Je crois qu’il est temps de plier bagage. Ça fait maintenant 5 ans que je suis ici sur Terre à observer l’étrange comportement des universitaires terriens. Ça fait 5 ans que je tente de comprendre et 5 ans que je ne comprends rien. A un moment donné, il faut se faire une raison : l’ESR d’ici, c’est vraiment n’importe quoi, une sorte de bouillie incompréhensible. Mais avant de mettre fin à ma mission, je dois terminer mon rapport annuel à l’OGU (observatoire galactique des universités). Au boulot !
Par quoi commencer ? Par les thèmes récurrents de ce blog, comme celui du rapprochement entre universités et grandes écoles ? De l’évolution de notre enseignement supérieur vers un système à deux vitesses ? Du crédit d’impôt recherche ? D’une réforme du recrutement de l’enseignant-chercheur ? Des superpouvoirs exorbitants des présidents d’université ? est-ce la fin de l’agrégation du supérieur ? De la nouvelle vague des bidulex (IDEX) ? D’un continuum maternelle-université ? des préoccupations des suisses ou des asiatiques ? Faut-il choisir la science ou le business ? Rouler en Fiat Punto ou en Peugeot 508 ? Non, tout cela est d’un pauvre intérêt.
Parlons plutôt des pleureuses de l’ESR. Qui sont-elles ? C’est en fait un joli ensemble collectif auquel se joint l’ensemble de l’ESR, universités et grandes écoles unies pour une même cause. Ce ne sont pas des petites larmes mais des torrents de lamentations, parfois même d’invocations belliqueuses. C’est de toute façon la faute du gouvernement et de G. Fioraso. Parfois on trouve d’autres boucs émissaires. Pisa ? c’est la faute à Bourbaki !
Heureusement, tout n’est pas noir. Par exemple, l’X (la poule au œufs d’or) a un nouveau logo ! sous le logo, il est écrit « université Paris-Saclay » … le monde change ! Par ailleurs, nos universités sont maintenant bien engagée sur la route de l’excellence. Cette année, G. Fioraso aurait bien bossé. Elle a revalorisé les bourses étudiantes, augmenté les capacités d’accueil dans les résidences étudiantes, elle a simplifié l’offre de formation dans les universités par un cadrage national (au diable l’autonomie des établissements !). Elle a aussi augmenté le montant des gratifications des stages des étudiants, y compris dans nos laboratoires de recherche. Je me demande bien comment on va faire étant donné que nos crédits de fonctionnement courants sont en baisse … Enfin, elle aura bien affiché qu’elle est contre la sélection à l’entrée du master, et d’ailleurs plus généralement contre la sélection à l’université et contre une augmentation des frais d’inscription (certains voudraient les augmenter …). Avec G. Fioraso, les étudiants ont bien soignés. Moi ce que je ne comprends pas bien, c’est pourquoi les étudiants veulent faire des études. Car de toute façon, diplômes ou pas, du boulot pour eux, y’en a pas. L’obsession diplômante de nos sociétés est troublante …
Plaidoyer pour les MOOC. Soyons moderne, le truc à la mode, ce sont les MOOC. Moi je suis à fond pour les MOOC, je n’y vois que des avantages, c’est pourquoi j’ai écrit un plaidoyer pour les MOOC, qui a eu beaucoup de succès. Avec les MOOC, c’est une époque formidable qui s’ouvre à nous. Mais certains devront choisir: MOOC ou SPOC ?
Quoi d’neuf, docteur ? Cette année, on a consacré beaucoup de billets au doctorat. On a d’abord été accompagner un nouveau doctorant, Monsieur Kafka, s’inscrire à l’université. C’était compliqué, on n’a rien compris mais c’est ça l’université et son administration. On a ensuite discuté de la durée des thèses, souvent bien trop longue. Alors on a décidé de raccourcir tout ça et d’imposer une thèse en 180 secondes. C’est bien assez. Bien entendu on s’est lamenté de la faible reconnaissance du doctorat par les entreprises, de l’insertion des docteurs dans les entreprises, du recrutement des doctorants. On a même été jusqu’à proposer une réforme du jury de thèse (retoquée, il semble …). Enfin, on a reposé la question fondamentale: la thèse est-elle un vrai travail ?
Sur Gaïa, on discute souvent de nos petites affaires de statuts, de structuration ou de primes. Par exemple, au sujet de la structuration, on aura porté une attention à l’Université de Lille, qui décidément n’avance pas alors qu’ailleurs ça bouge dans le bon sens. L’université de Lille est en panne sèche, c’est surement une affaire trop sérieuse pour être confiée aux universitaires. Nos universités resteront incomplètes … quelle tristesse ! Au sujet des primes, G. Fioraso a rénové le système. La PES s’appelle désormais la PEDR, ce qui représente une novation importante. Moi, pour fêter cela, j’ai déposé mon dossier de PEDR. Au sujet de nos statuts, on a discuté de la différenciation des services (mais pas chez nous, chez les autres). On aura eu une petite pensée pour notre collègue qui est revenue de congés de maternité. On a aussi mis en place la formule magique. Avec elle, plus besoin de passer du temps à l’évaluation des dossiers pour les primes, promotions et autres recrutement. En moulinant cette formule, on arrive à un chiffre qui permet directement de hiérarchiser les choses. Pourquoi se compliquer la vie ? Coté recherche, ce n’est pas toujours la joie. Les crédits de l’ANR sont en baisse et il y a beaucoup moins de postes au concours, à la fois dans les universités et organismes de recherche. D’ailleurs, à propos de l’ANR, elle a eu l’idée saugrenue de copier des appels à projets élitistes du type ERC. Coté édition scientifique, et comme chaque année, on a discuté des menaces de résiliation d’abonnements et de boycott de maisons d’édition. Et comme chaque année, rien ne change là aussi.
La polémique de l’année, c’est sans hésitation le salaire des profs de prépa. Figurez-vous que V. Peillon, alors ministre de l’éducation nationale a voulu réviser un décret de 1950, avec pour conséquence une baisse de la majoration de salaire des prof de CPGE ! dingue ! on s’attaque à la république s’en prenant aux meilleurs d’entre nous ! Ah le salaire des autres … les trois billets (ici, ici et là) qu’on y a consacré ont provoqué des échanges endiablés ! Bien entendu les profs de CPGE ont gagné, ce n’est pas demain la veille qu’on changera quoi que se soit en ce pays.
Le passé serait sans conteste un meilleur futur. Cette année, on a pu constater que le nonisme universitaire n’était pas mort. Parfois il se réveille, toujours très en retard sur l’actualité mais il montre qu’on peut compter sur lui pour égayer la toile. On a eu aussi le plaisir de recevoir la visite de noNette. Ce fut pour moi un réel plaisir et je lui décerne sans hésitation le prix de la meilleure formule de l’année : le passé serait sans conteste un meilleur futur. Je trouve que ça frise le génie. Un grand merci ! Il faut dire qu’on en est tous convaincus : c’était mieux avant (par exemple à Marseille). Et aussi : l’université n’est pas une entreprise, le savoir n’est pas une marchandise !
Le groupe J. P. Vernant est, quant à lui, apparu en avril dernier. Il a lancé avec succès une pétition anti-ComUE, fait du lobbying anti-Fioraso, mis la toile en ébullition. Tout cela sans succès car au final, les ComUE semblent être un pari gagnant pour G. Fioraso. Le groupe Vernant a aussi déclaré la guerre des groupes. Sans relâche, il traque les membres du groupe M. Bloch. Le groupe Vernant a aussi fait une enquête sur moi, et m’a démasqué en tant que chargé de mission du consortium CPU-AMUE. Il a même tenté de forcer la sécurité informatique de mon blog. Calomnies, intimidations, traque et fichage de ses « opposants », telles sont les méthodes du groupe Vernant.
Bref, encore une fois, cette année on aura bien rigolé !
Sur un blog voisin, j’ai lu récemment que parfois les discussions d’un blog deviennent l’intérêt principal du blog. Gaïa Universitas était cité en exemple (lire ici). C’est vrai que je suis très fière d’avoir rassemblé ici la fine fleur des commentateurs de l’ESR. Mais quand même, c’est un peu vexant d’apprendre que tout le monde s’en fout de mes billets et qu’on vient sur Gaïa uniquement pour suivre les discussions …
Ayant maintenant la preuve que ma mission sur Terre est un gros bide, il est plus que temps de rentrer chez moi, sur ma planète. D’autres missions intergalactiques m’attendent … on vient de m’apprendre que la princesse Leila (de la planète centrale des Atréïdes) a été enlevée par le démoniaque Zroc, le despote parmi les despotes des palcanoïdes. J’arrive !!
127 commentaires
Comments feed for this article
28 juillet 2014 à 16:44
François
Si ce n’est pas un faux départ, il faut organiser un pot d’adieu !
28 juillet 2014 à 17:06
Poutine7
C’est toujours triste de se dire Adieu.
Enfin … merci, j’ai appris plein de choses sur votre blog.
On n’y comprend rien parce que l’ESR bouge beaucoup et c’est sûrement parce que c’est un être très vivant encore en pleine évolution et j’ai la faiblesse de le croire … finalement ça finira par aller aller dans le bon sens.
Bon courage à toutes et à tous et profitez bien des vacances pour celles et ceux qui en prennet!
28 juillet 2014 à 17:26
françois garçon
Même si je peux comprendre votre lassitude, votre blog est irremplaçable. Réfléchissez à deux fois avant de disparaître. Et le fait que vous ayez été traquée par des crapules (pauvre JPVernant, il ne méritait pas ça) devrait vous inciter à poursuivre. Enrager les cons est un bonheur inépuisable.
28 juillet 2014 à 17:36
FUBAR
Naaan c’est une blague, c’est juste pour l’été, j’en suis sûre! Y a des gens qui ne veulent jamais dire qu’ils partent en vacances.
28 juillet 2014 à 20:50
JFS
comme je vous comprends et vous approuve car plus que les ministricules qui jouent avec nos nerfs, à force de faire aux lépidoptères à ailes bleues l’action qui rime avec le nom de leur profession, ce sont nos collègues qui m’exaspèrent. leur couardise n’a d’égale que leur manque d’imagination pour repenser une université digne des temps que nous parcourons. La grande aventure collective n’a plus de droit de citer dans la citée aussi retirons nous chacun dans nos appartement faute d’avoir pu conquérir une tour d’ivoire en espérant que nos successeurs trouveront les moyens pour que l’intelligence renoue avec la puissance!
28 juillet 2014 à 23:19
Petit Cerveau
Ca va me manquer, ce blog…
28 juillet 2014 à 23:58
Dan - visseur converti
Rachel, ne partez pas . Que vont devenir les visseurs qui ne comprennent rien à l’université sans cette obscure clarté qui nous vient des étoiles ? Où pourrais-je lire Jako et Jojo, l’ineffable Nonette et sa nostalgie, l’astronaute sur sa planète où la pensée est libre, les chiffres et les données factuelles de François, les réactions sincères de Marianne, Fubar et FBLR…certains vous ont quittée, ne supportant plus l’éblouissement des planètes, mais cela ne peut conduire à l’étoile filante, se réchauffant, au terme de sa course ,au giron des mille et une réformes timides et inaboutissables (néologisme spécifique de la politique française)
29 juillet 2014 à 09:28
Jojo
C’est la même chose tous les ans, relisez les billets de même titre des années précédentes… La princesse Leila avait déjà été enlevée par le démoniaque Zroc l’an dernier.
29 juillet 2014 à 11:20
GrandG
@Gaia, Je pense comme Jojo que tel le regretté Charles Trenet (un autre extra terrestre !), vous nous faites le coup des adieux chaque année. Ce serait d’ailleurs bien dommage que vous nous obligiez a tenir nos discussions sur un blog voisin !
En fait, vos billets ont juste ce qu’il faut de poil a gratter pour exciter chez les universitaires la fièvre épistolaire.
Bref, ne nous faites pas cette peine !
29 juillet 2014 à 17:44
Astronaute en transit
Si c’est un voyage-retour pour de bon, je vous souhaite bon alunissage, et merci pour ce bel espace de rencontre dont nous avons pu profiter grâce à votre mission… c’est à dire votre dévouement!
Et si jamais une anomalie quantique vous ramenait par chez nous (ce qui me ferait plaisir je l’avoue!)… bon atterrissage, et à bientôt!
29 juillet 2014 à 22:45
Marianne
Moi je suis d’accord avec FUBAR…..Rachel nous reviendra toute pimpante en septembre (du moins je l’espère)
Bonnes vacances à tous!
30 juillet 2014 à 14:20
FUBAR
Braves gens, pendant que Rachel se fait les ongles de pieds en sirotant un mojito avant d’aller rechercher son costume de scène au pressing pour la rentrée, je soumets ce machin à votre sagacité estivale. Je n’ai pas lu le bouquin en question (et par encore exploré ce blog yankee), certains d’entre vous l’ont-il fait? Perso j’aurais beaucoup à dire sur l’administration dans le supérieur, mais je suis déjà en train d’emballer mes paréos dans du papier de soie:
http://www.insidehighered.com/news/2011/07/14/new_book_argues_bloated_administration_is_what_ails_higher_education#sthash.9enP6BSV.dpbs
30 juillet 2014 à 16:45
Poutine7
@FUBAR. Un grand classique du management. Quand on veut « réformer », càd casser une organisation, on place des gestionnaires ou des administratifs qui ne connaissent rien au sujet. Car connaître son sujet, c’est avoir de l’empathie pour lui et dans le domaine de l’ESR de l’empathie pour les personnels. Autrement dit c’est rédhibitoire pour la gestion de la « ressource humaine ».
Un exemple qui me vient à l’esprit : EDF. Jusqu’à Marcel Boiteux, la société était dirigée selon une stratégie industrielle avec une rationalité économique. Depuis, qu’on y a collé partout des HEC, l’appareil productif pour parler comme la CGT se déglingue, les coûts s’affolent etc
1 août 2014 à 12:29
Krokodilo
Y a même des lecteurs comme moi qui ne connaissent rien à l’ESR, c’est dire le succès. Cinq ans en compagnie des Terriens, je comprends que ça puisse commencer à peser. Sont quand même naïfs ces extraterrestres, croire qu’on peut nous réformer comme ça, en cinq petites années ! Sinon, y a pas une histoire quantique comme quoi l’observateur devient élément de la chose observée ? Vous avez donc bien mérité un statut de Terrien honoraire !
1 août 2014 à 14:03
jako
Je doute que sur la planète à Rachel un « étudiant qui a 2 de moyenne en anglais mais son bac puisse s’inscrire en anglais »
http://blogs.lesechos.fr/dominique-seux/universites-le-mauvais-proces-de-l-unef-a14873.html
Sur notre planète, c’est parfaitement possible, et ce sans que les universitaires n’aient leur mot à dire.
Après avoir observé « l’étrange comportement des universitaires terriens », peut-être Rachel pourrait-elle étudier à l’avenir les moeurs d’un ministère – le ministère de l’ESR d’un Grand Pays Civilisé – qui affiche un tel mépris pour les personnes qu’il emploie et pour leurs conditions de travail.
1 août 2014 à 19:19
FUBAR
Brave Dominique Seux… Pour l’anglais avec 2 de moyenne, je confirme: ce n’est pas de la fiction. Mais l’UNEF fait son beurre sur le dos des étudiants mécontents de leur sort (à qui on raconte qu’il est scandaleux que toute inscription en fac ne soit pas automatiquement assortie du diplôme concerné). L’UNEF n’a pas du tout intérêt à ce que le système marche et à ce que les étudiants soient contents, car l’UNEF perdrait sa raison d’être et pourrait sans doute moins facilement recaser ses cadres dans la fonction publique et notamment l’ESR pour des carrières mieux rémunérées et moins fatigantes qu’un boulot d’EC. Je suis cynique? Malheureusement non, peut-être juste un peu impatiente de partir en vacances… Dernière petite anecdote pour le fun: j’ai appris que nous avions une nouvelle « directrice de la recherche ». Bon. Déjà je peine à comprendre son utilité, mais je suis bonne fille et prête à croire que sur ses frêles épaules repose toute la politique de recherche de la fac. Elle est en fin de carrière, vient de la fonction publique territoriale ou hospitalière (j’ai oublié, c’est une anecdote de seconde main), avait manifestement besoin de ce poste pour une promotion ou un truc du genre, et aurait demandé en arrivant (au conditionnel car je ne l’ai pas entendue le dire): « C’est quoi au juste un contrat doctoral? »…. Je crois donc que si l’histoire n’est pas exagérée, on puisse effectivement parler sans trop de risque de se tromper de « mépris pour les personnes que le ministère emploie ». Je peux demande même si le mot mépris est assez fort. Inutile de préciser que la brave créature doit gagner bien plus que moi, fingers in the nose. Vivement les vacances!
2 août 2014 à 00:00
FBLR
Ben mince, je croyais qu’il n’y avait qu’en France qu’on faisait de la sélection à l’entrée (les zécoles toussa):
http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/2014/07/29/grand-o-les-entretiens-dadmission-a-cambridge-comme-si-vous-y-etiez/#xtor=RSS-32280322
Bref…
2 août 2014 à 09:53
FUBAR
Punaise, les commentaires sont gratinés!! On comprend que les commentaires de Gaïa soient cités en exemple…
2 août 2014 à 15:27
PR23
@Fubar : Une ou un directeur de la recherche dans une université n’a pas à s’occuper de la « politique de la recherche »; c’est le vice-président recherche qui s’en charge par délégation du président. Et c’est lui qui décide.
C’est une exécutante qui dirige un « service recherche », c’est à dire qui s’occupe de gestion administrative des personnels du service, de mettre en forme le budget de la recherche proposé par le VP, qui envoie les circulaires, qui prépare les réunions présidées par le VP etc…
En général, dans une université de taille moyenne ou grande, c’est une fonctionnaire de niveau A : Ingénieur d’études ou attachée (cas plutôt des grosses facs) et qui est donc à âge équivalent bien en dessous de la rémunération d’un e-c.
Comme dans les autres collectivités territoriales ou administrations, elle peut être mutée dans un autre service, diriger par exemple le service du « patrimoine immobilier » de l’université.
Fubar, cessez donc de laisser libre cours à vos représentations. La politique de recherche d’une université est faite par des élus, les « politiques », président et vice-présidents et n’accablez pas les « administratifs » qui sont là pour exécuter les politiques décidées par vos élus.
2 août 2014 à 16:59
FUBAR
@PR23: je me suis mal exprimée. je sais bien qu’elle ne décide pas la politique de recherche et qu’elle dirige l’administration de la recherche, mais une chose est sûr c’est qu’elle est à un niveau plus élevé que simple ingénieur d’étude et qu’elle vient d’une autre fonction publique. Enfin ça je m’en fous, ce qui m’exaspère c’est que la bonne femme qui a été recrutée à ce poste en soit à se demander ce que c’est qu’un contrat doctoral. Vous allez me dire, c’est déjà bien qu’elle demande… ouais. Bon. On a aussi eu des années un type chargé de notre « fondation » (rires) fondation qui n’a pas bougé d’un iota depuis sa…. fondation. Bref. Bon allez j’arrête de m’énerver. Je vais me choisir un maillot de bain.
2 août 2014 à 21:35
Marc RobinsonRechavi (@marc_rr)
« c’est un peu vexant d’apprendre que tout le monde s’en fout de mes billets et qu’on vient sur Gaïa uniquement pour suivre les discussions … »
Mais non, mais non. C’est parce que les billets posent les questions clairement, énoncent bien les problèmes, viennent à temps, sont bien écrits et documentés, qu’ils peuvent servir de point de départ à de bonnes discussions.
Bonnes vacances !
4 août 2014 à 11:13
DMcILROY
Rachel – ne me quitte pas! Je suis certain que l’année à venir sera pleine de bons sujets à traiter sur ce blog. L’incompatibilité entre le pilotage par le ministère et la soi-disant autonomie des universités ira vers un showdown à la High Noon un de ces 4, et les COMUE structurés de brics et de brocs vont sans doute s’imploser.
Il faudrait bien que Gaia Universitas soit là pour commenter ces événements.
4 août 2014 à 12:43
FBLR
C’est quand même dingue, le ministère pousse partout à créer des mammouths universitaires d’inspiration soviétique et, à côté de ça, il disloque l’université Antilles-Guyane:
http://etudiant.lefigaro.fr/les-news/actu/detail/article/creation-officielle-d-une-universite-en-guyane-7086/
Alors même que ces campus sont à peine plus grands que des écoles d’ingés et pas vraiment « universalistes »…
Bref.
5 août 2014 à 08:01
Marianne
Ben d’un côté les différents campus sont pas vraiment proches….Faire des universités avec des campus à des milliers de km les uns des autres c’était encore plus absurde (réunion de CA…)
5 août 2014 à 09:02
PR23
Les COMUE ne signifient pas l’annihilation des établissements et de l’autonomie des établissements : c’est simplement dans la plupart des cas un modèle fédéral pour mieux répartir les moyens et obtenir des opportunités.
Mais il est très difficile en France de faire passer l’idée de fonctionnements fédéraux. On pense tout de suite à des fusions et à de la centralisation.
L’université a également une fonction d’aménagement et de développement du territoire. A Nîmes (avant dernière créée) comme à Cayenne c’est bien l’objectif recherché.
5 août 2014 à 12:20
jako
@PR23 : l’obsession centralisatrice et dirigiste du ministère n’est pas une vue de l’esprit : cf. la polémique sur les intitulés de nomenclatures de diplômes, qui sous couvert de « simplification » et de « rationalisation » détruit littéralement la cohérence des offres de formation proposées ici ou là. Et puis bon : on n’est pas dans le monde des bizounours : les COMUE sont ou seront un moyen pratique de faire passer (sans vaseline…) des restructurations avec leur cortège de réorientations professionnelles, mutualisations a gogo (on y est déjà…), mobilité forcée, etc. etc. Quels sont le pouvoir de décision et les marges de manœuvre d’un établissement par rapport aux instances de gouvernance de la COMUE ? Ceci dit à toute chose malheur est bon : ces monstres bureaucratiques permettent à certains de se recaser dans les hautes sphères, bien loin des prolos de l’ESR et du cambouis…
@Fubar : vous et moi (on pourrait peut-être embarquer nonette…) pourrions peut-être émigrer sous des cieux plus cléments. Malheureusement, la même hystérie et le même délire se sont emparés, par une sorte de contagion, de tous les manitous de l’ESR (européen ou pas) :
« Afin de démocratiser et de mieux structurer le débat sur ces objectifs et leur mise en œuvre pratique, le Gouvernement organisera tous les deux ans des «assises de la recherche, du développement et de l’innovation (RDI)» et réformera le Comité supérieur de la recherche et de l’innovation. Il s’agira également d’optimiser l’échange et la collaboration entre les différents acteurs publics et privés et de promouvoir ainsi le transfert de connaissances et de technologies. (…) Il ne s’agit pas seulement de répondre à des demandes d’innovation dans l’immédiat, mais aussi de préparer l’avenir en définissant de nouveaux créneaux. Dans ce sens, le Gouvernement encouragera la création de centres de compétences communs des instituts publics de recherche et des entreprises comme pôles d’innovation.
Par ailleurs, il veillera à assurer davantage la valorisation économique des résultats de recherche de l’Université de Luxembourg et des centres de recherche publics. Dans ce contexte il encouragera l’esprit d’entreprise au sein de ces établissements et soutiendra les efforts de création de start-ups ou spin-off. »
http://leopold-loewenheim.uni.lu/apul/?p=930
« Munz lamented that a wedge was being driven between management and academic staff: in an open letter to the vice-chancellor, published in the local newspaper, he made the following observations:
Management has become top heavy and Victoria is no longer the fine university it was, a community of scholars and scientists engaged to organise to do teaching and research. It is now being run as if it were a bank or a firm of stockbrokers. All this under the pretext of saving money and of promoting efficiency.
. . .You have completely forgotten that the academic teachers are the heart and mind of the university and that you and other managers are their servants, employed by the council in order to facilitate their task. You cannot perform this job if you stifle criticism.
. . .When criticism is inhibited because it might be, as you put it, misunderstood, the mistake making gets a free run. What is damaging to our reputation is not public criticism of the university’s management, but the attempt to stop such criticism (Munz, 1998, pp. 4, 5).
Cliquer pour accéder à nagyRobbUniCorprate.pdf
5 août 2014 à 15:05
FBLR
@PR23
alors soyons cohérent et laissons les universitaires et les pouvoirs locaux s’organiser comme ils l’entendent plutôt que de chercher à créer des mammouths qui, quoique vous en disiez, finiront par être ultra-centralisés.
5 août 2014 à 15:58
FUBAR
@Jako. Je partage votre analyse sur la raison véritable de la mise en place des COMUE, puisque le seul et unique moteur de la politique scolaire et universitaire en France a toujours été pour une petite part la paix sociale et pour une large part l’économie de moyen. En revanche je vous laisse partir au Luxembourg avec Nonette, ce coin ne fait pas vraiment partie de mes fantasmes universitaires. Où l’herbe est-elle vraiment plus verte, c’est la grande question? Et une fois trouvé une herbe plus verte encore faut-il qu’on n’en soit pas chasser à coup de fusil à pompe par les indigènes. Bref, à part changer de métier je n’ai pas beaucoup d’espoir d’une vie meilleure…
5 août 2014 à 19:56
jako
@Fubar: ben le problème justement, c’est qu’aujourd’hui on ne peut plus fantasmer sur rien: ni ici, ni ailleurs….
5 août 2014 à 20:01
Sylvette
Alors comme disait Tintin: mon pauvre Milou, cette fois-ci c’est la mort sans phrase!
5 août 2014 à 20:08
FUBAR
Grrr! Saleté d’Ipod, décidément je ne maîtrise pas les nouvelles technologies. Bref, c’était FUBAR.
5 août 2014 à 20:58
jako
@Fubar: mais non!… Il reste le paradis suisse de F. Garçon…. :)
6 août 2014 à 09:09
FUBAR
Ouais. Mais ce pays me colle le bourdon. Cela dit au moins un MCF et un PR de chez moi sont partis en Suisse et ont l’air heureux comme des papes.
6 août 2014 à 09:50
Hugo
@jako
Est-ce ironique ou considérez-vous vraiment le paradis fiscal qu’est le Luxembourg comme un exemple à suivre? (pardonnez-moi mais j’ai vraiment du mal à détecter le second degré dans les messages sur internet)
6 août 2014 à 10:30
FBLR
@Hugo
« Le paradis fiscal qu’est le Luxembourg »
c’est quoi la définition de « Paradis Fiscal » chez vous ?! Pour des universitaires, je trouve qu’on se laisse facilement intoxiquer par des poncifs par ici. On paie des impôts et il y a beaucoup de droits sociaux au Luxembourg (le meilleur exemple étant la retraite…)
http://www.planet-expert.com/fr/pays/luxembourg/fiscalite-taux-d-imposition
Si tout pays à la fiscalité plus légère que la France est un « paradis fiscal », vous allez êtes sacrément surpris, hein…
6 août 2014 à 10:44
Hugo
http://lentreprise.lexpress.fr/gestion-fiscalite/impots-taxes/sept-paradis-fiscaux-pres-de-chez-vous_1508929.html#SAmjljiOuoCHwufO.99
Le grand-duché n’est pas un paradis fiscal pour ceux qui s’y installent. Il est surtout avantageux pour les non-résidents qui y effectuent des placements financiers car ils y sont totalement défiscalisés, en toute discrétion grâce au plus formidable secret bancaire du Vieux Continent. […] Le montage le plus recherché est celui via une Soparfi, société de participation financière. « Dès lors que celle-ci détient au moins une participation de 10 % du capital de la filiale française, les plus-values et les dividendes ne sont pas imposés », commente François-Xavier Robichet.
Et puis, beaucoup plus sulfureux:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_Clearstream_1
6 août 2014 à 10:47
Hugo
http://fr.wikipedia.org/wiki/Luxembourg_%28pays%29
46 % du produit intérieur brut du pays dépend de son rôle de place financière. […] La croissance exceptionnelle de la place financière luxembourgeoise fait que fin mai 2011 l’on comptait 144 banques présentes sur le territoire, totalisant plus de 26 000 salariés. Par ailleurs, le Luxembourg est le deuxième centre de fonds d’investissement du monde, après les États-Unis et le plus grand centre de banque privée dans la zone euro. Le Luxembourg connaît un secret bancaire qui est garanti par le code pénal, sans pourtant être absolu. Le Luxembourg a ainsi adopté l’ensemble des dispositions de l’OCDE pour combattre l’évasion fiscale. Cependant le Luxembourg est un domicile important de sociétés holding. S’il a aboli son statut de « holding 1929 » au 1er janvier 2011, La Commission européenne ayant considéré ce régime comme une aide publique, le Luxembourg propose divers régimes de holding avantageux, telles les sociétés de participation financière (soparfi), les sociétés d’investissement a capital risque (sicar) ou les Sociétés Immobilières Luxembourgeoises (SIL), qui sont totalement exonérées d’impôt au Luxembourg pour leurs opérations en France.
6 août 2014 à 10:54
Hugo
Ce ne n’est pas un poncif. Le Luxembourg est un paradis fiscal. Son modèle économique repose sur l’attractivité de sa fiscalité sur les entreprises. La principale valeur ajoutée de ce pays est de permettre « l’optimisation fiscale » des entreprises étrangères.
6 août 2014 à 18:09
FBLR
@Hugo
Secret bancaire/des affaires paradis fiscal.
Par ailleurs, faciliter l’évasion fiscale (car en effet certaines caractéristiques de leur structure fiscale le permet) n’en fait toujours pas un « paradis fiscal ».
Oui ils taxent moins le capital que la France (qui est un point très très haut), mais là encore, ils le taxent.
Si l’objectif est de dire qu’il existe des méthodes d’optimisation fiscale qui passent par le Luxembourg, je vais vous apprendre qqch: la France est un paradis fiscal alors…
6 août 2014 à 18:58
Hugo
Si vous adoptez la défense Clinton, ce n’est même plus la peine de discuter
6 août 2014 à 19:10
FUBAR
Je vous rappelle qu’on ne cherche pas un paradis fiscal mais un paradis universitaire, ce qui (au moins dans un premier temps) n’est pas exactement la même chose… Mais je pense que le premier est plus facile à trouver que le second. Sur ce, je vous laisse, c’est l’heure du rosé.
6 août 2014 à 23:31
FBLR
@Hugo
Je ne connais pas la « défense Clinton ».
En revanche, bcp de multinationales installent en France leur filiale dédiées à la R&D (du fait du CIR, CICE, et autres dispositifs)
7 août 2014 à 08:57
jako
@Hugo: vous n’avez pas lu le post. Il s’agit d’illustrer le fait qu’un peu partout en Europe et ailleurs, le même discours s’est répandu et les mêmes orientations ont été données et suivies avec zèle dans l’ESR des divers pays. Un philosophe – un intellectuel d’une manière générale – ne peut pas ne pas questionner certains discours et certains principes – a fortiori quand ces derniers se parent des atours de l’évidence absolue, de la nécessité ou de l’inéluctabilité. A cet égard le concept de « knowledge economy » / « knowledge society »- son utilisation, son caractère d’évidence, etc. – sont emblématiques :
Cliquer pour accéder à 148591e.pdf
Rajni Kothari disait quelque part le terme « knowledge » utilisé dans cette expression n’avait plus grand-chose de commun avec le sens qu’on lui reconnaît depuis les Lumières…
7 août 2014 à 10:40
Hugo
@FBLR
Durant l’affaire Lewinsky, Bill Clinton s’est défendu d’avoir menti quand il a juré n’avoir pas eu de rapport sexuel avec la stagiaire. En se basant sur une interprétation bien particulière de la définition du rapport sexuel, il a soutenu qu’une fellation n’était pas un rapport sexuel (http://en.wikipedia.org/wiki/Lewinsky_scandal).
@jako
Je trouve juste malheureux d’illustrer la dérive des systèmes universitaires dans le monde avec l’exemple du Luxembourg, un pays qui base son économie sur la parasitage des autres.
8 août 2014 à 14:48
Astronaute en transit
Si je me souviens bien, il y a une expression journalistique britannique pour les mois d’été où il ne se passe paraît-il rien de sérieux (enfin, quand ce n’est pas août 1914!): « the silly season »
Ainsi maintenons nous les discussions de Gaia pendant que Rachel fait son aller-retour inter-galaxial. Je trouve amusant, à l’instar de l’amie FUBAR, qu’une interrogation sur quels pays voisins offriraient une perspective attrayante pour des universitaires en rupture avec le système français s’est transformé en débat sur les régimes fiscaux. Au passage on note à quel point le fait d’être un petit pays voisin de la France, que ce soit la Suisse ou le Luxembourg, leur vaut de répliques hargneuses de la part des ressortissants de la plus ou moins bien nommée Grande Nation. Répliques qui, j’ai l’impression en écoutant les comptoirs, génèrent de plus en plus de sentiment anti-français au delà desdites frontières. Pourtant, l’excellence du système bancaire suisse a été portée aux nues par nul autre que le premier ministre du budget de l’ex maire de Tulle, ce qui vaut recommandation! quand à nombre d’autres universitaires français trop contents de décrocher des postes en Suisse (y-en-a-t-il autant au Luxembourg, à condition peut-être d’être aussi germanophones?) est un phénomène comparable. Je ne sais et m’en remets aux personnes mieux informées sur le Luxembourg pour nous éclairer à ce sujet.
La notion d’avantage compétitif reste bien marginale dans les esprits français. Après tout, chaque chose qui coûte moins cher à l’étranger est présenté, en France, comme de la triche, ce qui est une excuse très commode. Ce serait peut-être même valable si, pour en revenir à la défense Clinton, on démontrait que le prix d’une fellation en Suisse (quand à savoir si c’est une relation sexuelle le jury délibère aussi) était plus avantageux qu’en France, ce qui inciterait sans doute Thomas Piketty à proposer une taxation internationale sur les pipes de façon à rétablir l’équilibre « juste » entre les prestataires.
11 août 2014 à 09:36
Marianne
@Astronaute : ben moi j’ai un collègue qui a eu un poste au Luxembourg. Je ne pense pas qu’il soit germanophone, par contre il est nettement plus payé….
Sinon, les ragots disent que Piketty va se barrer en Suisse…Comme quoi, ma bonne dame tout fout le camp….Et charité bien ordonnée…
11 août 2014 à 09:39
Marianne
Et sur la Suisse, je connais une nana embauchée dans une fac suisse à un salaire mirobolant…Effectivement à ce prix là, elle a un an pour apprendre à raisonnablement parler allemand (elle devra être capable de soutenir une conversation avec les collègues germanophones lors des discussions dans les jurys)…..
11 août 2014 à 09:41
Marianne
Et pour ma part, si un jour j’ai l’occasion d’aller bosser dans un de ces eldorado, je fais ma valise de suite, sans hésiter…..
11 août 2014 à 10:17
Marianne
Et quand on va sur la page de Piketty ça me semble dans bien des cas assez raisonnable : simplification du système fiscal, mise en commun de la dette des différents pays européens…Je pense pas que le gars soit un furieux mais au contraire un mec qui a un peu réfléchi à ce qu’il dit…
Voilà par exemple son opinion si les universités
http://piketty.pse.ens.fr/fr/articles-de-presse/71
11 août 2014 à 13:51
Petit Cerveau
http://www.lemonde.fr/disparitions/article/2014/08/11/l-ecrivain-et-sinologue-simon-leys-est-mort_4469914_3382.html?xtmc=simon_leys&xtcr=1
12 août 2014 à 23:45
FBLR
Une des médailles Fields a été remportée par une iranienne et une autre par un franco-brésilien.
13 août 2014 à 08:38
Astronaute en transit
Comme quoi on-a-encore-le-système-que-le-monde-nous-envie… cocorico!
13 août 2014 à 21:06
PR23
Oui, il est DR CNRS à Paris-rive gauche. Bravo le CNRS !
14 août 2014 à 01:09
Petit Cerveau
PR23, le monde a un tres interessant article, ou le Franco-Bresilien dit:
« Le jeune homme de 35 ans a envie de s’investir pour le Brésil. « Même si je ne suis pas très fort pour faire des choses pratiques, je peux aider. En plus, en 2018, le prochain congrès international aura lieu dans mon pays », explique-t-il. »
Et il y a une petite perle:
« Son parcours atypique s’est poursuivi en France où, après deux échecs au concours du CNRS, il entre dans l’organisme en 2003 (…) »
Bon evidemment, en 2003, il etait peut etre difficile de detecter ce talentueux individu qui allait avoir la medaille Fields, mais quand meme… Au moins sa carriere est allee vite par la suite…
Les perspectives ne sont cependant pas brillantes:
« Les salaires sont trop bas par rapport au niveau de compétence et de compétition qui règne en maths. Les postes précaires en CDD ou en post-docs cachent la situation. Je conseillerais même aux Français de venir travailler au Brésil ! »
14 août 2014 à 09:16
jako
« Grâce à l’excellence de ses travaux, Artur Avila contribue au rayonnement de notre pays dans une discipline essentielle pour les avancées scientifiques comme les applications dans des secteurs en plein développement et créateurs d’emplois, comme le numérique » notent Benoît Hamon et Geneviève Fioraso
http://www.lepoint.fr/science/medaille-fields-des-mathematiques-hollande-et-valls-felicitent-artur-avila-13-08-2014-1853430_25.php
Ces gens-là n’ont décidément rien compris à ce qu’est la recherche scientifique et continuent de nous bassiner avec les applications créatrices d’emplois : ont-ils seulement conscience que ces médaillés se sont d’abord et avant tout aventurés sur les terres inconnues de la recherche pure ? Qu’il n’est d’application sans une recherche qui tâtonne et qui explore tous les possibles sans limite et sans a priori ?
P.S. Le chauvinisme des mêmes confine au ridicule. A noter que dans la presse brésilienne, on insiste bien sur le fait que « Brasil ganha pela primeira vez o ‘Nobel’ da matemática »…
Mme Fioraso n’ayant pas caché, dans le passé, tout son mépris pour la langue portugaise, elle ne pouvait sans doute pas comprendre cette phrase du médaillé :
« “Eu sou uma pessoa que faz matemática porque gosta, não sou ligado às aplicações”, declarou o pesquisador logo após a cerimônia de premiação, em Seul, na Coreia do Sul ».
14 août 2014 à 09:34
PR23
Il est possible que Mme Fioraso ne sache pas que le portugais est parlé au Brésil, comme en Angola, au Mozambique ou encore un peu en Inde, à Goa.
14 août 2014 à 09:54
FUBAR
Enfin moi je suis quand même soulagée. Plus besoin d’émigrer au Luxembourg ou en Suisse, nous avons enfin trouvé notre paradis universitaire: le Brésil. Et même paradis tout court car je peux vous l’avouer sans détour, je préfère largement les plages brésiliennes aux bords de lacs fangeux (si si c’est fangeux, je l’ai lu dans Astérix) de la Suisse (pays plat par ailleurs, ça aussi je le tiens d’Obélix).
14 août 2014 à 11:18
Marianne
@Jako Euh, je connais pas grand chose aux travaux d’Arthur Vila mais les liens avec le numérique me semblent pas évident au premier abord…..
14 août 2014 à 14:52
arctangente
@FUBAR La fondue brésilienne est très mauvaise !
14 août 2014 à 15:13
Petit Cerveau
Toujours a propos de Simon Leys,
http://textyles.revues.org/1572
ou on apprend notamment comment un ex-situationniste fut a l’origine de la carriere litteraire de ce jeune catholique.
14 août 2014 à 15:20
Petit Cerveau
Arctangente, les bresiliens ont par contre d’excellentes recettes de haricots qui ressemble un peu au cassoulet. Et ils ont de tres bonnes viandes.
Mais si les universitaires bresiliens sont bien payes, l’administration universitaire realise le reve de beaucoup de ministres de l’ESR francais, avec un systeme officiel de comptage de publications via un CV centralise (les CV lattes) qui conditionne le budget recherche des etablissements.
14 août 2014 à 15:31
Petit Cerveau
Le titre de l’article du CNPQ (qui gere la recherche au Bresil) relatant cette medaille Fields tel que traduit par google est edifiant:
« Research Productivity CNPq receives the Fields Medal, the « Nobel Prize of Mathematics » »
l’heureux medaille etant par ailleurs un » market research productivity level 1A CNPq ».
Toute ressemblance avec un pays existant etant bien sur fortuite….
http://www.cnpq.br/web/guest/noticiasviews/-/journal_content/56_INSTANCE_a6MO/10157/2084136
14 août 2014 à 16:15
FUBAR
@petit cerveau: on y viendra… En revanche on aura jamais d’aussi belles plages.
14 août 2014 à 19:03
Petit Cerveau
FUBAR, vous ne connaissez peut etre pas la Bretagne?
14 août 2014 à 21:37
FUBAR
@Petit cerveau: Si bien sûr, j’y ai même une bicoque. Magnifiques plages, certes, mais l’eau est… comment dire… vivifiante. Je m’y baigne, hein, faut pas croire, mais plus par entêtement qu’autre chose.
16 août 2014 à 10:31
FBLR
@tous (Artur) je me souviens qu’il avait pris la nationalité française car c’était une chèvre en formalités administratives (et je crois qu’il l’est encore), ce qui avait aidé fortement à son recrutement. Il n’avait pris le CNRS que pour rester auprès de Yoccoz…
Très déçu par la presse qui ne mesure pas le séisme que cela représente: c’est la première fois où le titulaire n’a pas été formé en France. Avant nous faisions obtenir des médailles fields à des étrangers qui avaient soit fait prépa + ENS ou ENS tout court, mais là rien de tel. Une forme d’américanisation de la recherche française, les salaires en moins, la sécurité de l’emploi en plus.
La presse est toujours très décevante par son chauvinisme et son absence de distance par rapport aux communiqués de presse des différentes agences (ministères/CNRS/etc.).
16 août 2014 à 13:31
Petit Cerveau
FBLR, c’est effectivement interessant (et votre point eleve serieusement le debat), mais je ne suis pas sur que votre analyse soit correct. En fait, le phenomene n’est pas nouveau, il y a des liens intellectuels tres forts entre la France et le Bresil (et l’Amerique Latine en general), qui se sont bien souvent construit sur la base des pays non alignes (pour ne pas dire une certaine forme d’anti americanisme).
Les « classes intellectuelles » de beaucoup de pays d’Amerique Latine ont biberonnees a la culture francaise et il n’est pas rare de trouver dans la classe d’age des 50-60 ans des personnes parlant le francais mais pas l’Anglais. Beaucoup des ouvrages universitaires francais ont ete traduit en portugais (avec parfois un biais politique qui laisse pantois quant a la qualite des auteurs).
On peut donc discuter sur le fait qu’il s’agisse d’un nouveau modele ou bien du succes relevant d’une tradition plus ancienne. Il y a une unite jointe franco-bresilienne du CNRS qui supporte le second point de vue, tout comme le fait que le fait de prendre la nationalite francaise pourrait aider pour un recrutement au CNRS (je prefere mettre ce point au conditionnel).
17 août 2014 à 00:09
FBLR
@Petit Cerveau
Même après relecture, je ne suis pas sûr que nous nous soyons compris, ni même que votre propos contredit frontalement ce que j’expliquais.
Je ne nie pas l’existence d’association scientifique avec différents pays. J’ai au moins en tête celle avec le Brésil, le Vietnam, la Russie où rien qu’en maths existent des labo à moitié français.
Je souhaitais juste rappeler qu’à l’heure où tous les journaux reprenaient sans distance la communication du ministère (sauf les Echos…), cette récompense, bien loin de souligner la vigueur de l’école mathématique française est tout de même bien singulière. Jusqu’à Avila, les personnes étrangères passaient en France pour se former en maths, quitte à partir ensuite vers des cieux plus ou moins ensoleillés (en gros USA ou pays d’origine). Le cas Avila est ainsi une rupture: la formation a eu lieu dans le pays d’origine et ce, jusqu’à la fin de la thèse. Il a même été difficile de l’embaucher en France, initialement, pour d’obscures raisons. Le labo franco-brésilien n’a été créé que pour conserver Avila dans le giron du CNRS (et lui permettre de financer ses passages fréquents dans son pays d’origine…): c’est un labo de l’IMPA où il a fait ses premières armes en recherche alors qu’il n’était encore qu’un lycéen, il ne me semble pas qu’il fût rattaché à la France avant son recrutement.
Ces éléments possèdent bien entendu des caractéristiques positives:
– les labos français ont de très puissantes collaborations scientifiques indépendamment de ce qui est rabâché sur le manque d’excellence;
– malgré la faiblesse des salaires au recrutement, la structure de rémunération (part-time vs full-tenured dès le recrutement) peut finalement permettre de recruter des très grands talents, (en tout cas en maths) malgré la très forte compétition, très internationalisée.
En revanche, ce n’est pas une démonstration de la bonne santé du système de formation/recherche en maths (surtout formation).
Par rapport à vos propos je n’ai aucune objection. Bien d’accord sur l’anti-américanisme qui relève d’une tradition plus ancienne. Lorsque je parlais « d’américanisation », j’avais en tête le fait de recruter des chercheurs formés ailleurs que dans le pays d’origine, ce qui n’était pas trop le « modèle » français jusqu’ici me semble-t-il.
Je ne sais pas si cela s’avère plus clair ainsi reformulé.
17 août 2014 à 01:50
FBLR
@Tous
Beaucoup se sont enthousiasmé à l’idée qu’une femme obtienne la médaille Fields sur Cuicui.
Mais qui connaît l’organisation scolaire et universitaire iranienne ? Etrangement, je n’ai lu nulle part de panégyrique relatif à la « sélection par concours »… pourtant au coeur du système iranien et ce dès le collège puis le lycée (et bien sûr l’université), avec des succès très fort aux Olympiades de math par exemple:
http://en.wikipedia.org/wiki/National_Organization_for_Development_of_Exceptional_Talents
17 août 2014 à 08:58
PR23
Dans mon université, il y a une très légère augmentation des primo-inscriptions en Maths.
Ce qui importe chez Avila, ce n’est pas, me semble-t-il, sa nationalité mais le choix qu’il a fait du CNRS; je suppose qu’il a eu des propositions nord-américaines.
Et le fait que sa médiatisation (hélas relative) puisse aider au développement des maths en France.
Quand je pense qu’il y a eu plus de buzz médiatique et de papiers sur un imbécile qui a retiré son maillot dans une course que sur Avila, je demeure quand même atterré sur notre système d’information.
17 août 2014 à 14:00
Astronaute en transit
Episode bien comique, mais typiquement français dans les éructations autour de la remise des Fields 2014 : on nous déclare que ce monsieur brésilien est français, et même pas franco-brésilien car ça ferait tache; on oublie de dire qu’il n’a eu qu’une des quatre médailles décernées; et puis on ne parle pas de la première femme à obtenir cette même distinction, parce qu’entre ses origines iraniennes et sa résidence américaine on n’arrive pas à lui trouver quelque chose de français qui seul expliquerait ses capacités.
17 août 2014 à 15:13
François
Notre presse et nos ministres si chauvins ne semblent pas avoir remarqué que Martin Karplus, directeur d’un labo Université de Strasbourg/CNRS (depuis peu, mais vaut mieux tard que jamais …) avait reçu le Nobel de chimie en 2013.
http://www.nobelprize.org/nobel_prizes/chemistry/laureates/2013/karplus-facts.html
Ça aurait pourtant pu donner lieu à un magnifique couplet sur l’attractivité de la recherche française, capable d’attirer les meilleurs chercheurs américano-européens !
17 août 2014 à 16:48
Petit Cerveau
PR23, Si Avila est dans une unite CNRS a l’IMPA bresilien, l’article du Monde suggere plutot que son, ou un de ses employeurs est bresilien, son titre exact etant Researcher (Catedra Armnio Fraga) at IMPA, CNRS UMI 2294 . Les salaires bresiliens sont tres competitifs, et ce pays fait revenir beaucoup de ses nationaux en ce moment, parfois en provenance d’universites tres prestigieuses, americaines ou autres. Si on veut depasser l’aspect propagande, il faut d’abord reconnaitre qu’il s’agit surtout d’un succes de cet individu, que le Bresil y a une certaine part et la France une plus petite.
Ce qui est interessant ici est que le fait que le CNRS habilite des unites au Bresil (ce qui n’est pas evident du point de vue du contribuable, mais le CNRS n’y investit peut etre pas beaucoup d’argent), ce qui rappelle les anciennes alliances francaises qui, je crois, ont plus ou moins disparues, alors que cet exemple montre que cette approche aurait pu etre benefique pour la France.
Francois, la realite de ce type de laboratoires est a examiner. Il y a des cas ou ils ne sont que des operations de prestige.
17 août 2014 à 22:10
FBLR
@PR23
S’il n’était pas autant administrativo-déficient il serait ptet allé ailleurs. Des l’instant qu’il lui était possible de vivre au Brésil, il n’y avait plus de sujets de ce que j’avais compris. Il ne me semble pas qu’il soit courant pour une université américaine d’offrir nos possibilités de double salaires/rattachements aussi facilement qu’avec le CNRS. Je ne peux que compter l’armada d’anciens collègues toujours rattachés au CNRS (ou meme MCF !) et actuellement en poste dans des universités étrangères, en détachement comme en dispo…
18 août 2014 à 10:04
Marianne
@FBLR
Ben y a les russes chez qui on peut avoir double affiliation et double salaire…Nous on a eu dans notre labo un post doc russe qui avait en même temps un poste permanent dans une bonne université russe….Faut dire que chez eux les gusses sont payés au lance pierre et que pour eux venir en France en post doc c’est être bien payé…Après le gars avait des responsabilités dans son labo russe et il était donc chez nous un mois sur deux (mais il avait double salaire…)
18 août 2014 à 11:01
PR23
@Marianne : Qui payait les frais de déplacement?
18 août 2014 à 11:31
FBLR
@marianne
Intéressant, mais ce n’est du coup pas une contradiction de mon propos, comme d’habitude « naïf »: « Est il possible d’envisager ce genre de double partenariat à partir d’une université US ? (ou d’un autre endroit où le top 1% universitaire est très bien payé) » Après réflexion, je crois que l’IAS/Princeton permet des doubles affiliations (à vérifier)… Mais Avila n’aurait pas pu prétendre à l’IAS au moment de rentrer au CNRS
18 août 2014 à 16:26
Petit Cerveau
FBLR, c’est possible, cf par exemple cette notice wikipedia,
http://en.wikipedia.org/wiki/Peter_C._B._Phillips
qui donne l’exemple d’une personne ayant un poste a Yale, et a Auckland, Singapour, Southampton, meme si ce sont peut etre des affiliations secondaires avec moins de realite. Francois a donne un autre exemple plus haut. Cela est en accord avec la mission des grandes universites de diffuser le savoir, meme si ce genre de situation n’est pas courant.
Curieusement, ca aurait pu aussi etre le but des anciennes alliances francaises, ce qui suggere a nouveau que ce systeme ancien a une place dans le monde moderne. Je ne sais cependant pas si le CNRS cohabilite beaucoup de laboratoires a l’etranger (la structure de laboratoire, decouple de l’enseignement etant typique a la France), independamment du fait j’apprecie tres moyennement le CNRS.
18 août 2014 à 16:28
Petit Cerveau
FBLR, pour completer, il y a beaucoup d’universitaires americains, de grandes ou moins grandes universites, ayant une position en Chine en ce moment, ce qui est peut etre un signe que la recherche chinoise se rapproche du haut niveau, tout comme peut etre la recherche bresilienne.
18 août 2014 à 20:13
FBLR
@petit cerveau
J’avais moins en tête la cohabilitagion de laboratoire que la mécanique détachement/disponibilité. Il le semblait que les jeunes professeurs, y compris les meilleurs se contentaient de lutter les 10-/15 premières années pour leur titularisation entre la fin de thèse et la tenure-track. Alors demander une mise en dispo ou un double contrat dans cette période le semblait hors de propos.
Me trompè-je ?
18 août 2014 à 23:52
Petit Cerveau
Effectivement, je ne connais pas de personnes disposant d’un double contrat en dessous d’un certain seuil de seniorite, mais ca peut commencer apres la tenure, soit 6 ans dans beaucoup de disciplines scientifiques (plutot que 10 ans) apres la these. Ceci dit, certains petit ruses utilisent la mise en disponibilite (unpaid leave) pour arreter l’horloge de la tenure track et ameliorer leur CV, mais c’est un autre probleme que le cas present.
19 août 2014 à 00:03
FBLR
En 2003, la ref me semblait en effet de 6 ans.
Mais tous les chercheurs avec qui j’ai pu parler récemment (math fi/recherche opérationnelle/économie/économétrie) m’ont indiqué que c’etait de plus en plus frequemment 9 ans (sans compter les post docs !!) avec des titularisations pouvant donc se rapprocher de près des 40 ans. Pas mal de facs balayées Berkeley, NYU, Princeton… De ce que je comprends il serait fréquent que cela soit en 6+3.
D’où mon 10-15 ans post thèse
19 août 2014 à 05:19
Petit Cerveau
FBLR, c’est vrai qu’en pratique c’est souvent neuf ans, parce que les gens ont souvent recours à des expédients pour arrêter l’horloge, surtout dans les endroits que vous listez où en fait la tenure est difficile à avoir.
Mais ça nous éloigne un peu de votre premier post.
19 août 2014 à 09:27
Marianne
@PR23
En fait je sais pas trop….Le gars était dans une équipe qui a pas mal de thune donc ça a p’tet pas posé de problème….
@FBLR
Sinon moi je connais un gusse qui a été « on leave » dans un labo pas loin de chez nous cette année. Il y est resté huit/neuf mois en tant que « visiting professor » . Il est arrivé assistant professor et reparti associate professor (donc a été titularisé pendant son séjour en France). Donc les dispo ca doit exister….
Il était a peu près sept ans après sa thèse.
19 août 2014 à 09:28
Marianne
Mais effectivement c’est pas la même chose…
19 août 2014 à 13:23
Une année universitaire (5) | Enseigneme...
[…] Je crois qu’il est temps de plier bagage. Ça fait maintenant 5 ans que je suis ici sur Terre à observer l’étrange comportement des universitaires terriens. Ça fait 5 ans que je tente de comprendre et 5 ans que je ne comprends rien. A un moment donné, il faut se faire une raison : l’ESR d’ici, c’est vraiment n’importe quoi, une sorte de bouillie incompréhensible. Mais avant de mettre fin à ma mission, je dois terminer mon rapport annuel à l’OGU (observatoire galactique des universités). Au boulot ! (…) – Blog Gaïa Univesitas, 28/07/0214 […]
19 août 2014 à 14:03
PR23
2014-2015 sera l’année des COMUE. Que d’aventures en perspective !
20 août 2014 à 09:08
Marianne
@PR23
Bah ça va être un gros truc chiant qui va foutre le bordel un maximum…..et pas servir à grand chose
21 août 2014 à 23:47
FBLR
Un article de Pierre Arnoux dans le Nouvel Économiste évoque justement les regroupements liés aux COMUE:
http://www.lenouveleconomiste.fr/discorde-les-grandes-ecoles-les-universites-prend-lampleur-23747/
23 août 2014 à 18:55
MCF27 (de Marseille)
@FBLR: erratum, il s’agit d’un certain Patrick Arnoux et non du mathématicien de Marseille.
24 août 2014 à 16:48
FBLR
@MCF27 : désolé !
24 août 2014 à 20:09
MCF27 (de Marseille)
@FBLR: connaissant certains textes d’Arnoux (Pierre) sur les grandes écoles, l’ascenseur sociale et tout, j’y ai cru au début :-)
25 août 2014 à 03:34
Petit Cerveau
C’est peut etre un pseudonyme…
Ca fait longtemps que « le nouvel economiste » s’interesse aux universites?
25 août 2014 à 16:31
François
Voir http://fr.linkedin.com/pub/patrick-arnoux/13/57b/a11
La situation actuelle – assez ahurissante quand nos gouvernants affirment vouloir faire de la jeunesse leur priorité – est la conséquence d’un choix de ministres basé non pas sur leurs capacités personnelles, mais sur un équilibre (entre sexes, entre courants du PS, …).
Sans aller jusqu’aux propos de DSK (qui a qualifié de « brêles » la moitié des ministres du gouvernement qui vient de démissionner aujourd’hui) on a parfois l’impression que pas mal d’entre eux en sont restés au niveau du café du commerce.
25 août 2014 à 21:39
PR23
Geneviève Fioraso semble sereine.
25 août 2014 à 22:14
Marianne
@François : bah les postes de ministres ne sont pas distribués en fonction des compétences des gens….Ca se saurait sinon……..
25 août 2014 à 22:44
FUBAR
Je trouve que par solidarité avec son camarade Hamont elle pourrait démissionner…
25 août 2014 à 22:53
Marianne
Bof, de toute façon entre Pécresse et Fioraso il n’y a pas eu des masses de changements…Donc un nouveau ministre je ne vois pas ce que ça changerait….
26 août 2014 à 12:47
PR23
Pour le moral de la rentrée : http://sciences.blogs.liberation.fr/home/2014/08/lanr-recale-80-des-projets-scientifiques.html
26 août 2014 à 13:15
François
@ Marianne » les postes de ministres ne sont pas distribués en fonction des compétences des gens « .
Ce que je stigmatisais est plus grave, car un ministre nommé responsable d’un domaine qu’il connaît mal, mais qui a les capacités nécessaires, peut se révéler excellent (ne serait-ce que parce qu’il apporte un regard neuf et qu’il ne doit rien aux lobbies du secteur).
Je déplorais le fait qu’un choix de ministres basé essentiellement sur un équilibre (entre sexes, entre courants du PS, …) conduise à retenir des personnes qui manifestement n’ont pas les capacités nécessaires pour aller au-delà d’une analyse de leur domaine d’activité (et donc de la mise en œuvre des actions correspondantes) plus profonde que ce qui se raconte dans un café du commerce.
26 août 2014 à 19:00
PR23
Elle reste !
26 août 2014 à 19:33
FUBAR
Pffff!
26 août 2014 à 19:35
FUBAR
Punaise… Vallaud-Belkacem à l’éducation… les mots me manquent.
26 août 2014 à 20:04
François
@ FUBAR
Elle a un diplôme universitaire !
» Deuxième d’une famille de sept enfants, Najat Belkacem naît dans un village marocain en 1977 à Beni Chiker, proche de Nador, dans le Rif6. En plus de ses origines marocaines, Najat Belkacem est d’origine algérienne par sa grand-mère7.
En 1982, avec sa mère et sa sœur aînée, elle rejoint son père, ouvrier dans le bâtiment, immigré en France ; elle grandit à Abbeville puis à Amiens8.
En 1995, élève au lycée Delambre d’Amiens, elle obtient son baccalauréat économique et social9.
En 2000, elle est diplômée de l’Institut d’études politiques de Paris, après avoir obtenu une licence en droit à l’université de Picardie à Amiens. »
26 août 2014 à 21:52
Marianne
@François : j’ai l’impression que c’est plus fin que ça. Il y a des ministères considérés comme important : intérieur, finances où on nomme des gens dont on pense qu’ils vont bien faire le boulot et d’autres qui servent à « équilibrer » le gouvernement en fonction de critères complètement politiques (sexes, courants du PS) et qui ne devraientt pas avoir leur place dans le choix d’un(e) ministre….Et effectivement à voir les choix qui sont fait l’éducation/ESR ne semble pas la priorité du gouvernement….
27 août 2014 à 09:33
Damien
Vous reprochez quoi à Vallaud-Belkacem ?
27 août 2014 à 09:48
Damien
Question subsidiaire : vous auriez aimé voir qui à l’éducnat ? (ou à l’ESR d’ailleurs) ?
27 août 2014 à 10:25
Jojo
Ca me rappelle une note de blog du Monde titrée : « Michel Rocard aux enseignants : «Vous n’aurez plus jamais de ministre compétent» ».
27 août 2014 à 10:50
FUBAR
@François: son prédécesseur avait une licence de chaispuquoi. Bref, de ce point de vue là c’est kif kif. @Damien: elle m’exaspère, je trouve qu’elle minaude trop. C’est sa voix sans doute, comme avec Duflot (bon Duflot c’est pas que la voix, je vous l’accorde). Quand elle était porte-parole du gouvernement je trouvais qu’elle ne savait pas parler en public, je ne sais pas si elle s’est améliorée. Bref, elle a un côté Calimero/femme au bord de la crise de nerf qui m’énerve.
Je ne suis pas en train de dire qu’il faut forcément quelqu’un de très diplômé pour s’occuper de l’ESR, mais je trouve quand même symptomatique qu’aucun président d’université (par exemple) ne soit jamais nommé à ce poste. Encore une fois, je ne dis pas que ce serait la clef, je dis juste que c’est révélateur des ambitions réelles: maintenir le couvercle sur la cocotte-minute jusqu’au prochaines élections et mettre des bouts de rustine quand la vapeur fait mine de sortir. Pour ça en effet, pas besoin de quelqu’un qui sache vraiment de quoi il retourne. On met des ministres compétents quand on veut faire une vraie politique… Au moins Belkacem n’est pas une ancienne pensionnaire de l’UNEF, c’est déjà un progrès.
27 août 2014 à 10:51
FUBAR
@Damien. Pour la question subsidiaire… à l’ESR j’aurais aimé voir quelqu’un qui lit ce blog bien sûr!!
27 août 2014 à 11:15
PR23
Nous aurons assez peu à faire avec elle; la patronne de l’ESR c’est Geneviève, qui entame sa saison 3, comme on dit au groupe Vernant…
27 août 2014 à 11:26
Damien
@FUBAR
Franchement, le fait que Vallaud-Belkacem minaude, j’en ai rien à faire (il faudrait déjà que je regarde plus la télé pour le voir). Je ne m’attends pas à des miracles (en fait je ne m’attends à rien) mais je ne vois pas pourquoi elle serait pire que n’importe qui d’autre.
Pour ce qui est du diplôme, on pourrait remarquer qu’un président d’université n’a pas plus de diplômes que professeur d’université, et qu’on a déjà eu, il y a pas si longtemps, des professeurs d’université à l’educ nat (Allègre et Ferry, pour ne pas les nommer) (on pourrait même dire que l’un a été directeur d’un grand établissement, ce qui n’est pas très différent de professeur d’université).
Et, à titre personnel, si je dois dire ce que mon appréciation du passage de ces deux illustres personnages à l’éducnat/ESR, est, pour l’un, « médiocre », et pour l’autre, « mauvais ». Bref, rien qui soit hors de portée de Vallaud-Belkacem.
27 août 2014 à 11:48
Damien
@FUBAR
J’oubliais : en réponse à « On met des ministres compétents quand on veut faire une vraie politique… », je ne peux que reprendre François : « un ministre nommé responsable d’un domaine qu’il connaît mal, mais qui a les capacités nécessaires, peut se révéler excellent ».
Je ne dis pas ça pour Vallaud-Belkacem. Pour elle, j’attends de voir.
27 août 2014 à 16:09
Gueux
@FUBAR: je ne comprend pas votre argumentaire.
Quand on élit (ou nomme derechef), un chef d’équipe, directeur de labo ou d’UFR, responsable de Master, président d’université, etc., (tout le monde en fait, à tous niveaux) il s’agit souvent de personnes incompétentes qui doivent apprendre le métier sur le tas, sans beaucoup d’aide. Ces personnes quittent généralement leur fonction après avoir obtenu une promotion, à un moment où elles commencent tout juste à comprendre quelque chose au boulot. Pourquoi voulez vous qu’il en aille autrement pour les ministres ?
Après tout, NVB et GF ne sont guère que des courroies de transmissions. Pas de quoi en faire tout un pataquès.
27 août 2014 à 22:28
Marianne
@Gueux
Comme quoi le bon vieux principe de Peter reste d’actualité…..
27 août 2014 à 22:47
Marianne
@FUBAR En fait Rachel est devenue ministre, c’est pour ça qu’elle poste plus rien….Nan sans rigoler, je préfère qu’on ait un ministre qui lise pas ce blog au moins on peut discuter tranquillou entre nous et refaire le monde sans être déranger….
27 août 2014 à 22:48
Marianne
Et puis Hamon il avait une licence d’histoire. Vous vous rendez compte? Si ça se trouve il a fait ses études avec l’Astronaute….
28 août 2014 à 09:51
FUBAR
Oui Belkacem ne sera sans doute pas pire que les précédents, mais notre capacité à nous contenter du « pas pire » me désole. Par ailleurs j’ai dit assez clairement que je ne pensais pas qu’il faille nécessairement être universitaire pour faire un bon ministre de l’éduc nat. Bref. Là où je suis plutôt attendrie par notre nouvelle ministresse en revanche, c’est que depuis sa nomination tout le monde se jette sur elle à bras raccourcis pour lui reprocher LA faute originelle: les ABCD de l’égalité. Rien que ce genre de connerie suffit à me faire éprouver une vague empathie. Ce matin encore sur Inter (@Damien, la voix c’est aussi —et surtout— à la radio), l’inénarrable NKM fustigeait la soit-disant idéologie du truc alors qu’il suffit d’aller faire un tour sur le site du CNDP pour se rendre compte du contenu réel de ce qui est envisagé (des choses aussi idéologiquement toxiques et délirantes que « les filles peuvent faire du rugby et les garçons de la danse » ou « Louis XIV portait des dentelles et des bijoux » et « il y a moins d’un siècle les garçons portaient des robes jusqu’à l’âge de 7 ans »). Bref, si ça peut révulser les cons que cette fille soit ministre de l’éduc nat, c’est déjà ça de pris.
28 août 2014 à 10:46
Damien
» mais notre capacité à nous contenter du « pas pire » me désole. »
Personnellement je ne vois aucune réforme de taille de l’éduc nat, actuellement, qui ne générerait pas un mouvement massif de contestation. Est-ce même ce que demandent les enseignants (qui se plaignent d’avoir dû avaler tout un tas de réformes depuis 10 ans), ou les parents (qui ont tous un avis différent) ? Il suffit de voir les réactions à la modification (je n’ose parler de réforme) des rythmes scolaires.
Je m’attends essentiellement (je peux me tromper) à ce que Vallaud-Belkacem gère les affaires courantes avec quelques modifications cosmétiques, non parce que c’est ce qu’il faut faire, mais parce que c’est ce que l’expression de la majorité de la population (ce qui montre qu’on peut être insatisfait d’une situation et ne pas vouloir la changer, surtout quand le « on » est collectif), et que le gouvernement a autre chose à faire que d’ouvrir un front de plus à cet endroit maintenant.
Alors, oui, je me « contente » du « pas pire », pas à cause des politiques, mais parce qu’un projet de « bonne » réforme qui est abandonné après des semaines de crise (ou, pire, tellement amendée qu’elle en devient mauvaise) est devenu pire que pas de réforme du tout. C’est la situation actuelle, et ce n’est pas un ministre, aussi excellent soit-il, qui y changera quelque chose.
28 août 2014 à 10:49
Gueux
@Marianne. Presque, sauf que le principe de Peter stipule que l’on gravit la hiérarchie jusqu’à atteindre son niveau d’incompétence, où on stagne. C’est pas tout à fait ça dans la fonction publique (mais pas que), où on continue à gravir les échelons, la promotion étant la seule façon de se débarrasser d’un bras cassé. En corollaire, il y’a corrélation entre la hauteur hiérarchique atteinte et le niveau d’incompétence dans la fonction initiale.
Pour ne parlez que d’eux, regardez autour de vous les EC qui trustent les conseils et comités, passent tout leur temps en réunions, cumulent les fonctions et sont le plus rapidement promus. En moyenne, sont-ce les meilleurs chercheurs et/ou enseignants ? Les meilleurs gestionnaires, administrateurs, leaders, etc. ?
28 août 2014 à 11:14
FUBAR
@Gueux: « Pour ne parlez que d’eux, regardez autour de vous les EC qui trustent les conseils et comités, passent tout leur temps en réunions, cumulent les fonctions et sont le plus rapidement promus. En moyenne, sont-ce les meilleurs chercheurs et/ou enseignants ? Les meilleurs gestionnaires, administrateurs, leaders, etc. ? »…. Music to my ears! Ce ne sont pas systématiquement les pires, mais en moyenne je dirais que ce sont largement les pires. J’ai des exemples plein ma besace. L’idée que ce soit une fatalité me pousserait à me tailler les veines (dans le sens de la longueur, naturellement).
30 août 2014 à 03:23
n0nette
Oui, ces EC « administrateurs » – qui sont largement les pires – s’abattent sur les petits postes de pouvoir comme la vérole sur le bas clergé. Ce sont eux qui ont baissé le pont-levis pour laisser déferler à l’intérieur de l’université la « marée de merde qui en battait les murs », celle dont se plaignait Leys en 2005 (texte repris dans « Le studio de l’inutilité », à lire…).
A propos de Leys et des situs, ce sont les éditions Champs Libre qui ont édité « Les habits neufs du président Mao ». Il faut dire qu’à l’époque, Le Monde boycottait Leys, car non politiquement correct : tout le monde était maoiste, la maladie infantile du libéralisme. Et aujourd’hui, même plus besoin de passer par la case Mao, la case UNEF suffit.
@Jako et FUBAR: même en allant à des années lumières, vers Gliese 581e, on ne retrouvera pas d’université libre. Il faut un autre voyage. Dans le temps…
(à propos de temps, lisez Carlo Rovelli).
@ Rachel: merci pour le prix de la meilleure formule, j’essayerai de faire mieux cette année :-)
30 août 2014 à 08:36
Gueux
@FUBAR: Pas de quoi se taillader les veines. Ces phénomènes sont bien connus (principe de Dilbert, loi de Parkinson). Ce n’est pas forcément une fatalité si on en a conscience et s’organise pour les limiter. Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’ESR n’en prend pas le chemin, au contraire.
30 août 2014 à 10:38
FUBAR
Bon,bon… je range provisoirement mon coutelas de Rahan en plastique vintage et je vais regarder ce que c’est que le principe de Dilbert et la loi de Parkinson (trop bête de mourir idiote).
30 août 2014 à 11:22
Gueux
@FUBAR. Allez y, vous verrez c’est marrant (enfin, on rit souvent jaune).
Y’a des pages wikipedia qui renvoient à des idées connexes : loi de Putt, effet Dunning–Kruger, etc.
Dans un premier temps, on est affligé. Dans un second, ça remonte le moral car on réalise qu’on est pas les seuls à vivre cela. Dans un troisième, on re-déprime car on se dit que dans l’ESR (sensé être remplis de gens intelligents), ces phénomènes sont particulièrement aigües, et qu’on voit pas comment ça pourrait changer.
30 août 2014 à 15:03
FBLR
Encore une initiative qui va réjouir Rachel.
Au cours Clapeyron, l’université se fait au Lycée:
http://www.challenges.fr/economie/20140828.CHA7063/faire-sa-1ere-annee-de-fac-d-economie-dans-dans-le-prive-c-est-possible.html
30 août 2014 à 16:50
FUBAR
@Gueux. J’ai ressorti le coutelas de Rahan finalement. Je suis passée par toutes les étapes que vous décrivez: affliction, réjouissance, déprime. Ma seule consolation c’est que je vais pouvoir amuser la galerie cinq minutes avec ma nouvelle science. Je cours regarder de près la loi de Putt, rien que le nom me ravit…