C’est l’époque des comités de sélection (chargés du recrutement des enseignants-chercheurs), alors on fait tourner le doodle à plein régime. Rappelons que le passage de V. Pécresse au MESR a engendré une considérable évolution de la composition des jurys de recrutement des EC. Maintenant, il a au moins la moitié de membres extérieurs dans les comités de sélection. Très paradoxalement, cette réforme du mode de recrutement va à l’encontre de l’autonomie des établissements. En effet, les membres de l’établissement ne sont plus majoritaires et peuvent se voir imposer un candidat par les membres externes (un comble !). J’imagine qu’un des buts était de lutter contre le fameux « localisme » (favoritisme local).
A mon sens, cette réforme « comités de sélection » a fait pire que bien. En toute rigueur les membres externes sont nommés par le président d’université. Bien entendu, le président, malgré ses superpouvoirs, est parfaitement incompétent pour le faire. Il se base donc sur des propositions qui émanent très souvent de l’équipe de recherche qui recrute. Afin de s’assurer un pilotage du comité, l’équipe en question va choisir des « copains », disons des gens dont on sera certain qu’ils ne feront pas de vagues et qu’on pourra briefer avant les réunions du comité. On a alors pour conséquence un comité dont le barycentre décisionnel fortement recentré sur l’équipe de recherche qui recrute, par rapport aux pratiques antérieures (barycentre sur un département/UFR). Ce n’est vraiment pas un progrès et pas du tout une bonne façon de lutter contre les « dérives localistes ».
Alors que faut-il faire pour réformer ces comités de sélection qui n’ont fait qu’empirer le problème qu’ils étaient censés résoudre ? Comment rendre tout ça compatible avec l’autonomie des établissements, largement bafouée par la réforme précédente ? A mon sens ça pourrait se faire assez simplement avec les propositions ci-dessous.
1) Tout d’abord il faudrait prendre garde à ce que les profils des postes ne soient pas trop étroits, car sinon seuls des candidats issus du microcosme local peuvent répondre. Dans le principe, on ne recrute pas un personnel pour œuvrer dans le projet européen Bidule, l’ANR Théodule ou le Labex Machin. On recrute tout d’abord un scientifique (fonctionnaire) pour plus de 40 ans, avec impossibilité de corriger une éventuelle erreur de recrutement ou autre défaillance postérieure dans les missions qu’il doit accomplir. Alors peu importe s’il ne colle pas parfaitement aux besoins immédiats de l’équipe. Le plus important est de recruter un bon scientifique dans le domaine, mais pas dans la micro-spécialité « à la mode ».
2) Ensuite il faut revoir complètement la composition des comités de recrutement (ou commissions de spécialistes, peu importe comment ça s’appelle). Pour respecter le principe d’autonomie, il est clair que le comité de recrutement doit être majoritairement composé de membres de l’établissement qui recrute. Il serait assez large, composé de membres élus et de membres nommés pour la circonstance. D’ailleurs on laisserait aux établissements la liberté du nombre de membres. Il y a aura bien entendu quelques extérieurs (en faible proportion). Mais en aucun cas les extérieurs seront choisis par les structures qui recrutent. A mon sens la meilleure solution serait qu’ils soient tirés au sort dans une base de données contenant quelques mots clefs (assez larges). Pour pouvoir siéger dans le comité de recrutement, ces extérieurs prendraient certifieraient ne pas avoir d’accointance particulière avec l’équipe qui recrute, prendraient l’engagement de ne pas communiquer avec cette équipe durant la période de recrutement. Bref ils seraient là uniquement pour « surveiller » le fonctionnement du comité local. Ils seraient les garants que le comité n’a pas versé dans le localisme. En cas de doute, ils alerteraient une instance nationale (par exemple le CNU) qui annulerait le recrutement.
Il reste le problème de l’erreur de recrutement, ce qui peut arriver. On s’en rend compte souvent quelques années plus tard. Comment faire quand on constate une erreur de recrutement ?
48 commentaires
Comments feed for this article
10 avril 2013 à 21:47
Toto Totoro (@TotoroInParis)
Comme toujours, la réforme a été très rapidement « ingérée » : rien de plus simple que de faire des « copains compréhensifs » ou de distribuer les dossiers seulement 2 jours avant, histoire de neutraliser l’effet d’extériorité.
Sur le fond, la composition est moins importante que le type d’épreuve : recruter quelqu’un pour 40 ans, juste sur dossier et en l’interrogeant 15 min ? Quelle rigolade… Ca ne tient qu’en raison de l’état de tension du marché qui fait qu’on ne recrute (presque) jamais des branques.
En Suisse, j’ai vu des pratiques correctes : 3 jours sur place, présentation de papiers, cours donné aux étudiants, discussion avec les collègues du département, bref un recrutement digne de ce nom. Bien sûr, le transport et l’hôtel est payé au candidat, avis aux facs « autonomes ». Avec un tel dispositif, aucun problème pour assumer « l’internalisme ».
10 avril 2013 à 21:49
FBLR
@Rachel
« Il reste le problème de l’erreur de recrutement, ce qui peut arriver. On s’en rend compte souvent quelques années plus tard. Comment faire quand on constate une erreur de recrutement ? »
Ben rien. On ne peut rien.
10 avril 2013 à 22:20
marianne
Ben chez nous on recrute un prof et la quinzaine de candidats qui va postuler est venu passer chacun une journee chez nous. Ca ressemble a ce que vvous dites moins la rencontre avec les etudians mais l’enseignement….
Par ailleurs en maths la communaute est petite et tout le monde se connait meme sur un domaine large
Notre labo va d’ailleurs donner un avis apres une assemblee generale transmis au cse
10 avril 2013 à 22:20
Rachel
Toto Totoro, n’exagérons rien … certes il y a 15 min d’audition mais elle sont suivies par 10 min de questions (montre en main) !
Plus sérieusement, il est clair que les concours EC sont un peu tartuffes et contorsions pour faire croire qu’on respecte la loi (l’égalité des chances de chacun devant un concours républicain). Dans mon labo (et ailleurs très souvent), on fait venir pour une journée (ou plus) les candidats les plus sérieux. Ils font un séminaire, rencontrent l’équipe, font un tour dans le labo, vont voir le directeur des formations, etc … Mais tout ça c’est illégal, je ne devrais pas en parler …
10 avril 2013 à 22:33
MCF27 (de Marseille)
Réflexions bien intéressantes, Rachel. J’ajouterai à tout cela une transparence absolue sur la publication des admissibles et des classés comme cela se fait en math (merci opération postes !) et trop rarement en informatique (et jamais ailleurs). J’ai des anecdotes savoureuses sur la façon dont est perçu le mot « transparence » dans les comités de sélection… avec des « arguments » à pleurer pour ne pas diffuser (« tu comprends, ma réputation si je ne suis pas classé sur ce poste de prof en local… »)
Il y a déjà tellement de vilaines habitudes qui devraient être mises au placard avant de se lancer dans de la politique (au sens noble bien sur) sur la question de l’autonomie ou pas. Faut dire qu’à Marseille on a du boulot…
10 avril 2013 à 22:41
MCF27 (de Marseille)
Erratum: « comme cela se fait DEJA BEAUCOUP en math »
presque 100% en 25, 80% en 26 et 15% en 27 pour 2012
http://postes.smai.emath.fr/2012/concours.php
10 avril 2013 à 22:52
mixlamalice
Je ne suis pas très d’accord avec pas mal de points.
– les externes « copains », ça marche sur le court terme, au bout d’un moment on en a marre de se déplacer juste pour faire la « caution morale » d’un labo et de copains. Ca fait beaucoup de temps passé pour pas grand chose. Je pense que c’est en baisse, mais je suis peut-être naïf.
– les pressions sont aujourd’hui assez fortes pour ne plus recruter le poulain du directeur s’il est nul, je pense aussi que c’est en baisse.
Je suis par contre d’accord que faire venir 16 personnes, avec des règles bien contraignantes (50-50 rang A/rang B, interne externe, bientôt homme femme j’imagine etc, en interdisant peu ou prou tout ce qui pourrait simplifier la vie d’un point de vue organisationnel), c’est la fausse bonne idée pour lutter contre le localisme. Ca donne l’impression qu’au moins d’avril-mai, la moitié de l’ESR français évalue l’autre moitié… pendant ce temps là il n’y a que les thésards qui bossent…
– après, selon moi, il faut donner un peu de crédit au labo et les laisser choisir (ou essayer de) leur politique scientifique à moyen ou long terme. Bref, ça passe plutôt par des profils précis plutôt que 3 mots clefs pour que le labo reçoive 60 candidatures.
Ca permettrait de diminuer le nb d’auditionnés (actuellement les profils larges font qu’on a presque toujours 8-12 « auditionnables », qu’on essaye de diminuer comme on peut en se disputant plus ou moins pour arriver à 6-8 auditionnés) et d’augmenter un peu le temps « légal » des auditions, sans avoir à passer par des « préauditions illégales »…
Il y aura toujours plus de bons candidats que de postes, donc autant faire la sélection drastique avant l’épreuve qui compte le plus, qui reste l’oral. Ca sera aussi mieux pour les candidats, qui ne se taperont pas des auditions « moisies » en étant les seuls à ne pas savoir qu’ils sont juste venus pour faire le nombre, à leurs frais.
10 avril 2013 à 22:53
Rachel
Sur le même sujet, on pourra relire ce billet qui avait généré une discussion intéressante: https://rachelgliese.wordpress.com/2011/06/14/un-tout-petit-monde-%e2%80%a6-de-brutes/
10 avril 2013 à 22:54
étudiant inquiet
Je ne comprends toujours pas pourquoi on n’interdit pas purement et simplement le recrutement local, au lieu de créer des circonvolutions administratives qui font plus de mal que de bien ?
10 avril 2013 à 22:58
mixlamalice
Oui, selon moi il faut que les labos aient une politique de recrutement basée sur une politique scientifique à moyen ou long terme (absence souvent reprochée par l’AERES d’ailleurs), couplé, pour éviter les mauvaises pratiques ancestrales, à une interdiction du localisme (dont il faudrait donner une définition claire, ce qui n’est pas simple).
Cela permet d' »irriguer » les labos en idées neuves, ce qui me semble nécessaire (la consanguinité n’est pas terrible en recherche non plus).
10 avril 2013 à 23:11
FBLR
Mais si désormais on recrute « à moyen terme », le statut ne semble plus justifié…
10 avril 2013 à 23:12
Rachel
@Mixlamalice, je suis tout à fait d’accord avec l’aspect de politique scientifique du laboratoire. Je pense qu’il doit rester un profil (l’idée n’est pas ici de faire comme le CNRS, qui recrute sur projet de recherche du candidat). Ici l’idéal est un projet de recherche co-construit entre candidat et équipe.
Il faut aussi trouver un juste équilibre entre le profil trop étroit et celui qui est trop large. Un profil trop étroit donne quand même un peu l’impression d’être taillé sur mesure pour quelqu’un. Un profil trop large donnera une liste trop grande de candidats (qui vont se fatiguer pour rien).
Mais je reste non convaincue par un recrutement fait sur des compétences très ciblées. On imagine alors la catastrophe quand l’action de recherche se termine dans l’équipe, qu’on ne trouve plus de financement pour avancer dans la voie hyperspécialisée sur laquelle on a fait un recrutement peu avant … on recrute pour 40 ans, n’oublions pas.
@Etudiant, c’est interdit d’interdire à un candidat de candidater sous prétexte d’une origine géographique.
10 avril 2013 à 23:29
Gueux
« Pour respecter le principe d’autonomie, il est clair que le comité de recrutement doit être majoritairement composé de membres de l’établissement qui recrute. »
Je dirais plutôt:
Pour garantir la qualité du recrutement en laissant la possibilité au plus grand nombre de candidater, il est clair que le comité de recrutement doit être majoritairement composé de membres extérieurs à l’établissement qui recrute.
10 avril 2013 à 23:31
marianne
En maths c’est vrai qu’operation postes c’est drolement chouette…du cote du candidat malheureux il y a aussi un cote tres stressant a voir sortir les auditions des autres
Et par ailleurs il y a effet d’entrainement. Un bon matheux postule partout
si son nom n’apparait pas dans les quatre cinq premieres listes d’auditionnes et bien les jurys suivants se disent qu’il y a un probleme
il y a par contre un effet d’entrainement positif dams le cas contraire
sur paris c’est a peu pres la meme liste d’auditionnes qui circule
donc le systeme n’est pas parfait mais c’est quand meme un bon systeme
10 avril 2013 à 23:33
marianne
Bah le principe du non recrutement local c’est bien si on n’a pas de conjoint, pas d’enfant…
bref si on fait des maths et c’est tout, c’est genial
10 avril 2013 à 23:43
marianne
Et puis la definition du localisme est subtile
Passer de paris VI a paris V c’est pas du tout local (un changement a Montparnasse) par exemple.
Par contre en province, le gars qui est a toulouse, le labo non local le plus proche de chez lui c’est bordeaux ou pau….
Et par ailleurs suivant les facs ca differe. Il y a des exceptions. Local c’est interdit sauf si…t’es IUF, t’as fait une mobilite (un sejour a l’etranger long, mais long ca veut pas dire pareil pour tout le monde).
Et puis il y a la notion de oui lui il est local mais c’est un cas particulier, promis jure apres on le refait plus….
10 avril 2013 à 23:46
marianne
Sinon les profils en maths sont super larges et on auditionne beaucoup
J’ai parfois l’impressiin que c’est un peu la roulette russe
10 avril 2013 à 23:57
Rachel
Pendant qu’on y est, prenons trois cas pour une seule question : est-ce un candidat local ? (1) un candidat qui a fait sa thèse dans le labo qui recrute mais qui a fait ensuite deux ans de post-doc (2) un candidat qui n’a pas fait sa thèse dans le labo qui recrute mais qui y a fait son post-doc (3) un candidat qui n’a pas fait sa thèse dans le labo qui recrute mais dans le labo voisin (donc du même établissement).
@Gueux, je ne comprends pas du tout votre logique. Pourquoi c’est de meilleurs qualité quand c’est des extérieurs ? et quid d’examiner l’adéquation candidat-labo ?
11 avril 2013 à 04:01
marianne
Dans le premier cas local.
Deuxieme et troisieme cas non local sauf si on a envie de virer directeent le gars sans donner de raison. Dans ce cas local
11 avril 2013 à 07:48
Gueux
@Rachel: Pourquoi? Parce que les français, culturellement, fonctionnent à l’affectif. A partir du moment qu’il connaisse personnellement quelqu’un, il vont tout faire pour le placer (ou le casser !), ceci contre vents et marées. Comme me disait un mathématicien célèbre exilé : En France, il faut être le protégé de quelqu’un d’influent, sinon… Ceci ne se limite pas au recrutement. On pourrait aussi parler des promotions, des demandes ANR, et de tout ce qui repose sur un comité, où il est très important d’avoir un cheval de Troie.
L’adéquation candidat-labo ? Vous voulez parler de l’intégration dans l’équipe de foot du labo ? Sérieusement, faites un profil clair et laisser un comité indépendant décider de qui est le mieux en adéquation, et surtout mettez votre affect de coté.
11 avril 2013 à 08:50
François
Bonjour,
dans le billet, je note qu’un des biais évoqués est la situation où l’équipe d’accueil construit le comité à sa convenance, sans concertation avec le Département/UFR… je peux témoigner que dans certains établissements, on a l’exacte pratique inverse, où l’équipe (en tant qu’entité, c’est-à-dire en demandant l’avis du directeur d’unité, voire d’équipe, de rattachement) n’est pas consultée du tout pour la composition du jury… adieu vision stratégique de l’insertion du candidat dans le projet de recherche, bonjour le poste bouche-trou pour les enseignements…
11 avril 2013 à 09:33
Jojo
Attention François, bouche-trou est très péjoratif, vous accréditez l’idée qu’être en adéquation avec le projet recherche est noble, alors qu’il serait rédhibitoire de n’être en adéquation qu’avec les besoins en enseignement… La recherche et l’enseignement sont deux missions aussi importantes l’une que l’autre. Avec l’insertion professionnelle des étudiants et la réindustrialisation, bien sûr. Est-ce que nos profils sont suffisamment réindustrialisants, qu’ils viennent des labo ou des UFR ?
11 avril 2013 à 09:35
mixlamalice
Pour moi le localisme reflète une non-ouverture scientifique. Donc:
1 thésard du labo qui part disons 2ans dans un autre labo (qu’il soit à 200m ou à 2000, du moment qu’il n’y a plus de contacts avec l’équipe précédente*) avec « reconversion thématique » ne devrait plus être local (les post-docs « pipots » chez le copain de 6 ou 12 mois seraient écartés: plus dur de payer quelqu’un deux ans juste pour faire plaisir à un collègue).
1 post-doc du labo qui y est depuis moins de 2 ans ne devrait pas être considéré comme local; depuis plus de 3 ans ça commence à poser question…
On peut par exemple définir que 3 ans dans le même labo = local; 2 ans « ailleurs » = reset. Ca se couplerait de toute façon pas mal avec la loi Sauvadet.
* aujourd’hui on travaille aussi facilement avec l’équipe du bout du monde qu’avec celle du bout du couloir (voire plus parce qu’on les voit moins souvent donc ils font moins ch…)
Pour revenir au profil, c’est peut-être lié à mon domaine, qui, selon d’où on le regarde, peut être peuplé de physiciens expérimentateurs, de physiciens théoriques, de chimistes, de physico-chimistes, d’ingénieurs matériaux, de mécaniciens, voire de biologistes. Alors quand je dis profil détaillé, je ne parle pas forcément des postes à moustache du CNRS, mais qui expliciteraient: quelle équipe et quelle thématique de recherche est a priori renforcée, si on cherche un expérimentateur (et quelles techniques visées) ou un théoricien etc. Après, on sait bien que la personne fera un peu in fine ce qu’elle veut de toute façon, si elle est de bon niveau. Ca n’empêche pas d’essayer de construire…
11 avril 2013 à 11:25
François
@Jojo
En l’occurrence, bouche-trou fait référence à une triste réalité, où le service du candidat recruté n’a pas de cohérence (1TD par-ci, 1TD par-là, et puis tu pourras bien aussi dépanner là, etc.), ni sur le plan des maquettes pédagogiques, ni sur le plan de l’interface enseignement/recherche qu’est censé incarner un enseignant-chercheur. C’est tout aussi noble (et sain pour l’établissement) d’être recruté en adéquation avec les besoins d’enseignement que de recherche, aucun doute là-dessus. C’est à l’inverse triste et démotivant de l’être avec des confettis de service et une absence de connexion avec son environnement scientifique local…
Mon propos visé d’ailleurs juste à confirmer qu’il y a quelque chose de tordu au royaume des comités de sélection !
11 avril 2013 à 12:21
Gueux
Françcois, si c’est ça être « bouche-trou » alors la quasi-totalité des EC de mon lao en sont. Ca fait du monde car nous sommes nombreux. Même les IUF, avec leur service allégé, se plaignent de l’incohérence de leurs enseignements. Que dire des autres ?
11 avril 2013 à 12:36
François
@Gueux
c’est effectivement une situation répandue, je pense. Cela n’empêche pas de le regretter et d’espérer que ce ne soit pas une fatalité. J’évoquais plus particulièrement ceux dans cette situation côté enseignement, et peu ou pas connectés à un labo côté recherche. Je sais bien que le rattachement à un labo est obligatoire, mais si le recruté n’a aucun atome crochu avec les activités du labo, ça complique l’intégration…
11 avril 2013 à 17:36
Gueux
Rachel, pour le cas (3) une réponse est : Le candidat est local si les deux labos relèvent de la même école doctorale.
11 avril 2013 à 19:05
Rachel
@tous : le François qui commente ce billet n’est pas notre « François habituel ». Je pense utile de le préciser. Nouveau François, peut-être pourriez-vous vous différencier en écrivant « François II » ou autre. Pardonnez-moi pour cette requête et e attendant de vous lire de nouveau, je vous souhaite la bienvenue sur ce blog.
@Gueux, pour deux labos du même établissement, n’est-ce pas ? (car on peut être dans la même école doctorale tout en étant dans des établissements différents).
11 avril 2013 à 21:07
Gueux
@Rachel: Non, chez nous les candidats venant de la même école doctorale mais d’établissements différents sont des locaux. L’idée derrière cela est, je pense, de définir le local comme provenant de la même « zone d’influence » que le poste.
11 avril 2013 à 21:11
PR27
La super réforme des comités de sélection, ça serait de ne pas donner des nombreux dossiers à rapporter le jeudi pour le lundi suivant, quand les emplois du temps de jeudi vendredi sont déjà blindés.
Au delà des compositions de comités, on pourrait peut-être faire qqchose côté calendrier. S’il n’y avait pas la qualif, on pourrait avancer l’expédition des dossiers aux établissements de 1 mois, non ? On pourrait prendre un peu plus de temps pour les étudier, en discuter, les re-regarder, et peut-être organiser un peu différemment les auditions, par ex. sur 2 jours par poste plutôt que un. Ca coûterait un peu plus cher d’hotel, mais on pourrait mettre là l’argent économisé sur les réunions de qualif.
11 avril 2013 à 21:40
marianne
ben je suis d’accord moi j’ai eu une semaine pour lire dix dossiers. C’est complique si on veut regarder les papiers des gars…
11 avril 2013 à 21:42
Arnaud Delebarre
1. Une remarque pour parler des moyens financiers des comités de sélection : attribution d’une Université ordinaire : 700 euros. L’audition peut elle se faire en visio pour tout ou partie des candidats et tout ou partie des membres du jury ? Qu’en est il ici ou là ?
2. La promotion des bons éléments d’un établissement est de plus en plus confrontée à des critères excluant qui désespèrent les talents des maîtres de conférences internes qui ne fittent pas des critères de recrutement pr. L’exogamie a ses limites ?
Vivement que la gestion des ressources humaines soit plus professionnelle que celle des comités de sélection.
11 avril 2013 à 22:10
Rachel
@Marianne, @PR27, il faut lire les papiers mais pour se faire une idée de leur qualité, il faut aussi lire tous les autres papiers sur le sujet pour comprendre les positionnements, l’originalité de la démonstration bref tout le contexte qui entoure une démarche scientifique … et bien entendu il faut lire aussi la thèse du candidat …
Mais concrètement, n’y aurait-il pas une certaine petite malhonnêteté intellectuelle de dire « qu’il faut lire les papiers d’un chercheur pour l’évaluer ». Qui en est vraiment capable ?
Vous qui évaluez (comme moi) des dossiers de candidats, que faites-vous concrètement avec un dossier et combien de temps passez-vous sur chaque dossier ?
@Gueux, la notion de « candidat local » semble varier un peu selon les sites. A mon sens si on considère qu’un candidat local provient de la même « zone d’influence » que le poste, alors on pourrait exclure aussi tous les gens qui sont très proches de la thématique du poste (car par définition la sphère d’un microcosme est petite, tout le monde se connait et s’influence …). A moins que « zone d’influence » ne soit ici qu’une notion géographique.
@Arnaud, chez moi l’attribution de l’université pour les comités de sélection = 0 euros. Tout est pris en charge sur fond propres UFR et labo (vous allez me dire c’est la même chose …). Ça amène à un autre thème : combien ça coute un comité de sélection ? (on fera la différence entre la région parisienne et une université de province). On pourra aussi se dire qu’il ne faut pas mégoter sur les moyens quand on recrute un fonctionnaire pour 40 ans.
11 avril 2013 à 22:34
Gueux
Rachel: Toute définition de « local » est imparfaite, et nul ne prétend que le non recrutement local soit la panacée universelle. Toutefois, on pinailles sur l’exactitude des décimales, alors qu’il y a des chiffres bien avant la virgule qui déconnent. Comme je l’ai déjà dit, vous pouvez trouver des contre exemples à tout. Cela ne justifie pas que l’on continu à disfonctionner. Je suis toujours surpris par ce travers bien français qui consiste à penser que « peu importe que la pratique ne marche pas, pourvu que la théorie soit juste ».
12 avril 2013 à 09:02
François Bis
@tous
Désolé pour l’introduction d’une confusion dans les François ! et merci pour le message de bienvenue.
12 avril 2013 à 13:03
Marianne
@rachel j’ai passé une demie heure à trois quart d’heures en moyenne sur chaque dossier
Les dossiers qui m’ont pris le plus de temps sont ceux à cheval entre les maths et d’autres disciplines car il me faut du temps pour comprendre quels sont les résultats de maths et ce qui relève de l’application
Il y en a qui sont allés hyper vite car il n’y avait rien dans le dossier (aucun détail sur les travaux par exemples et pas de publis)
12 avril 2013 à 13:16
Marianne
Sur chaque dossier, j’ai d’abord regardé la recherche : les thèmes pour savoir si ça s’insérait dans les thèmes du labo et les publis, nombre et revues
J’ai pas regardé les rapports car c’est en général assez convenu mais par contre nous en maths on regarde souvent si le gars publie avec son directeur ou non pour évaluer son autonomie. C’est mieux vu de publier seul.
J’ai regarde aussi si le gars ou la nana avait fait des trucs après sa thèse genre post doc ou séjour à l’étranger.
L’enseignement ça compte pas trop chez nous donc on regarde pas….sauf pour virer un chinois qui parlerait pas français…
12 avril 2013 à 14:20
Sylvain
@Rachel sur le temps de relecture : je fais une passe globale sur tous les dossiers, juste pour me faire une idée, de l’ordre de 2 à 5 minutes (comme il y a 100 candidats sur un poste, ça n’est pas anodin…). Pour les dossiers sur lesquels je rapporte, je compte entre 15 et 30 minutes pour le lire (tous n’ont pas la même épaisseur), et jusqu’à 2 heures pour rédiger le rapport (surtout si j’ai envie de défendre le candidat, il faut affûter ses arguments). Plus tard quand on saura exactement qui on auditionne, je lirai en détail les dossiers et je passerai sur les publications.
12 avril 2013 à 18:49
Lorne
Je voudrais revenir sur le début de la discussion. L’un des problèmes principaux reste la brièveté de l’audition. La technique qui consiste à inviter les candidats à venir passer une journée avec l’équipe, intervenir dans un séminaire, voire faire cours, se met en place dans certaines disciplines (je pense à la gestion par exemple). Je ne suis pas sûre que cela soit illégal, ou du moins je ne vois pas les textes qui l’empêchent. C’est certainement la façon la plus efficace de lutter contre le localisme et les postes à moustache. Après la question reste ouverte de savoir ce que l’on attend vraiment du futur recruté… car cela a de fortes incidences sur le profil du futur recruté. Or ce n’est pas toujours la recherche la plus à la pointe, les attentes en matière d’enseignement pouvant être très importantes.
12 avril 2013 à 19:23
Rachel
@Sylvain, après une brève enquête aujourd’hui, il semble que 30 min passées sur chaque dossier soit une moyenne. Il semble aussi que c’est très variable selon les dossiers. Il y en a effectivement certains qui vont très vite (quand il n’y a rien ou presque, ou alors trop éloigné du profil). D’autres sont des dossiers « tordus mais intéressants » et on se gratte la tête …
@Lorne, il me semble que devant un concours, les candidats doivent être sur un même pied d’égalité. Si on reçoit avant certains candidats à passer du temps dans la structure mais pas d’autres, on peut convenir que cette égalité de traitement devient alors un peu bafouée. Du moins il me semble. De là à dire que c’est illégal, peut-être que je m’avance un peu trop. Mais que se passerai-t-il si un candidat « malchanceux » faisait appel en arguant que le lauréat a été reçu en séminaire avant le concours et pas lui ?
13 avril 2013 à 09:32
Sébastien
Pour expliciter ce qui dit Lorne, voila ce que fait un IUT de province pour un poste de MCF en gestion : une fois les dossiers arrivés (fin mars), ils font une réunion interne au département de l’IUT concerné (tout début avril), pré-sélectionnent les dossiers qui les intéressent et convoquent les quelques candidats concernés (mi-avril). Les candidats sont invités à une véritable audition devant les membres du département d’IUT, qui les classent. Ce classement est remis au président du CS, « libre à lui de conserver ce classement ou non par la suite » (ce que l’on m’a dit texto au téléphone).
Alors, légal ou illégal ?
13 avril 2013 à 11:20
DM
@étudiant inquiet: Certaines universités affectent de ne pas « recruter localement » leurs professeurs, c’est-à-dire un de leurs propres maîtres de conférence. Imaginez maintenant la situation des concernés : le dossier est ok, ils ont des collaborations, des projets, de l’expérience d’enseignement et d’encadrement etc., bref tout ce qu’il faut pour faire prof, mais on leur dit qu’il faut aller à plusieurs centaines de kilomètres.
Bien sûr, si on est célibataire (au sens « pas en couple », indépendamment du mariage officiel), sans contrainte familiale, les choses sont simples. Mais je connais plusieurs cas de couples séparés et c’est pénible.
Par ailleurs, contrairement aux universités ou grandes entreprises américaines, il est impossible (ou du moins très difficile) aux universités françaises de proposer des accords pour accueillir un couple (« si vous prenez l’une, vous devez prendre l’autre et vice-versa »).
13 avril 2013 à 11:34
DM
@Rachel: La moyenne n’est pas forcément très significative. Selon mon expérience, une part importante des dossiers est clairement envoyée partout ou presque, indépendamment du profil (ça fait un peu « je suis désespéré et je candidate partout »; ce genre de dossiers m’a l’air de souvent provenir d’étrangers extracommunautaires qui voudraient rester en France après leur thèse ou post-doc). Il est inutile de prendre beaucoup de temps pour écrire des phrases comme « Le(la) candidat(e) fait du data mining, il n’y a aucune équipe de data mining ou sujet proche dans le laboratoire, et le profil disait de s’intégrer dans une équipe existante. »
Il y a aussi (pour les établissements dont le statut n’impose pas la qualification aux candidats) les gens qui candidatent à un niveau inadapté, du style sur un poste équivalent de PR1 alors qu’ils sortent de leur thèse.
Ce qui est plus significatif, c’est le temps passé sur les dossiers qui passent la phase initiale de rejet des clairement hors sujet.
13 avril 2013 à 11:40
Marianne
@Rachel : chez nous quand on connait la liste des auditionnées on fait une réunion et le labo donnera son avis dont le CS fera ce qu’il voudra…
Etant un humble rang B je pensais que je n’avais rien a dire sur un recrutement de rang A mais je me suis faite pourrir parce que je n’étais pas allée donner moin avis aux membres locaux du CS. Les collègues m’ont reproché mon manque d’implication dans la vie du labo….Je ne sais pas si ça aura un grand poids (ben je pense pas) mais je suis censée dire ce que je pense puisque j’ai pu voir les exposés de chacun des candidats
13 avril 2013 à 11:44
Marianne
Par ailleurs en maths un candidat MCF fait une quarantaine de dossier la règle étant que dès qu’on voit un poste où on n’est pas totalement hors profil on candidate. Et les CS auditionnent parfois des gens légèrement hors profil car c’est des thèmes auquels ils n’ont pas pensé…De plus les profils sont super large : proba-stats, calcul scientifique-EDP, analyse….
13 avril 2013 à 11:48
Marianne
@Et sinon dans chaque gros labo de maths on a tous notre local qui a un bon dossier mais qui l’a dans l’os parce qu’il ne peut pas bouger….
A Paris 6 ils ont de temps en temps un 46-3 (ca ne rentre pas dans les stats de recrutement local) qui permet de caser ces gens là. Ca me parait une bonne idée mais toutes les facs n’acceptent pas cette solution..
15 avril 2013 à 14:36
Réformer les comités de sé...
[…] C’est l’époque des comités de sélection (chargés du recrutement des enseignants-chercheurs), alors on fait tourner le doodle à plein régime. Rappelons que le passage de V. Pécresse au MESR a engendré une considérable évolution de la composition des jurys de recrutement des EC. Maintenant, il a au moins la moitié de membres extérieurs dans les comités de sélection. Très paradoxalement, cette réforme du mode de recrutement va à l’encontre de l’autonomie des établissements. En effet, les membres de l’établissement ne sont plus majoritaires et peuvent se voir imposer un candidat par les membres externes (un comble !). J’imagine qu’un des buts était de lutter contre le fameux « localisme » (favoritisme local).(…) – Blog Gaïa universitas, 10/04/2013 […]
10 mai 2014 à 14:24
Benoît Régent-Kloeckner
Je passe par là alors je me permet de donner ici deux arguments qui me tiennent à coeur en faveur du non-recrutement local. Je précise car ça a son importance : je suis matheux, maris et père (par ordre… chronologique).
Le premier, c’est qu’en tant que vulgaire rang B je peux me permettre de donner mon avis comme ça me chante, et de refuser certaines responsabilités quand j’estime avoir pris ma part. Puisque mon passage prof ne dépend essentiellement pas de mes voisins de bureau, je me sens assez libre. Les disciplines de mon université qui recrutent plus en local ont, bizarrement, beaucoup plus tendance à assommer les rang B de responsabilités (notamment en enseignement), qui n’osent pas toujours refuser de peur de ne jamais passer PR.
Le deuxième argument, paradoxalement, est pour la situation familiale. En effet, ce qu’on observe souvent quand le recrutement local est autorisé, c’est qu’il est vite exclusif. Au lieu de ne pouvoir postuler que dans mon université, la règle du non-recrutement local me ferme une possibilité mais m’en ouvre quarante autres. Or, le conjoint ne fait pas forcément carrière sur place, il y a beaucoup de métiers qui peuvent amener à se déplacer (ingénieur ou… universitaire par exemple). Ma femme a obtenu un poste dans une autre ville que la mienne, je suis bien content d’avoir des opportunités potentielles là-bas, qui me seraient probablement fermées si le recrutement local était courant.