Dans le billet précédent, nous discutions de la démocratie à l’université. Qui décide des grandes orientations scientifiques et pédagogiques ? Il existe de nombreux modes de fonctionnement de par le monde, pas très évident de savoir lequel serait le meilleur. Certes en France il y a un très fort pilotage étatique par le ministère, mais les universités, maintenant autonomes, ont certainement quelques marges de libertés. Elles peuvent aussi avoir quelques volontés de vision partagée et collaborative.
Pour aider à y voir plus clair, rien de mieux que de prendre un cas d’étude (ici très fictif). Imaginons un conseil de représentants qui serait constitué par des enseignants-chercheurs, des étudiants, des représentants des mondes politique, économique et social. Personne n’aurait la majorité absolue. Ce type de conseil pourrait exister à l’échelle d’une université et à une échelle nationale. Pour notre exercice, prenons un conseil national dont l’objectif serait de donner un avis au gouvernement sur des dossiers concernant l’évolution de l’ESR en France. Imaginons aussi que cette assemblée consultative serait écoutée par le gouvernement (j’ai bien précisé que le cas d’étude est un peu virtuel).
Prenons maintenant un gros dossier difficile, comme par exemple la rénovation du cycle licence à l’université (c’est juste un exemple). Imaginons également que pour ce dossier épineux, il n’y a pas de consensus. Résumons très schématiquement les positions des uns et des autres (1) les représentants du monde politique et économique veulent épurer l’offre de formation des universités, qu’ils trouvent pléthorique et illisible. Ils veulent aussi que les universités suivent un référentiel national de compétences et que les licences soient plus professionnalisantes. (2) les étudiants sont assez d’accord avec ça, ils veulent également des examens plus faciles, la suppression des notes éliminatoires, le maintien des sessions de rattrapage, des compensations, bref qu’on donne la licence à tout étudiant inscrit, ainsi que des frites plus souvent au RU (3) les universitaires ne veulent rien, ils trouvent que la licence, elle est très bien comme elle est.
Après quelques discussions, il est l’heure du vote : quelle orientation choisir ? Les étudiants font alliance avec les représentants du monde politique, économique et social. Ils votent pour cette « nouvelle licence ». Les universitaires votent contre, mais sont mis en minorité par les financeurs et les usagers. Ils se voient donc dans l’obligation d’appliquer un nouveau décret, contre leur volonté.
Heureusement tout cela n’est qu’une réflexion très fictive, ça ne peut pas arriver en France étant donné que les universités sont maintenant autonomes, libres et responsables. D’ailleurs le président Sarkozy s’y est engagé en 2007 : « Je donnerai aux universités volontaires une réelle autonomie leur permettant d’organiser librement leurs filières d’enseignement, de recruter leurs élèves et leurs enseignants » (promesse de campagne du 15 mars 2007).
39 commentaires
Comments feed for this article
23 juillet 2011 à 18:45
étudiant frustré
Et en plus le ticket du RU va augmenter de 5 centimes, quel scandale!
La situation que vous décrivez n’a rien de virtuelle, elle décrit bien les rapports de force. Seulement il n’y a rien de démocratique. En France, l’attention d’un ministre envers une corporation dépend du pouvoir de nuisance de celle-ci…
Je pense qu’il est plutôt suicidaire d’écouter les »syndicats » étudiants en ce moment ; voici un exemple : http://www.unef.fr/delia-CMS/index/article_id-3273/topic_id-135/frais-d%27inscription-l%27unef-denonce-28-universites-hors-la-loi.html
23 juillet 2011 à 18:51
Etoile filante
Rachel, votre cas est virtuel, c’est certain, mais de quels universitaires parlez-vous ? Car dans un épisode récent sur la planète terre, nous avons vu les Président d’universités s’abstenir sur un vote similaire, laissant la décision se faire sur un compromis honteux entre le pouvoir politique et des syndicats étudiants défendants l’abaissement des exigences.
Peut-être faut-il rappeler qu’en même temps que notre futur président faisait les promesses que vous citez, il négociait avec M. Julliard en lui garantissant que l’autonomie se ferait sans remettre en cause trois points critiques pour l’UNEF : pas de sélection à l’entrée, pas de sélection entre la licence et le master, pas d’augmentation significative des droits universitaires. Sur ces points il a tenu parole…
23 juillet 2011 à 18:57
Rachel
Etudiant, c’est très démocratique, il y a eu un vote ! pour l’augmentation du ticket de RU, c’est peut-être le prix à payer pour avoir plus souvent des frites ?
23 juillet 2011 à 18:58
PR27
Etoile filante, le plus amusant est que monsieur Julliard est maintenant dans une équipe qui envisage très sérieusement la sélection à l’entrée du M1, maintenant qu’on voit comme la situation actuelle est bancale (hors sujet, j’arrête là).
23 juillet 2011 à 18:59
PR27
Rachel, les travaux de [MacCain2006], confirmés par ceux de [SuperU,Leclerc et al. 2009] ont montré que les frites congelées sont le légume le moins cher.
23 juillet 2011 à 19:06
Rachel
Etoile filante, je parle d’universitaires qui seraient démocratiquement élus par la base, donc des représentants. merci de parler de la CPU (conférence des présidents d’université). Sa position est hallucinante. Elle s’est abstenue sur le projet de réforme de la licence, je n’en reviens pas. Elle s’en explique dans un communiqué de presse : « Afin de ne pas prendre le risque d’un clivage entre les organisations étudiantes et les représentants des enseignants, la CPU a fait le choix de s’abstenir lors du vote au CNESER, malgré de nombreuses réserves sur le projet d’arrêté ». Lire le communiqué de presse : http://www.cpu.fr/Actualites.240.0.html?&no_cache=1&actu_id=325
23 juillet 2011 à 19:10
Rachel
PR27, pas grave pour le hors sujet, ce sont les vacances. Mais vous auriez pu parler aussi de la position du PS au sujet de la licence, qui ressemble comme deux gouttes d’eau à la « nouvelle licence » de V. Pécresse dont il est question dans le billet.
23 juillet 2011 à 19:19
étudiant frustré
Rachel, j’étais ironique sur le ticket du ru. L’université coule mais l’unef se plaint que le prix du ticket augmente de 5c. L’orchestre du Titanic…
C’est vrai que la position de la CPU est incroyable : elle dénonce en gros une réforme inapplicable, mais s’abstient, laissant le ministère faire ce qu’il veut. Je croyais Louis Vogel différent…
23 juillet 2011 à 20:32
PR27
Rachel, c’est vrai, on me l’a rappelé encore aujourd’hui, un membre de parti est un militant qui prêche la bonne parole de manière mécanique. De toute façon, je n’ai aucune idée de ce qui serait repris du projet PS de 30 pages publié en mai et d’ailleurs, je crois que personne n’en sait rien et tout le monde s’en fout, puisque cette communication n’est qu’un marché de niche.
Il y a en tout cas des divergences en Hollande et Aubry sur un certain nombre de points (en tous cas, leurs responsables ESR), mais ces points restent à déterminer. Comme il y a aussi désaccord à l’intérieur des binômes ESR dans chacune des équipes, nous sommes en équilibre instable.
24 juillet 2011 à 10:11
Astronaute en transit
ça fait longtemps que je n’ai plus mangé au RU et je ne me souviens plus du goût des frites, s’il y en avait.
Le cas d’étude « virtuel » ressemble tout de même de près à la réalité, en ce qu’il montre, dans les instances décisionnelles, la coexistence forcée de factions inconciliables et n’ayant aucun intérêt à développer une vision commune. Même si elles peuvent s’accorder tactiquement pour former des majorités de circonstances, ces dernières ne peuvent subsister longtemps. L’issue en est un blocage ou surtout, l’avancement à tâtons, par à-coups, ce qui explique que tout politique universitaire française consiste en réformettes et efforts insuffisants par crainte du blocage complet.
Faites subir directement aux bloqueurs les conséquences de leurs décisions, et ils pourraient faire preuve de davantage de réflexion a priori, et de prudence dans leurs actions, au lieu de jouer systématiquement l’escalade dans le conflit.
PS: qu’est-ce que faire subir? D’abord, ne pas délivrer de diplômes lorsque le fonctionnement normal des universités a été interrompu plusieurs semaines. Cela ne responsabilise pas seulement les étudiants face au blocage, mais aussi le corps enseignant et administratif, voire des politiques, qui ont facilité et publiquement encouragé ce blocage. Les étudiants non diplômés sont pénalisés certes; mais la réputation de leurs profs, alliés de circonstance, en sort aussi ternie. Il faut qu’une action aussi grave que le blocage ait un coût, pour ceux qui l’ont décidé comme pour ceux qui l’ont subi, parce que l’alternative, l’impunité, garantit que le blocage sera réutilisé ad vitam aeternam comme moyen de pression substitué à un dialogue démocratique et raisonné.
24 juillet 2011 à 10:19
fredtlse
bonjour, à l’Université Paul Sabatier (Toulouse) le problème de la démocratie a été résolu d’une autre manière : de nouvelles directions stratégiques reprennent les prérogatives des conseils…
http://ouvertures.wordpress.com/2011/07/08/universite-toulouse-3-tensions-autour-de-la-reorganisation-post-lru/
merci pour ce blog très intéressant et enrichissant, que je viens de découvrir !
Frédéric
24 juillet 2011 à 11:40
dorant
Est-ce que le « dialogue democratique » existe de lui-meme quand ;
– un CNESER est convoque sans ordre du jour precis?
– la ministre qui le preside est absente car elle a choisie d etre interviewee par France-Inter a ce moment?
– quand une deliberation sur la fusion des universites lorraines est presentee sans aucune possibilite d amendement et avec vote « bloque »?
– et quand toujours dans la meme session le DGESR dit sur des quantites de dossiers » a prendre ou a laisser ».
J evoque le CNESER sur les universites lorraines qui a mobilise certains d entre vous precedemment – les infos sur cette session proviennent des elus, dont certains ont prefere quitter la salle au vu du « dialogue democratique » entretenu par le ministere…
desole pour mon clavier QWERTY mais je suis en GB
24 juillet 2011 à 11:52
Rachel
Frédéric, merci pour votre lien. Il semble que beaucoup d’universités soient dans un cas comparable. Chez moi on a aussi des « pôles ou grands domaines de recherche » avec des responsables qui ne sont pas élus mais nommés par la direction de l’université. La création de ces pôles n’a rien à voir avec la LRU (peut-être contrairement à l’UPS ?), il visent à mettre en meilleure lisibilité une recherche qui devenue maintenant largement pluridisciplinaire. Ces pôles s’ajoute donc aux UFR historiques (découpage disciplinaire) dont les directeurs sont élus, et qui ne s’occupent pas vraiment de la recherche mais surtout des affaires pédagogique. Comme chez vous, le problème d’une éventuelle coupure entre recherche et enseignement est souvent pointé du doigt. Mon avis personnel est qu’il faut aussi rénover le périmètre de ces UFR et ses missions, l’immobilisme observé est certainement le danger le plus grand de césure recherche/enseignement.
24 juillet 2011 à 12:01
Rachel
Dorant, la démocratie c’est effectivement pas facile dans ces conditions. Moi je la vois aussi comme une question de droit et de devoir. Où puis-je trouver les travaux du CNESER ? (compte rendus de séances). Comment puis-je savoir comment les élus travaillent ? Quelles sont les argumentations utilisées et les conclusions pour tel ou tel débat ?
24 juillet 2011 à 12:54
Jojo
Rachel, vous ne lisez pas votre blog :
Dorant, le 17 juin 2011 à 16:42, dans « Le CNESER vote contre le projet de l’Université de Lorraine » : « la gestion du CNESER dépend du ministère et de son administration; ce sont eux qui produisent les compte-rendus des séances,(…) ». Si vous ne trouvez pas les compte-rendus, c’est qu’on en revient toujours à la même chose : le mépris du ministère pour les instances démocratiques universitaires déjà existantes. Alors croire qu’il cherche sincèrement à améliorer les choses…
Avec Google, vous en trouverez pleins, des compte-rendus, mais d’origine syndicale (étudiants, personnels). Ils sont certes un peu biaisés, valorisant l’action d’un tel ou dépréciant tel autre, mais ce sont les seuls acteurs qui ont l’air de penser que le CNESER vaut la peine de communiquer. En les lisant tous avec une pondération ad hoc, peut-être qu’une voie moyenne se dessine.
Enfin, sur les modes d’action, je note ce que nous a appris Air France récemment : négociation bloquée, menace sur le grand chassé-croisé de juillet-août, négociation réouverte et conclue. QED. Prenons le risque de l’impopularité (si encore nous étions populaires…), ne donnons pas les diplômes (pour une fois, je converge avec l’Astronaute), utilisons à fonds notre pouvoir de nuisance. C’est le recul des profs à l’orée du bac en 2003 qui décrédibilise leurs actions depuis.
24 juillet 2011 à 13:27
fredtlse
en réponse à Rachel, la création des pôles en fait s’est décidée au niveau du PRES, et a été voulue pour coller au cahier des charges de l’Idex (dont d’ailleurs Toulouse a été écartée à l’issue de la première sélection). cette réorganisation des pôles a sans doute été facilitée par la présidentialisation de l’université (via la LRU) et au dialogue mené au sein du bureau du PRES à ce propos. sur les 6 pôles de l’ensemble de la recherche toulousaine, 4 dépendent de l’UPS pour ce qui est du financement via sa dotation propre, enfin à priori pour l’instant, car une fois que l’Université de Toulouse sera (re)créée (dans un modèle fédéral), la stratégie de la recherche sera décidée dans cette dernière. il faut ajouter que ce découpage en pôles s’intersecte avec celui effectué par le CNRS en instituts… pas simple pour mettre en place une gouvernance complète… et je ne parle pas des pré-carrés et clans de l’université toulousaine !
24 juillet 2011 à 14:32
Rachel
Merci Jojo, vous connaissez ce blog mieux que moi, il semble. Mais si je repose la question, c’est qu’à ce jour je ne sais toujours pas où je peux trouver les comptes-rendus des séances du CNESER. Je ne vois pas trop l’intérêt de générer des comptes-rendus et ne pas les diffuser. En général un compte rendu c’est fait pou rles gens qui n’étaient pas en séance. Est-ce que les membres du CNESER les reçoivent du ministère ? J’imagine que oui mais dans ce cas, pourquoi ne les mettent-ils pas à disposition des électeurs, c’est-à-dire à nous les EC de la base ? S’il ne le font pas, n’est-ce pas témoigner du mépris envers les électeurs ? Ils sont élus donc ils sont nos représentants et donc ils ont des comptes à rendre. Quand aux divers communiqués qui paraissent, c’est souvent de la littérature noniste et je n’appelle pas ça des comptes-rendus. On est en droit d’attendre beaucoup mieux.
24 juillet 2011 à 14:33
Rachel
Frédéric, je pense qu’avec un paysage qui comporte des universités, des universités fédérales, des écoles, des PRES, des IDEX, des EPST, et ben on ne va pas s’en sortir. Trop d’empilement de structures dont les missions se chevauchent fortement.
24 juillet 2011 à 14:53
Jojo
Pourquoi compter sur les autres pour assurer la diffusion ? Toujours s’adresser à Dieu plutôt qu’à ses saints… Le ministère gère, le ministère diffuse. Ou c’est trop simple ?
Il y a un truc formidable qui s’appelle le web. Si ça se trouve, le ministère pourrait monter un site et mettre dessus les compte-rendus. Je sais bien, c’est de la très haute technologie encore réservée aux geeks, mais on peut rêver… Après tout, le moindre discours du/de la ministre se retrouve en ligne, pourquoi pas les compte-rendus du CNESER ?
Le problème, c’est qu’avec les compte-rendus et en comparant avec les décisions effectivement prises, on pourrait penser que le ministère fait peu de cas des instances élues.
24 juillet 2011 à 15:36
Rachel
Certainement Jojo, mais on pourrait aussi se rendre compte d’un grand décalage entre le contenu de ces séances et les communiqués syndicaux. A mon avis si ces comptes-rendus ne sont pas visibles c’est que ça arrange tout le monde. Les élus sont aussi responsables des manquements. Une démocratie en berne.
24 juillet 2011 à 16:54
Astronaute en transit
On parle de l’orchestre du Titanic. Si je me souviens, le capitaine est allé par le fond à la barre du navire, quand aux chefs de l’UNEF, ils ont des places réservées dans les canots de sauvetage parce que des emplois assurés les attendent…
24 juillet 2011 à 20:22
PR27
Il me tarde de lire les compte-rendus d’évaluation des idex. Je ne doute pas que « gouvernance resserrée » soit le maître mot des consignes pour les v2.
Le problème est que les chefs en arrivent à faire penser que 65% des gens sont des nuls (notamment l’équipe dont ils sont issus est plutôt une bonne équipe).
Vivement l’astronaute président d’université, ça marcherait à la baguette.
24 juillet 2011 à 20:30
dorant
Rachel,
il vous suffit effectivement d aller sur Google avec la date du CNESER qui vous interesse.
C est effectivement la vision des elus, mais ces elus appartiennent a des organisations tres diverses – cf les compte-rendus des elus eleve-ingenieurs , BNAI -ceux de Sud…etc.
N oubliez pas que le CNESER s occupe aussi de cas individuels pour les e-c comme les accusations de plagiat, de harcelement, et que cela ne doit pas etre publie.
En revanche, l absence des compte-rendus officiels traduit bien le malaise du ministere par rapport a ces instances; les membres elus et nommes – oui, il y en a, n ont pas a pallier a ces manques ou a se substituer au ministere; ce serait un comble!
Quant aux eventuels decalages, rien ne vous empeche de lire ces documents rediges par les elus qui vous plaisent ou vous deplaisent… a votre choix, les elus de l UNI, de la FAGE, du syndicat autonome…. et ensuite d interpeller directement ces elus.
On le fait bien pour les deputes… J ai ecrit a plusieurs reprises a ces elus, notamment sur des habilitations de diplomes, j ai toujours eu des reponses et dans un cas, un vote negatif sur un DESS, a meme ete modifie a la session suivante au vu de mes arguments. c est vrai que c etait a l epoque de Jack Lang, qui assistait scrupuleusement aux sessions du CNESER et travaillait vraiment ses dossiers.
C est bien beau de raler sans cesse sur les elus, mais faisons donc fonctionner la democratie a notre niveau de citoyen, non ?
24 juillet 2011 à 21:31
Rachel
Dorant, à force d’approximations et d’incertitudes, la vérité s’estompe, c’est bien connu, et fait place nette à la confusion. Je n’ai guère envie de passer mon temps à reconstruire cette vérité. Il me semblerait plus simple d’avoir un compte rendu officiel, validé par l’ensemble des présents en séance. C’est un peu ma conception de la démocratie : ceux qui siègent ont le privilège de parler pour nous, mais ils devraient aussi assumer leurs devoirs, ici la transparence des débats. C’est ce qui se fait habituellement et je ne vois pas pourquoi le CNESER en serait dispensé. Sur ce niveau je mets sur le même plan le ministère et les élus.
Bien entendu, je mets à part la section disciplinaire du CNESER, je doute d’ailleurs qu’elle siège en même temps que les sessions ordinaires.
« C’est bien beau de râler sans cesse sur les élus, mais faisons donc fonctionner la démocratie à notre niveau de citoyen, non ? » : je ne râle pas sans cesse, n’exagérons rien. Je ne dis pas qu’ils travaillent mal, je réclame juste un rendu objectif des séances. Mais je suis tout à fait d’accord avec cette phrase.
24 juillet 2011 à 23:05
PR27
Il y a des membres du CNESER parmi les abonnées twitter de gaia. Sont en vacances ?
24 juillet 2011 à 23:27
Jojo
« je réclame juste un rendu objectif des séances », et on vous dit que c’est le boulot du ministère. Ecrivez donc à Wauquiez pour vous plaindre.
Les syndicats sont dans leur rôle, ils communiquent en fonction de l’actualité et de leurs priorités immédiatement après les réunions. Le ministre aussi d’ailleurs. Pas d’objectivité à attendre d’aucune partie à ce stade.
Le principe d’un compte-rendu officiel, pour une assemblée qui marche à peu près normalement, est d’être approuvé à la session suivante. Il se veut fidèle aux débats, mais est toujours un peu décalé par rapport aux sujets du moment. Ce qui ne le rend pas inintéressant pour autant, loin s’en faut, donc ce serait bien d’avoir un endroit où le trouver. Puisque c’est le boulot du ministère, pourquoi pas le site du ministère ? Je ne paie pas ma cotisation syndicale pour faire héberger des contenus qui devraient être disponibles par ailleurs.
25 juillet 2011 à 10:07
Astronaute en transit
Je ne toucherais pas votre université même du bout de la fameuse baguette, tellement j’en suis revenu. D’ailleurs, c’est encore un boulot réservé…
25 juillet 2011 à 19:05
Rachel
Une action récente du CNESER disciplinaire : il annule une sanction contre un EC qui n’a plus d’activité de recherche de l’enseignement-chercheur pendant plusieurs années. Source : http://www.educpros.fr/detail-article/h/d1864ff243/a/enim-le-cneser-rehabilite-lenseignant-sanctionne-par-sa-direction.html
Une autre décision : trois ans de suspension pour un EC qui s’était livré à un trafic de frais d’inscription. Source : http://lemonde-educ.blog.lemonde.fr/2011/05/15/le-trafic-dinscriptions-universitaires-ca-ne-paie-plus/
Les décisions sont disponibles sur le BO, quelques exemples :
– Thèse plagiat : http://www.education.gouv.fr/cid23636/esrs0900024s.html
– Atteinte au bon fonctionnement de l’université, occupation des locaux non aurorisée : http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/pid20536/rubrique-bo.html?cid_bo=53529
– Comportement agressif envers les enseignants : http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/pid20536/rubrique-bo.html?cid_bo=53530
– Falsification d’un dossier de stage : http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/pid20536/rubrique-bo.html?cid_bo=53531
26 juillet 2011 à 19:54
Etoile filante
Bonne pioche Rachel, le florilège est consternant.
Bien fait pour le directeur qui a voulu sanctionner un EC qui ne fait pas de recherche. Il est désavoué et en prime il aura une inspection de l’IGAENR. C’est vrai cela, un directeur qui veut gérer ses EC, ça cache sûrement d’autres malversations.
Trois ans de suspension pour le MC qui faisait des inscriptions frauduleuses pour des chinois prêts à payer 3000€ par tête. Enfin un qui militait concrètement pour le relèvement des frais de scolarité. Ce que j’aimerais savoir c’est si la décision du Cneser n’est que la sanction universitaire et que l’intéressé a par ailleurs été poursuivi pour corruption de fonctionnaire. J’ai peur que non.
Quant au plagiaire qui a pompé sa thèse, il est interdit d’enseignement public en France, mais on lui laisse son titre de docteur. Il pourra donc s’en prévaloir dans le privé en France et partout à l’étranger. Les étudiants étrangers qui comptent repartir dans leur pays savent ce qu’ils risquent à plagier dans l’université française !
Passons de bonnes vacances, le Cneser veille sur le respect de nos vertus académiques.
26 juillet 2011 à 23:59
Dan- visseur têtu
Frédéric, je pense qu’avec un paysage qui comporte des universités, des universités fédérales, des écoles, des PRES, des IDEX, des EPST, et ben on ne va pas s’en sortir. Trop d’empilement de structures dont les missions se chevauchent fortement.
merci Rachel de constater ce qui est assez limpide (ou plutôt glauque) : le magma universitaire et l’impossible gouvernance de ces « machins » (gouvernance démocratique ou pas). Parmi les multiples raisons : les statuts, les rapports de force, le poids institutionnel des syndicats étudiants et enseignants qui leur donne des pouvoirs de blocage, le mélange des disciplines sous couvert de pluridisciplinarite, comme si cela se décrétait, la confusion pseudo- vertueuse entre enseignement et recherche ( voir de nombreux messages sur ce sujet),la confusion sur les finalités ( à quoi sert l’université), le flou des contrats entre les intervenants ( que me demande -t-on, que dois-je ? à qui ? quels moyens pour y parvenir ?).
Conclusion : en l’état, surtout ne rapprochons pas Université et grandes écoles scientifiques. Malgré leurs défauts, elles ont une immense qualité : elles sont gouvernables, donc réformables si besoin est.
27 juillet 2011 à 09:24
Astronaute en transit
Dan, si cela n’en tenait qu’à moi je ne jetterais pas la pluridisciplinarité avec l’eau (glauque aussi) de la malgouvernance des universités. Je prêche bien sûr un peu pour ma chapelle, parce que mon expérience professionnelle s’est faite dans des cursus pluridisciplinaires aussi bien sur la planète France que sur la planète T1852, et en général j’ai trouvé ce type de formations plutôt bien conçus et offrant davantage de débouchés à des diplômés de sciences humaines que ces formations monodisciplinaires qui fabriquent de l’étroitesse d’esprit.
Je vous rejoins pour observer que cela complique certainement la gouvernance. Il n’est pas aisé de faire cohabiter des praticiens de disciplines avec des objectifs, besoins et méthodes de travail qui leur sont propres. Cela dit, je crois que c’est indispensable. Une grande université à vocation à offrir la palette des disciplines. En dépit des complications, leurs professeurs et chercheurs doivent apprendre à se connaître et ainsi, à savoir parfois faire passer leurs propres priorités au second plan en vue d’un objectif commun qui les dépasse, eux et leur discipline. C’est un peu idéaliste, mais aussi solidement pratique: contraindre les praticiens de discipline à travailler ensemble, c’est attaquer de front leur égoïsme, leur petitesse et aussi leur tendance à la malversation. La pluridisciplinarité peut imposer la transparence là où on ne l’accepte guère.
Après, c’est affaire de méthode: les universitaires français sont effectivement très mauvais à se gouverner, à travailler ensemble au delà de leur différences. La faute y est moins à la pluridisciplinarité qu’à l’esprit du village gaulois. J’aurais à peine posté ces lignes qu’on me descendra en flammes une fois de plus, mais je crois que vous au moins comprendrez ce que je veux dire.
27 juillet 2011 à 20:01
Rachel
@Etoile filante, ouais c’est bien fait pour sa g à ce directeur manager qui voulait jouer au gestionnaire sauce LRU. Vouloir payer un demi-salaire un EC qui ne fait pas de recherche, c’est vraiment scandaleux. Avec le SNESUP, félicitons-nous de cette décision d’annulation de sanction du CNESER qui « remet l’ordre républicain là où régnait l’arbitraire »
@Dan, je n’arrive pas à comprendre en quoi c’est bien de laisser les structures cloisonnées. Au contraire, elles devraient se mélanger un peu plus, c’est de ce mélange qu’on pourra « innover ». Par ailleurs, de vous à moi, les écoles sont elles aussi impliquées dans les PRES, les structures fédérales ou les différents bidulex. A ce niveau, elles sont les mêmes problèmes que les universités.
@Astronaute, cela déplait certainement aux grincheux nostalgiques-c-était-mieux-hier mais l’interdisciplinarité est maintenant devenue une réalité dans beaucoup de domaines. En toute logique les structures devraient évoluer dans ce sens également.
27 juillet 2011 à 20:33
Dan- visseur "small"
Autant que je sache, rien n’empêche une école d’ingénieurs de faire appel à des universitaires ou des civils pour donner des cours ou faire des recherches communes « interdisciplinaires » . il n’y a pas besoin de structures ou de statuts pour cela, mais de bonne volonté, d’ouverture d’esprit et de souplesse dans les budgets + la capacité à rédiger un contrat équilibré.En génie Industriel, on a des sociologues qui interviennent et des labos communs depuis vingt ans. pas besoin de Pres ou autres bricoles pour cela.
ce qui se passe me rappelle ce qui se joue dans ma commune : on n’a pas osé supprimer la commune, alors la gestion des déchets et de l’environnement est confiée à l’intercommunale, qui ne peut rien faire sans consulter les communes ( démocratiquement élues) . L’intercommunale a embauché ses propres agents. Quand on a un problème de poubelle, on s’adresse à qui ? Au maire… Une règle d’or : ne pas créer de structure sans en supprimer au moins une.
Once again : small is still beautiful…sauf pour le LHC et quelques autres objets,bien sûr. On peut avoir une offre locale diversifiée sans la mettre sous le même chapeau : un bon bureau d’orientation avec des gens compétents.
27 juillet 2011 à 22:21
Rachel
Dan, on peut aussi mettre sous un même chapeau tout en respectant l’identité et l’autonomie des différents acteurs. A mon sens il y a beaucoup de points communs : former correctement les jeunes et faire avancer la science. De ces points communs on peut faire un objectif commun et œuvrer sous bannière commune, chacun à sa place mais dans la même direction, bref dépasser nos habitudes de villages gaulois. C’est « Rachel fleur bleue » qui parle …
28 juillet 2011 à 09:01
Astronaute en transit
Contrat équilibré, ça me paraît bien être une question-clé. Les établissements (ainsi que leur establishment, c’est à dire les statutaires) ont souvent intérêt à ce que ces contrats ne soient pas équilibrés, non seulement parce qu’il faut, en bonne rationalité économique, que les intervenants ponctuels ne soient pas trop chers à payer, mais aussi pour bien marquer la différence et que les insiders ne se sentent pas trop concurrencés par les outsiders sans statut… sinon, on finirait par comprendre que le statut n’est pas une garantie de meilleure performance au travail et sa notion même serait remise en cause sur un marché du travail ouvert.
La juxtaposition des conditions et statuts de travail différents me rappellent la juxtaposition des autorités locales dont vous parlez. Dans l’un comme dans l’autre cas, il vaut mieux être ubuesque que pratique.
28 juillet 2011 à 09:49
jako
Rachel, pour compléter votre florilège, le communiqué de la FSU (certes, beaucoup moins objectif que vous…) sur le cas de l’ENIM:
« Le collègue, en poste depuis septembre 2002 a vu régulièrement se dégrader ses relations avec le Directeur. Il n’est pas le seul dans ce cas, un rapport de l’IGAENR de 2008 parle d’ « une gestion des relations humaines qui reste conflictuelle ». Ces dernières années, le collègue a subi un véritable harcèlement de la part de la direction : changement des disciplines d’enseignement (fabrication, construction, organisation, chimie, robotique), retrait de ses thésards, déménagement de son bureau,…bref il a subi pendant plusieurs années une véritable « placardisation ». Puis les choses se sont encore aggravées. En effet, le 12 juillet 2010 le Directeur a demandé que le collègue soit traduit devant la section disciplinaire entre autres car il est « totalement absent de la base de données internationale ISI Web qui fait autorité pour recenser les publications scientifiques » ! »
http://sd57.fsu.fr/spip.php?article304
S’il fallait virer de l’ESR tous les EC qui n’apparaissent pas dans ISI web, on virerait la moitié des EC du pays…
Le cas de l’ENIM s’inscrit dans un contexte particulier :
« Le SENA et l’ENIM ont, en outre, été à l’origine de la création, en septembre 2006, du réseau Carthagène, qui réunit des participants de plus de vingt pays dans le monde autour d’une « réflexion commune sur l’adaptation des formations aux besoins des économies de demain », écrit l’ambassade de France à Bogota sur son site internet. Le 17 mars 2009, l’ancien président a octroyé, lors d’une cérémonie à l’ambassade, à M. Padilla la citoyenneté colombienne, en reconnaissance des « services rendus à ce pays » et de « l’amitié franco-colombienne », précise-t-elle. »
http://www.lepoint.fr/societe/le-president-uribe-enseigne-a-metz-02-03-2011-1301559_23.php
Cf. le communiqué de C. Grèze:
« La nomination d’Alvaro Uribe en tant que professeur à l’ENIM fait honte à notre République, à l’enseignement public et à notre école. Mais ce n’est qu’une dérive de plus après des années de gestion de l’école par le harcèlement et le clientélisme, qui semble avoir reçu l’accord du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche.
En effet, au cours du conseil d’administration extraordinaire du 22 septembre 2010, le directeur de l’ENIM accueille l’ancien président colombien Alvaro URIBE et le directeur du SENA colombien Dario MONTOYA, et “remercie Monsieur HETZEL et Madame la Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche pour leur soutien”
http://catherinegreze.eu/blog/?p=1479
« Le 9 mars 2011, quarante parlementaires français et européens condamnent cette nomination : selon eux, elle découle « des contrats juteux passés entre cette institution éducative et l’Etat colombien (5) »
http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2011-03-25-Alvaro-Uribe-professeur
On évoquait ici même, il y a quelques temps, les « conflits d’intérêts »….
Et ceci :
«La nomination de l’ancien président colombien (2002-2010) Alvaro Uribe comme professeur des Universités à l’Ecole Nationale d’Ingénieurs de Metz (ENIM) est scandaleuse. (…) Rien qu’au cours des 3 dernières années de son gouvernement, le terrorisme d’Etat a fait disparaître 38 255 personnes (chiffres de février 2010 de la médecine légale et de l’administration fiscale), commis 173 183 homicides et 1 597 massacres»
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/uribe-professeur-d-universite-a-91695
http://www.arlac.be/11/2011FR/professeur%20NARCOPARAMILAIRE.htm
http://www.rfi.fr/ameriques/20110616-ex-president-colombien-alvaro-uribe-comparait-une-affaire-ecoutes
Mais tout ceci n’est que propagande trotskiste, et n’est rien à côté des « petits trafics » (corruption, blanchiment, détournement de fonds, etc.) « perpétrés » par les agents publics de la French-agreg-connection…
28 juillet 2011 à 15:42
Dan- visseur fleur bleue
@Rachel : hélas, je suis aussi « fleur bleue » que vous : les exemples donnés par jako à propos de l’ENIM sont terrifiants;
Mais je continue à ne pas voir l’intérêt du même chapeau , ou du moins à considérer que le bilan global est trop déséquilibré : pour pouvoir communiquer, créer des superstructures me parait illusoire, comme les elfs communs. communiquer, c’est écouter, dire, faire ensemble. pas besoin de structures pour cela, juste de contrats et de droit commercial+ droit du travail; et on évite l’infinie loudeur, les débats sans fin , les luttes de puvoir sans objet : au moins tout cela est centré vers un objet précis = une coopération pour un résultat.
pour les contrats équilibrés…fleur bleue là aussi. Mais rien n’avance sans éthique.
29 juillet 2011 à 14:09
Marianne
Je suis aussi scandalisée que vous par mles EC qui ne font pas de recherche mais apres avoir discute avec un gars qui etaitt au cneser j’en ai su un peu plus sur cette decision. L’EC concerne n’était pas non seulement non publiant mais d’apres ce que j’ai compris il s’opposait a son directeur qui faisait des trucs pas net (je me rappelle pas le detail malheuresement car ca doit faire un mois que j’ai discute avec le gars mais ca avait l’air assez magouilleux). C’est ca qui a fait que son directeur lui a cherche des poux. Pas son sinsuffisance en terme de recheche bien sur. Ca tout le monde s’en fout!
29 juillet 2011 à 19:38
dorant
Marianne, vous avez le détail sur le com de Jako, un com plus haut.
Et l’ENIM est partie prenante du super-méga projet « Université de Lorraine », dont on a aussi parlé ici…