Bon, voilà, c’était pas si compliqué. Aujourd’hui j’ai déposé mon projet de Labex, juste avant l’heure limite sur serveur de l’ANR. C’est une drôle d’histoire, il faut que je vous raconte. Car mon Labex que je viens de déposer, ce n’était pas vraiment prévu au départ. En effet depuis le mois de juillet ça discute beaucoup dans les labos à propos ces labex qui, après les Equipex, sont la deuxième étape du « grand emprunt » dont nous avons abondamment discuté sur ce blog. Ensuite ce seront les Idex, les initiatives d’excellence qui ouvriront à une belle bagarre pour une dizaine de grands pôles universitaires (lire aussi ici et ici). Donc ça fait depuis le mois de juillet qu’un Labex se prépare dans mon environnement. Au début j’ai trouvé ça intéressant et j’ai essayé de me faufiler dans ce projet, mais j’ai été vite repérée « Ah non Rachel, pas toi ! … tu as vu les critères ? C’est pour un labo d’Excellence et compte tenu de ton h-index un peu faible … ». Bon, je n’ai pas insisté, d’autant plus que la chose avait provoqué une forte poussée de réunionite, ce qui d’ordinaire me fait plutôt fuir. Tout semblait aller à peu près correctement, mis à part le fait que le projet avait clivé le labo, les équipes notées A+ d’un coté, les autres étant reléguées à les écouter parler à la cafete des millions d’euros qu’ils auraient bientôt … Et puis, récemment, est venu le temps de faire le budget du Labex, et c’est là que tout a dérapé. Car de l’argent (pris sur les intérêts du milliard promis), il n’y en avait finalement pas tant que ça. Bref le projet a tourné au pugilat et tout le monde s’est entretué: le labex était devenu un ex-lab. Alors avec mon collègue de bureau, on a pris notre courage à deux mains et on a écrit un nouveau projet de Labex, en mémoire de nos excellents collègues. On a appelé notre projet « Comment survivre en environnement hostile ?» (How to survive in hostile environment? » (Acronyme: HoSuHo). Bref avec mon Labex que je vais bientôt avoir, je vais reconstruire sur un champ de ruine … peu importe … j’ai le temps…
25 commentaires
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23 novembre 2010 à 18:21
Marianne
Oui nous aussi il y aurait parait-il un milliard. Manque de chance on ne sait pas ou ils sont. Ce qui est bien réel c la baisse de 15% des uatres labos (non d’excellence) qui est prévue…
23 novembre 2010 à 20:46
Rachel
Marianne, je ne savais pas pour cette histoire des 15 % de réduction. Qui a annoncé ça ? Mais bon ce n’est pas grave, je ne suis pas concernée avec mon labex …
23 novembre 2010 à 21:44
étudiant frustré
Au moins en sciences humaines on est plutôt tranquilles avec ces histoires de Labex, Equipex, Idex… J’espère juste qu’on pourra avoir du chauffage cet hiver.
23 novembre 2010 à 22:04
Rachel
Etudiant frustré, il fallait demander un Equipex « radiateurs » !
23 novembre 2010 à 22:07
Jojo
Rachel, vous me décevez. C’est annoncé depuis le début : les coûts générés par l’emprunt seront récupérés sur les dépenses habituelles. C’est un certain Sarkozy qui l’a dit. Vous connaissez ?
Il faut dire que sinon c’était con : emprunter des sous pour faire des dotations en capital, c’est un jeu à somme négative. En général, on vous sert des intérêts sur votre capital inférieurs à ceux qu’on vous réclame pour l’emprunter. Ou alors les banques ne connaissent pas leur boulot (quoique, quand on voit l’Irlande… mais je m’égare). Donc il fallait bien qu’il y ait un autre enjeu quelque part. Désolé l’étudiant, mais je crois qu’en effet les SHS vont souffrir un peu (voir la réaction récente de Montpellier 3).
Et puis, ce sera plus facile de faire émerger 5 à 10 pôles si, en plus de les pousser vers le haut, on applique au reste une poussée plus forte vers le bas.
23 novembre 2010 à 22:18
Rachel
Jojo, un emprunt je sais ce que c’est. Il faudra bien que quelqu’un rembourse … mais qui ? Le gouvernement a dit : « Les intérêts de l’emprunt seront compensés par une réduction des dépenses courantes dès 2010 et une politique de réduction des dépenses courantes de l’Etat sera immédiatement engagée ».
23 novembre 2010 à 22:32
jako
Jojo, à Montpellier 3, la présidente et les SHSistes, c’est des nonistes, c’est bien connu..
23 novembre 2010 à 22:33
étudiant frustré
J’ai du mal à voir ce qu’on pourrait encore réduire dans les dépenses courantes. Et si on cherchait à réduire le nombre d’étudiants qui se plantent en 1ère année avec une petite sélection? ça en ferait des économies pour financer ces labex…
23 novembre 2010 à 23:10
Rachel
Les dépenses courantes de l’Etat ne sont pas forcement dans la recherche et l’enseignement supérieur, si ?
23 novembre 2010 à 23:35
étudiant frustré
J’avais compris dépenses courantes des universités. (ouf)
24 novembre 2010 à 12:49
Jojo
Rachel, techniquement, vous avez raison. On peut envisager que les dépenses courantes en question soient prises ailleurs. En pratique, je doute. Regardez le plan Campus : cela aurait pu être une ressource supplémentaire nette pour l’immobilier universitaire, mais en parallèle les crédits affectés à celui-ci dans la MIRES sont en baisse. -18% ou -12% selon l’indicateur choisi. Ce qui donne dans le rapport de Terra Nova : » On constate également la baisse des moyens immobiliers : cela découle sans doute du recours aux intérêts Campus (extrabudgétaires virtuels) qui se substituent ainsi aux crédits immobiliers (budgétaires réels). » Un bien beau système de vases communicants…
24 novembre 2010 à 20:46
Marianne
Rachel : j’ai lu ca sur le site du snesup. C’est peut etre partial je ne sais pas. Pr contre sur le blog de Henri Audier il y a une analyse assez objective ou en gros on explique qu’en euros cstant il y a stagnation de l’esr
Il y a aussi un truc sur le site de sauvons l universite
Mais je m egare c peut etre des nonistes. Faut pas croire tout ce qu on lit…
25 novembre 2010 à 14:28
Astronaute en transit
Un milliard pour les soutiers!… qui n’ont pas de labo, donc pas de Labex… Soit dit en passant d’après l’expérience de Rachel, on n’a manifestement rien raté!
26 novembre 2010 à 23:36
Rachel
Ah Marianne, si vous prenez pour argent comptant ce qu’il y a écrit sur le site du snesup, SLU ou SLR (Henri Audier), c’est certain que ça va différer des communiqués du ministère. Mais qui croire ?
J’en profite pour donner deux liens: celui de l’article de TerraNova, signalé par Jojo:
Cliquer pour accéder à 101117%20-%20budget%20enseignement%20sup%C3%A9rieur%20(301).pdf
Et la réponse de Valérie: http://sciences.blogs.liberation.fr/files/budgetesuprecherchelav%C3%A9rit%C3%A9deschiffres.pdf
Qui croire ?
27 novembre 2010 à 09:04
étudiant frustré
Je crois plutôt Terra Nova.
Valérie dit qu’elle a fait « de la France le pays le plus attractif d’Europe en matière d’innovation » et son plan campus devrait « mettre les universités au niveau des meilleurs standards mondiaux ». Hum. Elle y croit vraiment?
Sur le terrain, dans ma fac, il y a eu un chantier de désamiantage de 2 millions € sur 3 ans et les tags, vestiges des « mouvements de lutte », sont toujours là. Il est où l’argent promis?
27 novembre 2010 à 11:56
Astronaute en transit
Tiens, les histoires de désamiantage… Je crois que nous sommes là sur un terrain familier à tous. Chez moi j’ai connaissance d’un chantier mis à bien (en deux ans quand même, pour UN amphi… et d’un autre, assez prolongé, théoriquement terminé mais dont la rumeur dit qu’il a en fait été interrompu quand on a constaté l’ampleur des travaux à faire.
Peut-être le désamiantage devrait-il faire l’objet d’un Labex?
27 novembre 2010 à 13:31
jako
Pour Vinci, c’est sûr que ce sont des Chantiex, avec plein de pepex à la clex! Pour les finances publiques et la sécurité des personnes, c’est autre chose… Mais bon, on s’en fout, l’avenir est aux Partenariats Public Privex
http://www.lepost.fr/article/2010/08/29/2199453_a-quoi-bon-faire-des-etudes-quand-on-peut-pippoter-son-cv-au-plus-haut-niveau.html
http://webtv.architectes.org/vie-politique/le-ppp-de-luniversite-paris-vii-un-cas-decole/
2 décembre 2010 à 06:49
PR27
Dans mon labo (une UMR), c’est pareil que chez toi : les « in » et les « out ». Comme nous n’avons pas été encore notés par l’AERES (ça soit venir la semaine prochaine !), ça s’est fait sur des critères flous et déduits des conclusions que l’on veut tirer, par des gens qui sont à la fois chefs et membres d’équipes qui deviennent « excellentes ». C’est n’importe quoi, la seule volonté est de casser les labos, et d’arriver vers des structures d’où on peut plus facilement virer des équipes et des personnes pour « insuffisance de résultats », alors que c’est rare dans les labos actuels. L’autres seule volonté est la modulation des services d’enseignement : mais comme ça n’a pas marché à l’échelle nationale, Pécresse a souhaité la faire imposer localement. Les collègues d’hier deviennent encore plus concurrents et on se croirait chez France Telecom. Des réunions de chef deviennent irrationnelles et bling bling. Ils n’y croient pas eux-mêmes, mais obéissent à la politique nationale qui dégouline de Paris vers notre province. Je précise que je suis (encore à cette heure) dans les « insiders » du labex.
2 décembre 2010 à 09:18
PR27
… et que ça n’est pas par dépit personnel que j’écris. Je vois des activités de bonne qualité exclue sans explication claire ; rien n’est dit pour ce que deviennent les outsiders.
J’en arrive à espérer que le labex que nous avons déposé ne soit pas accepté (pourtant, il a de bonnes chances de passer, malgré les 20% d’acceptation prévus).
Cette précipitation est volontaire, elle cherche à désolidariser les équipes et les labos. Pour beaucoup de chefs d’université qui viennent de voir que leur budget 2011 est merdique au possible, la perspective de pouvoir reconfigurer les personnes et les tâches est du pain béni. Je ne suis pas nécessairement contre ces reconfigurations, mais le non-dit et la précipitation sont vraiment une médiocre politique.
2 décembre 2010 à 21:52
jako
PR27, tout à fait d’accord; mais fais gaffe, on va te dire que tu es un « noniste » préoccupé par rien d’autre que le « fonctionnariat »… Quant à la comparaison avec France telecom, là aussi on va te dire que tu as trop vécu dans le confort pépère de la fonction publique, et que la concurrence généralisée, le « mérite », la course à l’excellence ne peuvent que produire ce qu’il y a de meilleur. Et puis peut-être que Valérie est amour et sagesse et que nous n’avons tout simplement pas compris ses manifestations d’amour; au fond, elle ne nous veut que du bien… La LRU, le new management, la mastérisation, les décrets imposés ni vu ni connu, la mobilité forcée, la précarisation généralisée, etc. ce ne sont que des preuves d’amour incompris!!
4 décembre 2010 à 00:42
PR27
jako, j’admets que c’est compliqué. J’ai vu aussi que la pression sur mon labo a obligé à mettre certaines choses en ordre, à travailler parfois avec plus de rigueur et d’efficacité. Mais je constate qu’une institution comme l’INRIA, très performante maintenant – j’en suis, était également très performante « avant » -j’y étais aussi (avant que la précarité et le bling bling ne s’y développent massivement). Quant à la comparaison avec France Telecom…. j’ai moi-même été cadre dans une multinationale bling bling, je bosse avec pas mal d’industriels, grands, moyens, petits,…. je n’ai aucun problème avec ça, tant que ces industriels font un boulot « sain » . Ce qui m’agace peut-être le plus, c’est qu’il y a 15 ans, nous travaillions tous pour « la nation » (bien grandiloquent, je conviens). Maintenant, nous travaillons pour notre petite boutique locale, pour des médailles bling bling.
4 décembre 2010 à 23:42
PR33
PR27, c’est quoi le numéro 27 ? votre h-index ?
5 décembre 2010 à 13:26
Jojo
Vu la référence à l’INRIA, je dirais 27 = section Informatique du CNU.
11 décembre 2010 à 18:14
Brèves du 11 décembre 2010 | Histoires d'universités
[…] Rachel, sur son blog Gaïa Universitas, raconte avec beaucoup d’humour son expérience de jeune chercheur sur les Equipex, Labex, […]
11 décembre 2010 à 22:04
PR27
bien vu Jojo.
Je suis aussi militant PS (parce qu’il faut bien se mouiller qqpart) et on va proposer notre version de l’avenir de l’ESR dans 6 semaines (il y a eu déjà des « deadline extension » mais cette fois c’est « no further deadline »). Suivez suivez !