Le PIA (plan d’investissement d’avenir) aura été l’occasion d’une féroce compétition entre les acteurs de l’enseignement supérieur et de la recherche. Pourtant cette course à l’excellence n’a pas fait que des heureux. En effet, ce concours très sélectif n’aura récompensé qu’une minorité de projets, laissant sur le carreau des pans de laboratoires, de science et de territoires. Une question se pose à présent : comment traiter les traumatismes post-bidulex ?
Cette question n’est pas anodine car chacun aura pu observer récemment le développement d’une kyrielle de comportements socialement indésirables dans les laboratoires. C’est pourquoi le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche, en partenariat avec le ministère de la santé, a décidé de mettre en place des cellules psychologiques en accompagnement à cette transition majeure du paysage de l’ESR. Deux foyers principaux seront traités : la frustration des perdants et l’hypertrophication des egos des gagnants.
Ci-dessous nous décrivons brièvement quelques symptômes qui sont apparus et qui font l’objet de beaucoup d’attentions. Une étude plus complète est en cours de publication (R. Bachelot, V. Pécresse, R. Ricol et al., Journal of Science deconstruction, in press).
KleeneX : l’opération « kleenex » fut la première action déployée à l’annonce des résultats. Il en a fallu des tonnes pour sécher les torrents de larmes des gros nuls malheureux qui ont raté leur bidulex. C’est à cette occasion que les équipes d’urgence ont pour constater que cela ne suffirait pas. Il a fallu mettre en place des cellules psychologiques pour aider les chercheurs à surmonter leur douleur.
CelluleX : Quelques semaines après les résultats, les cellules d’excellence se mettent donc en place et commencent les travaux de reconstruction psychologique. Elles sont déployées plus particulièrement dans les territoires touchés par la dévastation (Ouest, Nord, lointaine couronne autour de la capitale). Elles sont composées essentiellement d’experts en thérapie mentale. Cela sera certainement un travail de longue haleine tant le traumatisme est profond.
TraumateX (de type 1) : D’après les témoignages, cela s’est déroulé en deux phases distinctes. Tout d’abord, c’est une réaction d’immobilité (freezing) à l’annonce de la mauvaise nouvelle (labex non retenu, par exemple). Cette étape a été suivie par un debriefing. Dans le meilleur des cas, ce debriefing a porté ses fruits et les acteurs en sont sortis déculpabilisés (ces bidulex c’est rien que de la magouillex, c’est truquex, ça n’a rien à voir avec la science, etc …). Malheureusement, dans la plupart des cas, les chercheurs et laboratoires ressentent que leur intégrité scientifique est menacée et le résultat dépasse leur capacité de réaction. Cela entraine des réactions de repli sur soi, de perte de repères, de crise de sens dans la vie, ainsi que des sentiments d’une image dégradée, de détresse, d’insécurité, d’impuissance, d’abandon, de mésestime de soi, bref le développement d’une anxiété situationnelle et sociale. Certains s’interrogent déjà sur leur devenir dans leur établissement (voir par exemple le concept du plantage de lab-ex qui devient un ex-lab). Les meilleurs songent à le quitter, en l’absence de perspective dans leur laboratoire de gros nuls.
TraumateX (de type 2): Pour les heureux gagnants, le traumatisme observé se déroule lui aussi en deux phases. La première correspond à l’annonce du résultat et qui se décline par un enchaînement de manifestations non contrôlées (tachycardie, hyperventilation, voire dans les cas extrêmes des manifestations névrotiques de type tagada tsoin tsoin). La deuxième phase correspond à des comportements hyperactifs, allant du matuvu dans la presse régionale à la fièvre de rédaction de fiches financières, en passant par la croyance délirante que désormais les équipes vont se faire un Nature par mois.
PorteX : De nombreuses personnes sont encore hantées par le souvenir de la construction du projet, qui a animé la vie des laboratoires pendant plusieurs mois. C’est le cas plus particulièrement des porteurs de projets, car ils ont passé 14 heures par jour pendant trois mois à gérer des conflits, sacrifiant vie familiale, sociale et scientifique. Ils souffrent de syndromes de répétition (souvenirs récurrents intrusifs, cauchemars, …). S’ils ont été vainqueurs, alors ils ont été portés en triomphe dans leurs universités. Les perdants ont été oubliés, même pas remerciés par leur établissement pour le travail accompli (certes il est vrai que c’était un travail de gros nul, alors …).
RemédiateX : Les cellules d’accompagnement ont rapidement mis en place des stages de remédiation, prise en charge par le RASCD (réseau d’aide et de soutien aux chercheurs en difficulté). Le travail qui est réalisé s’appuie une pédagogie de reconstruction mentale et sur la valorisation de l’estime de soi. Il joue sur les trois piliers essentiels, l’amour de soi, la vision de soi et la confiance en soi. En effet ces projets d’excellence ont été une remise en cause profonde du cadre social et de l’échelle de valeur dans lesquels les sujets se reconnaissaient. Cela conduit à des phénomènes dissociatifs de fragmentation du « Moi » ainsi qu’un décalage entre le « soi réel » ou « l’estime de soi » et « l’idéal du soi ». Cette fragmentation s’ajoute à celle de l’enseignement supérieur et de la recherche à laquelle personne ne comprend rien.
RicoleX et PUPeX: En marge des cellules d’accompagnement, un traitement alternatif est proposé par le docteur Ricol, accessoirement commissaire au grand emprunt, qui intervient régulièrement dans la presse pour calmer les angoisses qui s’expriment ici et là. Le remède consiste en de petites pastilles technologiques aux doux noms de IRT, IEED ou SATT. Savamment distribuées dans les régions dévastées, elles sont comme des bouées de sauvetage. Un autre médicament est en cours l’élaboration (PUPeX). Il s’agit d’un programme de soutien aux innovations pédagogiques, dans le cadre du grand emprunt, qui pourrait voir le jour prochainement (Pécresse & Ricol, Journal of Science deconstruction, in prep). Parions également qu’elles seront réservées aux territoires « oubliés ». Au final, tout le monde sera comblé, et le paysage de l’ESR sera assaini. D’un coté on aura des méga-pôles pour la science d’excellence (labex et idex). De l’autre on aura la recherche technologique, partenariale et territoriale, appuyée par des enseignements rénovés (pour le premier cycle, faut quand même pas rêver !).
Dans la même rubrique, le lecteur soucieux de la santé publique dans les laboratoires de recherche pourra lire également les pathologies du h-index. Il pourra lire aussi le billet de Philippe Jamet « L’abus d’excellence peut nuire à la santé« .
28 commentaires
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1 juin 2011 à 10:16
amigues
Rachel, pour une adepte des sciences dures, vous maniez avec brio les concepts fondamentaux de la psychologie comportementale et du coaching. Un seul (petit) reproche, vous n’évoquez pas la nécessaire « résilience » du gros nul si chère à ce cher Cyrulnik. Mais hormis cette peccadille, c’est parfait.
Surement est ce là le fruit de vos propres lectures d’ouvrages de reconstruction de Soi fiévreusement dévorés le soir après l’échec de votre Equipex… (avec une grosse boîte de Kleenex à coteX bien entendu).
Sérieusement, cette histoire va laisser des séquelles psychologiques profondes pendant des années. Je passe sur le fait que les heureux lauréats locaux ont adopté la phraséologie triomphaliste généraliste creuse auparavant réservée aux instances dirigeantes des grands organismes de recherche (gloire leur soit rendue au plus haut des cieux). C’est comme si le moindre sergent se mettait en tête de refaire à lui tout seul la bataille d’Austerlitz avec son escouade.
Le commentaire que j’entend le plus souvent est la prédiction d’une baisse prochaine (déjà en cours) de la production scientifique française. Il sera intéressant pour les historiens des sciences de se pencher sur les rapports de l’AERS avant/après pour en prendre la mesure.
1 juin 2011 à 10:42
PR27
pour ma part, que je sois dedans ou dehors, je trouve que ces opérations devraient envoyer leurs auteurs autant que leurs victimes se faire soigner….
Ce sont de pauvres managers dont les réflexions sont fondées sur l’air du temps.
Préparons nous à ce que d’autres choses néfastes se fassent dans notre dos (avec consigne de ne pas diffuser les documents).
1 juin 2011 à 15:22
Rachel
Amigues, je me suis contentée d’observer mon entourage et je ne peux que constater que les dégâts sont importants. Pour l’écriture du billet, j’ai aussi utilisé quelques fiches du type « psychologie pour les nuls », histoire de m’aider à mettre des mots sur les sentiments confus ressentis. D’ailleurs ici, avec les quelques sous qu’il nous reste, on a acheté toute la collection de « la science pour les (gros) nuls », notre investissement d’avenir à nous …
1 juin 2011 à 16:29
Dubois
Excellent, Rachel ! Magnifiquement observé ! J’adore en particulier « Journal of Science Deconstruction » ! Bravo !
1 juin 2011 à 19:19
marie-anne paveau
hé pour une blogueuse qui évoquait la fin de la planète gaïa au dernier billet… c’est drôlissime, brillantissime et véritablissime : je suis d’accord avec amigues, ça va laisser des traces, et pas que psychologiques – division, diffraction du travail, refuge dans des niches individuelles pour les laissés pour compte, mainstreamisation des travaux pour les élus, et surtout illusion de la qualité scientifique incontestable et infalsifiable pour les initiatives financées – c’est déprimant : reste à pratiquer la ludique et vous le faites très bien
1 juin 2011 à 20:20
PR27
A Sciences-Po, un prof d’âge moyen, au crâne peu garni, utilise ses assistants pour déposer des tracts dans les boites à lettres, où figurent des extraits d’un de ses livres : « la dissociété piège donc une communauté humaine dans un gigantesque dilemme : l’immense majorité de ses membres aurait intérêt à une vraie société coopérative et solidaire, mais la réaction la plus rationnelle pour la plupart des individus consiste à adopter ou à tolérer le modèle dissociétal de la compétition solitaire ». Suivent 477 pages d’explication…
1 juin 2011 à 21:41
dorant
Il traite son traumatisme de ne pas avoir été élu eurodéputé en 2009?
2 juin 2011 à 15:07
Etoile filante
Un régal ! Bravo.
3 juin 2011 à 15:47
Krokodilo
Zygomatex. Et schizex (pour la double vocation phys-littér.) Apparemment, vous vous êtes donnés le mot avec Fauconnier, article de 2 pages ce jour dans Nouvel obs sur Sarclay, le « Cambridge à la française », qui n’a pas eu son labex, et je crois digressions sur les rapprochements, etc. thèmes connus ici (je n’ai fait que lire le titre).
http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2009/12/14/01011-20091214FILWWW00419-1md-pour-un-campus-a-sarclay-sarkozy.php
C’est une des thérapeutiques possibles, inspirées de la psychologie positiviste : se réjouir de l’échec des « grands », surtout s’ils ont été médiatisés…
3 juin 2011 à 16:09
PR27
Que voulez-vous, Krokodilo, on avait donné comme consigne au jury intersidérant « il faut donner à saclay » et ils ont compris « il faut donner une raclée ». La recherche doit être visible, mais si elle pouvait en plus être audible…
Sur Saclay, je vous encourage à parcourir un blog ami d’un informaticien qui travaille sur les données du web… non ça n’est pas ma pomme mais, lui, un vrai bon chercheur (hache-index autour de 60), même un des meilleurs du monde sur le sujet, et même qu’il est académicien bien qu’habillé comme vous et moi :
http://abiteboul.blogspot.com/
3 juin 2011 à 18:14
Krokodilo
MDR. Ou encore : « On va les tacler ! » Le Figaro m’a induit en erreur : j’ai cru qu’on creusait son sillon à « Sarclay. »
Suis allé voir ce blog, effectivement à la fois informatif, de haute tenue, et en plus distrayant. J’ai bien aimé un passage contre le masochisme à la française :
« Alors pourquoi tous ces gens (y compris le président de la république) disent-ils que les chercheurs français sont nuls et que les meilleurs foutent le camp ? Parce que le français aime se plaindre. Il se plaint de sa recherche comme il se plaint de son système social (essayez le système américain), de son industrie (pourtant parmi les meilleures du monde), de ses impôts (les allemands en paient autant), etc. »
J’ai lu son papier sur Saclay :
http://abiteboul.blogspot.com/2010_02_01_archive.html
3 juin 2011 à 18:46
Rachel
PR27, sympa le blog de votre copain. Au sujet des bilulex, voilà ce que dit le Monsieur: « Mais l’échec de mon labex d’informatique, je m’en fous. C’est bête mais je m’en fous, mais complètement ». Je pense que je vais lui envoyer une équipe d’urgence … pas normal de s’en foutre à ce point !
3 juin 2011 à 21:16
PR27
ah, ça n’est pas mon « copain », c’est un éminent collègue, pas un obscur chargé de TP et fiches financières comme moi. Il est d’un parti qui porte le nom d’une couleur, sait travailler au delà des parlotes, rédige des livres qui se vendent en masse dans le monde entier, et il en a vu, des ministres défiler et se défiler. Il ne manque pas d’argent, de projets, il a des dizaines de gens qui voudraient faire des thèses avec lui, son équipe est sans cesse sollicitée pour former des consortiums ANR ou EU. Bref, s’en fout, du labex – mais éventuellement plus préoccupé des problèmes de déménagements de l’immobilier parisien.
4 juin 2011 à 22:48
Rachel
A lire sur le même sujet, un billet de Philippe Jamet « L’abus d’excellence peut nuire à la santé » http://blog.educpros.fr/philippe-jamet/2011/06/04/labus-dexcellence-peut-nuire-a-la-sante/
4 juin 2011 à 23:27
PR27
Oui, je l’ai lu cet apres-midi et l’ai trouvé…. excellent ! J’en venais à me demander s’il ironisait contre le ministère ou contre les nonistes, mais vu la persistance de Philippe Jamet à persifler contre les machins, je pense qu’il n’y a pas de double sens à son texte. C’est bien que des responsables en exercice (donc susceptibles de représailles) aillent ainsi au carton- faut dire que l’école des mines dépend peut-être du ministère de Lagarde. Plus recevables que les besoins de vacances, le temps passé par les « rangs A » (les gros salaires), et donc l’argent public, consacré à ces affaires, qui aurait pu et dû être consacré aux étudiants, à la science, me paraît un bon argument.
5 juin 2011 à 11:34
jako
Rachel, seriez-vous en train de vous convertir (enfin!!) au nonisme?! Vous verrez: encore un petit effort, et après avoir ouvert les yeux sur le marketing de la soit-disant « excellence » (et les « classements » qui vont avec…), vous finirez aussi par ouvrir les yeux sur le marketing de la soit-disant « autonomie »….
5 juin 2011 à 11:50
Rachel
Pour l’instant les nonistes on ne les entend guère. Il est vrai que les statuts ne sont pas en cause …alors … mais c’est quand même curieux, car la transformation actuelle me semble d’une ampleur bien plus conséquente que celle associée à la LRU.
5 juin 2011 à 12:19
jako
C’est vrai Rachel, vous avez raison; c’est sans doute le ras-le-bol et la déprime généralisés….
5 juin 2011 à 16:51
Rachel
Jako, c’est noté (les nonistes sont déprimés). On va envoyer une équipe CelluleX afin de faire un petit bilan de tout ça et proposer les remèdes en conséquence.
5 juin 2011 à 17:21
PR27
Peut-être a t-on manqué, de la part du mesr, d’une démonstration de ce que ça fonctionnerait mieux « après ». Madame l’universitaire manquée commence son entretien au NYT par le classement de Shanghai, et les arguments que je perçois sont principalement ceux d’une simplification du paysage, d’une moindre dispersion des signatures sur les articles. La « simplification du paysage », plus pragmatique, cette fois ci vu du MESR : la mer, c’est à Brest, les plantes, c’est à Montpellier, etc… et un labex, c’est une déconcentration ANR – et comme nul ne l’ignore pour avoir cherché à comprendre qui il faut contacter avec nos justificatifs de dépenses un peu foireux, les « fonctions support » de l’ANR sont un truc organisé plus que bizarrement. Là, chaque labex sera sa propre fonction support – débrouillez vous, faites vos propres appels à projet internes, vos propres évaluations internes, votre propre discipline interne pour éjecter vos chiffons et faire entrer vos serviettes. Et donc, au delà des déprimes post-échec ou post-succès, il y a aussi peut-être surtout le sentiment qu’on aimerait bien faire notre vrai boulot, au lieu de jouer la marionnette de nos optimiseurs du dimanche. Pour vous dire, avec tout ça même corriger des copies « donne du sens », comme on dit….
5 juin 2011 à 17:52
Rachel
PR27, je crois qu’avec le travail fait autour des biludex, ça va grandement contribuer à une simplification du paysage. Bref c’est dans la mouvance de la diversification des universités.
5 juin 2011 à 17:55
jako
Rassurez-vous Rachel: tout le monde n’est pas déprimé:
Cliquer pour accéder à progr-strategie-com.pdf
Vous verrez on apprendra d’ici quelques temps que – comme les 22 millions de « conseils » de France television (cf. le Canard de mercredi) – les universités « autonomes » auront balancé des dizaines de millions en plan com et autres « experts conseils (fumeux…) ». Donc soyons positifs: à quelque chose malheur est bon et le principal est après tout que quelques-uns y trouvent leur(s) compte(s)…
5 juin 2011 à 18:38
Rachel
Jako, vous me paraissez bien négatif (déprimé aussi ?). Peut-être qu’il y a (ou aura) un bon retour sur investissement de ces dizaines de millions investis en « plan com » ?
5 juin 2011 à 18:57
PR27
Oui, je ne serais pas aussi négatif que Jako, après avoir visionné le premier compte-rendu de montage d’idex : http://youtu.be/Dnkow4y1cyw
6 juin 2011 à 15:58
Campus, PIA : “je t’embrouille” (1) | Histoires d'universités
[…] C’est aussi Rachel, jeune chercheur dans un labo qui semble avoir raté un EX. Sur son blog Gaïa Universitas, elle se demande avec causticité “comment traiter les traumatismes post-bidulex […]
6 juin 2011 à 16:38
Astronaute en transit
D’abord on se mobilisait pour des histoires de statut. Maintenant on se mobilise pour des histoires de gros sous. Vous me direz quand on se mobilisera pour des raisons de qualité?
6 juin 2011 à 18:32
Rachel
Astronaute, dans les bidulex, y’a rien que du bon. Qualité certifiée !
7 juin 2011 à 05:51
astronaute en transit
je veux dire que l’on tend a s’agiter, dans l’université, autour de questions qui relèvent plus du détail que de la condition d’ensemble, ne trouvez vous pas? est-ce parce que nos points de vue respectifs sont toujours nécessairement limites dans l’espace que nous pouvons personnellement observer?