Les universitaires sont des enseignants-chercheurs (E/C), c’est-à-dire qu’ils ont une mission double: celle d’enseigner, transmettre le savoir et former les futurs cadres de demain, mais aussi d’avoir une activité de recherche. Dans la définition première de l’université, celle-ci est le lieu privilégié où formation et recherche doivent être intimement liés: l’étudiant bénéficiant de la recherche pointue des ses enseignants pour recevoir un enseignement de qualité avec des savoirs mis à jour, et l’enseignant faisant avancer certains aspects de sa recherche en encadrant des étudiants en fin d’étude (anciennement 3e cycle, master aujourd’hui). Cela doit être une relation gagnant-gagnant. Les Unités de Formation et de Recherche (UFR) montrent d’ailleurs que théoriquement cette volonté de lier ces 2 aspects de l’activité d’un E/C existe, et a existé, bel et bien.
Dans l’université d’aujourd’hui force est de constater que les activités de formation et de recherche sont très éloignées l’une de l’autre. Les raisons de cet éloignement, voire séparation, sont nombreuses mais la principale est sans doute la professionnalisation des formations qui aboli tout enseignement orienté recherche sous prétexte qu’il n’est pas adapté au monde du travail et aux besoins de la majorité des entreprises et des industries. La concurrence et la pression exercée par les écoles d’ingénieurs dans le milieu scientifique favorisent grandement cette mutation. Que devient alors cette relation formation-recherche? Dans le premier cycle (Licence aujourd’hui), les enseignements sont, par nature, assez éloignés de la recherche. On y donne à l’étudiant les bases. Ensuite, étant donné la forte professionnalisation des formations du cycle suivant (Master Professionnel), qui est la dernière étape avant le monde du travail pour la plupart des étudiants, cet enseignement devient de facto aussi très éloigné des activités de recherche. Seuls quelques rares étudiants qui poursuivent leurs études dans le dernier cycle (Doctorat) ou qui auront choisi un Master Recherche en 2e année de master pourront alors s’initier à une activité de recherche et travailler en collaboration avec les enseignants-chercheurs. En ce qui concerne les Master Recherche, ils sont actuellement en sursis mais risquent à terme de disparaître, soit pour des raisons financières, soit tout simplement par manque d’étudiants!
Cette fracture formation-recherche vient aussi des enseignants-chercheurs eux-mêmes! Une de mes collègues me disait que la société actuelle impose aussi d’une part que la recherche doit être rentable, au même titre que n’importe quelle autre activité, et, d’autre part, quelle doit être « évaluable ». Cela pousse donc les enseignants-chercheurs à produire des articles scientifiques pour les publier dans les revues les plus prestigieuses et ainsi consacrer la majeure partie de leur temps à leurs activités de recherche pour proposer des IDEX et des LABEX, plutôt qu’à la formation. Surtout lorsque celle-ci est si éloignée de leur recherche qu’ils n’en retirent aucun intérêt autre que pédagogique! Ce comportement est de plus très compréhensible lorsque l’on sait que la promotion des E/C se base quasi-intégralement sur la « qualité » de leur dossier recherche. On reproche donc souvent aux universitaires d’être plus chercheurs qu’enseignants et cela est sans doute très vrai actuellement.
Depuis 2003, la visibilité et l’excellence des universités dans le monde sont répertoriées par des classements et l’un d’entre eux revient régulièrement: c’est le fameux classement de Shanghai qui liste les 500 meilleures universités mondiales. Même si la méthodologie de classement est souvent décriée et sans doute imparfaite, c’est en partie ce classement, très peu élogieux pour la France dans les premières éditions, qui a motivé, sans doute, et en partie, une restructuration et un regroupement des universités en PRES (Pôle de Recherche et d’Enseignement Supérieur) ou en universités plus imposantes (par fusion d’universités existantes). Je ne parlerai pas ici de l’efficacité ou non de telles mesures mais on discerne le paradoxe que je souhaite amener ici: pourquoi les universités françaises sont-elles si peu visibles alors même que leurs enseignants-chercheurs passent plus de temps à leurs recherches qu’à la formation?
Pour tenter d’apporter quelques éléments de réponse, il faut savoir que la force vive de la recherche dans la majorité des pays, et donc la France, est essentiellement constituée des étudiants en thèse (communément appelés thésards, ces fameux étudiants qui poursuivent leurs études dans le dernier cycle) sous la direction de leurs enseignants-chercheurs. L’équation est donc rapidement posée: si l’essentiel de l’effort de recherche repose sur les thésards, plus les thésards sont nombreux et plus on peut étudier de problèmes et donc potentiellement publier des résultats innovants. Malheureusement, il y a plusieurs freins à ce raisonnement simple en France (le problème touche bien d’autres pays dans le monde, souvent les pays développés d’ailleurs). Premièrement, un thésard doit être financé et le nombre de financements disponibles est très limité. D’ailleurs, une grande partie du temps de « recherche » d’un chercheur consiste à monter des projets ANR et à trouver des financements de thèse supplémentaires à ceux accordés par le ministère. Deuxièmement, il faut trouver la perle rare qui saura être autonome, sérieuse, innovante, parlant et écrivant l’anglais parfaitement,… C’est encore là que le bât blesse car il devient très difficile de trouver des étudiants motivés pour passer 3 ou 4 ans à faire de la recherche de haut niveau pour un salaire tout juste supérieur au SMIC, avec des débouchés assez aléatoires (d’où le risque des Master Recherche). A de très rares exceptions près, force est de constater que les meilleurs étudiants ne choisissent pas la recherche mais s’orientent vers l’entreprise. Il faut donc aller chercher ces bons étudiants encore motivés par des études scientifiques longues ailleurs qu’en France. Si on constate une hégémonie des universités nord-américaines dans les classements internationaux (l’édition 2011 du classement de Shanghai liste encore 17 universités américaines dans le top 20!), c’est aussi parce qu’elles ont su et pu attirer toute la crème des étudiants étrangers (indiens, sud-coréen, chinois, vietnamiens,…), et cela depuis plus de 50 ans! Les raisons de l’attractivité de ces universités nord-américaines sont nombreuses et il serait impossible de les résumer ici en quelques phrases tant les facteurs sont imbriqués. On peut néanmoins dire que les universités américaines, par exemple, bénéficient d’une part, d’une attractivité du pays lui-même (l’eldorado américain) mais aussi, d’autre part, d’un système d’enseignement supérieur très sélectif et donc très attractif pour les meilleurs! La France dans ces domaines n’a pas l’attractivité suffisante pour attirer les meilleurs étudiants étrangers. Est-ce en soi un problème? Pas tant que cela mais à la condition d’arriver à convaincre nos bons étudiants à poursuivre en thèse. Sur terrain, devant le faible nombre d’étudiants formés dans une université française et intéressés par une poursuite en thèse, on ne recrute pas toujours les meilleurs éléments…
Le système français utilise exclusivement la thèse comme outils de la recherche. Conjuguée à un manque de financement et à une pénurie d’étudiants motivés cette configuration n’est pas (plus?) optimale. Lorsque l’on regarde d’autres systèmes d’enseignement supérieur, on constate que dans certains pays (dont les pays nord-américains) tous les étudiants sont associés beaucoup plus tôt aux activités des laboratoires. Par exemple, en master (graduate level), ces étudiants travaillent dès leur première année sur un projet de recherche qui se poursuit sur les 2 années du master. Ils doivent être présent au laboratoire pour faire avancer leur projet et participent au même titre que les étudiants en thèse aux réunions d’équipes. Ils sont encadrés par les enseignants-chercheurs et les thésards et doivent présenter régulièrement leur état d’avancement avec pour objectif premier de finaliser une étude avec écriture d’articles. Dans la discipline informatique que je connais mieux, beaucoup d’articles présentés dans les conférences ou revues internationaux sont basés sur les travaux et/ou développements desdits étudiants de master et qu’ils sont nombreux à être co-auteurs de ces articles. Ces étudiants, lorsqu’ils souhaitent ensuite poursuivre en thèse ont déjà une bonne longueur d’avance sur la maîtrise du sujet de recherche et commencent ainsi leur thèse avec déjà des publications, ce qui est rarement le cas en France. L’intérêt d’un tel système formation-recherche est qu’il permet aux laboratoires de recherche de bénéficier de l’apport des bons étudiants avant qu’ils ne partent définitivement dans l’entreprise pour le reste de leur carrière. Comme ce rapprochement étudiant-laboratoire se fait sur la durée et est obligatoire dans le cursus, c’est le seul moment où la ressource étudiante est financièrement accessible, en masse et sans risque pour l’étudiant, leur stage long de fin de master pouvant s’effectuer en entreprise!
Vous aurez compris que dans ces systèmes que je viens de décrire la relation formation-recherche est beaucoup plus forte qu’elle ne l’est dans le système français. Dans le système français, les laboratoires ne « voient » les étudiants que pour une durée très courte, 2 ou 3 mois pendant un TER (Travaux d’Etude et de Recherche) ou un PFE (Projet de Fin d’Etude). Sur une durée si courte, il est très difficile de construire quelque chose d’exploitable et de publiable. L’université française a très certainement beaucoup de bons étudiants, tout comme d’autres pays, il s’agit de les accompagner, de les rapprocher de la recherche et finalement de les motiver par un projet à long terme. C’est un système où tout le monde peut ressortir gagnant car une formation, même à vocation professionnelle, avec une part plus forte de recherche est souvent synonyme d’autonomie et d’esprit d’innovation, qui seront plus tard des plus dans l’entreprise. Certains collègues m’ont rapporté d’excellentes expériences de TER/master avec des étudiants qu’ils prennent le temps de former car « il est plus rentable de passer son temps à enseigner ses compétences que de chercher » la « perle rare ». Un collègue de Brest me disait « Ce qui marche c’est former les gens et leur donner du plaisir à apprendre et travailler » et me rapporter son expérience avec un étudiant de L2 informatique: « Il reste que cela s’est très bien passé, il a appris plein de choses sur les outils de développements, Cuda, et Smalltalk. Je crois qu’il est très content et parlait de revenir bosser sur les capteurs, il parlait aussi de thèse. Je suis sûr que ce sera un bon ambassadeur pour les étudiants: oui, c’est possible de bosser avec les profs. ». Je rajouterai, « Oui, c’est possible de travailler avec des étudiants avant la thèse » mais encore faut-il que le système favorise et rende possibles de tels échanges. Trouvons des solutions pour renouer formation et recherche et nous pourrons sans doute du même coup changer la manière dont étudiants et enseignants se perçoivent l’un l’autre pour faire de l’université un véritable lieu d’échange de savoir et de compétences.
C. Pham
Les avis et propos exprimés ici n’engagent que leur auteur et non l’UPPA
31 commentaires
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8 février 2012 à 08:00
Rachel
Merci pour ce billet très intéressant. C’est bien évidemment un tout un travail de fond qu’il faut mener pour renouer la formation et la recherche (ou peut-être tout simplement pour sauver les formations universitaires en science). Mais il y a pas mal d’obstacles à franchir pour y parvenir. Un des points importants, qui a souvent été discuté sur Gaïa, est que pour l’évaluation des EC (donc pour les promotions, les primes, les concours PR), l’enseignement est considéré comme une valeur « inférieure » à celle de la recherche. Comment faire pour faire évoluer ce déséquilibre ?
8 février 2012 à 08:16
DM
Raisons pour le manque de visibilité des universités françaises, pêle-mêle:
* Changements réguliers de noms et de structuration, produisant souvent des acronymes à rallonge illisibles. L’université de sciences de Grenoble a changé n fois de nom en 30 ans; Stanford n’a pas changé de nom en 100 ans, il me semble. Les PRES ne vont pas aider.
* Fonctionnement confus: des gens du CNRS (ou autres EPST) travaillent au sein des laboratoires universitaires, et au final tout le monde signe au nom du laboratoire, lequel en plus a tendance à souvent changer de nom ou de sigle.
* Procédures incompréhensibles pour les étrangers : par exemple, absence de page claire et en anglais expliquant comme s’inscrire en thèse. Nullité des sites officiels, souvent d’ailleurs uniquement en français. De ce point de vue, la loi Toubon est un désastre.
8 février 2012 à 10:29
Shoods
Je suis actuellement en L3 de Psychologie, et nous avons un TER (Travail d’étude et de recherche) à effectuer.
C’était la chose que j’attendais le plus pendant ces trois années de licence, enfin un vrai travail de recherche ! Mais la réalité est bien moins reluisante. Nous avons que 2h de TD par semaine pour le TER, nous sommes obligés de faire une revue de littérature en 2 semaines (soit le temps de lire 3-4 articles) et puis il faut formuler une hypothèse en 2h. On est à la quatrième semaine de cours sur 12 (oui nous n’avons que 12 semaines de cours par semestre), notre hypothèse n’est toujours pas posée. Il faudra encore faire le recueil de donné et le traitement statistique.
Au final, au lieu de faire une recherche intéressante, même si forcement peu innovante, on va probablement se contenter de reproduire des expériences dont on connaît déjà le résultat par cœur et n’ayant donc que peu d’intérêt.
Depuis la première année, on nous explique qu’il y a très, _très_ peu de place en master recherche et on nous décourage de faire de la recherche au profit des formations professionnelles. Du coup, même si on est nombreux à aimer la recherche, beaucoup (dont moi) ne vont probablement même pas tenter de rentrer dans le M2 recherche. Même les meilleurs d’entre nous ne sont pas encouragés à faire de la recherche.
A cela s’ajoute des mesures comme la compensation des semestres. Cette mesure permet à certains élèves, franchement incompétents, de passer aux années supérieures. Quand je vois certains qui ne savent pas, en troisième année, comment établir une hypothèse interactive ou ce qu’est une ANOVA, parce qu’ils ont pu compenser leurs notes grâce à de l’Allemand ou l’APE (accompagnement du projet de l’étudiant) j’ai envie de hurler.
D’ailleurs, pourquoi l’APE, qui est censé nous aider à nous orienter, est-il noté ? En plus, noté avec un coefficient presque aussi grand que nos matières principales ! Comment accepter qu’une matière où on apprend à faire un CV (ce qui est potentiellement intéressant, je ne suis pas contre cette matière) puisse rattraper une note en Statistique ou en Neuroanatomie ?
Depuis que je suis au lycée, j’entends partout (dans les journaux, à la télévision, chez nos professeurs de lycée et chez certains professeurs à l’université) qu’on ne trouvera pas de métier en allant à l’université, qu’être chercheur est très dur, qu’on a aucune chance de réussir à trouver un financement, … comment voulez-vous que nous, étudiants, ayons envie de faire de la recherche ? Et pourtant, l’envie de me manque pas, j’aime la psychologie et je rêverai de passer ma vie dans un laboratoire mais comme beaucoup, par sécurité, je vais probablement m’orienter vers le master professionnel, pour être « sûr » d’avoir un métier plus tard. Sans parler du climat de crise économique qui en rajoute encore une couche.
Je sais pas trop où je voulais en venir, mon commentaire est une réaction à chaud à votre article. Votre blog me touche beaucoup, les thématiques de recherche qui m’intéressent tournent principalement autour de l’enseignement et de l’éducation.
8 février 2012 à 10:51
étudiant inquiet
Situation différente en Histoire. Les étudiants poursuivent en thèse car il n’y a pas de travail et le doctorat sert de « salle d’attente » pour les métiers de l’enseignement. Par contre, on peut commencer la recherche plus tôt, dès la L3 dans mon cas, puisqu’il n’y a pas besoin d’équipement.
@Shoods, étrange qu’on te bloque pour faire un Master recherche ; en Histoire, c’est l’inverse : les masters pro sont plutôt trustés, au contraire des M recherche.
Sinon, bien d’accord sur le scandale des compensations de notes, apparemment la situation a encore empiré depuis que j’ai eu ma licence.
8 février 2012 à 11:42
Rachel
Shoods, c’est un peu curieux qu’il n’y ait pas d’encouragement à intégrer des masters « recherche ». Peut-être la situation est très différente selon les disciplines. Chez nous (en physique), il y a très peu d’étudiants et les bons sont fortement encouragés vers un master à coloration recherche.
Un des points importants de votre commentaire est l’aspect orientation au lycée : on vous dit « qu’on ne trouvera pas de métier en allant à l’université ». Il est assez évident que ce type de communcation existe et elle fait des ravages. L’image de marque de l’université s’en trouve très dégradée. Si les enseignants du secondaire étaient formés au sein de l’université, en forte interaction avec les autres formations (au lieu d’être confinés dans des centres spécialisés), le monde serait peut-être différent.
8 février 2012 à 11:48
Gelth
Un modèle idéaliste (noniste ?) : arrêtez de mettre des primes et des promotions de toutes sortent qui ne servent qu’à écarter plus qu’à mettre en avant. Toucher au porte-monnaie n’est qu’une manière de forcer les gens dans une direction (oui, c’est sûr que ça marche un peu) mais sans le plaisir qui doit faire partie du job.
De la même manière que je demande aux étudiants de ne pas bosser seulement pour la note finale, je ne vois pas l’intérêt de bosser efficacement pour une carotte. Toute la difficulté est de leur donner du plaisir à travailler et leur faire admettre que leurs études vont bien au delà du diplôme. La solution de faire plus tôt, plus de travaux pratique orienté recherche me semble une bonne idée. George Charpak (prix nobel de physique) voulait déjà imiter les pays anglos-saxon sur ce principe (http://www.lamap.fr/?Page_Id=50 ). Cela ne semble pas étendre beaucoup en France. Peut-être est-ce dû à notre culture historique, plus tournée vers la pratique comme résultat d’études théoriques alors que nos voisins sont plus tournés vers la théorie comme généralisation de la pratique.
Bref une vison totalement différente de la recherche. Je ne pense pas que l’une soit mieux que l’autre. Ces visions sont plutôt complémentaires mais conduise aussi à voire l’enseignement différemment.
8 février 2012 à 12:18
PR34
Presque d’accord à 100% avec C. Pham. La phrase « On reproche donc souvent aux universitaires d’être plus chercheurs qu’enseignants et cela est sans doute très vrai actuellement » est exagérée alors qu’il y a 35 ou 40% de « non publiants » (je ne sais pas trop) dans les universités avec des critères pourtant assez amicaux (du moins pour les sciences exactes).
Pour le système américain, je ne sais pas si c’est général, mais il me semble qu’il y a une nette séparation entre le début des études supérieures dans des collèges universitaires, puis la poursuite en (équivalent) du cycle M dans des universités, avec une bonne intégration dans les labos dès le début, et avec des E.-C. qui ne sont pas harassés (ou terrassés) par des tâches annexes.
8 février 2012 à 12:57
PR27
ocazou :
la présentation du projet ESR de FHollande se fera le 5 mars, à l’occasion d’un voyage à Nancy. Le projet sur l’école « pré-bac » sera, lui, présenté demain soir.
8 février 2012 à 14:52
nathalie
Rachel, les enseignants du secondaire ont en grande majorité un cursus universitaire. J’ai du mal à croire qu’après 5 ans (voire plus s’il y a eu redoublement) l’année d’IUFM changeait radicalement leur vision de l’université.
La vision de Shoods est peut être un peu partiale : la psycho souffre de devoir gérer beaucoup de monde en licence et ne sélectionne guère avant l’entrée en M2. C’est peut être une discipline qui produit beaucoup de déçus ? En droit, médecine, voire en sciences, c’est très différent.
Et c’est vrai que c’est dur de devenir chercheur…
8 février 2012 à 15:44
PR27
bip bip. Juste pour info, le projet ESR de Holllande devrait être présenté le 5 mars prochain, lors d’une visite à Nancy. J’ai déjà posté ça ici mais j’ai l’impression que j’ai mal cliqué. Désolé pour le doublon sinon/effacez.
8 février 2012 à 16:13
Rachel
@Nathalie, c’est vrai que la grande majorité des futurs enseignants ont suivi un parcours universitaire, mais le plus souvent jusqu’en licence qui n’est pas spécialement le point fort de l’université. En conséquence leur vision de l’université peut ne pas être très positive. Pour la formation des enseignants, en écrivant mon commentaire précédent, j’avais en tête les deux années Bac+4 et 5, et j’ai oublié celles d’avant. Ceci dit, je trouve toujours assez surprenant que, malgré cette formation majoritairement universitaire, les bons élèves en terminale sont fortement orientés vers les filières qui justement sont hors université.
@PR27 et PR34, j’ai repêché vos commentaires tombés dans les indésirables …
8 février 2012 à 16:26
amigues
Assez d’accord avec les idées de Pham. Il faut associer plus en amont les étudiants à la recherche. Mais il faut aussi assouplir à l’aval. En France, on a une conception quasi sacerdotale de la recherche, vue comme un métier vraiment pas comme les autres. La preuve, les termes même de voie « professionnelle » et de voie « recherche », alors qu’être chercheur n’est jamais qu’exercer une certaine profession. Ce que j’en vois ailleurs est que l’on peut avoir des étudiants docteurs ou post-doc qui après quelques années dans un labo partent en entreprise pour faire ou pas de la R&D. Il y a aussi l’inverse où des étudiants partis tôt reprennent des études et finalement s’orientent vers une carrière exclusivement recherche et enseignement. Donc il faut assouplir le système dans les deux sens, avant thèse et après thèse.
N.B. Ce problème de mobilité dépasse largement la question rebattue du statut même si ce dernier n’arrange pas les choses bien sûr. Mais je reste persuadé que supprimer le statut créera surtout de la précarité dans le contexte corporatiste français et pas de meilleurs opportunités de mobilité.
8 février 2012 à 16:32
Rachel
@Gelth, il semble que la démarche de Georges Charpak (et d’autres) a influencé les programmes de collège et lycée, avec son lot de contestation car ce n’est pas trop dans notre mode de pensée pour l’enseignement. En France on fait plutôt d’abord la théorie puis ensuite les travaux pratiques pour conclure « ben vous voyez, la théorie que j’ai développée dans mon cours, ça marche ». Mais curieusement la démarche n’a pas vraiment percolé à l’université. Je trouve pourtant que ça serait le bon endroit pour le faire. Concrètement ça voudrait dire qu’on ferait les TP avant les cours et les TD. Etude d’un phénomène, constat élémentaire, formulation d’hypothèses, éventuel retour sur l’expérience pour tester ces hypothèses, etc …et à la fin formulation d’une « théorie ».
8 février 2012 à 17:45
PR27
D’accord avec amigues et la flexbilité des routes. Concrètement, ce que je vois fonctionner avec succès, ce sont des salles avec des postes de travail genre « salle pour masters », géographiquement tout proche/dans des labos (près des bureaux des EC, des salles de réunion, de la cafet etc…., des posters de conf dans le couloir. On fait bosser les jeunes dans ce type d’endroit, sur un sujet R&D où il y a à la fois de la science et une motivation économique/industrielle qu’ils peuvent saisir. Autrement dit, ils sont physiquement « dans le labo » (il faut qu’ils sentent cela, qu’on leur fait confiance mais qu’ils doivent être présents et bosser). On peut leur donner un bout de projet sans risque qui intéresse un industriel et qui a un bout de science à résoudre, comme ça ils pourront vendre ce travail quelle que soit leur perspective professionnelle. On s’arrange pour qu’au cours de leur travail, ils assistent à un séminaire qui passe par là, croisent des thésards au café, on peut justement faire une galette des rois pour que les gens se causent…. justement un prof invité étranger passera par là, et la mayonnaise prend, et ça n’engage pas les jeunes étudiants à ne faire que des choses théoriques.
8 février 2012 à 18:49
C. Pham
Merci pour tous ces retours. Pour répondre au premier post de Rachel, c’est bien un problème en France. Cependant, si l’encadrement d’étudiants permet ensuite de faire avancer un bout de recherche, alors on voit bien la synergie formation+recherche qui se crée. C’est en cela que le système de projet sur le long terme est bénéfique: l’enseignant peut bénéficier des apports des étudiants pré-thèse pour faire avancer certaines activités de recherche. Ensuite, si on regarde dans le système nord-américain, mais je crois qu’il y en a aussi ailleurs, les enseignants émérites peuvent obtenir des titres du genre « outstanding young teacher » ou bien « outstanding teacher » tout simplement, qui est bien valorisé pour pas mal de chose dans leur carrière. Bon, en France cela poserait le problème de l’évaluation des enseignements qui n’est pas simple…
8 février 2012 à 20:03
Rachel
@PR27, vous nous revendez là les projets de fin d’étude (PFE) des écoles d’ingénieurs, n’est-ce pas ?
@Congduc, est-ce que vous avez tenté de faire une estimation du taux d’encadrement qu’il faudrait pour ce type d’activité ? par exemple admettons que l’on supprime 100 h de cours/TD/TP (heures étudiant) pour les remplacer par un projet de labo de développement ou petits travaux de recherche ? Combien un EC encadrant mettra sur sa fiche de service ?
8 février 2012 à 20:26
PR27
@Rachel : je n’avais pas pensé à ça spécialement, mais quand on sent qu’un étudiant a du potentiel, ça faut le coup d’investir dans une galette des rois en toute saison, même en achetant hors marché. Je ne dis pas que le sujet doit être piloté par une boite, juste qu’il faut que l’étudiant soit capable de dire des bricoles sur l’intérêt de son travail pour des produits ou futurs produits/services. L’idée était plutôt de faire passer dans les promos l’idée que le labo, c’est cool (c’est à la fois savant, performant et sympa). Je sais bien que la pratique est autre : galère pour avoir une clé, milliers de paperasses à remplir,….
8 février 2012 à 20:43
Marianne
Nous dans notre fac on a un truc qui s’appelle les stages d’excellence (c’est la saison). Le principe c’est que lorsqu’on a bien réussi son L1 ou L2 (environ 16 de moyenne) on a la possibilité de faire un stage de recherche rémunéré. Bien sur faut adapter. J’imagine qu’en physique le gamin fera quelque manips. En maths, j’ai un collegue qui a encadre un truc de ce genre. Il a bosse avec une etudiante sur un sujet applique qu’il lui a fait modeliser mathematiquement de maniere tres simple et l’étudiante a obtenu de petits resultats. Pas mal non?
8 février 2012 à 21:14
C. Pham
Ce type de projet ne fonctionnera que s’il y a vraiment motivation de la part des EC. Mettons nous sur notre service le nombre d’heure que prend l’encadrement d’un thésard? Ici, ce serait un peu la même chose. Le temps de projet est encadré de la même manière, c’est à dire avec des rdv réguliers mais ce n’est pas un cours, ni même des TDs ou des TPs. Le message sous-jacent à mon texte est qu’il faut considérer ces étudiants pré-thèse comme une source loin d’être négligeable de chercheurs en herbe, et que l’on peut donc aussi obtenir d’eux des réalisations très pertinentes. Combien d’entre nous ont souvent lu des articles de synthèse en se disant, ouah, cela a dû demander un travail énorme d’implémentation et de tests. Derrière ces articles, il y a très souvent du travail de plusieurs étudiants de masters mis ensemble. C’est quelque chose que je vois à chaque fois que je passe du temps dans les laboratoires étrangers, les labos sont plein d’étudiants de master qui, lorsqu’on leur donne de l’autonomie et de la responsabilité avec une dose d’encadrement, sont très capables. Autre message important du texte proposé, c’est à ce moment là qu’on peut côtoyer les meilleurs étudiants… en France!
8 février 2012 à 22:13
DM
@Marianne: Z’êtes à l’UJF?
@Shoods: Les TER à Grenoble en informatique me semblent un excellent système — mais cela demande de gros créneaux horaires (un après-midi par semaine pendant plusieurs mois, voire ça plus une période temps plein), plus de la disponibilité d'(enseignants-)chercheurs. L’expérience montrent que certains reviennent en M2R puis en thèse.
8 février 2012 à 22:49
Rachel
@Congduc, j’aime votre démarche, je la crois une des possibilités pour renouer le dialogue entre enseignement et recherche. Il n’y affectivement pas beaucoup d’étudiants de master dans les labo, sauf bien entendu pendant leur période de stage. Je poursuis en examinant les difficultés :
– Si je comprends bien, ça serait fait plutôt sur la base du volontariat des EC, et sans valorisation immédiate surle service (un éventuel retour sur investissement si on récupère un bon étudiant en thèse). Dans une époque où justement on veut tout quantifier sur un référentiel des taches de service (une sorte de fiche de temprs), ça risque de coincer un peu sur ce volet. Coté étudiant, je n’arrive pas bien à comprendre si ça serait inclut dans la maquette du master ou bien si cela serait une activité supplémentaire, pour ceux qui veulent ?
– il y a le problème de l’accueil des labos. Je rejoins tout à fait PR27 dans son commentaire de 17h45. Il est important qu’ils puissent sentir l’ambiance des labos, qu’ils voient que parfois c’est tendu mais que souvent on rigole bien (et puis surtout, que ça travaille !). Reste le problème des capacités d’accueil dans les labos, où on manque souvent de place. Si vote démarche devait se généraliser, je ne connais pas trop de labos qui pourraient avoir cette capacité d’accueil.
– la faisabilité est certainement différente d’une discipline à l’autre. Par exemple en informatique, ça sera peut-être plus facile qu’en chimie (et tous les problèmes de sécurité) ou en physique. Par exemple pour la physique, on utilise plutôt des moyens-gros instruments qui sont souvent fortement overbookés et qu’on aura du mal à laisser à des étudiants. On peut toutefois leur faire faire de l’exploitation de données, ce qui est bien moins amusant.
Chez nous, on voit de temps en temps des étudiants de licence qui viennent nous voir hors contexte de leur cursus et qui nous expliquent qu’ils s’emmerdent un peu en licence. Ce sont généralement de bons étudiants qui ne veulent pas faire ingénieur. Alors ils viennent demander un petit stage ou petit travail à faire, ils sont curieux et désoeuvrés. Généralement ces étudiants reviennent en master et ensuite on les prend en thèse.
8 février 2012 à 23:19
Rachel
Bon, personne n’est enthousiasmé par mon idée géniale de faire les TP avant le cours. Pas grave, je suis habituée. Quand je propose ça à mes collègues, ils me regardent tous comme si j’étais une extraterrestre …
Une autre idée serait de développer un peu plus le « reverse engineering » (rétroingénierie, où encore « ingénierie à la chinoise »). Pour résumer, on prend un objet et on le donne aux petits morveux, sans rien leur dire de plus (on prend n’importe quoi : une pale de ventilo, une canette de bière (vide !!), un smarphone cassé, le contenu d’une bouteille de shampooing …). Puis on attend qu’ils viennent nous voir et qu’ils commencent à nous expliquer ce qu’ils vont faire avec. Normalement ils devraient commencer à réfléchir à la fonction de l’objet, à sa couleur, à sa forme, sa consistance, et ensuite se poser la question mais pourquoi cette couleur ou cette forme? Ensuite ils tenteront de savoir comment ça a été fabriqué. Pour cela il faudra qu’ils étudient un peu l’objet, peut-être proposeront-ils des expériences pour en extraire certaines caractéristiques ? Peut-être trouveront-ils comment on peut le fabriquer ? ensuite on les fait travailler sur comment améliorer l’objet ou d’imaginer un autre objet pour remplir la même fonction (concept de l’innovation). Ca pose aussi tout un tas de questions importantes, comme la propriété industrielle, de veille technologique, de comment copier en contournant les brevets, …
8 février 2012 à 23:49
Petit cerveau
Chez les brittons, il y a souvent la possibilite pour les etudiants de licence de devenir research assistants. J’ai vu passer comme ca un candidat a poste de lecturer qui avait publie ses premiers papiers dans ce cadre.
9 février 2012 à 08:49
C. Pham
@Rachel. Oui, à mon avis seul une forte dose de volontariat peut faire fonctionner le système. Après, il peut y avoir comme pour les TER ou le suivi de stage une valorisation par un nombre d’heures symboliques. Mais encore une fois, se pose t-on autant de question pour l’encadrement d’un thésard? J’ai plutôt l’impression que tout le monde veut des thésards alors que le temps passé à les former est loin d’être négligeable. Pour moi, ce système doit être obligatoire, pas que pour ceux qui le veulent.
Du coup, vous avez raison, il y a des difficultés sur le terrain à surmonter. Accueillir tous les étudiants de master le même jour dans les labos n’est pas possible. Il faut forcément faire des roulements et fixer des jours de travail labo, le reste du temps étant en gestion libre. Dans tous les cas, si l’on ne dispose pas d’une salle où mettre les étudiants, cela me marchera pas. Ceux qui disposent de « salle thésards » auront la mise en oeuvre plus facile. Pour les autres, les salles de TPs peuvent servir (il faut bien agencer l’emploi du temps) ou alors…abattre des cloisons et faire une « salle thésards »!
Oui vous avez encore raison lorsque vous dites que cela dépend beaucoup de la discipline. Je crois que les solutions seront adhoc, en fonction de l’environnement existant et des ressources existantes et disponibles d’une institution à l’autre. Je pense qu’il faut essayer de tendre vers un autre mode de fonctionnement formation-recherche, ensuite il faut se mettre entre collègues tous autour d’une table et voir comment on peut organiser le cursus.
Sinon, pour le « reverse engineering », c’est une approche qui je crois a été aussi testé dans les classes primaires. Les retours que j’ai entendu était que oui cela pouvait être utile, mais c’est loin d’être généralisable à tout concept et surtout c’est très consommateur de temps. J’avoue ne l’utiliser qu’à très petite dose car bien souvent, on en revient à devoir « rectifier » le tir sans arrêt pour finalement leur dire « bon, voilà comment cela fonctionne en vrai ».
13 février 2012 à 10:57
recherche | Pearltrees
[…] Universités: re-nouer formation et recherche, ou comment re-motiver étudiants et enseignants(-cher… Les universitaires sont des enseignants-chercheurs (E/C), c’est-à-dire qu’ils ont une mission double: celle d’enseigner, transmettre le savoir et former les futurs cadres de demain, mais aussi d’avoir une activité de recherche. Dans la définition première de l’université, celle-ci est le lieu privilégié où formation et recherche doivent être intimement liés: l’étudiant bénéficiant de la recherche pointue des ses enseignants pour recevoir un enseignement de qualité avec des savoirs mis à jour, et l’enseignant faisant avancer certains aspects de sa recherche en encadrant des étudiants en fin d’étude (anciennement 3e cycle, master aujourd’hui). Cela doit être une relation gagnant-gagnant. Les Unités de Formation et de Recherche (UFR) montrent d’ailleurs que théoriquement cette volonté de lier ces 2 aspects de l’activité d’un E/C existe, et a existé, bel et bien. […]
14 février 2012 à 17:16
Dan- visseur qui se souvient
@ Rachel : Vous ditesUn des points importants de votre commentaire est l’aspect orientation au lycée : on vous dit “qu’on ne trouvera pas de métier en allant à l’université”. Il est assez évident que ce type de communcation existe et elle fait des ravages. L’image de marque de l’université s’en trouve très dégradée. Si les enseignants du secondaire étaient formés au sein de l’université, en forte interaction avec les autres formations (au lieu d’être confinés dans des centres spécialisés), le monde serait peut-être différent.
1 – cela ne veut rien dire « l’université » en soi. Le jour où l’on se décidera à parler discipline par discipline, on évitera ce gente d’affirmations. Mais il est vrai que les statistiques d’emploi du ministère ne sont pas très convaincantes, car trop éloignées de ce qui est perçu. Je ne peux m’empêcher de mettre en doute la méthode, et surtout de ne pas comprendre combien ont répondu par rapport aux répondants potentiels. Mais les profs ont raison de dissuader les élèves de s’inscrire en psycho, en socio, en histoire, …sauf s’ils sont très curieux, volontaires, autonomes, bosseurs, ont une bonne culture général et une vraie maturité.Sinon = parking .
2 – L’image de marque…rappelez vous d’un vieux message avec les raisons majeures de ne pas estimer l’université. Le temps a passé. les raisons sont restées.
3 – La fin des IUFM avait pour but de former les enseignants dans l’Université, et il me semble que les universités avaient une certaine latitude pour construire ces formations.Alors, auprès de qui se plaindre ?
14 février 2012 à 22:16
Rachel
Dan, vous avez raison, les situations sont différentes pour chacune des disciplines. Dans certaines, la question ne se pose pas vraiment (SHS, droit, médecine). Pour d’autres, elle se pose vraiment, en particulier pour les sciences dures. Les bons élèves sont orientés vers les écoles, préférentiellement. Tout comme ils reçoivent une (plus ou moins) gentille pression pour faire un bac S quand ils étaient en seconde. Les profs du secondaire jouent un rôle non négligeable dans le processus (mais pas qu’eux).
Pour votre remarque sur la formation des enseignants à l’université, je suis tout à fait d’accord, c’est un vrai désastre. Pas à se plaindre, l’université est vraiment trop nulle.
16 février 2012 à 13:58
jako
@Rachel: les magistrats de la cour des comptes seraient-ils également des gros nuls noyautés par le NPA?:
Cliquer pour accéder à Formation_initiale_et_recrutement_enseignants.pdf
Sans parler des calendriers complètement irréalistes (imposés comme le reste…) et de la situation kafkaienne dans laquelle ont été placés les étudiants, dont le ministère se fout comme de l’an 40. A ce propos: ici la position de mathématiciens « nonistes »:
http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?article5351
Cf. aussi le rapport Jolion
« Dès le départ, le rapport reconnait, ce que tous les observateurs avaient bien noté, que la « réforme » de la formation des maîtres n’avait pas un but d’amélioration du système existant, mais qu’elle « a principalement été amorcée pour des raisons budgétaires » sans aucune concertation avec les acteurs concernés. Ce rapport souligne également que cette réforme de démantèlement de la formation des maîtres ne pourra pas faire simplement l’objet de quelques aménagements, car « cette réforme porte en elle des écueils qui ne pourront être levés par de simples ajustements. »
http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2011/10/121011AuducRapportJolion.aspx
16 février 2012 à 15:33
Rachel
Jako, je pense que tout le monde est d’accord pour constater qu’il y a un gros problème. Il était certainement intrinsèque à la réforme (comment concilier un concours avec un diplôme ?). Ce que je remarque c’est que l’université a manqué une occasion unique et idéale pour mieux positionner la formation des enseignants en son sein, en interaction avec les autres formations, plutôt que de la voir confiner dans des instituts trop isolés du monde, avec un mode de recrutement trop centré sur le disciplinaire (car disons le franchement, la formation professionnelle ne comptait pas vraiment dans ce recrutement … ce qui est d’ailleurs toujours le cas). Pour vous dire la vérité, les béats défenseurs et nostalgiques des IUFM me font un peu sourire …
Et pour vous rassurer, j’ai cessé de suivre le dossier, tellement il est déprimant.
16 février 2012 à 15:49
Gelth
Allons y de nos liens :)
@Rachel : la retro ingénieurie me fait penser à cet article http://owni.fr/2010/10/01/comment-internet-libere-l’education-de-la-scolarisation
Cet article parle de la différence entre scolarisation (apprendre avec un prof) et éducation (apprendre tout court, et dans ce cas précis apprendre par la curiosité). Il décrit puis analyse une expérience où on essai de remplacer un apprentissage avec prof en milieu scolaire par un apprentissage en milieu urbain (un bidonville sans école où a été encastré un ordinateur avec connexion internet). Cela rejoint, un peu, les idées de Rachel sur les TP avant les amphis ou l’apprentissage par le test et la curiosité.
Mais je rejoins Congduc sur le fait que cela est très chronophage et il y a toujours la nécessité de diriger de manière assez précise pour éviter de réinventer la roue et donc finalement de faire avancer la connaissance. Autant commencer à faire du TP pour des choses qui ne sont pas encore connu (mais on peu dire que c’est ce que l’on fait tous en recherche, avec du papier et un crayon ou avec des outils plus ou moins sophistiqués suivant nos domaines respectifs, souvent les deux d’ailleurs) ou avec des choses simples et rapide à généraliser, sinon cela deviens infaisable à bas niveau.
16 février 2012 à 23:04
Rachel
Gelth, je pense moi aussi que c’est assez chronophage, mais peut-être pas tant que ça si on s’organise. Exemple : on donne aux étudiants des « tickets de temps » à dépenser en discussion avec les encadrants, ou je ne sais quoi d’autre ….. Mais dans la mesure où on se targue de dire que l’enseignement à l’université, ce n’est pas pareil qu’au lycée, que la recherche c’est important, etc … alors pourquoi ne pas le faire de temps en temps ? Pourquoi faire comme au lycée (ou presque) ?. Ca ne serait bien entendu pas systématique, mais quand même ce type d’approche est assez riche et en relation assez étroite avec les méthodologies utilisées en recherche.