La cour des comptes s’inquiète de l’évolution de structuration de nos universités, nous informe Le Monde (ici). « Le moment est peut-être venu de s’assurer que, dans ce paysage très évolutif, avec une succession d’annonces, la ligne stratégique du gouvernement est bien claire » déclare un responsable de la cour des comptes. La cour des comptes pointe en particulier les PRES dont le rôle ne semble pas être à la hauteur escomptée. Au demeurant, si j’en crois un document qui est tombé dans ma boite aux lettres ces derniers jours (de source inconnue), la cour des comptes préconise un renforcement de l’action des PRES.
C’est vrai que depuis 4 ans, les projets de restructuration ne manquent pas. Cela commencé par les PRES, qui sont possibles depuis 2006. Rappelons qu’ils ont été pensés suite aux États généraux de la recherche et avaient pour but d’améliorer la lisibilité de notre paysage morcelé en multitude d’organismes, d’universités et d’écoles. Ensuite il y a eu le plan campus qui a poussé lui aussi à quelques regroupements, mais pas les mêmes que ceux des PRES. En effet le plan campus avait une forte logique de site alors que ce n’était pas le cas des PRES. Ensuite vint la LRU qui donne de l’autonomie aux établissements, ce qui est, à mon sens, assez incompatible avec les PRES créés deux ans plus tôt. Enfin on attend les initiatives d’excellence du grand emprunt dont les contours sont encore très mouvants mais dont on peut craindre que ça rajoute une couche de complexité supplémentaire. Sans compter les organismes de recherche, dont le CNRS qui n’a pas du tout l’intention de laisser l’université à ses libertés académiques et qui est bien décidé à poursuivre sa politique d’ingérence. On ne parle pas ici, bien entendu, des restructurations locales des laboratoires, instituts ou d’UFR et ses guerres de tranchées entre conservateurs et les progressistes qui nous occupent et nous minent à longueur de journée.
On assiste donc à l’édification d’un empilement de structures et de labels. Chaque acteur concerné veut, bien entendu, influer sur le cours des évolutions mais avec des moyens, missions et objectifs qui sont trop souvent antagonistes. On peut se demander si cela ne nuirait pas à l’efficacité d’action publique.
Bref tout cela est insupportable de complexité car franchement on n’y comprend rien. Sauf notre ministre qui trouve que « tout cela est extrêmement cohérent ». Je me demande si notre ministre ne se moquerait pas un peu de nous, non ?
3 commentaires
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8 juin 2010 à 22:18
jako
« Je me demande si notre ministre ne se moquerait pas un peu de nous, non ? » Ah bon? Vous en doutiez encore? Mais vla-ti pas que vous deviendriez noniste? A sa décharge, à not pov ministre, faut dire qu’elle est pas la seule à nous prendre pour des cons… si ça peut vous consoler… et on n’est pas les seuls non plus à être pris pour des cons… Donc soyons ouistes! La vita è bella!
8 juin 2010 à 22:51
Rachel
Un peu de respect, Jako, n’oubliez pas que je suis la présidente de son fan club ! Mais je dois avouer que depuis septembre elle me déçoit un peu. Franchement on pourrait attendre un peu autre chose que de la langue de bois, des fois ça ferait du bien. Si elle a un plan global et cohérent de tout ça, alors qu’elle nous fasse un schéma qu’on y voit un peu plus clair. Ceci dit, je ne vois pas le rapport avec le nonisme.
9 juin 2010 à 01:31
Astronaute en transit
Je trouverais pour ma part que notre ministre traverse une phase… compréhensible. Imaginez! Le jour de l’élection de Barack Obama à la présidence des États-Unis, le célèbre magazine satirique The Onion titrait « Black Man Is Given The Worst Job In The Nation« . Ministre de l’Enseignement Supérieur français, et femme en plus, dans ce pays, on n’en est pas si loin.
C’est vrai que que la politique des PRES ressemble fort à une vieille habitude des fonctionnaires français: l’habillage de statistiques. Ils peuvent donner des leçons aux Grecs en la matière, pourvu que cela prouve que nous avons Le-Système-Que-Le-Monde-Nous-Envie. Peut-être que la ministre, fatiguée de cette comédie (C’est vrai, on rêve de ministres d’une énergie inépuisable, d’une Voynet qui serait allé manier la pelle elle-même sur une plage bretonne, sous un temps épouvantable au lendemain du naufrage de l’Erika) a un peu laissé tombé l’action pour se contenter de l’annonce. Que ferait-on à la place de quelqu’un en charge de tellement d’agents qui ont démissionné psychologiquement et moralement depuis deux décennies sous de confortables certitudes? Peut-être des universitaires français qui auraient su ne pas être complaisants depuis tant d’années auraient mieux pensé, dans la durée, la mise au point des PRES pour correspondre à de véritables réalités qualitatives… On n’aurait pas le window dressing d’aujourd’hui qu’on fait plus pour se rassurer à propos des classements internationaux que parce qu’on y croit de toutes ses tripes…
Pour ne pas alarmer nos lecteurs à la suite de ces propos si dûrs à digérer, dîtes vous qu’une fois de plus je dérape sous l’effet de l’ivresse de l’espace…