Vendredi, il y avait une manif de chercheurs. Ce mouvement est issu d’un nouveau collectif qui s’appelle « science en marche » (site web ici). Ce collectif « regrette et dénonce le manque de soutien, de vision et d’ambition des politiques scientifiques de notre pays, au moment où de nombreux pays développés ou émergents investissent massivement dans ce domaine ».
Les revendications portent essentiellement sur trois points : (1) plus de moyens de fonctionnement dans les organismes de recherche et les universités, chiffré à environ un milliard d’euros par an. (2) Un plan pluriannuel de création d’emplois statutaires, afin d’assurer un flux d’entrant stable ces prochaines années. Cela est estimé à plusieurs milliers d’emplois en plus du remplacement des rares départs à la retraite actuels, soit un coût annuel de l’ordre du milliard d’euros. (3) Ils proposent de financer ces réformes par une réforme du Crédit Impôt Recherche, qui « doit permettre de dégager les moyens dont nos laboratoires et nos universités ont cruellement besoin ».
Pour ma part je suis d’accord avec ces trois revendications. Mais je trouve que ce mouvement est bien timoré car il est uniquement centré sur des revendications très matérielles : des sous ! des postes ! (les sous qu’on ira piquer dans la poche du voisin …). Ce mouvement pourrait aller beaucoup plus loin car les problèmes actuels sont également structuraux, pas seulement purement financiers. On pourrait demander, par exemple, une mise à plat de notre système doublement bicéphale et contre-productif (avec d’un côté les grandes écoles et les universités, et de l’autre les universités et les organismes de recherche). Cette mise en cohérence du service public dégagerait certainement des marges de manœuvre importantes. Sans compter qu’on pourrait remettre à plat les Bidulex et se questionner sur la réelle plus-value des ComUE …
En fin de journée, G. Fioraso a répondu aux chercheurs sur les trois points de revendication. Pour les sous, elle avait déjà beaucoup communiqué pour dire que le budget était à peu près constant, ce qui était un exploit compte tenu du plan d’économie du gouvernement. « Le budget est stable et il est parmi les plus préservés ». Pour les postes, il est vrai qu’il y a peu d’offres. « La raison est démographique, liée à la chute significative du nombre de départs à la retraite. A budget constant, si on a moins de sorties, on a moins d’entrées. On a quatre années difficiles à passer. » […] « Tous les départs à la retraite seront remplacés un pour un, les chercheurs comme les personnels ingénieurs, techniciens et administratifs ». Et enfin pour le CIR, il est hors de question de toucher à cette niche fiscale : « Le CIR n’est pas une cagnotte mais un crédit d’impôt ». Elle avait déjà déclaré en septembre : « la recette supplémentaire serait vraisemblablement utilisée pour alléger le poids de la dette publique, et non réorientée vers la recherche ». Source des phrases en italique : Les Echos, lire ici.
Allez, hop hop hop les chercheurs, circulez, y’a rien à voir !
95 commentaires
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19 octobre 2014 à 09:52
mixlamalice
On peut rajouter cette interview publiée le jour de la manif: http://www.lexpress.fr/education/fioraso-aux-chercheurs-la-situation-n-est-pas-dramatique_1612906.html
« la situation n’est pas dramatique, sur le terrain il y a beaucoup plus d’entrain qu’il n’y parait »
(déduire, j’imagine, ceux qui sont dans la rue sont des mauvais coucheurs injustes)
19 octobre 2014 à 10:28
PR23
Les revendications sont effectivement « limitées » ou timorées, mais…
faire entendre d’autres, plus structurelles, semble bien plus difficile tant la société est marquée par la diffusion massive de la vision managériale de la recherche. Des propositions plus audacieuses sont quasi inaudibles.
Déjà, si le CIR fonctionnait véritablement en faveur de la recherche…
19 octobre 2014 à 12:19
Rachel
@PR23, à ce sujet, on pourrait signaler la lettre ouverte « ils ont choisi l’ignorance », signée par des chercheurs européens, avec pétition à la fin du texte. http://openletter.euroscience.org/open-letter-french/
19 octobre 2014 à 12:28
FUBAR
@Mixlamalice, je crois que notre bonne ministresse déduit du fait que sur le terrain les gens font encore leur travail avec sérieux qu’ils sont forcément pleins d’entrain. Ce que je constate autour de moi, c’est que les gens s’investissent toujours autant dans le boulot mais que ça ne les empêche pas d’être totalement déprimés. Aucun « entrain » donc, plutôt de l’abnégation désabusée…
19 octobre 2014 à 16:02
François
Il me semble que la revendication : « Un plan pluriannuel de création d’emplois statutaires, afin d’assurer un flux d’entrant stable ces prochaines années » est un oxymore (ὀξύμωρον, « ingénieuse alliance de mots contradictoires » selon mon vieux Bailly).
En effet, pour d’évidentes raisons budgétaires, tout ce que peut garantir un État responsable est un plan de croissance du stock de chercheurs publics. Or si ces chercheurs bénéficient tous d’un emploi garanti, il est clair que le flux d’entrants ne peut être stable car, une fois définie la croissance annuelle du stock de chercheurs, ce flux entrant est très dépendant du flux de sortants (lui-même lié à la démographie de cette population, très liée à la politique de recrutement d’il y a quelques décennies).
Si on veut garantir un flux d’entrants annuel (ce qui peut être un objectif intéressant), il faut alors imiter l’armée c’est-à-dire mettre en place simultanément un « système de dégagement des cadres ».
Quant au CIR, pour en parler utilement, il me semble nécessaire de prendre connaissance de ses modalités :
Cliquer pour accéder à CIR-03-12_vweb_212586.pdf
19 octobre 2014 à 22:29
spirit of Bouasse
« Allez, hop hop hop les chercheurs, circulez, y’a rien à voir ! »
Ce ministère a déjà osé affirmer (sans rigoler) que le taux de succès à l’ANR a augmenté en 2014. Que pouvons nous donc en attendre à part un mépris sans bornes ?
20 octobre 2014 à 05:49
MCF27-51
@François: « Si on veut garantir un flux d’entrants annuel (ce qui peut être un objectif intéressant), il faut alors imiter l’armée c’est-à-dire mettre en place simultanément un « système de dégagement des cadres ». »
Ou alors diminuer les crédits de fonctionnement (imitation de l’armée aussi en un sens…) en reprenant une idée que je rencontre ici et là depuis peu: les chercheurs mettent au vestiaire leur ego, se rappellent de leur mission de service public et « font allégeance » à un « patron » charismatique qui ramène le fric sur des thématiques à la mode (variante avec le chef de labo et du financement récurrent, respectivement). Parce que, quand même, c’est fou qu’on exige d’un CR2 voire MCF débutant (un(e) gus(se) de 30-35 ans disons, avec autour de 5-10 ans d’expérience maximum) qu’il ou elle soit porteur(e) de projets à plusieurs centaines de k€.
20 octobre 2014 à 07:09
étudiant inquiet
Ils y croient vraiment quand ils demandent un milliard de plus ?
20 octobre 2014 à 09:21
PR23
étudiant inquiet : croyez-vous qu’un commerçant de Marrakech y croit lorsqu’il demande tel prix pour ses tapis?
ça permet d’amorcer une négociation….
20 octobre 2014 à 09:46
JF
Décidemment, la nullité collective des revendications (propositions ?) de la communauté ne se démend pas… on aura bien cherché ce qui nous arrivera !
Comme dit Rachel, c’est finalement assez simple : « piquez des sous dans la poche des autres pour nous les donner, parce que nous sommes super-importants. Et ne nous demandez pas de comptes. »
Le crédit impôt recherche, si les mots ont un sens, c’est une réduction d’impôts sous conditions. Le supprimer, c’est donc augmenter les impôts des entreprises, et parmi celle-ci de celles qui font tant soit peu de recherche (puisqu’elles bénéficient du CIR). Donc, taxer les entreprises qui font de la recherche.
Créer des postes (et augmenter les recrutements) : dans quel but ? On parle en général de déboucher l’avenir des docteurs; mais pour le moment à peu près 1/5 des docteurs peut trouver un job dans l’ESR. Qui peut croire que ça changera quoi que ce soit si le nombre passe de 1/5 à 1/4 ? Et puis augmenter le nombre de chercheurs, ça impose d’augmenter les moyens derrière. Dont le nombre de thèses. Donc on crée plus de docteurs. Donc…
Plus de moyens, oui, sans doute ce serait bien. Mais on sait très bien que dans l’état actuel des choses, c’est peu réaliste.
Et si on balayait un peu devant notre porte ? Qu’on cherche à rationaliser un brin l’utilisation de l’argent qu’on nous confie ? En effet, on pourrait se poser les questions de structures (COMUE), de redondance (IUT vs. GE vs. fac vs. BTS vs….). De coût et de poids de l’administration (de mémoire le CNRS emploie 1/3 de chercheurs, 1/3 d’ingénieurs et techniciens, 1/3 d’administratifs; les universités c’est du même ordre, a-t-on vraiment besoin d’un administratif pour 2 EC ?). Plus près de nous on pourrait s’intéresser à la raison d’être de départements qui forment 5 étudiants par an en licence (il y en a, dans les petites facss !). Au statut d’EC qui ont arrêté de chercher, temporairement ou définitivement (ne pourraient-ils pas être orientés sur d’autres tâches ?). De procédures (un appel d’offre interne qui mobilise des centaines d’heures de review, comité, CA, etc pour finir par donner 5 k€ par labo de façon à peu près autimatique, puisque c’est surtout des raisons d’équilibres politiques). Et ainsi de suite…
Je n’ai aucune idée des moyens qu’on pourrait dégager de cette façon; mais pour ma part, tant qu’on ne commencera pas par faire notre part du boulot — en tant que communauté– je trouverai indécent de réclamer plus de moyens : en gros, « que quelqu’un d’autre se démerde pour payer le prix de notre mauvaise gestion, nous on ne changera rien ».
Comme disait je ne sais plus quel directeur du CNRS : « réformer le système d’ESR, c’est comme déménager un cimetière : c’est possible, mais il ne faut pas compter sur l’aide des habitants…. »
20 octobre 2014 à 10:51
Jojo
@JF : même si je partage l’essentiel du propos, il y a quand même des reproches infondés : les COMUE et plus généralement le mille-feuille de l’ESR ne se sont pas des demandes de la communauté, elle subit plutôt. Idem pour les petites facs pour faire plaisir aux barons locaux de tel ou tel parti, on y rencontre plutôt des EC frustrés et en difficulté. Les appels d’offre interne, c’était implicite pour les Merdex. S’il y a trop d’administratifs, c’est qu’on nous impose trop d’actes administratifs.
Franchement, je pense que si on laissait faire la communauté de façon strictement démocratique (un homme, une voix), en contournant les carriéristes qui parlent à l’oreille du ministre, ces sujets trouveraient vite une solution.
20 octobre 2014 à 11:18
DM
En effet, l’abondance d’administratifs (d’ailleurs il me semble très inégalement répartis) me semble découler de l’abondance des règlements et procédures imposés d’en haut. L’enseignant-chercheur de base n’est nulle part consulté au sujet de l’utilité d’avoir 5 signatures (la sienne, directeur de labo, direction d’UFR, direction de « faculté », présidence d’université) sur un acte aussi banal qu’un ordre de mission, ou sur l’utilité de passer par une agence de voyage sur marché pour acheter des tickets de train au même pris qu’ailleurs et avec plus de complications.
Commençons donc par virer de la réglementation et on aura moins besoin d’administratifs.
20 octobre 2014 à 12:14
Dan - visseur perpétuel
@étudiant inquiet : bien sûr qu’ils y croient : ils sont câblés comme cela. Mais dans ces mouvements magnifiques de générosité et courage, c’est curieux qu’ils ne trouvent jamais rien à améliorer en interne – ou peut-être le font-ils en silence, peut-être augmentent-ils « en douce » leur efficacité pédagogique, le suivi des élèves, l’exigence de travail envers tous… Il me semble que nous, les civils, nous pourrions entendre les revendications des chercheurs si
1 – elle étaient accompagnées d’une présentation des efforts qu’ils font pour contribuer,, dans les facs, à la diminution des gaspillages, des dépenses inutiles ( dauphine chauffée à 25 °, tout petit exemple), et à l’amélioration de l’efficacité du système. Peut-être est-il déjà optimal ? Peut-être n’ont-ils aucun moyen d’action interne ? Ce serait, à ma connaissance, la seule organisation au monde qui ne soit pas capable de trouver des marges de progrès en interne…l’exception française, derechef.
2 -elles étaient présentées par discipline, car les priorités ne sont pas les mêmes – « la recherche » en général, cela ne veut rien dire.
3 – si ce genre de revendications ne s’accompagnait pas du sempiternel coup de pied aux grandes écoles, bouc émissaire perpétuel des frustrations universitaires. Mais c’est sans doute trop demander.
20 octobre 2014 à 12:36
étudiant inquiet
@PR23, justement, je pensais que les EC étaient capables de raisonner de manière plus élaborée qu’un marchant de tapis…
On sait tous que beaucoup d’argent est gaspillé avec les exigences de signatures à tous les niveaux administratifs, les doublons bureaucratiques, le système absurde des marchés publics ou la non-sélection à l’entrée, mais on n’en parle pas, on ne chiffre pas ces gisements d’économies pour une raison qui m’échappe.
C’est sans doute plus simple de dire « des sous, des sous ! », même si c’est totalement inefficace, et même indécent alors que nous avons dépassé les 2,000 milliards de dette.
20 octobre 2014 à 12:38
étudiant inquiet
*marchand, oups
20 octobre 2014 à 13:10
PR23
Etudiant, j’ai constaté que les « marchands de tapis » disposaient de méthodes bien plus efficaces et très adaptées à leurs cibles ainsi que de bonnes qualités psychologiques et relationnelles bien supérieures à celles de diplômés d’écoles de commerce.
Ceci est une digression , mais ces commerçants n’ont pas vraiment besoin de diplômes pour bien gagner leurs vies.
20 octobre 2014 à 14:23
Damien
« Ce mouvement pourrait aller beaucoup plus loin car les problèmes actuels sont également structuraux, pas seulement purement financiers. On pourrait demander, par exemple, une mise à plat de notre système doublement bicéphale et contre-productif »
En même temps, demander des sous et des postes, c’est consensuel. Alors que là, vous proposez une guerre civile au sein de l’ESR.
20 octobre 2014 à 14:59
MCF27-51
« même si c’est totalement inefficace, et même indécent alors que nous avons dépassé les 2,000 milliards de dette. »
faudrait peut-être pas trop en rajouter non plus…
20 octobre 2014 à 16:52
FUBAR
@Étudiant inquiet. Le fric qui disparaît en fumée à cause des marchés publics est un tel scandale que je m’étonne que Le Point ou l’Obs n’en fasse pas un marronnier. Il y a peu (histoire authentique à la virgule près), un ami doit se rendre à un colloque en Italie. Il demande de l’argent à son équipe, qu’on commence par lui refuser au motif imparable que ce jeune écervelé ne savait pas en octobre 2013, quand les budgets sont bouclés, qu’il allait répondre à un CFP en mai 2014 pour un colloque fin septembre (et obtenir la réponse des organisateurs en juillet, juste avant la fermeture du secrétariat de la recherche). Après moult négociations, suppliques et actes d’auto-flagellation les plus divers, il obtient finalement le droit de se voir payer son billet d’avion. Le collègue (oui, le collègue, pas la secrétaire) envoie un mail à l’agence de voyage détentrice du précieux fromage, qui au bout de 48h envoie un devis valable 48h => mail à la secrétaire du labo et au directeur du labo, pour que ces derniers valident… Oups, on est début juillet, la secrétaire ne répond pas plus au mail qu’au téléphone, le chef non plus… Le devis expire. Le chercheur n’est pas loin de faire de même, mais reprend son bâton de pèlerin et relance l’agence… re-48h plus tard, le nouveau devis tombe, le billet a pris 50%…Ha, mais zut, l’agence s’est gourée dans la date => mail à l’agence, 48h plus tard, nouveau devis, le prix a encore grimpé, mais la date est la bonne => re-mail à la secrétaire et au chef. Ce dernier ne répond pas plus, mais après avoir installé une tente Quechua devant la porte de la secrétaire le collègue obtient que le devis soit validé. Résultat des courses le billet était deux fois plus cher à l’arrivée que si le pauvre bougre l’avait pris sur internet tout de suite. Et je vous passe le gag de dernière minute: grève Air-France, vol annulé, obligé de se recaser à la dernière minute sur un vol EasyJet à 350€ l’aller simple, payé de sa poche et pour lequel il va sûrement attendre un remboursement jusqu’à momification complète.
Et je n’exagère même pas, c’était peu ou prou la même chose quand j’ai fait prendre mon billet pour le Canada. Avec ce qu’on dépense par pure connerie bureaucratique pour le déplacement d’un chercheur on pourrait facilement en faire partir deux. J’imagine que c’est comme ça pour tous les marchés publics. Et si vous êtes sages Tante FUBAR vous racontera l’histoire du contrat de loc. du vidéo-projecteur fantôme.
20 octobre 2014 à 17:04
FBLR
C’est quand même dingue que les universités ne sachent pas s’équiper de logiciels d’expense convenables, voire même d’en implémenter un…
Quand on pense qu’elles sont censées former des étudiants qui auront à les faire (chez Amadeus par exemple…)
C’est quand même pas compliqué d’avoir un simple jeu de validation et de squizzer les personnels administratifs surnuméraire (quitte à leur faire faire d’autres travaux)
20 octobre 2014 à 17:31
FUBAR
@FBLR: Je pense que chaque étape absurde sert à justifier l’existence de la farandole des pékins qui collent leur coup de tampon. Car cette bureaucratie à la « Brazil » n’empêche évidemment pas que le budget soit réparti de manière inégalitaire ou discrétionnaire et elle ne permet pas non plus de réaliser des économies puisqu’au contraire elle induit une dépense plus grande. Inutile de dire que je n’ai jamais vu de telles pratiques à l’étranger. Alors je m’interroge: à qui profite le crime? à part à l’agence qui a le marché, je ne vois pas.
20 octobre 2014 à 18:51
François
@ PR23 Pas étonnant qu’en France les marchands de tapis soient meilleurs commerçants que les » diplômés d’écoles de commerce » puisque depuis plusieurs années les écoles de commerce ont été reconverties en » écoles de management « .
20 octobre 2014 à 18:54
Gueux
@FUBAR : Votre histoire de billet d’avion est d’un banal… Vous avez pas mieux ? Franchement, un facteur deux sur un prix d’avion c’est rien (perso, j’ai vécu cinq y’a pas longtemps). Et puis un marcher de billets de voyages c’est rien : pensez à combien ça (sur)coute au contribuable de faire un bâtiment, une route, etc.
@FBLR : Les informaticiens de ma fac n’ont pas le droit de faire des logiciels pour… la fac. L’un d’eux m’a même dit tout récemment que l’université fonctionnerait beaucoup mieux si on supprimait tous les ordinateurs des administratifs. Non seulement les logiciels sont pourris, mais en plus ils ne communiquent pas entre eux et les personnels sont peu (ou pas) formé. De toute façon, il faut quand même faire des sorties papier, donc la partie info n’est qu’une surcharge de travail.Ça a toutefois l’avantage de fournir un travail à certains.
Mon université, et je suppose beaucoup d’autres, est incapable de mettre en place une comptabilité analytique. Comment voulez vous qu’elle chiffre les coût réels, et donc quelle sache à qui profite le crime ? Il n’y a probablement pas que les détenteurs de marchés qui y trouvent leur compte.
20 octobre 2014 à 18:59
FUBAR
@Gueux, c’était un peu le sens de mon propos. Si la gabegie est observable à me petite échelle, elle doit être délirante à l’échelle des gros marchés publics.
Et sinon: »Les informaticiens de ma fac n’ont pas le droit de faire des logiciels pour… la fac. »…. heu…. vous êtes dans MA fac?
20 octobre 2014 à 19:33
Gueux
@FUBAR: « . heu…. vous êtes dans MA fac? » Nan, je pense pas.
Et ce n’est pas complètement délirant de ne pas s’addresser aux informaticiens de la fac. Viendrait il à l’idée de demander aux chercheurs hydrauliciens de faire la plomberie ?
20 octobre 2014 à 19:44
FUBAR
@Gueux… Mmm. Chez nous des logiciels qui ne marchent pas ont remplacés des trucs « faits maison » qui avaient l’air de marcher (en tout cas vu depuis ma chaise) et à propos de la mise en place d’apogée chez nous, j’ai pu lire que nos informaticiens (qui ne sont pas nos chercheurs en informatique, nuance) s’étaient tout à coup retrouvé à servir de messagers entre les usagers mécontents et la boîte qui vend le bouzin sans pouvoir intervenir directement, ce qui les a considérablement décontenancé et déprimé. Enfin bref, moi je retiens que ça ne arche pas au bout de cinq ans, et que ça marchait avant.
20 octobre 2014 à 20:05
Gueux
@FUBAR: Ah Apogée, Geisha, Hyperplanning, etc., que du bonheur. C’est quand même beau la PTAO* hissée à un tel niveau.
* Perte de Temps Assistée par Ordinateur
20 octobre 2014 à 20:39
FBLR
@Gueux
Non, bien sûr, mais qu’ils soient consultés semblerait le minimum…
20 octobre 2014 à 21:08
FUBAR
@Gueux: Geisha?? On n’a pas un truc aussi exotique chez nous… remarquez, si: on a un truc qui s’appelle Mangue. Apogée c’est formidable tellement c’est moche et con, et en plus chez nous on l’a installé au moment où, apparemment, l’AMUE a décidé de le mener à l’abattoir. C’est-à-dire qu’au moment (assez hypothétique tout de même) où le truc fera plus ou moins ce qu’on lui dit de faire, il faudra le jeter et en prendre un autre… Hours of fun! J’avoue qu’à force de ne pas baisser les bras je commence à ressentir une crispation assez douloureuse.
20 octobre 2014 à 22:46
étudiant inquiet
Chez moi, j’ai découvert qu’il est impossible d’installer des machines à café dans le bâtiment où j’ai cours, car « ça fait concurrence avec la cafétéria » et il y avait une clause de non-concurrence dans le contrat. (Le bâtiment est très grand et contient aussi la cafét’.)
Résultat : la cafétéria est toujours pleine (dès l’ouverture à 9h) avec minimum 1/4h d’attente en heure creuse, et je dois marcher 10 minutes pour arriver à un distributeur.
Si-dé-rant.
(Les profs outrepassent scandaleusement le contrat en ayant installé en fraude une cafetière dans leur salle).
20 octobre 2014 à 23:37
Rachel
Au sujet des administratifs et autres complexités, je me demande bien qui est le « on » de « on nous impose » ou bien qui est la tête des « règles d’en haut » ? Il faut quand même convenir que nombre d’entre elles sont des règles internes mises en place par la collectivité (donc par nous). Et il y a deux raisons à cela (1) à l’université, personne n’est responsable de rien. Dans ce contexte, c’est donc tout à fait normal qu’un acte administratif doive passer par la signature de plein de personnes (le chef d’équipe, le directeur du labo, du directeur de l’UFR, etc …). (2) à l’université, les universitaires ne se font pas confiance, on multiplie donc les actes administratifs pour se surveiller l’un l’autre. On pourrait rajouter à ces deux points un manque de compétence fréquent des personnels qui doivent traiter ces actes administratifs (je ne jette pas la pierre, on recrute catégorie C car ça coute moins cher, on ne les forme pas et il n’y a que peu de GRH). De surcroit, on a oublié depuis longtemps d’expliquer le concept de l’accompagnement de la recherche ou de la formation. Avec tout ça, il ne faut pas s’étonner que ça ne marche pas bien.
@Damien, oui ! je propose une guerre civile au sein de l’ESR ! et une belle bien saignante ! quand il n’y aura plus que ces cendres, on pourra alors reconstruire quelque chose qui tient la route. Et de plus, s’il y a des morts, ça fera de la place pour les jeunes.
@Etudiant, vous voulez dire que les profs n’ont pas lu la circulaire sur la clause de non-concurrence ?
20 octobre 2014 à 23:52
FBLR
@Rachel
« Catégorie C » ? Dans quelle galaxie ? Pour la non-formation, vue l’absence de pilotage et les choix stochastiques de logiciels décrits plus haut, je ne vois pas trop comment il serait possible de faire autrement.
La non-confiance ? Une conséquence logique et rationnelle de la taille des mastodonte. Bref. Tout est logique en somme.
21 octobre 2014 à 09:08
Helios
Autre exemple de gabegie : le remplacement des ordinateurs, un portable dans mon cas. Il y a quelques années de cela, j’avais un large choix (dans la limite du budget). Je croyais naïvement pouvoir faire comme avant : je me renseigne et trouve le modèle qui me convient (grand écran, pour faire du TeX ou lire des articles, puissance moyenne, je fais peu de calculs) à un prix très modique. Mais c’est plus comme ça qu’il faut faire ! Aujourd’hui, le choix se limite à un seul fournisseur. Que des modèles très puissants avec petit écran, et en plus deux fois plus chers que celui que j’avais choisi. Où est l’économie et la maitrise du budget là-dedans ? Les exemples de ce type abondent, j’en ai même entendus qui se passaient dans des boites privées. Tout se passe comme si on voyait l’émergence de « gestionnaires » particulièrement crétins, vraisemblablement issus d’écoles de commerce, qui envahissent aussi bien le public que le privé. Comment ont-ils réussi à s’imposer ?
21 octobre 2014 à 09:09
mixlamalice
@Rachel: je ne sais pas qui a imposé ces réglementations. Moi on me dit toujours, ce sont les règles de la fonction publique c’est comme ça.
Les chercheurs et EC aiment sans doute bien fliquer le voisin, mais je ne pense pas que c’est à cause de ça ni que ce sont eux qui ont imposé que, pour partir sur un congrès avec « son propre argent » (je veux dire, de l’argent obtenu sur AAP grâce à sa propre excellence), on ait besoin de la signature de 5 personnes, ou que le dépôt d’un projet à 10% de chances de réussite nécessite d’être validé par le président de l’Université. Mais peut-être que je me trompe.
On m’a aussi expliqué que ces administratifs étaient là pour « engager leur signature » (les mêmes m’ont aussi dit que comme ils signaient 20 parapheurs de 20 pages par jour ils ne pouvaient pas vraiment suivre les dossiers), donc je ne comprends pas pourquoi vous dites « personne n’est responsable de rien ». J’avais cru comprendre qu’on embauchait des gens avec ce profil pour justement « surveiller » ces chercheurs irresponsables.
En tout cas, je sais que beaucoup ici ne sont pas d’accord avec moi, mais je signerais des deux mains pour que, entre deux solutions extrêmes, au lieu d’emm… par du fliquage débilitant et démoralisant 100% des gens pour traquer les 20% de « tire-au-flanc » non-publiants ou de gens qui font pas leur service enseignement* sans succès majeur, on ne fasse ch… personne. L’idéal étant bien sûr une solution intermédiaire et consensuelle dont on sait qu’elle est introuvable en France…
*dont, quand on prend le temps d’examiner vraiment ce qu’ils font, de mon expérience, accomplissent souvent des tâches bien ingrates qui aident pas mal à faire tourner la boutique – le pourcentage réel de « vrais » tire-au-flanc étant sans doute bien plus bas, et probablement pas beaucoup plus élevé que dans n’importe quelle entreprise – des gens pour qui le but ultime est de truander y parviendront toujours quel que soit le système)
21 octobre 2014 à 09:13
mixlamalice
PS: je pense qu’il y a aussi dans beaucoup de procédures (que ce soit pour le pognon ou la HDR, par exemple) une « survivance » de l’ancien temps avec une structure très hierarchisée dans les labos alors qu’on est passé (en tout cas en sciences dures) dans un système beaucoup plus individuel (où, même si le travail en équipe est possible, chacun doit chercher son pognon et le gérer s’il en trouve, et où donc les notions de chef d’équipe, de chercheur senior etc ont beaucoup moins de sens qu’avant).
21 octobre 2014 à 10:04
Damien
@FUBAR
« Le fric qui disparaît en fumée à cause des marchés publics est un tel scandale que je m’étonne que Le Point ou l’Obs n’en fasse pas un marronnier. »
Pas folle, non ? Ce fric n’est pas perdu pour tout le monde ! C’est bien connu, le seul fric que l’Etat gaspille, c’est celui qui sert à payer les salaires des fonctionnaires, pas celui qui retombe dans la poche de grosses boites privées.
@mixlamalice
« ou que le dépôt d’un projet à 10% de chances de réussite nécessite d’être validé par le président de l’Université. »
C’est pas pour faire des stats, ça ?
« une « survivance » de l’ancien temps avec une structure très hierarchisée »
Peut-être. Pour supprimer le mandarinat, on a délocalisé les pouvoirs de « décision » aux administratifs.
21 octobre 2014 à 19:36
Rachel
@FBLR, la taille n’est pas forcément le problème (à condition de s’organiser). Ce qui pose problème, c’est qu’on garde un système très centralisé. C’était viable pour des petites structures mais devient difficile pour les grosses. Les universités n’ont pas encore inventé le concept de décentralisation pour les micro-décisions qui viennent alourdir les conseils centraux.
@Mix, il y en a certainement qui sont celles de la fonction publique, mais il y en a d’autres qui sont décidées en interne (règlement intérieur, fonctionnement des services, etc …).
Quand je dis « personne n’est responsable de rien », je caricature un peu, bien entendu. Mais convenez aussi que si on savait qui était le responsable, alors le président n’aurait pas besoin de collecter les 5 signatures pour rendre sa décision finale. Une seule doit suffire.
Beaucoup de procédure pour la HDR … et ben … si c’est ça que vous appelez beaucoup de procédure, je comprends que votre vie doit être invivable. Franchement, c’est quoi « beaucoup de procédures pour une HDR » ? trève de plaisanterie, vous me la passez dans l’année cette HDR !
21 octobre 2014 à 19:54
FUBAR
@Mix: « traquer 20% de non-publiants »… heu, ha? On leur lâche les chiens? Parce que de ce point de vue là j’avais l’impression (en SH tout au moins) qu’ils ne risquaient pas grand chose. Cela dit c’est peut-être parce que certains d’entre eux compensent en effet en assumant des tâches administratives lourdes (j’en connais). Mais je n’ai jamais eu vent chez nous de non-publiants ayant été envoyés en camp de travail pour leur apprendre à vivre… et pas le moindre cas de service d’enseignement multiplié par douze non plus (jusqu’à présent). Ou alors c’est parce que chez nous les gens sont tous des hystériques de la publication, je ne sais pas…
21 octobre 2014 à 20:09
Rachel
@Fubar, peut-être que les règles administratives excessives (délirantes parfois) sont mises en place par les EC non publiants, qui se sont recyclés dans l’administration, pour emmerder leurs collègues qui font de la recherche ?
21 octobre 2014 à 20:56
FUBAR
@Rachel: ça en général ce sont les faux-publiants. Ceux qui la ramènent, ne vont jamais se frotter à la recherche internationale et publient dans des revues à la qualité discutable ou tenues par des copains. Ceux-là sont les vrais chieurs de l’ESR, des chéfaillons nés totalement capables d’inventer des cartons entiers de red tape pour irriter ceux qui se crèvent la paillasse pour de vrai (on sent le vécu là, non?)
21 octobre 2014 à 21:00
Gueux
@Helios, FUBAR, Rachel : Relisez donc Dilbert, Putt, Parkinson, etc.
La selection négative ne s’applique pas qu’en politique.
J’aime bien le corolaire de Putt : « Every technical hierarchy, in time, develops a competence inversion. »
A lire :
http://www.lesaffaires.com/blogues/olivier-schmouker/connaissez-vous-la-loi-de-putt/551236
21 octobre 2014 à 21:34
PR23
Le HCERES abandonnant les notions de « produisants » et la notation par lettre, il deviendra difficile de sélectionner même les e-c. Cette tâche de détection des « degrés de l’excellence » reviendra probablement aux conseils des COMUE et à leurs dirigeants.
21 octobre 2014 à 21:48
mixlamalice
@Rachel: je me suis mal exprimé, je ne voulais pas parler de « procédures en vue d’obtenir la HDR » mais de « la HDR en tant que procédure » (le mot étant peut-être mal choisi, mais bref)
@FUBAR: on vient de recevoir une note de service chez nous concernant ceux qui ne remplissent pas leurs activités de recherche et/ou d’enseignement.
Ceux qui refusent d’être intégrés dans une équipe de recherche et qui de facto « assumeraient » leur statut non-publiants se verraient imposer 64HED « forfaitaires » en plus.
Ceux qui ne font pas leur service d’enseignement sont tenus d’accepter les heures qu’on leur proposera dans les différentes strates de l’établissement.
Ceux qui refuseraient se verront sucrer la prime de recherche et d’enseignement supérieur (de 1200 et quelques euros brut, c’est pas énorme mais bon c’est un début), vu qu’elle est conditionnée au fait que l’on accomplit ses obligations de service.
Je ne sais pas si ça va être accepté par les syndicats etc, mais en tout cas il y a une vraie première offensive, après quelques scuds lancés ici et la depuis quelques années.
21 octobre 2014 à 21:57
Gueux
@Mix: En quoi le fait d’être intégré à une équipe de recherche oblige à publier ? Vous mettez les noms de toute l’équipe sur les publis ? Des heures de paillasse sont obligatoires ?
21 octobre 2014 à 22:04
mixlamalice
@Gueux: je sais pas, c’est la présidence qui a envoyé la circulaire, pas moi…
Je sais juste que certains EC ont « refusé » d’être intégrés dans une équipe de recherche. Je ne sais pas pourquoi puisque comme vous dites, ils n’avaient qu’à dire oui et continuer à ne pas publier… j’imagine qu’il y avait d’autres paramètres en jeu, mais en tout cas ceux qui ont dit non sont un peu dans le caca maintenant (ou en tout cas, sous pression).
21 octobre 2014 à 22:11
Gueux
@Mix: les paramètres en jeu sont probablement la visibilité, soit « glandez si vous voulez, mais ne vous montrez pas ». La présidence pourra alors clamer « chez nous, tout le monde fait de la recherche ».
21 octobre 2014 à 22:34
FBLR
@Rachel
Pouvez nous donner *un* exemple de telle institution publique (grosse taille mais organisation décentralisée) ?
21 octobre 2014 à 22:51
mixlamalice
@Gueux: du point de vue de ceux qui ont refusé, les paramètres en jeu sont je pense la « délocalisation » de certaines équipes sur d’autres sites (dans un rayon de 20kms, hein, pas à 200 bornes). Mais bon, quand on fout rien depuis 20 ans, « déménager » pour continuer à rien foutre c’est un bouleversement qui peut causer de graves traumatismes (j’en connais des comme ça, pas beaucoup mais quelques uns)
21 octobre 2014 à 23:23
Rachel
@Gueux, ha la loi de Parkinson et le corolaire de Putt … l’université est un terrain idéal pour étudier ces phénomènes …
@Mix, je crois comprendre la raison de vouloir réintégrer les EC égarés dans les unités de recherche. Quand le ministère donne de l’argent chaque année, il le fait pour la formaiton (je crois alors que la variable c’est le nombre d’étudiants) et pour la recherche (la variable est alors le nombre d’EC dans les labos). Avant, le ministère prenait en compte le nombre d’EC produisants. Mais maintenant, le nouveau critère devient tout simplement le nombre d’EC tout court (mais dans les labos, bien entendu, pas ceux qui font de la recherche tout seuls dans leur coin en regardant l’inspecteur Derrick de l’autre œil). D’où la volonté de vouloir afficher le plus grand nombre dans les labos, afin de toucher un max.
Si par hasard cette note de service tombe dans ma boite aux lettres, j’en fais un billet car ce serait un excellent thème de débat.
@FBLR, franchement je n’y connais pas grand chose en terme d’organisation des entreprises. Simplement, je pense que quand c’est gros on ne peut pas faire tout à fait pareil que quand c’est petit.
Oh @Dan mon visseur, vous êtes de retour ! *joie *
22 octobre 2014 à 00:17
FBLR
@rachel
Juste un exemple, un seul.
22 octobre 2014 à 00:27
FUBAR
@Rachel, vous m’intéressez avec votre histoire de prendre en compte le nombre d’EC dans les labos pour filer le pognon. Chez moi, au niveau du pékin de base ça a l’air assez flou. Le chef du labo fait un tour de table pour connaître les besoins des EC du labo pour l’année (exercice qui oblige à développer un don de double vue ou à savoir lire dans les entrailles de bêtes mortes à quel CFP on répondra dans 6 mois, ce qui aboutit au final à ce que tout le monde gonfle artificiellement les besoins parce qu’on ne sait jamais). Il part ensuite chez le VP du CS (pardon, ça a changé de nom, mais j’ai déjà oublié) avec son budget prévisionnel sous le bras, le VP prend la feuille et l’emporte devant le CS, qui décide de filer le pognon ou de filer moins, suivants des critères inconnus de tous (et peut-être des membres du CS eux-mêmes). Bref j’imagine que ce dont vous parlez intervient à l’échelle de l’université et que le ministère file le flouze en fonction du nombre global d’EC affiliés dans les labos, à charge pour l’université de ventiler et d’éparpiller façon puzzle. Non? Bref du coup que Tartampion soit dans le labo Y ou Z tout le monde s’en tape pourvu qu’il soit dans un labo, non? Je dis ça pour essayer de comprendre dans quelle mesure on met les labos en concurrence les uns avec les autres en interne.
22 octobre 2014 à 01:12
François
Rachel : » @FBLR, franchement je n’y connais pas grand chose en terme d’organisation des entreprises. Simplement, je pense que quand c’est gros on ne peut pas faire tout à fait pareil que quand c’est petit »
Il y a quelque temps existaient des grands groupes à activités diversifiées où chaque branche ou filiale était gérée de façon très autonome. J’ai connu de l’intérieur Matra-Hachette (militaire, spatial, télécoms surtout civiles, automobile, équipement automobile, librairie, télévision, football, …). La gestion y était extrêmement décentralisée, les patrons de chacune de ces activités étant de véritables barons qui pouvaient mener leur activité à leur guise tant qu’ils ne perdaient pas d’argent. Le staff central était réduit à sa plus simple expression.
J’ai eu comme partenaire Nokia à une époque où ce groupe avait des activités multiples (pâte à papier, armes de chasse, pneumatiques, électronique grand public, informatique, télécoms, …). Je pense qu’il fonctionnait à peu près de la même façon que Matra. De même en France la Compagnie Générale d’Électricité CGE qui, suivant une politique à la mode, a été ensuite recentrée sur deux activités séparées ultérieurement (Alcatel et Alsthom devenue Alstom).
Le grand intérêt des groupes diversifiés était que les activités qui traversaient une passe difficile pouvaient être secourues financièrement par celles qui se trouvaient alors en meilleure position (chez Matra cas de l’automobile qui après une période de quasi faillite est devenue la vache à lait du groupe à l’époque du succès de l’Espace, à un moment difficile pour d’autres branches).
A long terme les recentrages excessifs pratiqués par certains dirigeants sous l’influence de consultants à la mode ont mis en péril les descendants de ces groupes (Nokia devenu quasi exclusivement un fabriquant de téléphones mobiles a ensuite racheté par Microsoft; Alstom est en train d’être racheté par General Electric; Alcatel est lancé dans une fuite en avant périlleuse après avoir fusionné avec Lucent ex ATT, etc.).
22 octobre 2014 à 07:59
mixlamalice
@Rachel: c’est une bonne explication. Par contre, du côté des directeurs de labo UMR dans lesquelles ma tutelle est parfois très minoritaire en termes de personnels, ça posait problème aussi: ils n’avaient pas forcément envie de recevoir 2 ou 3 gus non-publiants de plus (ils ont déjà du mal à cacher ceux qui sont là quand l’AERES passe), sachant que la tutelle représente déjà genre moins de 20% des effectifs globaux…
Récemment, je crois, en lien avec ce genre de choses, qu’on a eu même un « désengagement » de notre établissement d’une UMR.
22 octobre 2014 à 09:58
Damien
@mixlamalice
» ils n’avaient pas forcément envie de recevoir 2 ou 3 gus non-publiants de plus (ils ont déjà du mal à cacher ceux qui sont là quand l’AERES passe), sachant que la tutelle représente déjà genre moins de 20% des effectifs globaux… »
Ben c’est (ou c’était) le principe, non ? D’un côté l’université considère que pour faire de la recherche, l’EC doit faire partie d’une équipe de recherche. De l’autre, le labo est mal noté (et donc a moins de sous) s’il accueille trop de chercheurs par rapport à son activité de recherche globale. Comme ça ce sont les « publiants » locaux qui doivent « faire le ménage », en décidant qui, parmi les « non-publiant », mérite ou non d’être « couvert ».
(évidemment, pour que ça marche, il faut que le labo puisse virer/refuser des EC)
22 octobre 2014 à 10:29
Sébastien
@Damien: « évidemment, pour que ça marche, il faut que le labo puisse virer/refuser des EC »
Ou alors, plus subtil, n’intégrer en tant que membre titulaire que les publiants et réserver le statut de membre associé aux non-publiants. Et, bien sûr, présenter les stats des seuls titulaires dans le rapport AERES…
22 octobre 2014 à 12:09
Gueux
@Damien: « évidemment, pour que ça marche, il faut que le labo puisse virer/refuser des EC » Chez nous ça se fait.
22 octobre 2014 à 12:28
Damien
@Sébastien
« Ou alors, plus subtil, n’intégrer en tant que membre titulaire que les publiants et réserver le statut de membre associé aux non-publiants. Et, bien sûr, présenter les stats des seuls titulaires dans le rapport AERES… »
Ça c’est un moyen de contourner le processus, en permettant au laboratoire de « couvrir » un « non-publiant » avec un coût nul. Or justement tout le principe est que ça ait un coût (et donc que le labo ne « couvre » que ceux qui lui rapportent quelque chose, même si ce n’est pas directement des papiers). Donc, selon le principe initial, le statut de membre associé ne devrait être que temporaire (c’est d’ailleurs annoncé comme cela dans mon labo).
22 octobre 2014 à 13:08
Rachel
@FBLR, allez hop, juste un exemple : l’éducation nationale.
@Fubar, oui il ne faut pas confondre les deux niveaux de distribution (1) le niveau ministère qui ventile chaque année ces crédits (dont ceux pour la recherche) aux universités. Pour savoir combien le ministère donne à chaque université, il y a des critères (système sympa). Dans les critères il y avait celui du produisant-non produisant. Mais étant donné que ce critère tombe (si j’ai bien compris ?) alors ce nouveau critère serait que les EC doivent appartenir à une unité de recherche (ce qui suppose que ceux qui n’y sont pas ne font pas de recherche). D’où la motivation des universités à réintégrer les EC égarés dans les unités (en clair, pour avoir plus de sous). (2) ensuite, le deuxième niveau, c’est la ventilation des crédits à l’intérieur de l’université. Là c’est une autre histoire et les critères sont établis au niveau de chaque université (c’est plus ou moins transparent). Là encore, dans certains établissement, la disparition de la note AERES fait débat étant donné qu’il faut revoir les critères (et quand on parle de gros sous, c’est souvent très compliqué …).
@Sébastien, vous êtes un pur génie ! avec votre système, on peut à la fois essayer d’empocher un max sans risquer de se plomber les indices de productivité. Génial ! (ceci dit, je trouve que les labos devraient y réléchir à deux fois, car comme le dit @Damien, ça a un coût qui doit certainement dépasser le bénéfice initial …).
22 octobre 2014 à 13:17
FBLR
@Rachel
Vous plaisantez avec l’EN ???
Les coûts « administratifs » sont près de 2 à 3 fois supérieurs à ce qui se fait dans d’autres pays… (où l’on oublie que c’est surtout ça qui nous distingue et permet d’expliquer, en partie, le paradoxe français d’une plus grande dépense par habitant/élève mais un moins grand encadrement tout en ayant des profs moins bien payés qu’ailleurs)
@François
Est-ce que ces deux groupes étaient publiques ? (possible que oui, c’est une vraie question) Sinon cela ne répond pas à ma question.
22 octobre 2014 à 13:40
Rachel
@FBLR, oui, je plaisantais un peu mais pas tant que ça étant donné que l’EN délègue quand même des choses aux collectivités (communes, département, régions). Mais dans beaucoup de cas, les personnels restent des fonctionnaires d’Etat. Comme je le disais, je ne suis aucunement spécialiste des systèmes d’organisation. Mon point est que le « mastodonte » que vous mentionnez fréquemment est certainement invivable avec le mode actuel d’organisation d’une université (ou beaucoup de choses sont très centralisées). Par contre je pense que ça pourrait marcher s’il y avait une décentralisation des décisions de la vie quotidienne (missions, recrutement, gestion des sous, …) à un niveau inférieur, et qui pourrait être celui d’une UFR, écoles, etc … Là on retombe sur une « dimension humaine » tout en gardant l’avantage d’une bannière commune.
22 octobre 2014 à 14:01
Damien
@FBLR
« Les coûts « administratifs » sont près de 2 à 3 fois supérieurs à ce qui se fait dans d’autres pays… »
Qu’est-ce que vous incluez (ou pas) dans « administratif » ? Je suppose (enfin j’espère) que ça ne se définit pas par « tout ce qui n’est pas directement l’enseignement » ?
22 octobre 2014 à 14:06
FUBAR
@Rachel. C’est marqué quelque part que le critère des publications tombe? Cette histoire de compter les EC dans des labo et de laisser en dehors du décompte ceux qui n’y sont pas (et qui ne doivent pas être légion puisque les profils de postes sont quand même spécifiquement fléchés pour un labo précis). Premièrement parce que comme vous le dites, on peut être en dehors d’un labo et faire de la recherche (et que se passe-t-il pour les EC qui sont dans un labo qui n’est pas dans leur université?), deuxièmement parce qu’on peut être dans un labo et ne pas faire de recherche ou à dose homéopathique. Quel est l’intérêt pour le ministère? Est-ce que ça veut dire qu’au lieu de filer 1500€ par tête de publiant (c’est le chiffre qu’on m’a donné à plusieurs reprise, je n’ai jamais vraiment su de quelle source il venait mais les gens avaient l’air de savoir de quoi ils parlaient) il va filer beaucoup moins par tête tout court (sinon ça va lui coûter plus cher, non?)? Au final ça voudrait dire que le mec qui n’est pas dans un labo se verrait refiler des cours en plus (j’imagine, il faut bien que le distingo serve à quelque chose) au motif qu’il ne fait pas de recherche, alors que le type qui a un poil dans la main mais qui est dans un labo pourra dormir tranquille tout en se vantant de rapporter des sous à ses camarades publiants…
22 octobre 2014 à 14:46
Rachel
@Fubar, je ne sais pas si c’est écrit quelque part (au sujet de la disparition des critères de publications). Ce que je sais, c’est que ces dernières années l’AERES avait abandonné le recensement des produisants – non produisants (ainsi que la notation des unités). Or ces chiffres étaient utilisés dans la moulinette SYMPA. Très concrètement, je ne sais pas comment le système s’adapte ou va s’adapter. Si quelqu’un a des infos, ça serait SYMPA de les donner …
Quel intérêt pour le ministère ? A l’époque, l’intérêt qui était vu c’était de conditionner une partie de l’argent par un critère de performance (de mémoire c’était 20 % de l’argent lié à ce critère). Ce sont les critères du publiant/non publiant + notation des labos qui avaiient été retenus pour les calculs. Le travail sur les indicateurs était fait par l’AERES. Bref tuer l’AERES, c’est aussi tuer cette nouvelle répartition des moyens (entre autres). Mais là, aujourd’hui, je ne sais pas concrètement comment ça va marcher …
Globalement, si on change la répartition (par exemple en incluant les EC non publiants), il ne faut pas imaginer que ça fera des sous en plus. Le budget est constant, on change juste les clés de répartition (les mauvaises langues disent que dans ce cas ça sera plus favorables aux sciences « molles » …).
Chez moi c’est environ 3000 euros/EC (mais je suis en science dure expérimentale). Je pense que le ratio appliqué est celui d’environ 1:2, donc le chiffre de 1500 est cohérent car si j’ai bien compris vous êtes dans les sciences molles.
22 octobre 2014 à 15:37
Damien
@FUBAR
» (et qui ne doivent pas être légion puisque les profils de postes sont quand même spécifiquement fléchés pour un labo précis). »
Il ne faut pas oublier que l’appartenance à un labo n’est pas « à vie » : même si on ne compte pas le fait qu’on peut se faire virer d’un labo, des unités sont régulièrement créées ou détruites. Donc si, ce n’est pas si rare d’avoir des EC non rattachés.
« Premièrement parce que comme vous le dites, on peut être en dehors d’un labo et faire de la recherche »
Il y a quand même des domaines où c’est quasiment impossible (et ça l’est de plus en plus, allez obtenir un financement sans labo de rattachement). Mais je suis d’accord que c’est un problème, puisque ça impose à ces chercheurs de « rentrer dans les cases » du labo.
« (et que se passe-t-il pour les EC qui sont dans un labo qui n’est pas dans leur université?) »
Un labo n’est pas toujours mono-université ni mono-site.
« deuxièmement parce qu’on peut être dans un labo et ne pas faire de recherche ou à dose homéopathique »
Tout le principe est/était justement de laisser aux membres du labo eux-mêmes évaluer cela : le labo serait d’autant mieux évalué qu’il a (globalement) une bonne production en recherche par rapport à son effectif, à lui ensuite d’en tirer les conséquences individuelles.
22 octobre 2014 à 19:53
Rachel
Ah ben voilà pourquoi on ne sait pas grand chose sur le nouveau modèle de distribution des sous: le ministère est en train de faire sa nouvelle version sympa. Et d’après Educpros, les présidents d’université ne sont pas content du tout http://www.letudiant.fr/educpros/entretiens/budget-des-universites-le-nouveau-modele-de-repartition-met-les-presidents-en-ebullition.html
22 octobre 2014 à 19:56
FUBAR
@Rachel. Nous on était dans la dernière vague des évaluations AERES et je peux vous jurer-cracher (ptoui!) que le rapport de mon ex-EA comportait non seulement plusieurs notes (et non une seule) sous forme de lettres ainsi qu’un pourcentage de publiants. A mon avis l’abandon a été à géométrie très variable. Peut-être que les mous, en manque de chiffres, se seraient sentis dépossédés d’un truc?
@Damien… Hmm, ce que vous dites est bien moins vrai en sciences molles. Les reconfigurations arrivent mais je n’ai jamais vu de mes yeux une disparition. Quand aux labos monosites, ce sont les UMR qui ne le sont pas, mais les autres en général sont des assemblages un peu débiles de gens qui ne bossent jamais ensemble mais partagent une même « discipline » (mot qui peut avoir un sens en enseignement, mais n’en a aucun en recherche). Et donc le principe c’est que c’est aux labos de faire leur police??? Mais ils n’y ont aucun intérêt. Leur intérêt est au contraire d’empêcher à tout prix les non-publiants de faire de la recherche puisque dans ce cas ils se verraient contraints de leur rétrocéder une partie du pognon que ces feignasses rapportent par le simple fait d’exister, afin de financer leurs activités de recherches. Mais si je vous lis bien, en réalité on continue à regarder le ratio de publication, donc rien n’a changé.
22 octobre 2014 à 20:08
Rachel
@Fubar, et moi aussi je peux vous jurer-cracher (double ptoui!!) que lors de la dernière évaluation (résultats 2014) il n’y avait pas de notes et pas de recensement publiant / non publiants, du moins dans mon périmètre de science dure.
22 octobre 2014 à 20:39
FUBAR
@Rachel: Mais SYMPA c’est pour le volet enseignement du budget ou c’est pour toutes les dotations?
Par ailleurs, pour l’AERES je vous parle de la vague D (2014-18) campagne 2012-14. Je vous dis que c’est parce que les mous aiment les chiffres, ça les rassure!
22 octobre 2014 à 20:50
PR23
C’est une déclaration du président de l’AERES devant les présidents d’université : abandon du critère produisant et de la notation à partir de la vague 2014. Je l’ai entendu de mes oreilles et vu de mes yeux Didier Houssin le dire.
22 octobre 2014 à 20:51
PR23
A la place de la notation, il y aura une « appréciation textuelle synthétique » avec des mots-clés permettant de situer l’équipe.
22 octobre 2014 à 21:56
Gueux
@PR23: Et comme pour les rapports de soutenance de thèse, il faudra lire entre les lignes et chercher les mots/phrases clés manquants pour dechiffrer les évaluations ?
22 octobre 2014 à 22:35
PR27
@mix : sur les signatures de projets à 90% rejetés, soumis par les présidents d’université, j’ai aussi toujours trouvé ça idiot, mais on a vu des contrats (pas ANR, mais publics quand même) où l’université doit mettre des moyens à la hauteur de la subvention, et ces moyens doivent être démontrables par des factures, et pas forcément que du personnel fonctionnaire, mais aussi matos, fonctionnement…. bref des plans bien pourris.
@FUBAR : au plaisir de lire l’histoire du videoprojecteur fantôme. J’espère que le titulaire du marché a changé et le nouveau ne veut pas réparer les videoprojecteurs du précédent, de toute façon ce modèle d’ampoule ne se fabrique plus, sauf si le Professeur vérifie le web et qu’il trouver la dite ampoule sur un site web quelconque hors marché. Bon, ne dévoilons rien.
22 octobre 2014 à 22:40
Rachel
@Fubar, vous parliez de l’avant dernière vague, pas la dernière (celle qui contractualise pour 2015-2019). SYMPA, c’est le calcul de la dotation des universités (hors salaires). C’est l’enseignement ET la recherche. Le but était de ne donner qu’un paquet, à charge aux universités, libres et responsables, de le dépenser comme elles le voulaient. La grande nouveauté était donc que les universités décident ensuite de la ventilation internes, dans les unités de formation et dans les unités de recherche.
@PR23, la déclaration de D. Houssin, c’était une tentative désespérée pour sauver l’AERES, institution sacrifiée sur l’autel des nonistes (rarement j’ai vu une décision aussi stupide, étant donné que l’AERES ne fonctionnait pas si mal et avait une large plage de progression devant elle). Ça n’a pas suffit …
@Gueux, oui c’est ça. Et chacun lit ce qu’il veut bien lire. Au final c’est inexploitable (mais c’était le but recherché, je pense)
22 octobre 2014 à 23:16
François
@ FBLR » Est-ce que ces deux groupes étaient publics ? (possible que oui, c’est une vraie question) Sinon cela ne répond pas à ma question.
Ces groupes étaient formellement privés (sauf la CGE pendant la période des grandes nationalisations Mitterrand). Mais c’était du privé « à la française » de l’époque : importants marchés publics surveillés par des contrôleurs d’État, dirigeants provenant très souvent de la fonction publique et ayant des critères de réussite personnelle qui ne se limitaient pas à la maximisation de leurs revenus personnels, participation à l’aménagement du territoire, politique sociale évitant les bras de fer avec les syndicats, etc.
Ce mode de gestion qui a connu des échecs mais aussi des succès assez étonnants a ensuite été ringardisé par des théories venues d’outre-Atlantique (en particulier la fameuse « création de valeur pour l’actionnaire » qui, quand on s’est mis à rémunérer les dirigeants en fonction de ce critère, les a conduits à donner la priorité au court terme, quand ce n’est pas à l’escroquerie pure et simple).
Mais nous voilà bien loin du sujet de ce billet …
23 octobre 2014 à 06:49
PR23
Rachel, si je peux vous rassurer, les personnels, les missions, les obligations et le fonctionnement du HCERES seront les mêmes que ceux de l’AERES, d’après Houssin (peut-être pas le président?)
Le décret n’est toujours pas sorti, ce qui fait qu’à ce jour, l’AERES continue à vivre dans ses locaux de la rue Vivienne avant de muer.
23 octobre 2014 à 09:42
Damien
@FUBAR
« Les reconfigurations arrivent mais je n’ai jamais vu de mes yeux une disparition. »
Je n’ai pas a proprement parler vu de disparition, mais des fusions/absorptions dans lesquelles on « fait du ménage » en laissant de côté certains EC, si. Et donc certains se retrouvaient sans rien.
« Et donc le principe c’est que c’est aux labos de faire leur police??? Mais ils n’y ont aucun intérêt. Leur intérêt est au contraire d’empêcher à tout prix les non-publiants de faire de la recherche puisque dans ce cas ils se verraient contraints de leur rétrocéder une partie du pognon que ces feignasses rapportent par le simple fait d’exister, afin de financer leurs activités de recherches. Mais si je vous lis bien, en réalité on continue à regarder le ratio de publication, donc rien n’a changé. »
Je ne sais pas comment ça va se passer maintenant qu’il n’y a plus de notes, mais auparavant le principe (sauf erreur) était que l’argent fourni était proportionnel aux nombre de « publiants », avec un coefficient multiplicateur dépendant (très fortement) de la note. Transformer un non-publiant en publiant augmentait l’argent disponible. Mais surtout, et c’était le point essentiel, avoir trop de « non ou mauvais publiants » dans le labo faisait baisser la note, donc il était directement de l’intérêt du labo, soit de les rendre (bons) « publiants », soit de les faire disparaître de l’évaluation (= en faire des associés au début, les virer ensuite).
23 octobre 2014 à 10:02
mixlamalice
« « Les reconfigurations arrivent mais je n’ai jamais vu de mes yeux une disparition. »
Je n’ai pas a proprement parler vu de disparition, mais des fusions/absorptions dans lesquelles on « fait du ménage » en laissant de côté certains EC, si. Et donc certains se retrouvaient sans rien. »
Effectivement, c’est arrivé chez nous, ça a commencé en 2012, c’est pas encore tout à fait fini, et pour certains ça a été (c’est toujours) assez douloureux…
Pour « cacher » les non-publiants, il y a eu la création d' »équipes pédagogiques » et « d’équipes de recherche ». Idéalement on fait partie des 2, et donc on est affecté à un labo. Si on ne fait partie que d’une « équipe pédagogique », c’est un peu le no man’s land à tous les sens du terme (d’où le côté douloureux).
23 octobre 2014 à 13:31
François Garçon, Maître de conférences HDR, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Directeur du Master 2 professionnel Cinéma Télévision Nouveaux médias
François Garçon, Maître de conférences HDR, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Directeur du Master 2 professionnel Cinéma Télévision Nouveaux médias :
« CNU – cancer français », « CNU – promotion des nullités syndiquées par des nullités syndiquées », … :
http://www.enquete-debat.fr/archives/contribution-de-francois-garcon-maitre-de-conferences-a-luniversite-paris-1-pantheon-sorbonne-43495
+ de 700.000 lecteurs (info via la rédaction : « Enquete-debat »).
23 octobre 2014 à 15:56
FUBAR
@Damien @Mix… Je persiste à ne pas comprendre. Si on abandonne le critère des publis à quoi bon chercher à cacher sous le tapis les EC non-publiants puisque le nombre d’EC devient le critère pertinent d’attribution de l’argent?? Est-ce à dire que les universités vont devoir se mitonner un indice de publication maison pour pouvoir décider de la somme allouée à chaque labo (ne serait-ce que pour filer plus d’enseignement à ceux qui ne publient pas)? Je pense plutôt que ça va être le règne du copinage et du renvoi d’ascenseur politique au sein des établissements avec concurrence interne entre les labos pour la course à l’échalote… bien loin de toute considération scientifique.
23 octobre 2014 à 16:16
FUBAR
@PR27. Comme vous m’avez l’air d’apprécier les belles histoires de Tante Fubar, voici la petite anecdote du vidéoproj. qui a tant égayé notre rentrée. Juste une anecdote sur le fonctionnement de mon université plus que sur la connerie des marchés publics, encore que… Or donc, chez nous une infime proportion de salles sont équipées d’autre chose que de tables et de chaises. Dans mon UFR, une seule salle a un équipement digne de ce nom (télé, lecteur de dvd, videoproj avec connectique idoine, stores qui ferment) et deux autres ont une cage à video-proj (mais pas de stores, ce qui est très malin) et… plus de vidéo-proj. Dans la première de ces deux salles (qui ne ferment pas à clef parce que c’est trop compliqué (sic)), le machin est tombé en panne (il y a plus de six mois), l’entreprise qui a le contrat est venu l’embarquer (du moins on le suppute) et on ne l’a jamais revu. Première cage vide. Un beau jour (je crois peu de temps après) la cage de la deuxième salle a été retrouvée vide. Stupeur et tremblement, que s’était-il passé? Première hypothèse (la plus plausible chez nous tant elle relève de la routine): le vol. Le ou les voleurs sont tellement houdinesques qu’ils ont réussi à vider la cage sans en ouvrir la porte, ou alors tellement consciencieux qu’ils ont refermé la cage après leur forfait. Deuxième hypothèse: l’entreprise est venu chercher le projecteur pour une raison inconnue. On appelle donc l’entreprise, qui nie en bloc et affirme ne pas avoir le matériel (à ce stade on ne parle même plus du premier) et qui ne veut pas le remplacer puisqu’il s’agit manifestement d’un vol et que l’université lui a fait perdre une machine. L’université (qui est effectivement une vraie passoire), vexée comme un pou, laisse entendre qu’avec cette entreprise « on a toujours des problèmes » fin de citation. Et comme c’est la faute à personne, ben…. il ne se passe plus rien. Et puis comme c’est cette entreprise qui a le marché donc il faut attendre la prochaine tournée d’appels d’offre. Circulez, y a rien à voir (c’est le cas de le dire). Résultat, une seule salle permet d’utiliser autre chose qu’un feutre véléda et la secrétaire chargée du planning des salles s’en sert comme monnaie de récompense et la file prioritairement à celles et ceux qui passent suffisamment de temps dans son bureau pour lui faire causette. C’était une tranche de vie de l’université numérique du troisième millénaire…
23 octobre 2014 à 23:26
CR1
À propos des crédits « récurrents » (ceux qu’ont nous donne sans projets) : dans mon labo de sciences dures, c’est effectivement à peu près 2000 euros, à parts égales université et CNRS, par enseignant-chercheur et chercheur. On n’a pas été évalué A+ la dernière fois, l’université nous a donc coupé au moins 25% (c’est bien fait pour nous, y’avait qu’à être sages). La direction du labo garde 50% pour refaire les peintures du couloir administratif. Il reste donc dans l’équipe à peu près 1000 euros par chercheur et enseignant chercheur permanent. Les crédits sont partagés avec les techniciens, les thésards et post-docs. Ça fait donc à peu près 300 € par an par personne. Moi je ne vais plus en conf: y’a pas l’argent, sauf si c’est national et pas par avion, bref monter à Paris une journée ça va. Sur le budget de l’ANR non plus, y’a pas les sous : à l’époque de la négo, on m’a dit de compter sur le CPER, qui est mort. Pour ce qui est des renouvellement de postes informatiques, dans l’équipe on change le plus vieux une fois par an. En salle de manip on peut en voir avec DOS, ça fait de tendres émotions. Le plus compliqué c’est de trouver des disquettes qui marchent encore. J’adore le 3e millénaire.
24 octobre 2014 à 13:05
fblr
@CR1
Est-ce qu’au moins l’administration vous invite à ses petites sauteries ? :-)
24 octobre 2014 à 14:38
FUBAR
@CR1. C’est à pleurer votre truc… des disquettes?? vrai de vrai? Chez nous les labos (si tant est que cette dénomination veuille dire quelque chose en SH) tournent avec 40 à 50.000 euros de budget, avec de grandes inégalités puisqu’à budget égal certaines n’ont quasiment pas de doctorants quand d’autres en accueillent une bonne centaine. Tout le monde n’ayant pas besoin de sous tous les ans, ça permet (quand l’argent est distribué de manière transparente à ceux qui en ont besoin) de faire quand même des choses et pour les dépenses exceptionnelles il reste de l’argent que distribue directement le CS sur projet. Au final, quand les directeurs de labos ne sont pas des mandarins psychopathes et incompétents (vécu), on est plutôt bien lotis. Le contraste est saisissant avec les conditions d’enseignement, qui sont plus pourries que jamais. En dix ans là où je suis, j’ai toujours dû adapter (à la baisse) le contenu de mes cours (et ma pédagogie puisque c’est le grand sujet 2014-2015) aux conditions matérielles, c’est-à-dire que j’ai dû parfois (souvent) renoncer au dernier moment à faire certains cours faute de salle adaptée. Mais réjouissons-nous, la présidence nous a expliqué que nous étions tous des chercheurs formidables mais que pour l’enseignement nous étions des incompétents notoires et qu’on allait voir ce qu’on allait voir (je crains que la punition soit une baisse du pognon de la recherche). Un VP chargé des « usages numériques » a été missionné (le montant de sa prime est tenu secret) pour nous aider à devenir des « enseignants pédagogues et pas seulement des enseignants chercheurs »… je rumine depuis la rentrée une lettre qui lui exprimerait dans le détail le fond de ma pensée (rédigée au dos des photocopies noirâtres et baveuses qui me servent à montrer des illustrations et des peintures à mes étudiants) mais pour l’instant je la garde dans un tiroir avec mes feutres secs, la haine m’aveugle.
24 octobre 2014 à 15:02
mixlamalice
100 doctorants avec 40000€ de budget annuel, c’est bon ça. En sciences dures il y a 15 ans on appelait ça la « thèse veilleur de nuit », mais j’imagine que c’est plus politiquement correct.
24 octobre 2014 à 16:58
FUBAR
@Mix, non TOUS les membres du labo se jettent sur la manne céleste. Cela dit en SH peu de doctorants sont mobiles et demandent de l’argent pour aller à des colloques ou écumer les bibliothèques. Je crois que l’ED file un peu de blé, mais je n’arrive pas très bien à comprendre le rôle des ED et leur utilité par rapport aux labos à part forcer les doctorants à assister à des séminaires doctoraux sans aucun lien avec leur recherche et distribuer le maigre budget des contrats doctoraux. De mon temps quand on faisait sa thèse en SH on n’avait droit à rien, soit on avait un poste de moniteur soit on crevait la gueule ouverte, mais jamais on ne se faisait rembourser le moindre colloque et en SH rare d’ailleurs étaient ceux qui participaient à des colloques pendant leur thèse. Ça a changé depuis, mais c’était comme ça. La seule institution à m’avoir payé des déplacement pour faire ma recherche c’était mon collège de Cambridge (reconnaissance éternelle).
28 octobre 2014 à 10:43
Astronaute en transit
On commence par s’exclamer comme les chercheurs-fonctionnaires ont raison de manifester et de demander plus de sous et de postes aux dépens des autres, et on termine par un florilège sur la façon dont les universités et organismes de recherche sont chroniquement mal gérés.
A-t-on progressé depuis?
28 octobre 2014 à 20:29
FBLR
Voilà pourquoi les EC ne seront encore une fois pas la priorité:
http://www.franceinfo.fr/emission/le-decryptage-eco/2014-2015/les-diplomes-ne-permettent-plus-d-acceder-au-monde-du-travail-02-10-2014-08-35
28 octobre 2014 à 21:06
FUBAR
Mais alors quels jeunes trouvent du boulot finalement?
Je retiens cette phrase terrifiante et qui résume assez bien la situation actuelle:
« Une nouvelle anomalie française : les jeunes sont oubliés pour ne pas dire sacrifiés, les actifs surtaxés et les retraités quasiment épargnés »
Enfin, pour ceux qui ne sont pas jetés comme des vieilles chaussettes avant l’âge de la retraite et pour ceux qui peuvent un jour prendre leur retraite.
28 octobre 2014 à 21:10
FUBAR
Fichtre!! Tremblons mes amis, car il n’est peut-être pas loin le temps où le doigt vengeur du ministère va s’abattre sur nous… je viens de tomber là-dessus:
http://www.liberation.fr/societe/2014/10/28/numerique-les-profs-pries-de-ne-pas-critiquer_1131425
28 octobre 2014 à 21:40
Gueux
@FBLR: Le chômage des diplômés n’est pas nouveau. Déjà au milieux des années 90, une effrayante quantité de jeunes docteurs était au chômage ou en situation précaire (effet combiné de la crise d’alors et de l’augmentation du nombre de thésard). Les leçons en ont été tirées… à l’envers.
@FUBAR: Il parle des retraités actuels, pas de ceux de demain. « Rassurez » vous, même si vous arrivez un jour à la retraite, vous ne ferez pas partie des épargnés (z’aviez qu’à naitre plus tôt).
28 octobre 2014 à 21:52
Rachel
@Fubar, holala et moi j’ai titré mon billet « Fioraso t’es foutue, les chercheurs sont dans la rue ! ». Je crois que Gaïa vit ces dernières heures … ceci dit, pour le numérique et autre modernité de l’enseignement, je suis vraiment irréprochable, comme en témoigne mon billet « plaidoyer pour les MOOC » ou celui « MOOC, une époque formidable »
28 octobre 2014 à 22:57
FUBAR
@Rachel: Pfiou! on a senti le vent du boulet tout de même!! Heureusement que vous maniez habilement la chèvre et le chou… Faut dire aussi qu’apparemment le pauvre gars signait de son nom… tsss! tsss! tant d’amateurisme fait pitié.
29 octobre 2014 à 00:59
FBLR
Comme me l’a signalé O. Bouba-Olga sur twitter, l’article passe un peu trop vite sur l’aspect systémique et s’avère, en réalité, bien plus catastrophiste que la note de l’APEC:
http://cadres.apec.fr/Emploi/Marche-Emploi/Les-Etudes-Apec/Les-etudes-Apec-par-annee/Etudes-Apec-2014/Les-jeunes-diplomes-de-2013-situation-professionnelle-en-2014/63-des-jeunes-diplomes-de-2013-occupent-un-emploi
C’est clairement une mauvaise tendance, mais pour pouvoir illustrer le titre, il faudrait pouvoir comparer un peu plus que ce qui est fait…
5 novembre 2014 à 00:03
FBLR
Un peu de neuf sur le Crédit Impôt Recherche (j’imagine que le timing n’est pas innocent avec le mouvement « Science en marche »)
http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2014/11/04/20002-20141104ARTFIG00015-le-credit-d-impot-recherche-dope-les-investissements-en-rampd.php
On apprend d’ailleurs qu’il y a eu 28 000 emplois créés de chercheurs entre 2008 et 2012. A 5 Mds par an sur 5 ans soit 25 milliards d’euros sur la période, c’est pas loin d’un million par emploi créé :-)
Ils leur offrent une Maserati à ce prix-là ?
5 novembre 2014 à 08:12
FUBAR
@FBLR, zut, réservé aux abonnés…