Il semble que la recherche et l’enseignement supérieur ne vont pas être exclus des mesures de rigueur du gouvernement. Les budgets de fonctionnement pourraient baisser de 7% en 2013. Par ailleurs, il n’est pas impossible qu’il y ait un gel partiel des recrutements, à hauteur de 2,5 % (comme tous les autres secteurs, hormis la justice, la police et l’éducation nationale). Du jamais vu depuis bien longtemps pour le secteur de l’ESR. Ceci dit, à ma connaissance, il n’y a rien de vraiment très précis selon les secteurs. Tout cela n’est peut-être que du ragot de café du commerce, mais peut-être aussi qu’on ne va pas rigoler en 2013. Pour plagier une phrase lue sur Cui-Cui, « Fioraso va annoncer une baisse du budget pour l’ESR en disant « bisous les chercheurs, on vous aime ! » » …
Plus récemment, je rapporte un bruit de couloir récurrent dans les laboratoires. Le nouveau gouvernement prévoirait de baisser les crédits de l’ANR et en compensation il octroierait une augmentation de crédits au CNRS (bref une sorte de transfert). Je me pose alors la question : pourquoi un transfert d’argent vers le CNRS et pourquoi pas vers les universités ? Elles me semblent beaucoup plus centrales dans le paysage et en auraient plus besoin. Cela me fait penser à une remarque d’un de mes commentateurs « la gauche avantage les EPST et la droite les Universités » (lire ici, une petite comparaison des perceptions des deux finalistes de la présidentielle sur le sujet). Cette affirmation reste pour moi un grand mystère mais pour l’heure, il semble qu’elle se vérifie.
Un transfert de crédits de l’ANR (guichet ouvert à tous) vers le CNRS n’est pas du tout à l’avantage des universités. Elles perdraient alors du potentiel de crédits. Certes les dotations des UMR (unités mixtes de recherche) pourraient augmenter mais je doute fort que les universités y retrouvent leurs billes. Rappelons au passage que les universités souffrent d’un faible niveau de financement, en comparaison avec leurs homologues des pays de l’OCDE.
Mais ne soyons pas surpris. Durant la campagne présidentielle, les universités n’ont pas été vraiment mises en avant. Par exemple, durant le grand discours programme du Bourget, les universités n’ont pas été citées. A ma connaissance, il n’y jamais eu d’éléments de programme qui ont été chiffrés à ce sujet, pas plus que des orientations ou priorité (tout cela sera discuté pendant les assises … Ah les assises, très pratique !).
Dans un entretien récent (lire ici), la G. Fioraso s’explique sur sa stratégie de financement des universités. Voici les points essentiels en ce qui concerne le budget des universités
- Elle se dit surprise des impasses laissées par ces prédécesseurs (crédits supplémentaires annoncés mais qui, selon elle, n’était que des redéploiements). Bref il y a moins d’argent qu’elle espérait en trouver.
- Environ un tiers des universités sont en déficit budgétaire, avec une tendance qui s’aggrave. Selon elle il n’y a pas eu de moyens d’accompagnement à « l’autonomie ». En outre la politique du gouvernement précédent a mis les gens en difficulté car il y avait trop de pression avec les projets du plan campus, puis ceux des investissements d’avenir, bref les universitaires n’ont pas eu le temps de se consacrer aux autres appels à projet pour trouver des sous. A titre d’exemple elle mentionne la chute du taux de réussite des projets français pour le dernier PCRDT (projets européens), la France est passé de 18 % de réussite à 11,4 % « Voilà encore un exemple de la baisse des moyens consécutive à la politique de nos prédécesseurs ! »[…] « On ne peut pas demander aux universitaires et aux chercheurs de tout faire en même temps. Ce ne sont pas des magiciens ».
- Pour trouver des solutions aux problèmes précédents, la ministre pense que les acteurs doivent être mieux accompagnés et qu’il faut mutualiser l’ingénierie de projet (universités et organismes, en précisant que les organismes sont plus habitués à faire ce travail).
- Enfin, elle en vient à notre sujet de départ : « Quant aux marges de manœuvres, elles sont bien maigres en période crise. Mais elles existent. Il va falloir redéployer effectivement les crédits de l’ANR vers les crédits récurrents des laboratoires. Il faut protéger nos laboratoires, en particulier dans la recherche fondamentale, et ne pas embêter les chercheurs en permanence par des courses permanentes aux crédits. Ce n’est pas à l’ANR de définir une stratégie, c’est aux organismes de recherche. L’ANR doit être une agence de moyens, pas de programmation à la place des autres, un outil commun ». Le redéploiement sans crédits supplémentaires, c’est exactement ce qu’elle contestait du gouvernement précédent …
J’ai bien peur que les universités vont devoir se serrer (encore un peu plus) la ceinture …
53 commentaires
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12 septembre 2012 à 19:10
PR27
Sur le point « Environ un tiers…. » , l’argument consiste t-il a dire qu’en supprimant les appels à projets nationaux, les gens devront de gré ou de force monter plus de projets européens ? J’ai l’impression qu’elle le voit comme ça.
Par ailleurs, si les crédits ANR sont dirigés vers les universités, celles-ci sont-elles contraintes à l’utiliser pour la recherche ? Cet argent ne risque t-il pas d’aller boucher un trou structurel dans le coût de l’enseignement et ralentir les gros regroupements de masters qui sont dans le tuyau ?
Enfin, sur la baisse du budget global de l’ESR, on peut le déplorer mais encore faudra t-il expliquer et assumer soit d’autres secteurs où on peut baisser le budget, ou avoir de nouvelles recettes, ou laisser filer le déficit.
Je veux dire par-là que l’argent des savants n’est pas ultra-sacré par la nature de leur activité…
12 septembre 2012 à 19:34
Francois Garçon
Bien vu! Le problème n’est pas tant que l’université va devoir se serrer la ceinture, mais que tout le monde va devoir le faire, et probablement pas d’un seul cran. Ca commence en ce moment avec l’hôpital, où, en terme de trésorerie, les fins de mois ne sont plus assurés. Regrettons en effet que ce monstre mort qu’est le CNRS bénéficie d’anabolisants quand les universités, seules, mériteraient d’être correctement traitées. Très drôle de voir Fioraso mugir contre le classement de Shanghai, le QS et tous ceux dont on ne parle pas mais qui disent la même chose, et qui s’acharne à maintenir sous perfusion des entités microscopiques (je ne parle pas du Caltech, mais de Polytechnique, le nôtre, pas de l’EPFL ou de l’ETHZ) qui ne représentent plus rien. Ah, nostalgie quand tu nous tiens… Pour les curieux, allez donc voir comment se présentent l’ENS et X dans le QS. C’est très très drôle.
12 septembre 2012 à 19:40
Sylvain
« Cet argent ne risque t-il pas d’aller boucher un trou structurel dans le coût de l’enseignement [?] » Cela rejoint une remarque (probablement infondée) qui m’est venue à la lecture de l’article : la recherche des universités ne se fait-elle pas de toute façon dans des UMR/EA/autres structures mixtes ? Si c’est le cas, financer le CNRS plutôt que les universités est une façon de s’assurer que l’argent part dans des activités de recherche et non d’enseignement (probablement un mauvais procès et une vision un peu dépassée du rôle des universités, mais bon…).
12 septembre 2012 à 20:10
Francois Garçon
@Sylvain: faudrait savoir ce que veut Madame la ministre. Faute de grives, la voilà se rabattant sur des mulots: la recherche française est mal évaluée au plan international pour la simple raison que les palmarès écartent le domaine où, selon elle, la France est reine: l’enseignement (j’en ris encore). Et la voilà qui surprend tout le monde en engraissant le CNRS qui ignore jusqu’à l’existence du mot « enseignement ». Ces choix, disons désordonnés et un peu confus, relèvent de la clinique. Mais n’importe quel chasseur vous le dira: pris dans la nasse, l’animal traqué réagit généralement de manière peu raisonnable.
12 septembre 2012 à 20:22
PR27
au delà des métaphores, où est exactement le problème ? Je connais pas mal d’UMR dans le domaine des STIC, où il y a entre 5% et 30% de personnels CNRS, le reste étant des EC d’universités ou d’école d’ingénieurs. Ces labos sont composés d’équipes généralement également mixtes C-EC. Les crédits CNRS servent à tout le monde dans ces labos. Je n’ai pas l’impression que ce type d’organisation pose un gros problème.
12 septembre 2012 à 21:03
Rachel
@Sylvain, @PR27, l’équivalent de l’argent du CNRS pourrait tout aussi bien arriver dans les labos par un autre tuyau (on remarque que dans nombre de pays ça fonctionne comme ça). Allez, donnons deux raisons majeures qui font qu’on devrait se questionner sur le système UMR (1) inégalité profonde dans les équipes de recherche en termes de missions ; inégalité ITA/IATOS (2) complexité administrative qui oblige à une double gestion = absurdité.
Mais le point que je voulais adresser n’est pas vraiment celui-là … le point est : pourquoi la ministre semble choisir de redéployer des crédits de l’ANR vers le CNRS plutôt que vers les universités ?
12 septembre 2012 à 22:01
étudiant inquiet
@Rachel, si l’État cherche à optimiser ses dépenses, il a plutôt intérêt à éviter de financer les milliers d’étudiants en L1 Droit ou Pycho. Rappelez-vous, l’université n’est qu’un parking social…
12 septembre 2012 à 22:06
étudiant inquiet
Quelle est « l’inégalité ITA/IATOS »? (je suppose une histoire de statuts).
12 septembre 2012 à 22:20
François
Dilemme organismes de recherche / universités.
Tout le monde n’est pas d’accord à gauche sur le fait que tout irait mieux si l’ensemble de la recherche publique française était mis sous la responsabilité des universités. Je cite Henri Audier (voir son blog sur Educpros):
» Je m’adresse à ceux d’entre vous qui pendant dix ans se sont opposé à la politique de la droite, dans les syndicats et associations, comme élus ou comme manifestants.
……….
Autre crainte : technocrates et « régionalistes » convergent souvent dans la volonté de minimiser le rôle des grands organismes de recherche. Grosso modo, des membres influents de ces courants seraient favorables à de grosses université régionales utilisant les organismes comme agences de moyens, mettant emplois et crédits à leur disposition. Soyons très clair, ne pas redonner leur place aux organismes, c’est s’inscrire dans le processus, enclenché par la droite, d’effacement de la recherche française (et par là même de son enseignement supérieur) dans tous les grands secteurs où le front de la science se situe au niveau international. «
12 septembre 2012 à 22:55
Rachel
Etudiant, ça serait plutôt en termes de promotions et surtout en termes de suivi de carrière et de formation
François, je ne comprends pas votre raisonnement. La recherche ne pourrait se faire que si elle est pilotée nationalement (et surtout pas par les universités) ? ça marche comment ailleurs ?
13 septembre 2012 à 06:14
Helios
ça fait 28 ans que les mesures de rigueur touchent l’université : c’est en effet en 1984 que le point d’indice de la fonction publique a atteint son maximum. Il n’a fait que baisser depuis (compte tenu de l’inflation), ayant perdu plus de 20% de sa valeur.
13 septembre 2012 à 07:14
Helios
@Francois Garçon
Je n’en ai rien à faire du classement de l’ENS dans le QS (je ne sais d’ailleurs pas ce que c’est le QS).
Ce que je sais c’est qu’en maths 28% des médailles Fields de ces 20 dernières années sont sorties de cette école, avec seulement une quarantaine de nouveaux élèves par an. Je ne vois pas où ailleurs on peut trouver une telle productivité.
13 septembre 2012 à 07:57
François
@ Rachel » François, je ne comprends pas votre raisonnement »
Ce n’est pas mon raisonnement, mais ce que dit Henri Audier (chercheur de gauche).
Il conteste la pertinence de la politique consistant à mettre100% de la recherche publique française dans les universités. Il me semble que ce point (sur lequel je n’ai aucune compétence personnelle) mérite un véritable débat, et ne peut être tranché par les invectives (certes brillantes) de François Garçon;
Quelle université serait capable de construire et faire fonctionner un LHC, un Tevatron, une Z machine ?
13 septembre 2012 à 08:38
Francois Garçon
@étudiant inquiet et à Hélios: la fac, parking social? Les Français médailles Fields, à Ulm, ils ont suivi quels cours exactement? Très exactement? N’ont-ils pas été tous se former sur le parking social? Enfin, ce qui m’intéresse c’est où, géographiquement, enseignent aujourd’hui les médaillés formés en France. L’URSS, jusqu’à son effondrement, était une formidable manufacture de mathématiciens. Et alors?
13 septembre 2012 à 08:50
Helios
@Francois Garçon
Je pense que la grande majorité des élèves des ENS se sont formés essentiellement dans des livres (tout est dedans). C’est comme ça que j’ai fait personnellement, les cours n’ont eu aucune importance (sauf le dernier avant la thèse). Quant à l’ex-URSS, la Russie lui a succédé, le seul pays qui nous dépasse (1/3 des médailles Fields de ces 20 dernières années).
Quant aux médaillés Fields français ils enseignent (ou pas) quasiment tous en France.
13 septembre 2012 à 09:23
Rachel
Ah pardon François, j’avais mal lu. Précisons qu’Henri Audier n’est plus chercheur mais retraité (du CNRS). Je pense que je vais tenter de faire un billet sur le sujet, en mettant en regard deux points de vue, par exemple celui d’Henri Audier et celui de la récente tribune dont le lien est dans le billet « éloge de la simplicité ».
Ceci dit, il est très évident qu’une strate à échelle nationale est indispensable, par exemple pour les très grands instruments qui sont trop couteux pour une seule structure.
13 septembre 2012 à 10:33
Astronaute en transit
Il parait que la « rigueur » a touché l’université française en l’année ô combien symbolique de 1984… très pratique puisque désormais l’URSS doit servir de modèle à la France en matière universitaire. (déjà que l’on édifie des universités-kombinats toujours plus invraisemblables dans le vain espoir de faire un bon classement!)
Les mêmes gouvernants (du même parti, s’entend) qui ont tiré profit de tous les mouvements de grève et de blocage des réformes de structures universitaires françaises depuis une génération se voit confrontés au problème aujourd’hui que ces structures universitaires sont chères, sous-performantes en de nombreux domaines, et que les deniers publics doivent être rationnés (mais on a sanctuarisé les fiefs de Mme Taubira, de M. Valls et de M. Peillon, ce sont tous les autres qui doivent raquer).
On a aussi droit à l’antienne que « les moyens n’ont pas accompagné l’autonomie », exactement identique à celui des collectivités locales (dirigées par on-sait-qui) rouspétant que l’État, en se décentralisant, leur a donné des responsabilités mais pas de moyens. Comme leurs élus ne savent pas gouverner autrement qu’en gaspillant leurs ressources en clientélisme, ils s’étonnent de ne pas boucler leurs budgets.
En matière universitaire, ce n’est guère différent; les intéressés, depuis longtemps, refusent d’assumer leurs responsabilités, de s’adapter aux évolutions de contextes et de missions: vient le moment où les contraintes (en l’occurrence le tour de vis budgétaire) leur sont imposées… le plus étonnant est bien qu’ils s’étonnent de ce qui leur arrive!
13 septembre 2012 à 18:19
Sirius
Je soutiens Rachel dans sa position : priorité aux universités sur les grands organismes.
François Garçon dit le contraire des sources qu’il cite. D’abord l’X ne relève pas du budget de madame Fiorasso. Mais surtout le classement « QS » place l’X et l’ENS largement devant toutes les universités françaises. En quoi déméritent-elles ? Etre petites et efficaces est-il un défaut ?
13 septembre 2012 à 22:03
Toto Totoro (@TotoroInParis)
Ipso facto, toute la recherche est en UMR, et seule l’innovation issue de la recherche et éventuellement les résultats académiques intéressent la ministre.
L’objectif de la fac sera juste d’augmenter le taux de réussite en licence, et cela devrait marcher aussi bien que l’augmentation du taux de réussite au bac de Chevènement. Pas besoin de sous en plus, juste de nouveaux ATER « boostés » en encadrement.
Plus cyniquement, il est probable que le ministère souhaite une augmentation modérée des droits d’inscription pour combler les trous…
13 septembre 2012 à 22:14
Rachel
Louis Vogel, dans Les Echos, 11sept: « la grande question pour les universités, aujourd’hui, est celle des moyens financiers -d’abord pour finir l’année 2012, ensuite pour 2013. Autrement dit, comment tenir jusqu’en décembre, et après ? Nous avons eu plusieurs échanges avec le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Les nouveaux responsables découvrent l’ampleur des impasses budgétaires. Tout cela fait peser de sérieuses inquiétudes sur les engagements de l’Etat à l’égard des universités. Vont-ils être tenus ?
Le président de la République a affiché à maintes reprises sa volonté de donner la priorité à l’éducation et à la jeunesse. Ce serait un très mauvais signal que les crédits des universités en 2013 soient en baisse -et que le budget de 2012 ne soit pas convenablement exécuté. Si l’Etat ne tient pas ses engagements, nous allons au-devant de sérieux problèmes pour le fonctionnement de nos établissements. Mais cela provoquera aussi une immense déception, qui risquerait de réduire les Assises à un simulacre pour amuser la communauté universitaire, sans aucune perspective ni crédibilité sur la volonté du gouvernement et du président de la République d’engager une politique ambitieuse pour l’enseignement supérieur et la recherche »
http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/innovation-competences/formation/0202257514219-louis-vogel-president-de-la-cpu-quatre-urgences-pour-les-universites-360688.php
14 septembre 2012 à 00:29
Chercheur CNRS
Le CNRS est un organisme centralisé et il est (un petit peu) moins difficile d’y magouiller de façon éhontée tout simplement car il est plus difficile d’organiser des lobby à l’échelle nationale. Par ailleurs, il faut se rappeler que les grands organismes ont été crées pour pallier les défauts des universités et ont souvent été crées et/ou dirigé par des gens de gauche (voire des communistes).
Par ailleurs, il me parait logique que de l’argent prévu pour de la recherche (ANR) aille vers un organisme chargé de faire de la recherche plutôt que vers des entités chargées de faire de la recherche et surtout de l’enseignement.
Enfin, c’est bien beau de taper sur le CNRS (j’ai lu « monstre mort ») mais, et sans top vouloir défendre ma paroisse, si cet organisme était vraiment mort (et tous ses chercheurs avec), la recherche française ne serait pas belle à voir.
14 septembre 2012 à 00:30
Chercheur CNRS
erratum (acte manqué): moins à remplacer par plus dans la première phrase
14 septembre 2012 à 07:16
MCF27 (de Marseille)
On peut frémir à l’idée que ce soit les petits copains du président d’universités qui s’occupent de cet argent initialement prévu pour l’ANR.
Venez faire un tour du côté d’Aix-Marseille, examinez déjà comment marchait la Fondation d’Aix-Marseille 2 pour avoir une petite idée de comment fonctionnent les réponses à appel à projet en « interne »… pas beau à voir mais ça n’est sans doute pas isolé. Les LabeX n’ont pas l’air de faire mieux non plus, avec une belle opacité dans la direction.
Je ne vois pas comment on peut soutenir avec un aveuglement quasi idéologique les universités si on ne s’assure pas un minimum de la qualité de leur gouvernance. Ou alors on crée des mini-états totalitaires tournés vers un seul but (Shangaï !!) et prêts à y parvenir par n’importe quel moyen (réduction drastique des thèmes de recherche prioritaires).
14 septembre 2012 à 07:49
PR27
@MCF27 : Marseille n’est pas un cas isolé concernant ces pratiques. Le transfert de l’ANR vers des appels à projets locaux me préoccupe également…
14 septembre 2012 à 08:21
Gueux
Mon université a érigé le copinage en mode de gouvernance assumé. L’ANR, au moins dans les secteurs qui me concernent, fait de même. Je ne vois pas ce que les « hors-réseaux » ont a perdre dans un transfert ANR -> universités. Ils y ont même un peu à gagner, si une partie de l’argent est « détourné » pour financer les dépenses courantes.
14 septembre 2012 à 10:05
MCF27 (de Marseille)
@ Gueux: dans quels secteurs êtes vous ? Je ne me fais pas forcément d’illusion sur l’ANR – même si j’ai eu une bonne surprise cette année, sans connaître personne dans les comités – mais j’ai tendance à penser que le degré de copinage est un peu plus dilué, du moins pour mon domaine (Informatique).
14 septembre 2012 à 10:20
Petit Cerveau
Bon, je ne suis pas forcement d’accord avec les posts ci dessus, mais je trouve qu’ils ont une certaine logique… Je prefere quand meme une formulation alternative, en essayant de prendre le point de vue d’un gouvernement:
1) Les universites, qui ont ete un peu mises en concurrence, ont chacune des frais de publicite, representation, etc…. dans lesquels il est plus facile de couper;
2) Les salaires sont payes par le gouvernement, et les autres couts importants d’enseignements sont souvent des couts fixes qui sont couverts au moment de l’aquisition;
3) Les universites sont des entites eclatees, qui reagissent dans leur gestion de facon heterogene et parfois incontrolable aux variations de credits. Elles sont moins bien controlees par le gouvernement que les organismes de recherche.
4) Les universites sont des acteurs faciles a diviser, les plaintes d’une universite etant facile a contrebalancer mediatiquement par l’atitude d’un president plus favorable au gouvernement;
5) Beaucoup au ministere sont obnubiles par les classements, et il est plus logique de favoriser les chercheurs du CNRS qui sont plus succeptible de nous rapporter des points.
(Je precise que ce n’est pas mon point de vue)
14 septembre 2012 à 14:23
Rachel
Je ne voudrais pas donner l’impression d’alimenter le débat du « tous pourris », mais ça n’existe pas le copinage au CNRS ? Pourtant il me semble que nombre de décisions sont prises de façon pas toujours très tranparentes en ce qui concerne le soutien des UMR (dotation, décision de mettre ou non un poste ITA, décision sur les grands instruments ou de soutien à des expérimentations, etc …). Il est bien connu qu’il faut soigner ses relations avec le CNRS quand on est UMR et qu’on a une cause à défendre et qu’on va quémander dans les salons de la rue Michel Ange.
Précisons en outre que les présidents des universités (avec leur équipe de direction) sont élus. Il ne me semble pas que ça soit le cas au CNRS (président du CNRS, directeurs d’instituts et leur DAS).
14 septembre 2012 à 14:56
chercheur CNRS
Je ne vois pas bien en quoi le fait d’être élu empêcherait d’une quelconque manière le copinage et le clientélisme. Au contraire…
Je ne dit pas qu’il n’y a rien de tout cela au CNRS mais simplement que d’après ce que je vois il y a un peu moins de magouille quand c’est national que quand c’est local.
Je ne dis pas que c’est normal et je trouve dommage que l’on doive, en France, tout centraliser pour éviter les débordements mais quand les acteurs locaux sont irresponsables il faut leur retirer du pouvoir.
14 septembre 2012 à 15:27
PR27
Un pb récurrent dans l’option locale est d’aller dans des réunions avec normalement 1 seule casquette mais, de fait, 3 casquettes. Dans combien de réunions où sont prises des décisions, les personnes élues « dans leur circonscription » se trouvent t-elles très visiblement défendre l’intérêt « de leur circonscription »… C’est bien normal, l’université n’est en cela en rien pire que les autres milieux professionels, et même sûrement meilleure. Néanmoins, un peu de distance est souvent salutaire. Les casquettes multiples ont aussi des avantages en termes de stratégie et de bonne connaissances des dossiers, j’en conviens…
14 septembre 2012 à 16:26
Spirit of Bouasse
@chercheur CNRS
« Je ne dit pas qu’il n’y a rien de tout cela au CNRS mais simplement que d’après ce que je vois il y a un peu moins de magouille quand c’est national que quand c’est local. »
Au niveau local il y a quand même le directeur d’UMR avec parfois au programme: légitimité douteuse, clientélisme assumé, népotisme discret, corporatisme débridé, etc.. Le tout avec la bienveillance des DAS et responsables d’instituts.
14 septembre 2012 à 18:32
étudiant inquiet
@Spirit, PR27, chercheur CNRS, que faudrait-il faire pour limiter ce clientélisme ? J’ai également lu d’autres chercheurs expliquer que le fouillis de l’ESR pouvait être salutaire, car il permettait de contourner certains obstacles administratifs. On se croirait dans une obscure administration soviétique des années 1980. L’organisation de l’université telle que vous la décrivez est vraiment désastreuse…
14 septembre 2012 à 18:47
Rachel
@Chercheur au CNRS, je pense que quand on élit quelqu’un, on a moins de risque de voir une gouvernance déviante qui favoriserait tel ou tel groupe de pression local.
Je voudrais aussi mentionner qu’il ne faudrait pas faire d’amalgames pour des disfonctionnements observés ici et là pour en tirer des généralités (comme quoi les présidents d’universités sont tous corrompus ou susceptibles de céder à des lobbies). Je pense que la grande majorité des présidents tentent de faire au mieux leur boulot, dans des conditions de pénurie honteuse. Souvent les équipes de direction ont des choix douloureux à prendre. Par exemple quand il n’y a un seul poste qui est réclamé par 3 laboratoires. Bien entendu au final ça fait des malheureux. Leur déception se transforme souvent en suspicions de favoritisme et monté au créneau pour faire savoir qu’il y a eu injustice. C’est difficile de faire des choix et impossible de consoler les perdants. Je pense surtout que les choix sont mieux acceptés quand ils redescendent « d’en haut », de toute façon c’est impensable d’aller engueuler son DAS alors qu’on peut le faire avec son président … ajoutons que le ressenti est certainement très différent en cas de conflit local car on connait les acteurs (ça nous touche de plus près). Mais franchement je doute qu’intrinsèquement un acteur local soit nécessairement plus malhonnête qu’un acteur national.
Ce qui me dérange un peu quand on parle du sujet, c’est que systématiquement revient le thème de l’universitaire localiste, magouilleur, clientéliste, népotiste, incompétent, bref on lui fait porter tous les maux de la terre … franchement j’ai du mal à comprendre. Certes le CNRS est tellement mieux (intègre, seul garant de la belle science, généreux, etc…). Le problème c’est que la grande majorité des universitaires que je connais ne ressemble pas à ça.
@Etudiant, ce n’est pas l’université qui est désastreuse, c’est la complexité du système qui est devenu absurde (pour ne pas dire débile). L’université se retrouve au carrefour de tout ça, en interaction avec toute une jungle de trucs et de pratiques différentes, à des guichets multiples à administration incompatible, bref c’est impossible à gérer et ça mécontente tout le monde.
14 septembre 2012 à 19:09
PR27
je ne voulais pas dire qu’un acteur local est plus malhonnête, mais qu’il se trouve plus souvent dans des situations inconfortables. Le local sait aussi qu’on va le croiser dans le couloir et qu’on lui dira « tiens au fait parait qu’on s’est fait jeter gnagnagna » et qu’il y intérêt à avoir un minimum de réponse, sinon la rumeur de magouilles va se répandre plus vite que des photos de closer. Et même, par. ex. quand on fait une expertise anonyme (aevc généralement un impact d’arbitrage financier derrière), je crois qu’on essaie malgré tout d’être juste, en cherchant un équilibre entre « le meilleur », « la rotation » et « la stratégie globale » de l’établissement.
Le problème viendra plus souvent de ce qu’on est pressé, ou pas le plus compétent pour le truc à faire.
Mais fréquenter les entreprises rassure sur la manière dont ça fonctionne dans les universités. Entre les grosses boites et les collectivités sont qui souvent aussi procédurières que les universités, caractère guindé en plus, et les start up où la langue de chêne commerciale se conjugue avec le « tout est bon pour gagner » et le détecteur de mensonge ou d’exagération sonne toutes les minutes, on n’a pas tant que ça à rougir…
14 septembre 2012 à 20:06
Petit Cerveau
Je crois que chercheur CNRS exagere dans son propos, mais il retranscrit un point de vue qui a ete longtemps celui du MESR: a defaut d’etre un nid de « corrompu magouilleur », l’universite est plus difficile a controler que le CNRS, parce qu’elle est plus ouverte, avec une plus grande multiplicite de statuts (PRAG, prof venant du prive en delegation, prof invite, etc…), un public bien plus large (le CNRS a priori n’a pas de public etudiants), des sources de financements potentiellement bien plus variees (financement des regions, des villes, entreprises local, auquel n’a pas necessairement acces le CNRS). C’est sans doute encore plus vrai qu’avant la LRU.
Donc, le pouvoir central peut avoir tendance a depouiller l’universite au profit du CNRS. C’est evidemment un choix qui a une composante politique forte, qui n’est pas uniquement prise sur la base de consideration scientifique, surtout si on pense a un transfert masque du national vers le regional.
Pour ce genre de raisons, beaucoup de gouvernements fonctionnent en decidant d’une enveloppe pour l’ESR, l’attribution aux differentes composantes etant decidee par une comission.
14 septembre 2012 à 23:16
PR27
On pourrait peut-être mieux dépenser s’il y avait moins de contraintes sur les périodes où telle ou telle somme d’argent peut être dépensée. Les budgets de projets ont leurs défauts, les budgets récurrents ont leur caractère annuel. J’ai constaté une utilisation assez peu rationnelle de l’argent, pour cette raison : il y a des sous, on va à 3 à une conf. exotique, il n’y a plus de sous , on ne même plus aller à Paris à la journée. Mais bien sûr, impossible de dire : 1 va à la conf, et on garde l’argent pour l’année prochaine. Qu’on n’aille pas me dire d’un ton paternaliste « ah mais c’est comme ça »….
Tel jour je fais acheter quelques ordinateurs dont je n’ai pas vraiment besoin, parce qu’il y a une fenêtre pour un financement extérieur sur ce type de matériel, et on ne sait pas de quoi demain sera fait. Peut-être ensuite pourrais-je échanger les factures de tel type d’achat contre les factures de tel autre type d’achat, avec une autre équipe de recherche.
Bref, tout cela n’est pas très rationnel et efficace.
15 septembre 2012 à 09:05
Chercheur CNRS
Attention, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit. Tout d’abord, je ne condamne pas du tout les personnes. Les enseignants chercheurs font ce qu’ils peuvent avec des charges administratives et d’enseignement délirantes souvent avec une énergie démesurée donc ce n’est pas mon propos de dire « gentils CR et DR agissant pour le bien commun » vs « méchant MCF et Pr ». Idem au sujet des présidents, la majorité font ce qu’ils peuvent et sont compétents mais j’ai quand même entendu certaines choses vraiment scandaleuses… Enfin, ces gens ont un pouvoir certainement plus important qu’un DAS.
Je dis simplement, en abondant dans le sens de PR27, que la structure locale de la fac fait que les conflits d’intérêt arrivent bcp plus vite et quasiment systématiquement. Que souvent, les personnes se connaissent et travaillent ensemble depuis 20/30 ans et que forcément cela crée des inimitiés, vengeances etc… (sur ce point, ça tourne vite au CNRS au niveau des DAS, des sections, et ça tourne au niveau national). Mais c’est bien la structure et le mode d’organisation qui créent les dysfonctionnements pas les personnes qui sont intrinsèquement magouilleuses.
Pour clarifier mon propos, je dis simplement que d’après ma petite expérience et ce que me raconte mes collègues, les choses sont un peu plus clean au cnrs qu’à la fac, c’est tout. Et j’ai dit « un peu ». Et c’est forcément mon expérience personnel, partielle, partial mais c’est le but d’un débat : partager ses expériences personnelles. De toute façon, on ne pourra jamais généraliser quoi que ce soit et faire des études quantitatives sur ce genre de sujet.
Au sujet de la démocratie universitaire, il y aurait bcp à dire sur le sujet mais je ne pense pas que le mode de scrutin actuel de la présidence garantisse d’une quelconque manière son bon fonctionnement.
Pour en revenir au sujet initial, il me parait logique que si le MESR veut dépouiller l’ANR, le fric revienne à un autre organisme pluridisciplinaire et faisant de la recherche et je ne vois guère que le CNRS.
15 septembre 2012 à 10:02
Rachel
@Chercheur CNRS, je pense moi aussi que le mode de scrutin des présidents d’université doit changer. Eventuellement qu’on reforme encore plus le mode de gouvernance. Mais je ne pense pas que le CNRS soit plus exemplaire ou plus clean. Etant dans une UMR, je peux observer des dysfonctionnements des deux côtés. Enfin, je ne comprends pas bien pourquoi un éventuel transfert de crédit de l’ANR devrait revenir au CNRS. Les universités font aussi une recherche pluridisciplinaire, avec un potentiel humain plus important que le CNRS.
15 septembre 2012 à 10:26
Astronaute en transit
Une question se pose face à la rigueur, qui est conditionnée par l’interprétation que l’on fera de la gravité de la situation financière: les décisions seront elles prises sur la base de choix de priorité (certains se verront accorder de meilleurs moyens que d’autres) ou un choix d’égalité (on rationne tout le monde pour que tous participent à un effort imposé par l’urgence de résultats).
À lire ci dessus, j’ai bien l’impression que c’est la première approche qui l’emporte, en posant le nouveau problème qui est de justifier la préférence de moyens donnés aux uns au détriment des autres. Ce débat là ne parait pas plus facile à trancher semble-t-il, surtout lorsqu’on en est à discuter qui des universités ou de la structure centralisée de recherche serait « la mieux gérée » ou « la plus démocratique ».
Il est intéressant que ce débat pour l’instant reflète les points de vue des membres de ces chapelles respectives, mais il serait curieux de voir ce qu’en penserait éventuellement le grand public, étranger à ces petits mondes? En avez vous une idée? le public aime-t-il l’université, ou aime-t-il le CNRS?
15 septembre 2012 à 11:00
PR23
Mon expérience passée de président d’une section du comité national (CoNRS) et actuelle de vice-président d’université me laissent penser que les conflits d’intérêt sont plus forts au niveau local qu’au national. Par simple effet de taille.
Il est bien plus facile de faire du lobbying dans un CS universitaire qu’au comité national où la répartition territoriale et statutaire (ec, chercheurs et ITA) rend cela assez improbable.
Les DS et DAS sont sur des sièges ejectables. En 4 ans de mandat au comité national j’ai vécu l’éviction brutale de Larroutourou puis celle de la directrice du département SHS. Cette instabilité chronique est d’ailleurs préjudiciable à la construction de politiques scientifiques durables.
Ce qui n’est pas le cas de ma responsabilité actuelle : j’ai quatre ans devant moi et des moyens plus efficaces pour développer cette politique.
Enfin Rachel, votre remarque sur les « salons » de Michel-Ange me fait sourire. Il n’y a au mieux que deux salons dans la résidence du président et ils servent aux dîners et déjeuners officiels. Et si vous les aviez vu avec leur mobilier écaillé, les peintures défraichies, la vaisselle dépareillée… vous choisiriez une autre image.
La préparation des Assises nous offre l’occasion de repenser les interactions EPST-universités. Et aussi de réfléchir sur l’utilité de ce nouveau « truc » les PRES. Ne les oublions pas dans les débats.
16 septembre 2012 à 09:56
Petit Cerveau
Sur l’integrite du CNRS, il ne faut peut etre pas en faire trop non plus. Il y a a an moins un cas ou la direction du CNRS a inverse un classement du CoCNRS dans une promotion DR 1ere classe (cf fin de la page),
http://www.liga.ens.fr/~deza/
Le CNRS a d’ailleurs ete condamne. Ce qui est aussi interessant est que la personne qui a beneficie de l’inversion du classement a eu une brillante carriere dans la haute administration scientifique, ce qui rappelle que le CNRS, une organisation hierarchique a caractere nationale et bien placee pour reperer les « bons elements », peut etre assez bien place pour fournir a l’Etat son contingent de membres de la haute administration scientifique.
Il est peut etre mieux place que l’universite maintenant, et dans le contexte des assises, un observateur plus neutre que le president de la CPU aurait pu dire qu’augmenter le budget du CNRS est assez malvenu politiquement, parce que ca presage que des arbitrages sur le role respectif du CNRS et des agences auraient pu etre pris. Ca serait peut etre surinterprete, car des depenses inutiles faites par certaines universites justifieraient de baisser leur budget, mais ca ne peut pas non plus etre ecarte dans la mesure ou il y a assez peu d’explication sur cette decision.
16 septembre 2012 à 12:13
Rachel
A lire, une contribution du CNRS aux assises de l’ESR. Je la trouve intéressante et constructive: http://www.assises-esr.fr/var/assises/storage/fckeditor/File/contributions/contribution_CNRS.pdf
16 septembre 2012 à 21:44
Les mesures de rigueur toucheront-elles les universités ? | Chronique des Droits de l'Homme | Scoop.it
[…] Il semble que la recherche et l’enseignement supérieur ne vont pas être exclus des mesures de rigueur du gouvernement. Les budgets de fonctionnement pourraient baisser de 7% en 2013. Par ailleurs, il n’est pas impossible qu’il y ait un gel partiel des recrutements, à hauteur de 2,5 % (comme tous les autres secteurs, hormis la justice, la police et l’éducation nationale). Du jamais vu depuis bien longtemps pour le secteur de l’ESR. Ceci dit, à ma connaissance, il n’y a rien de vraiment très précis selon les secteurs. Tout cela n’est peut-être que du ragot de café du commerce, mais peut-être aussi qu’on ne va pas rigoler en 2013. Pour plagier une phrase lue sur Cui-Cui, « Fioraso va annoncer une baisse du budget pour l’ESR en disant “bisous les chercheurs, on vous aime !” » … […]
17 septembre 2012 à 09:24
Francois Garçon
@Hélios: Je vous cite: « @Francois Garçon: Je pense que la grande majorité des élèves des ENS se sont formés essentiellement dans des livres (tout est dedans). C’est comme ça que j’ai fait personnellement, les cours n’ont eu aucune importance (sauf le dernier avant la thèse) ». Je vous remercie, vous m’apprenez qu’on peut supprimer tous les cours de mathématiques dans les facs et ailleurs du reste. Il suffira donc désormais de distribuer « des livres (tout est dedans) » (sic). Je ne suis pas matheux mais je m’interroge sur la réaction de vos confrères qui s’acharnent à vouloir transmettre leur discipline avec une craie devant un tableau noir. Mais peut-être que cette pédagogie a disparu.
17 septembre 2012 à 11:08
Jojo
Où comment, partant d’une discussion sur les matheux d’Ulm (une espèce tout de même un peu à part), on aboutit à une généralisation abusive sur l’ensemble des étudiants en mathématiques…
17 septembre 2012 à 11:15
Jojo
Navré pour l’accent mal venu…
18 septembre 2012 à 03:10
FBLR
La ministre a trouvé un moyen pour renflouer les comptes dégradés des universités: faire payer aux élèves de CPGE des droits d’inscriptions !
http://www.lemonde.fr/enseignement-superieur/article/2012/09/17/le-gouvernement-envisage-la-fin-de-la-gratuite-des-prepas_1761175_1473692.html
On dirait que les conseillers techniques de Fioraso sont au moins aussi nuls que ceux de Pécresse qui lui avaient conseillé de proposer la gratuité aux concours de Polytechnique et des ENS… Rappel: une très grande partie des élèves en prépa sont inscrits à l’université (pour pouvoir valider une année)
19 septembre 2012 à 13:59
PREPA64
@FBLR, Droits d’inscription en CPGE.
Une fois de plus le Monde se laisse aller à une diatribe anti-prépas, histoire de se donner à moindre frais une bonne conscience « anti-establishment »… Cet article révèle surtout le manque de professionnalisme du journaliste et la légèreté d’une rédaction naguère réputée pour avoir en son sein de vrais spécialistes du système scolaire et universitaire… Le ministère a démenti depuis, mais mollement : on est en pleine confusion !
Voici les faits. La quasi totalité des élèves de prépas sont par ailleurs inscrits à l’université. Ce qui a changé depuis 4-5 ans, c’est que désormais les classes prépas délivrent des ECTS (60 + 60) correspondant au niveau L1 et L2, l’université a perdu son « monopole de collation des grades universitaires ». Donc théoriquement rien n’oblige les étudiants à faire une double inscription, et les lycée de classes prépas n’ont plus l’obligation d’avoir une convention avec une université pour convenir des modalités d’équivalence ou de dispense comme autrefois pour obtenir une 1ère ou 2de année de DEUG…
De façon concrète, les profs de prépas insistent comme par le passé pour que les étudiants de prépas soient inscrits, et pas seulement dans la filière littéraire (khâgne), et les conventions entre lycées de prépas et université n’ont pas été dénoncées mais ont évolué. Les avantages d’une inscription à la fac sont réels pour tout le monde :
– une sécurité pour l’étudiant en cas d’abandon : c’est ce qui rassure les élèves moyens de tenter une prépa et donc permet d' »ouvrir » la prépa.
– possibilité d’accéder à certains services de la fac : la BU en particulier
– facilitation de la transition vers la fac, surtout pour les élèves de khâgne
– maintien de bonnes relations entre les équipes enseignantes
– possibilité de négocier, pour les khûbes, une année de L3 auprès de l’université (chez nous, c’est systématiquement accordé), et donc, de ne pas perdre une année.
Si des étudiants ne s’inscrivent pas à l’université, c’est à la marge, mais sans doute à H IV et Louis-le-Grand où peut-être certains ont la certitude d’aller en école d’ingé dans certaines filières…
Les calculs du Monde, comme quoi cette mesure « d’équité » rapporterait 9 millions d’euros sont donc totalement farfelus. Par ailleurs, si les étudiants acquittent un droit d’inscription dans leur lycée, cela mettra fin à la double inscription dans les universités, donc ce projet reviendrait en réalité à prendre cette somme dans les caisses des universités et à faire chuter le nombres d’inscrits en L1 et L2 !!! Pour rapprocher les prépas de l’université, il y a mieux !
Les allégations de cet article sont donc absurdes. D’après ce que j’ai cru comprendre, il s’agit d’imposer réglementairement la double-inscription en la rendant obligatoire, mais cela ne rapportera pas grand chose aux universités.
Plus grave, en allumant ce nouveau brûlot anti-prépas, le Monde escamote l’aspect le plus scandaleux de cet éventuel projet : imposer des droits d’inscriptions dans les BTS, alors que le public qui y est présent ne fait vraiment pas partie des CSP+…
19 septembre 2012 à 15:16
PR27
@Prepa64
J’ai lu mal à comprendre comment une politique tarifaire pourrait être définie en fonction de statistiques de CSP de fréquentation. A l’université, les pauvres sont dispensés de frais d’inscription, ne peut-on pas appliquer le même régime aux BTS ? Je ne discute pas ici du réglage du curseur de ce qu’est le « pauvre » (Boursier 0). Si les BTS sont plutôt plus pauvres que le gens de fac ou de prépa, on constatera plus de boursiers, et voilà…. Reste à faire en sorte qu’une caisse commune les manques à gagner des uns et des autres, mais ça cest une problème qu’on sait déjà résoudre.
19 septembre 2012 à 16:16
PREPA64
@PR 27. Ma remarque sur les CSP + ne visait pas à ouvrir un débat de fond : je suis d’accord avec vous, tout cela peut être géré, des outils existent déjà. C’était une remarque de forme sur la rhétorique de l’article du Monde qui insiste lourdement sur le recrutement social CSP + des étudiants de prépas (chiffres qu’il faudrait fortement à nuancer selon les filières, tout comme à l’université d’ailleurs…) pour présenter ce supposé projet de droit d’inscription comme une grande avancée en terme d’équité et, au passage, pointer du doigt un soi-disant privilège des étudiants de prépas (en trompe l’oeil, je crois l’avoir démontré) : ce serait finalement une sorte « niche fiscale » cachée bénéficiant aux CSP + que l’on s’apprêterait à supprimer et qui rapporterait 9 millions aux caisses du MESR. Pour arriver à ce chiffre, le journaliste a dû joindre aux effectifs des prépas les BTS qui, eux, (j’ai oublié de le préciser) ne pratiquent pas aujourd’hui de double inscription ! Là, pour le coup, ce serait une vraie recette nouvelle et non un simple transfert comme dans le cas des prépas. Curieusement le journaliste n’aborde pas la sociologie des BTS… Tel quel, c’est bien une dépense de 191 euros de plus pour les parents d’élèves de BTS x 2 ans.
Faut-il que les BTS payent des droits d’inscription au MEN alignés sur ceux des IUT ? Pourquoi pas, mais cela mériterait un vrai débat de fond et que celui-ci ne soit pas occulté par un, spécieux, sur le fait qu’il n’y a pas de droit d’inscription en prépas. Le ministre de l’Education n’a qu’à pondre une circulaire pour dire que la double inscription pour le prépa n’est pas seulement souhaitable mais obligatoire, et passons autre chose de plus sérieux.
Personne ne parle jamais de ces droits d’inscription des étudiants en prépas qui rapportent pas mal aux universités concernées, puisqu’en face il n’y a quasiment pas de frais pour ces étudiants qui sont ailleurs, et que ces inscriptions sur les listes ne sont pas inintéressantes en ces temps où il faut être en mesure d’afficher des effectifs décents. Je dis cela sans aucune acrimonie : c’est de bonne guerre et tant mieux pour les universités qui en ont bien besoin. C’est aussi pour cela que je suis très gêné par les ratios coût/étudiant qu’on lit ici où là : je ne suis pas sûr que les données ont été affinées…Il ne faut peut-être pas trop parler de ces questions aux instances, mais entre nous on peut…
Par ailleurs, cette petite mise au point oblige aussi à relativiser un argument que j’ai lu sur ce blog ou ailleurs qu’en cas de rapprochement prépas/universités cela amènerait mécaniquement une augmentation des budgets de celles-ci. Attention aux spéculations financières hasardeuses, surtout en cas de transfert ! La situation actuelle liée à la mise en place de l’autonomie financière des universités le démontre assez, je crois…
19 septembre 2012 à 16:51
PR27
@Prepa64 : je crois que nous sommes d’accord – je déplore aussi l’argument du Monde, ça vaut pareil que pour les BTS. C’est le genre d’argument justicier » est d’ailleurs souvent avancé par les partisans d’une forte augmentation des frais d’inscription en général et qui souhaitent flécher le prélèvement vers l’établissement d’accueil, plutôt que vers une caisse commune. Et quoique travaillant à l’université, je trouve aussi que les frais d’inscriptions des prépa en fac semblent être une manière assez bizarre de contribuer au financement de la fac. S’il y a besoin de répartir différemment les moyens entre les prépa et la fac, on devrait trouver un moyen dont la lettre correspond mieux à l’esprit.
19 septembre 2012 à 18:06
PREPA64
@PR27 Sur la répartition des moyens. Il est clair que si globalement les universités ont été pénalisées par une sous évaluation des frais engendrés par l’autonomie financière, sur ce point des droits d’inscription des prépas, c’est l’inverse. Cela a échappé aux inspecteurs des finances chargés de l’évaluation des charges de transfert et qui, d’un strict point de vue des règles comptables, n’est pas normal. Puisque c’est l’État qui a en charge les frais de la scolarité des prépas, et que celles-ci délivrent le diplôme, il aurait dû prendre cette recette… C’est ce à quoi je faisais allusion en disant qu’il ne faut pas trop l’évoquer en haut lieu, en cas de renégociation des charges de transfert liée à l’autonomie des universités…
Mais, personnellement, je préfère que ce soit notre faculté locale qui récolte cet argent, plutôt que l’État, véritable tonneau des Danaïdes. J’ai peur que cette recette soit affectée à autre chose : financer les cours de « morale républicaine » dans le secondaire par exemple… Nos étudiants ont des retombées directes de la part de l’Université : BU, mais aussi organisation conjointe de journées d’études, maintenant que le programme du concours des ENS porte sur des questions plus pointues en littérature, histoire etc. Il est clair que le lycée n’a aucun budget pour cela. Voilà un petit exemple de complémentarité prépas/université qui ira droit au cœur de Rachel, je suppose…
19 septembre 2012 à 18:45
Rachel
@PREPA64, oui ça me plait bien. Le plus simple serait bien évidemment d’intégrer les prépas dans les universités (avec les agrégés qui vont avec). Ça aurait le mérite, au minimum, de favoriser la mixité sociale et intellectuelle et ce n’est pas rien !). Ça serait une belle réforme de gauche.
Dans tous les cas, bienvenu sur Gaïa