Les Echos 5/6/15
EXCLUSIF – Le ministre de la Défense va reprendre ce samedi toutes les conclusions et préconisations d’un rapport qui prévoit notamment la fin de la solde des élèves et la suppression du classement de sortie de l’X.
Ceux qui accusaient l’Etat de manquer de vision stratégique sur Polytechnique ne seront pas déçus. Le rapport confié par le Premier ministre à Bernard Attali, économiste et ancien président d’Air France, sur l’avenir et la stratégie de l’Ecole polytechnique propose des mesures radicales. Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, va, selon nos informations, reprendre toutes les préconisations et conclusions du rapport. Il l’annoncera ce samedi, lors d’un discours à Polytechnique.
Le rapport insiste en préalable sur le « grand atout » qu’est l’Ecole polytechnique pour la France. Il fait référence à la qualité de ses élèves, de son corps professoral, de sa notoriété au plan national, jugées « incontestables ». Mais, dans un monde de l’enseignement supérieur mondialisé, l’école apparaît « bousculée ». Des « dangers » la menacent, et l’école souffre de « handicaps (qui) ne doivent plus être occultés sauf à accepter un dépérissement de l’école ». Il faut lui « redonner un véritable élan » et clarifier la « stratégie de croissance » est « indispensable », selon Bernard Attali. « L’X n’est pas en sursis, mais assurer son avenir exige un sursaut », conclut l’ancien P-DG d’Air France.
Une nouvelle « Ecole Polytechnique de Paris »
Pour répondre à « l’impératif de taille critique », la création de l’Université Paris-Saclay est une bonne chose mais ne suffit pas, indique le rapport. Car l’hypothèse d’une Université Paris-Saclay qui serait éligible en bloc aux classements internationaux « semble irréaliste dans les années à venir, alors que le temps presse ». Bernard Attali plaide donc pour le regroupement de dix grandes écoles scientifiques, dont l’X, au sein d’une nouvelle « Ecole polytechnique de Paris ». Ce scénario rendrait l’école éligible à une « excellente position » dans les classements internationaux à court terme.
Sans attendre ce rapprochement d’écoles d’ingénieurs – qui sera mené au sein de Paris-Saclay -, le gouvernement veut s’attaquer à la « trop faible diversité sociale » évoquée dans le rapport. Des actions de communication « ambitieuses » sont prévues dans les lycées, ainsi que la création d’un internat de la réussite sur le campus de Saclay dédié aux élèves boursiers et un triplement des recrutements universitaires ; des actions que « l’X a le devoir de mener dans les meilleurs délais » car « sa légitimité d’école républicaine en dépend ». En matière de formation, le rapport prône une diversification des offres. Avec les créations d’un accès post-bac à Polytechnique et d’une voie par alternance.
La suppression du classement de sortie et de la solde des élèves
Les liens entre l’X et l’Etat appellent « une redéfinition substantielle », préconise par ailleurs le rapport. « La subsistance de corps d’ingénieurs cloisonnés n’aide pas à y voir clair, aussi il est proposé de les fusionner à terme », est-il écrit. Pour éviter « la déconnexion avec le monde réel », les « aller-retours entre public et privé doivent être encouragés et facilités ». Le mode de sélection des ingénieurs d’Etat à la sortie de l’X est aussi jugé « inadapté ». Le rapport suggère de « supprimer le classement de sortie de l’Ecole polytechnique, qui serait remplacé par une sélection sur dossier et un entretien de motivation ». Concernant l’appartenance de l’X au monde de la Défense, elle « se justifie aujourd’hui » mais « manque de vigueur », estime Bernard Attali qui cite l’absence de lien entre les X et la Défense une fois la scolarité terminée et le peu de contrats de recherche entre le ministère de la Défense. « Les relations entre l’X et la Défense ne sauraient se résumer au versement d’une simple subvention », poursuit le rapport. Dans cet esprit, la solde des élèves apparaît comme « une subsistance du passé ». Et difficile à justifier dans un contexte où « les élèves sont de condition généralement aisée, où des études rémunérées donnent un signal brouillé à l’international sur la qualité des enseignements ». Le rapport propose de lui substituer un système de bourses.
A l’international, Bernard Attali plaide pour une « rationalisation » avec une « clarification des politiques d’alliance », que l’Ecole a d’ailleurs engagée.
Pour porter toutes ces réformes, des Assises de Polytechnique sous le patronage du Premier ministre sont annoncées début 2016.
5 juin 2015 à 15:12
FUBAR
Who’s next?
5 juin 2015 à 15:35
Damien
Faut avouer, c’est assez impressionnant. Surtout la sélection post-bac (et sans parler de la voie par alternance). Un commentateur sur le site du Monde semblait suggérer que c’était l’absurdité ajoutée pour qu’on puisse « faire un concession » ensuite en l’enlevant, je ne suis pas loin de le croire tellement ça semble gros.
5 juin 2015 à 15:53
Poutine4ever
J’espère au moins que les sportifs de haut niveau ou les femmes ayant élevé 3 enfants seront dispensés de concours d’entrée …
5 juin 2015 à 16:54
FUBAR
@Poutine4ever: deux enfants et un peu de VAE à la place du troisième ça marche aussi? Je suis certaine que le bicorne m’irait à ravir. Et puis défiler sur les Champs Elysée ça serait une première étape vers le sport de haut niveau.
5 juin 2015 à 17:05
Damien
@FUBAR
Ne rêvez pas : vu qu’il est question de fusionner l’X avec 10 autres écoles, vous serez mis dans une école qui n’a ni bicorne ni défilé. A l’ENSTA, par exemple, et ils organisent même des concours littéraires…
5 juin 2015 à 17:31
Poutine4ever
Pfuuiii … fusionner avec l’ENSTA, quelle décadence ! Lundi, c’est la révolution, tir de barrage garanti de nos artilleurs de service.
8 juin 2015 à 09:27
Poutine4ever
http://www.defense.gouv.fr/salle-de-presse/dossiers-de-presse/rapport_bernard_attali_polytechnique
Résumé des recommandations
STRATEGIE GENERALE ET SACLAY
Nouer un dialogue direct et approfondi avec les agences de classement pour comprendre
précisément quels sont leurs critères
Regrouper au sein de l’UPS dix grandes écoles scientifiques dont l’X pour créer l’« École
Polytechnique de Paris »
Adopter pour l’École Polytechnique de Paris une gouvernance qui permette un leadership
stratégique sur l’ensemble des écoles regroupées et une éligibilité aux classements internationaux
Supprimer le groupement ParisTech
Fusionner les universités Paris-Sud et Versailles-Saint-Quentin, les dénommer Université Paris-
Saclay
Reprendre le dossier du déménagement de l’École des Mines à Saclay, étudier celui de l’École des
Ponts
Moderniser l’architecture des bâtiments de l’X dans le cadre de la rénovation du campus de Saclay
Mettre en place un délégué interministériel pour suivre et arbitrer la mise en place de
l’UPS
FORMATION
Offrir une plus grande diversité de parcours dès la troisième année
Sensibiliser davantage les élèves à la culture projet
Systématiser les projets scientifiques collectifs en lien avec les industriels
Renforcer le poids des « soft skills » dans l’enseignement
Développer formation et recherche dans le domaine de l’ingénierie des sciences de la vie
Remettre sous tension les élèves au cours de leur scolarité
Améliorer la coordination des parcours 3A-4A entre l’X et les écoles d’application
Créer un accès post-bac à l’École polytechnique
Créer une formation par alternance à l’X
Résumé des recommandations
74
Développer une offre de formation continue pour décideurs publics dans le domaine des
systèmes complexes
Atteindre un objectif de 50% d’élèves-ingénieurs de l’X poursuivant en thèse
Mettre en place une troisième année renforcée pour permettre aux élèves qui le souhaitent de
démarrer un doctorat dès la quatrième année
Multiplier par 10 le nombre de MOOCs disponibles d’ici 2025
DIVERSITE SOCIALE
Renforcer la communication sur les classes préparatoires et les écoles d’ingénieurs au sein des
lycées défavorisés, en associant l’X et ses élèves à cet effort
Assigner aux lycées situés en réseau d’éducation prioritaire un objectif de nombre d’inscriptions
minimal en classes préparatoires
Créer sur le campus de Saclay un internat d’excellence abritant des classes préparatoires
dédiées aux élèves boursiers, mutualisé entre toutes les grandes écoles d’ingénieurs
Instaurer un partenariat entre l’X et un grand nombre de lycées partenaires, sur tout le territoire,
pour identifier les lycéens talentueux de condition modeste
Multiplier par trois les recrutements universitaires, en s’appuyant sur une campagne de
communication plus ambitieuse
Amplifier les opérations de communication vers les publics féminins lycéens pour améliorer la
parité parmi les élèves de l’X
BESOINS DE L’ÉTAT
Réintégrer les corps de l’État et les principaux employeurs publics au sein de la commission aval,
prévoir la participation de France Stratégie
Mettre en place une coordination globale interministérielle sur les besoins quantitatifs et
qualitatifs de l’État et du secteur public en ingénieurs polytechniciens
Faciliter les essaimages d’ingénieurs de l’État au sein des fonctions publiques territoriale,
hospitalière et européenne
Favoriser les aller-retours public-privé et confier au vice-président du Conseil d’ État une mission
sur une révision en ce sens des règles de déontologie
Supprimer la disposition du décret n°2012-32 imposant un minimum de 50% d’administrateurs
civils dans les postes de chef de service et sous-directeur d’administration centrale
Résumé des recommandations
75
Poursuivre le processus de fusion des grands corps techniques de l’État, tout en
conservant une pluralité des cursus d’application
Supprimer le classement de sortie en introduisant une sélection sur dossier et un
entretien de motivation
Afficher une stratégie et une évolution de carrière claire pour les membres des grands corps
techniques de l’état
Décider de l’admission dans les corps de l’État plus tôt qu’en fin de troisième année
LIENS AVEC L’ENTREPRISE, ENTREPRENEURIAT
Finaliser rapidement la création d’un module d’introduction à la vie en entreprise (droit,
comptabilité,…)
Augmenter le nombre de vacataires industriels parmi les enseignants
Accroître notablement le nombre de chaires
Ouvrir l’espace dédié à l’incubation et à l’enseignement de l’entrepreneuriat sur le campus de l’X,
à l’ensemble des établissements de l’UPS
Systématiser la prise de participation de l’École polytechnique dans les start-up incubées à
Palaiseau
Créer une convention entre l’X et la Banque Publique d’Investissement pour accompagner et
financer les projets les plus créatifs
Dispenser en tronc commun un enseignement de l’économie moins modélisé et plus
concret
GOUVERNANCE
Finaliser rapidement la parution du décret relatif au changement de statut de l’X en EPSCP
Conseil d’administration : internationaliser sa composition, augmenter sa fréquence, procéder à
une auto-évaluation, et l’ouvrir à un représentant de l’Université Paris-Saclay
Intégrer le projet d’ « advisory board » dans une commission aval rénovée
Fixer un objectif de levée de fonds de 300 M€ pour la prochaine campagne de la FX
Développer une logique de fundraising par projet
Etudier la vente de la « Maison des Polytechniciens » de la rue de Poitiers et en verser les recettes
à la FX
Résumé des recommandations
76
Déménager l’AX à Palaiseau
Instaurer des participations croisées entre les 3 CA de l’X, de l’AX et de la FX
DEFENSE
Substituer à la solde des élèves un système de bourses
Accroître la proportion de stages civils (50%) lors des stages de première année
Faire intervenir les X lors des « Journées Défense et citoyenneté »
Organiser des formations conjointes avec l’IHEDN
Ouvrir une partie du cursus polytechnicien à quelques excellents élèves des écoles d’officiers
Définir un portefeuille de postes d’officiers de réserve adaptés à des polytechniciens
Renforcer significativement l’implication de la Défense sur le plateau de Saclay (coopérations
scientifiques entre l’X, la DGA et l’ONERA,…)
RECHERCHE
Créer une instance de rencontre de toutes les tutelles des laboratoires de l’X, afin de clarifier la
politique scientifique de l’École
Etudier la possibilité d’augmenter le nombre de personnels de recherche directement
rattachés à l’École polytechnique
Revoir le rôle et la fréquence des réunions du conseil d’enseignement et de recherche
Finaliser le projet de décret de nouveau statut des enseignants-chercheurs de l’X
Rendre possible un intéressement des enseignants-chercheurs au développement de la formation
continue, des chaires, de la recherche partenariale
Renforcer l’implication des chercheurs du CNRS hébergés par l’X dans les enseignements de
l’École
Changer le nom des laboratoires de l’X, pour faire apparaître explicitement la marque
« Polytechnique »
Résumé des recommandations
77
INTERNATIONAL
Quadrupler le nombre d’élèves internationaux du cycle polytechnicien
Systématiser l’usage de l’anglais en 3è année, et introduire la moitié des enseignements en anglais
en 1ère et 2ème année
Relever très significativement les frais de scolarité, revoir drastiquement les conditions
d’exemption de frais de scolarité
Mettre en place des diplômes de l’X payants, valant grade de master, mutualisés avec les 3A-4A
Augmenter la durée minimale de passage des élèves français à l’international, à 6 mois
(moyennant éventuellement une modification du cursus de la première année)
Permettre aux élèves qui le souhaitent de partir un an à l’étranger avant la 4è année
Clarifier les priorités d’alliances internationales
Refondre la politique de communication de l’École polytechnique, en valorisant
fortement la marque à l’international